- Moment (mathématiques)
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Pour les articles homonymes, voir Moment.
En probabilités (mathématiques, statistiques), on définit le moment d'ordre n>0 d'une variable aléatoire X, s'il existe, le nombre .
Sommaire
Notion de moment
La notion de moment en mathématiques, notamment en calcul des probabilités, a pour origine la notion de moment en physique.
Soit une fonction continue sur un intervalle I (non réduit à un point) de . Étant donné un entier naturel n, le n-ième moment de f est défini (sous réserve d'existence) par :
Remarque : pour un entier naturel n donné, l'ensemble des fonctions continues sur I dont le moment d'ordre n existe est un espace vectoriel réel, et l'application est une forme linéaire sur cet espace vectoriel.
Estimation des moments
Lorsque le moment existe, on utilise souvent l'estimateur suivant pour le moment d'ordre k:
à partir de l'échantillon .
On peut montrer que cet estimateur est sans biais.
Moments centrés
On définit le moment centré d'ordre n>0 d'une variable aléatoire X, s'il existe, le nombre .
Moments remarquables
Certains moments sont connus sous un nom particulier. Ils sont utilisés couramment pour caractériser une variable aléatoire.
- Le moment d'ordre un de la variable : (noté souvent μ, parfois m) correspond à l'espérance
- Le moment d'ordre deux de la variable centrée : (notée V(X) ) correspond à la variance.
- Le moment d'ordre trois de la variable centrée-réduite : correspond au coefficient d'asymétrie.
- Le moment d'ordre quatre de la variable centrée-réduite : correspond au kurtosis.
Formules de détermination récursive des moments
En définissant
- Les moments par rapport à l'origine (moments ordinaires ou raw moments en anglais):
.
- Les moments centrés, notés généralement et qui se définissent ainsi :
Il existe des formules (qui ressemblent à celle du binôme) permettant de calculer un moment centré d'ordre k à partir des moments ordinaires d'ordre inférieur ou égal à k, et réciproquement ; voici quelques exemples (jusqu'à l'ordre 4) :
- et :
Fonction génératrice des moments
Article détaillé : Fonction génératrice des moments.La fonction génératrice des moments d'une variable aléatoire X, définie par
est utilisée afin de générer les moments associés à la distribution de probabilités de la variable aléatoire X.
Problème des moments
Étant donnés un intervalle réel I et une suite (mn) de nombres, on peut se demander s'il existe sur I une mesure de Borel (donc positive) μ telle que pour tout entier naturel n,
et, le cas échéant, si une telle mesure est unique.
- Cette question est appelée problème des moments
Existence
L'existence d'une mesure de Borel μ sur répondant au problème équivaut à la condition de positivité suivante sur la suite (mn) : les matrices de Hankel Hn associées à cette suite, définies par
doivent être toutes positives.
Pour l'existence d'une mesure de Borel à support dans un segment donné [a,b], il existe une condition nécessaire et suffisante de forme similaire.
Ébauche de démonstration- Considérons la forme linéaire φ définie sur les polynômes par :
- Si les mn sont les moments d'une mesure de Borel μ sur [a,b] alors
- pour tout polynôme P positif sur [a,b].
Réciproquement, si cette condition est vérifiée alors, d'après le théorème de prolongement de M. Riesz, φ s'étend en une forme linéaire positive sur l'espace de fonctions continues C([a,b]).
- D'après le théorème de représentation de Riesz, l'existence d'un tel prolongement positif pour φ équivaut à l'existence d'une mesure μ telle que pour tout polynôme P,
- Ainsi, la condition (1) est nécessaire et suffisante pour qu'il existe une mesure sur [a,b] de moments mn. En utilisant un théorème de représentation des polynômes positifs sur [a,b], la condition (1) peut se reformuler en une condition sur les matrices de Hankel.
Pour plus de détails, voir les références Shohat&Tamarkin, Akhiezer et Krein&Nudelman.
Unicité
- L'unicité de μ pour le problème des moments de Hausdorff résulte du théorème de Stone-Weierstrass.
DétailsSi deux mesures (positives) sur [a,b] ont mêmes moments (finis), leur différence μ est une mesure bornée de moments nuls, si bien que pour tout polynôme P, . Par densité des polynômes dans les fonctions continues sur [a,b] (pour la norme uniforme), il en résulte que pour toute fonction continue f continue sur [a,b], , autrement dit μ = 0.
- Le problème de l'unicité quand l'intervalle est non borné est une question plus délicate ; voir Condition de Carleman (en), Condition de Krein (en) et la référence Akhiezer.
- La réponse est négative dans le cas général. Voici un contre-exemple probabiliste donné par William Feller. On considère la fonction définie par (densité de la loi log-normale de paramètres 0 et 1), dont tous les moments existent.
- On démontre (par changement de variable) que pour tout entier naturel n, .
- Pour tout , on définit par .
- Alors : quels que soient et , mn(gα) = mn(f), bien que dès que .
- Nota
- pour tout , car m0(gα) = m0(f). Or, si on prend , gα est à valeurs positives : dans ce cas, gα est une densité de probabilité portée par , distincte de f si , dont tous les moments existent et sont les mêmes que ceux de f. Ceci prouve que la loi log-normale n'est pas déterminée par ses moments.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Moment problem » (voir la liste des auteurs)
- (en) James Alexander Shohat, et Jacob Tamarkin (en), The Problem of Moments, New York, AMS, 1943
- (en) Naum Akhiezer (en), The classical moment problem and some related questions in analysis, traduit du russe par N. Kemmer, New York, Hafner Publishing, 1965
- (en) M. G. Krein et A. A. Nudelman, The Markov moment problem and extremal problems. Ideas and problems of P. L. Chebyshev and A. A. Markov and their further development, traduit du russe par D. Louvish, Translations of Mathematical Monographs, vol. 50, Providence (RI), AMS, 1977
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