- Moïse Polydore Millaud
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Moïse Polydore Millaud, né à Bordeaux le 27 août 1813 et mort à Paris le 13 octobre 1871, est un journaliste, banquier, entrepreneur de presse du XIXe siècle.
Sommaire
Famille et débuts
Son père, Jassuda Millaud[1] (1769,L'Isle-sur-la-Sorgue - 1865, Paris), issu d’une famille juive originaire du Comtat Venaissin, qui vendait à l'origine des chevaux[2], et sa mère, Félicité Bellon, sont de petits marchands de Bordeaux.
Autodidacte, il entre comme clerc chez un huissier et dès 1833 fonde à Bordeaux son premier journal, Le Lutin. Moïse Millaud écrivait sous le pseudonyme-anagramme de Duallim des articles dans ses journaux.
Il est le père du journaliste, écrivain et auteur dramatique Albert Millaud et de Blanche, dont le mari Georges Silva dirigera plus tard le Journal des Voyageurs.
Carrière et créations de banques et de journaux
- En 1836, il monte à Paris et fonde successivement Le Gamin de Paris, premier journal vendu exclusivement à la porte des théâtres, et Le Négociateur, un journal exclusivement financier.
- En 1839, il fonde L’Audience, gazette judiciaire paraissant le lundi, puis en le 28 février 1848 La Liberté, une feuille soutenant Louis Napoléon Bonaparte, qui fut supprimée après les Journées de Juin.
- Associé à Mirès, il achète en octobre 1848 le Journal des Chemins de Fer, qui deviendra plus tard le Journal des Voyageurs, et deux compagnies bancaires : la Caisse des actions réunies, à l'origine du Crédit mobilier et qui distribua en deux ans 90 % à ses actionnaires, puis la Caisse des Chemins de Fer, dont Millaud se retire en 1853.
- En 1849, Millaud s'appuie sur la popularité de Lamartine auquel il confie la revue Le Conseiller du peuple (avril 1849 - octobre 1851). Millaud rachètera à Lamartine son buste par David d'Angers lorsqu'il sera ruiné.
- En 1854, il constitue une Compagnie générale immobilière pour l'achat de terrains dans Paris, qui lui rapporte une fortune. Il achète aussi le journal Le Dock qu'il renomme Le Journal des actionnaires et crée la Caisse Générale des actionnaires au capital de 25 millions de francs avec pour objet la publication de ce journal et l’activité de banque d'affaires. La même année, Millaud achète à Émile de Girardin ses droits sur La Presse. Il donne, en 1856 et 1857, de somptueuses fêtes aux journalistes et autres hommes influents, dans son hôtel de la rue Saint-Georges. Le 19 février 1857, il donne un festin dont le menu est rapporté par les frères Goncourt. Devant les difficultés financières, il revend le journal à Félix Solar en 1859.
- Dès 1854, il appelle auprès de lui son neveu Alphonse (11 juin 1829, Mouriès), fils de son frère Joseph, qui l’assista à La Presse et au Journal des actionnaires.
- En 1863, son coup de maître est la fondation du titre le plus vendu du XIXe siècle, Le Petit Journal, dont il confie la direction à son neveu Alphonse. « Il faut avoir le courage d'être bête », confie-t-il à Villemessant.
- En 1864, il crée Le Journal illustré et en octobre 1865 il lance Le Soleil alors que Polo lance L'Éclipse, pour contrer L'Événement lancé par Villemessant. Il crée aussi Le Journal littéraire et Le Journal politique de la semaine.
Les difficultés financières et l'homme de théâtre
Millaud fut pris dans de nombreux scandales financiers[3], dont ceux des Chemins de fer de Nassau en 1860 et de la Caisse générale des actionnaires en 1861. Son neveu Alphonse eut recours à divers expédients pour éteindre les dettes de son oncle, notamment en mettant en commandite Le Petit Journal par 4000 actions de 500 francs, soit une valeur de 2 millions de francs alors qu’on estimait sa valeur à 100 000. Alphonse fut condamné le 13 juin 1875.
À sa mort, son fils Albert, son neveu Alphonse et son gendre reprirent la direction du Petit Journal, mais les problèmes financiers amenèrent Émile de Girardin à en reprendre la gouvernance.
En 1859, il avait fait représenter Ma nièce et mon ours au Théâtre du Palais-Royal, une folie-vaudeville en trois actes écrite sous le pseudonyme de Frascati avec Clairville.
Liste des journaux
- Le Lutin
- Le Gamin de Paris, 1835
- Le Glaneur 1836
- Le Négociateur, 1838
- L’Audience, 1839
- La Liberté, 1848
- Le Journal des Chemins de fer 1848, ancien Le Dock
- Le Conseiller du peuple, 1848
- Le Journal des actionnaires, 1856
- La Presse, 1857
- Le Petit Journal, 1863
- Le Journal illustré
- Le Soleil, 1865
Références
- L'Univers israélite : journal des principes conservateurs du judaisme, 1865, p. 197.
- Mes origines : mémoires et récits de Frédéric Mistral Plon-Nourrit, Paris, chap. IX : La République de 1848.
- Georges Duchêne, La Spéculation devant les tribunaux : pratique et théorie de l'agiotage, Librairie centrale, 1867.
Bibliographie
- Jean Cavignac, Dictionnaire du judaïsme bordelais aux XVIIIe et XIXe siècles biographies, Archives départementales de la Gironde, 1987
- Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Hachette 1862
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