Mur des lamentations

Mur des lamentations

Mur des Lamentations

31°46′36″N 35°14′3″E / 31.77667, 35.23417

Jerusalem Jewish Quarter map.jpg
Mur occidental
X
Panorama du Mur occidental surmonté du Mont du Temple avec le dôme du Rocher (à gauche) et la mosquée al-Aqsa (à droite)
Dans le tunnel du Mur occidental
le Kotel Hakatan
Rassemblement devant le Mur occidental lors de la bénédiction sacerdotale

Le Mur occidental (hébreu: הכותל המערבי, translit.: HaKotel HaMa'aravi), surnommé le Kotel (le Mur), est un mur de soutènement de l'esplanade du Temple, à Jérusalem-Est datant du premier siècle avant l'ère commune, au temps de la construction du Temple de Hérode à la fin de l'époque du Second Temple. Il est également connu comme le mur des Lamentations, bien que ce terme, introduit par les mandataires britanniques, qui le traduisirent de l'arabe il-Mabka, soit tombé en disgrâce tant dans les milieux juifs[1] que dans les milieux arabes, qui le nomment depuis les années 1920 El-Bourak, le nom de l'un des chevaux de Mahomet lorsqu'il fit son voyage nocturne[1][2].

Ce mur est un vestige du mur d'enceinte, érigé par Hérode afin d'étendre le plateau quasi naturel sur lequel les temples de Jérusalem avaient été construits. Le pan de 57 mètres de long visible n'est en fait qu'une partie de la muraille occidentale, de 497 mètres de long. Le reste du mur est actuellement situé pour une partie dans le quartier arabe de la ville, utilisé comme quatrième mur par les maisons attenantes, et pour l'autre enterré sur plus de 200 mètres. Cette partie souterraine peut être vue en empruntant le tunnel souterrain qui longe le mur sur plus de 200 mètres.

Le Mur occidental fait partie d'un plus grand site religieux de la vieille ville de Jérusalem, appelé Har haBayit par les juifs, mont du Temple par les chrétiens et Al-Haram al-Qudsi al-Sharif (le « Noble Sanctuaire ») par les musulmans.
Il est révéré par les juifs pour sa proximité avec le Saint des Saints, situé sur le mont du Temple, qui est le lieu le plus saint du judaïsme. Cela signifie que le Mur occidental est considéré comme l'endroit le plus saint généralement accessible aux juifs pour la prière. Il existe une autre portion de ce mur, un peu plus au nord, qui est appelée le Kotel HaKatan, le Petit Kotel, considérée par certains comme plus proche du Saint des Saints que le grand Kotel. Une petite chambre souterraine, appelée « La Grotte », située dans le tunnel du Mur occidental, est encore plus proche du Saint des Saints, mais elle ne peut être fréquentée que par quelques visiteurs à la fois.

Hommes et femmes juifs viennent en effet prier ou se recueillir à toute heure auprès du mur. De nombreuses arches saintes contenant des rouleaux de la Torah ainsi que des tables pour y lire ont été aménagées, ce qui fait techniquement du mur une grande synagogue à ciel ouvert. Une cloison séparant hommes et femmes a également été installée. Le site est fréquemment choisi pour des célébrations et cérémonies, en particulier celles de bar mitzvah, du monde entier. Beaucoup sacrifient à la coutume fort populaire bien que non unanimement approuvée de déposer des feuillets contenant des souhaits ou des prières dans les fentes et crevasses du mur.

Le Mur occidental est également un symbole national israélien, et des cérémonies non intrinsèquement religieuses s'y tiennent, notamment la commémoration des soldats morts pour la patrie et des victimes du terrorisme anti-israélien.

Sommaire

Le lieu saint juif

Feuillets de papier sur lesquels sont inscrits des vœux et prières dans les fentes du mur
Le Mur occidental, la nuit.

Le Kotel est le lieu le plus saint selon la religion juive car c'est aujourd'hui l'endroit le plus proche du Kodesh Ha' Kodashim (Saint des Saints), salle des premier et second temples à laquelle seul le Cohen Gadol (grand prêtre) pouvait accéder. Il existe en fait un endroit plus proche, dans le souterrain du Kotel, étant directement face au Kodesh Ha'Kodashim (où est aujourd'hui érigé le dome du Rocher). Selon la coutume, certains juifs qui vont prier au Mur occidental ou Kotel, y déposent des vœux, le plus souvent sous la forme de prière et de petits papiers pliés où sont rédigés leurs souhaits, lesquels sont ensuite glissés dans les fentes qui séparent les différentes pierres du mur.

Origine de l'appellation de « mur des Lamentations »

Durant 2000 ans, le mur a toujours été un lieu de prière quotidienne des juifs de Jérusalem. Il n'est pas sûr qu'ils y pleuraient mais il est certain que leur psalmodie et leur balancement durant la prière et, depuis le XIXe siècle, les habits noirs des juifs orthodoxes ont pu donner l'impression qu'ils s'y lamentaient jour après jour. Cela reste l'explication la plus probable du nom de « mur des Lamentations », appellation, que les Juifs n'ont pas adoptée, donnée par les Gentils aux Mur occidental. Il est aussi possible que cette appellation soit une simple traduction de la dénomination arabe el-Mabka qui rappellerait elle aussi l'habitude juive de se lamenter en cet endroit de la perte du Temple de Jérusalem, incendié par les troupes de Titus.

Le Mur pour les musulmans

Le Mur revêt aussi une signification importante pour les musulmans car il sert de soutènement à l'esplanade où sont construits le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. Une tradition qui remonte à un texte du XIVe siècle d'Ibn Furkah raconte que la monture de Mahomet a été attachée au mur occidental lors du voyage du Prophète à Jérusalem[3], même si ce texte ne semble guère avoir été connu avant le début du XXe siècle. Ainsi, les guides publiés par le Waqf de Jérusalem en 1914, 1965 et 1990 n'attribuent-ils aucun caractère sacré au Mur[4].

Histoire

Selon la Bible, le temple de Salomon fut le premier temple juif de Jérusalem, dont la construction se situerait aux alentours du Xe siècle av. J.-C. sur un site mégalithique. Sa destruction par les Babyloniens date de 586 av. J.-C..

Le second temple fut érigé en 515 av. J.-C., la cinquième année du règne de Darius le Grand (Esdras 6:15), considérablement agrandi et embelli par Hérode le Grand et détruit par les armées romaines en 70 de notre ère, suite à la première guerre judéo-romaine. Le mur actuel date très probablement de l'extension hérodienne.

Témoignage de la destruction du Temple par les Romains

Flavius Josèphe, témoin de la chute de Jérusalem prise par Titus, relate dans La Guerre des Juifs, Livre 7 que seule subsiste la partie occidentale du Mur :
« Quand l'armée n'eut plus rien à tuer ni à piller, faute d'objets où assouvir sa fureur - car si elle avait eu de quoi l'exercer, elle ne se serait abstenue par modération d'aucune violence - Titus César lui donna aussitôt l'ordre de détruire toute la ville et le Temple, en conservant cependant les tours les plus élevées, celles de Phasaël, d'Hippicos, de Mariamme, et aussi toute la partie du rempart qui entourait la ville du côté de l'ouest. Ce rempart devait servir de campement à la garnison laissée à Jérusalem ; les tours devaient témoigner de l'importance et de la force de la ville dont la valeur romaine avait triomphé. Tout le reste de l'enceinte fut si bien rasé par la sape que les voyageurs, en arrivant là, pouvaient douter que ce lieu eût jamais été habité. Telle fut la fin de Jérusalem, cité illustre, célèbre parmi tous les hommes, victime de la folie des factieux. »

Pendant l'antiquité

Saint Jérôme, violemment anti-juif, témoigne déjà au IVe siècle de l'habitude des Juifs de venir pleurer le long du mur : « Jusqu'à ce jour, ces locataires hypocrites ont l'interdiction de venir à Jérusalem, car ils sont les meurtriers des prophètes et notamment du dernier d'entre eux, le Fils de Dieu ; à moins qu'ils ne viennent pour pleurer car on leur a donné permission de se lamenter sur les ruines de la ville, moyennant paiement »[5].

Au Moyen Âge

Le mur est déjà un lieu de prière comme en témoigne Benjamin de Tudèle au XIIe siècle : « À l'opposé de cet endroit, à l'occident est une muraille qui est un reste de celle du Temple & même du Saint des Saints. On l'appelle la porte de Miséricorde. Tous les Juifs vont prier à cet endroit où était le parvis »[6].

Sous l'Empire ottoman

Gravure représentant le mur par Bida tirée de Jewish Encyclopedia

Pendant 400 ans, de 1517 à 1917, les Turcs administrent la Palestine et laissent les Juifs prier au Mur. La Jewish Encyclopedia décrit ainsi le Mur vers 1906 : « Le fameux lieu des Lamentations (le « Kotel Ma'arabi ») est intéressant à tout point de vue. Chaque vendredi après-midi et après le service du Chabbat matin ou des jours de fête, les Juifs s'assemblent en une foule pittoresque pour se lamenter sur leur gloire passée. C'est le lieu de rassemblement des Juifs de Jérusalem comme l'est le mont du Temple pour les musulmans ou le Saint-Sépulcre pour les chrétiens »[7].

Sous le mandat britannique

1918. Soldats de la Légion juive appartenant à l'armée britannique, près du Mur

À leur tour, les Britanniques administrent la Palestine de 1917 à 1948 et y perpétuent le statu quo. Mais en 1929, les heurts deviennent de plus en nombreux entre les Juifs priant au mur et les Arabes. Des émeutes éclatent qui s'étendent à Hébron où les Juifs sont massacrés. Les Britanniques nomment une commission d'enquête qui conclut que le Mur était propriété des musulmans et administré par eux. Toutefois, les Juifs ont le droit d'y prier à condition de se conformer à certaines régulations limitant leur droit d'y apporter des objets ou leur interdisant de sonner le shofar[8].

Sous contrôle jordanien

Durant la guerre israélo-arabe de 1948-1949, la Légion arabe prend le contrôle du site dont l'accès est interdit par les autorités jordaniennes, aux Juifs, en violation de l'article VIII des accords d'armistice signés entre les belligérants. Pour la première fois depuis les Croisés, les Juifs qui étaient nombreux dans le quartier des Maghrébins sont alors absents de la vieille ville de Jérusalem. Pendant les dix-neuf années qui suivent, les nombreuses demandes par des officiels israéliens et des groupes Juifs, tant aux Nations Unies qu'auprès d'autres organismes internationaux pour essayer de mettre en application l'accord d'armistice, restent vaines. Seuls les soldats jordaniens et les touristes peuvent avoir accès au site qui est un temps transformé en dépotoir.

Depuis 1967

Dégagement de l'esplanade devant le Kotel en juillet 1967

Lors de la guerre des Six Jours en juin 1967, les Israéliens prennent le contrôle de toute la rive droite du Jourdain et donc de l'ensemble de la ville de Jérusalem. Cette reconquête du Mur occidental, près de 19 siècles après la prise de Jérusalem par Titus, est symbolisée par la sonnerie du shofar effectuée par le grand rabbin Shlomo Goren dès que les troupes israéliennes atteignent le Mur le 7 juin 1967. L'accès au Mur occidental, interdit aux juifs par les autorités jordaniennes pendant une vingtaine d'années, leur redevient alors possible. Très vite, les Israéliens entament la destruction d'un hectare du « quartier maghrébin » et en expulsent 650 habitants, afin de dégager l'esplanade actuelle « alors que pendant des siècles les Juifs qui venaient y prier se contentaient des quatre mètres existants entre les maisons et le mur »[3] [9]. Le reste du quartier voit le retour des Juifs et particulièrement l'établissement de yechivoth.

Le Mur, aujourd'hui

De l'extérieur de la vieille ville, on accède à l'esplanade devant le Mur par une porte des remparts, la porte des Maghrébins ou encore porte des Détritus, et les contrôles de police y sont stricts. Cette porte donne aussi accès au quartier des Maghrébins, l'ancien et à nouveau florissant quartier juif de la vieille ville de Jérusalem.

L'esplanade devant le Mur est séparée en 3 parties, l'une ouverte à tout public la plus éloignée du mur, et deux sections pour les fidèles allant jusqu'au Mur, l'une au nord réservée aux hommes, l'autre plus petite au sud réservée aux femmes. Dans les salles souterraines bordant la section des hommes sont rangés les sefarim utilisés durant les nombreux offices qui ont lieu au Mur. C'est aussi au nord du Mur que s'amorce le tunnel du Mur occidental (dont la sortie est via Dolorosa), accessible au public sur rendez-vous.

Notes et références de l'article

  1. a  et b Hillel Halkin, Western Wall or Wailing Wall, Philologos, The Forward, 2001
  2. Il a toutefois été proposé que l'Isra pourrait avoir été effectuée à Médine et non à Jérusalem
  3. a  et b (en)Heritage, Nationalism and the Shifting Symbolism of the Wailing Wall, Institute of Jerusalem Studies. Consulté le 7 décembre 2008
  4. (en) Shragai, Nadav, Ha'aretz, 19 janvier 2001, fondé sur The Wars over the Holy Places par Samuel Berkowitz
  5. (en) Moshe Gil, « A History of Palestine, (634-1099), page 69 » sur sur le site de Google books
  6. Voyages de Rabbi Benjamin, fils de Jona de Tudèle, en Europe, en Asie et en Afrique depuis l'Espagne jusqu'à la Chine, 1732, Jean-Philippe Baratier. Consulté le 7 décembre 2008
  7. (en)Jerusalem,Synagogues and Yeshibot, 1906, Jewish Encyclopedia
  8. Löfgren, Eliel; Barde, Charles; Van Kempen, J. (décembre 1930). Report of the Commission appointed by His Majesty's Government in the United Kingdom of Great Britain and Northern Ireland, with the approval of the Council of the League of Nations, to determine the rights and claims of Moslems and Jews in connection with the Western or Wailing Wall at Jerusalem (UNISPAL doc A/7057-S/8427, 23 février 1968)
  9. Azzam Abou Saoud cité par Pierre Barbancey, « Jérusalem à travers le mur », 14 juin 2007, Association France Palestine Solidarité. Consulté le 9 décembre 2008

Voir aussi

Articles connexes

Liens et documents externes

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Vues panoramiques par caméras, films, et photographies en ligne


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