Misère en France

Misère en France

Pauvreté en France

Face pièce de 2 euros (France)
Économie de la France
v. / m.

La pauvreté en France est une réalité, visible, par exemple, par l'existence de sans domicile fixe (SDF). Mais elle concerne toutes les personnes qui ne disposent pas de ressources matérielles suffisantes pour vivre décemment.

Le taux de pauvreté de l'ensemble des ménages a fortement baissé depuis 30 ans, à la fois en mesure absolue (par rapport à un niveau de dépenses constant) et en mesure relative (par rapport au reste de la population), en particulier en raison des nombreuses aides sociales progressivement créées (RMI en 1988, Aides au logement, …).

Selon une étude de l'INSEE, en France en 2006[1], 7,1 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté relatif de 50 % et 13,2 % sous le seuil de pauvreté de 60 %. Cela était monté à 13,4% de la population (8 millions ayant moins de 910 euros par mois) en 2007 [2], alors que la moitié des Français disposaient de moins de 1 500 euros par mois [2].

Sommaire

Historique

Article principal : Histoire de l'économie en France.

Après la Seconde Guerre mondiale, le problème crucial de logement pour les sans-abris issus entre autres de destructions de villes, conduit à l'existence de bidonvilles, dont la résorption sera achevée dans la seconde moitié des années 1970. Ceux-ci réapparaîtront néanmoins dans les années 1990, la crise du logement faisant une nouvelle irruption brutale. Celle-ci poussera certaines populations à revenus modestes, ou bien travaillant dans des secteurs saisonniers, à trouver d'autres formes de logement, telles que le camping (parfois à l'année), ou encore les squatts. Plusieurs associations se sont investies dans la lutte pour le droit au logement, certaines dès les années 1950 (Emmaüs, grève des foyers Sonacotra dans les années 1970-80, soutenues par le GISTI et la Cimade, Droit au logement, puis, plus récemment, les Enfants de Don Quichotte ou Jeudi Noir, etc.).

Mesure de la pauvreté en France

La mesure de la pauvreté en France se fait principalement au moyen de seuils de pauvreté relative, c’est-à-dire en comparant le revenu des pauvres avec le revenu des autres membres de la société. Le seuil de pauvreté relative est défini[3] par l'INSEE comme étant égal à 50 % du revenu médian. Un seuil de pauvreté relative à 60 % du revenu médian est également mesuré (et utilisé pour des comparaisons européennes par Eurostat)[3].

D'autres indicateurs de pauvreté ont été créés par des collectifs politisés, dont le BIP 40, qui prend en compte six dimensions de la pauvreté : emploi et travail, revenus, santé, éducation, logement et justice. Chaque dimension est mesurée par plusieurs indicateurs (58 au total).

État actuel

Article principal : Économie française.

2005

En France, en 2005, le seuil de pauvreté relative varie en fonction du type de ménage ; pour une personne seule, il est de 681 euros (seuil à 50 %) ou de 817 euros (seuil à 60 %). Pour un couple avec deux enfants de plus de 14 ans, le seuil (comme somme des revenus du couple) est de 1 703 euros (seuil 50 %) ou de 2 043 euros (seuil 60 %)[4].

7,13 millions de personnes (12,1 % de la population) vivaient sous le seuil de pauvreté de 60 %, dont 3,73 millions de personnes (6,6 % de la population) en dessous du seuil de pauvreté relative de 50 % en 2005[5],[6].

2006

Une étude de l'INSEE parues en 2009[7] ont permis de faire le point sur la pauvreté en France en 2006[8],[9],[10],[7] :

  • Moyenne et médiane. Le niveau de vie médian en France se situe à 17 600 euros en 2006, soit 1 470 euros mensuels, en hausse de 1,7 % par rapport à 2005 (en euros constants). Le niveau de vie moyen atteignait 20 600 euros par habitant par an.
  • Pauvreté. Le "seuil de pauvreté" est estimé à 880 euros en 2006 (contre 865 euros en 2005), selon lINSEE. Selon ce critère, près de 7,9 millions de personnes peuvent être considérées comme "pauvres" (contre 7,7 millions en 2005). Parmi elles, la moitié a un niveau de vie inférieur à 720 euros par mois. La France métropolitaine comptait 7,9 millions de pauvres, soit 13,2 % de la population dont le niveau de vie est "inférieur à 880 euros par mois", alors que le revenu médian était de 1 470 euros par mois (17 600 euros par an) cette même année. Le revenu disponible des 10 % les plus pauvres est constitué à 42 % de transferts sociaux (principalement les allocations familiales et les allocations de logement).
  • Hauts revenus. Les 10 % plus haut revenus de la population française bénéficiaient d'au moins 33 190 euros par an, soit 2 765 euros par mois. Les impôts représentent pour eux 18,8 % du revenu disponible, contre 20,3 % en 2005, principalement du fait de la baisse de l'impôt sur le revenu (IR) en 2006.
  • Activité, emploi, chômage et retraite. L'ensemble des actifs (personnes ayant un emploi et chômeurs) avaient, en 2006, un niveau de vie moyen (21 760 euros) comparable à celui des retraités (21 540 euros). Le niveau de vie moyen d'un chômeur était inférieur de 35 % à celui d'un actif qui a un emploi. (Cette étude s'appuie sur les déclarations fiscales et exclut les personnes sans domicile.)
  • Habitat. En dehors de l'agglomération parisienne, le taux de pauvreté est plus fort dans les villes de plus de 20 000 habitants.
  • Âge. Les 18-24 ans ont le taux de pauvreté le plus élevé et le niveau de vie le plus faible: 21 % d'entre eux vivaient avec moins de 880 euros par mois en 2006 (17 760 euros annuels). Le taux de pauvreté des 25-29 ans est inférieur de 9,2 points à celui de la classe d'âge précédente et proche de la moyenne (11,9 %). Le niveau de vie est à son maximum dans la tranche d'âge 55-59 ans (plus de 24 000 euros), selon l'étude. Pour les plus de 75 ans, le niveau de vie de 20 000 euros "est proche de celui des quadragénaires et supérieur à celui des trentenaires". [11].
  • Pauvreté en conditions de vie. La pauvreté en conditions de vie est définie par le "nombre de privations auxquelles le ménage déclare être confronté". Par convention, c'est à partir de huit carences ou difficultés qu'un ménage est qualifié de pauvre en conditions de vie.). Selon l'Insee, la pauvreté en conditions de vie concerne 12,7 % des ménages en 2006, taux en recul depuis 10 ans. [12].

Évolutions de la pauvreté en France

Évolution récente

Selon le cinquième rapport de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES) remis le 29 avril 2008 au gouvernement, la réduction de la pauvreté observée depuis 20 ans ralentit: en 2005, 3,7 millions de personnes (6,3 % de la population totale) vivaient en dessous du seuil de pauvreté (681 euros par mois pour une personne seule), soit un nombre identique à celui de 2003. [13]

L'intensité de la pauvreté tend à s'aggraver. L'écart entre le niveau de vie médian des ménages pauvres et le seuil de pauvreté (681 euros par mois pour une personne seule), s'accroît depuis 2002: 16,3 % en 2002 à 18,2 % 2005. Cela signifie qu'un plus grand nombre de personnes pauvres s'éloignent du seuil de pauvreté et connaissent une plus grande précarité.

Le phénomène des travailleurs pauvres (working poor) s'est récemment accentué : en 2005, 1,74 million de personnes, soit 7 % des travailleurs, occupaient un emploi mais étaient malgré tout dans un ménage ayant un revenu inférieur au seuil de pauvreté; en 2003, ils étaient 1,47 million.

Selon l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, les travailleurs pauvres sont surtout des travailleurs connaissant de longues périodes de chômage, mais également des employés toute l'année à temps partiel (21 % des travailleurs pauvres) et des non-salariés (27 % sont indépendants). [14]

Évolution sur le moyen terme

Avec l'augmentation continue du niveau de vie moyen, le taux de pauvreté absolu baisse fortement et continuellement au cours du temps. Par exemple, si l'on définit un seuil de pauvreté absolu comme égal la valeur qu'avait le seuil de pauvreté relative à 50 % en 1996, 7,2 % de la population est concernée en 1996, contre seulement 4,8 % en 2001[15].

La pauvreté relative a baissé également entre 1970 et 2001 : la pauvreté relative, définie par un seuil de pauvreté égal à 50 % du revenu médian de la population, est passée de 15 % à 6 % des ménages[16].

De même, la pauvreté relative à 60 % est passée de 13,5 % en 1996 à 12,1 % en 2005[17],[15].

Selon l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES), les personnes pauvres étaient auparavant surtout les retraités. La tendance s'est inversée dans les années 1980 avec l'augmentation du chômage des jeunes ; alors que le taux de pauvreté des personnes âgées a diminué de 85 %, celui des actifs a progressé de 38 % en trente ans.

Les différentes prestations sociales ont un impact important dans les ménages à revenu modeste et en 2002, elles peuvent dans certains cas représenter plus de 50 % des revenus.

« L'amélioration du marché du travail contribue à réduire sensiblement la pauvreté monétaire, son impact se répercute tardivement sur les populations les plus éloignées du marché du travail »[18]

15–24 ans

La population la plus concernée par la pauvreté est la tranche 15–24 ans, avec un taux de 10 % en 2000 pour le seuil relatif de 50 %. Les personnes âgées sont les moins concernées, avec toutefois, une remontée du taux de pauvreté après 80 ans[15].

Plus particulièrement :

  • 900 000 enfants de moins de 16 ans (8 %) vivent sous le seuil de pauvreté relative en 2000, taux supérieur à celui de la population (6,5 %)[19] ;
  • 42 000 enfants sont atteints de saturnisme, signe d'un logement vétuste : les peintures au plomb sont interdites aux ouvriers peintres en bâtiment depuis 1915, à tous les professionnels depuis 1948 et totalement depuis 1993. Le risque d'être exposé aujourd'hui au plomb est quatre fois plus important pour des bâtiments construits avant 1915 que par un bâtiment construit entre 1915 et 1948 (source : Sénat français)[réf. souhaitée] ;
  • 500 000 logements sont insalubres [réf. nécessaire] ;
  • 200 000 étudiants sont en situation financière difficile, ce qui conduit des jeunes femmes à financer leurs études en vendant leurs "services", par exemple par le moyen d'annonces sur Internet. Ce phénomène est dans ce pays en augmentation (Le syndicat SUD Étudiant avance le chiffre de 40 000)[réf. nécessaire].

Toutefois, la prise en charge sociale permet à la France d'avoir un des plus bas taux de mortalité infantile au monde malgré cette pauvreté.

Disparités géographiques

Selon l’OCDE, la pauvreté est concentrée géographiquement dans certaines zones, et les personnes vivant dans ces zones n’ont pas accès aux réseaux sociaux qui pourraient faciliter leur insertion économique. Ce problème est d’autant plus complexe que la population d’origine immigrée est surreprésentée dans ces zones. « Les personnes qui réussissent et celles qui en ont la possibilité évitent d’y vivre. ». Par ailleurs, le logement est au cœur du problème ; la réglementation des loyers (dispositions qui rendent difficile la résiliation d’un bail pour non paiement du loyer en particulier) diminue l’offre de logements privés pour les locataires à bas revenu, et fait monter les prix[20].

Ruraux

Il apparaît que, de plus en plus, la campagne devient un réservoir de laissés-pour-compte et qu'ainsi, une frange non négligeable des populations urbaines précarisées rejoint les rangs des petits agriculteurs et des bénéficiaires "ruraux" du RMI. Ce phénomène s'explique, en partie, par la moindre cherté de la vie rurale comparé au coût de la vie en site urbain[21].

Bidonvilles

Article détaillé : Bidonvilles en France.

Si les grands bidonvilles, tels ceux de Nanterre, ont été démolis dans les années 1970, d'autres, plus petits, sont ré-apparus au cours des années 1990 et 2000.

Campings à l'année

En France, entre 70 000 et 120 000 personnes habiteraient en caravane ou en mobile home à l’année. Ce sont principalement des salariés aux revenus modestes, allocataires de minima sociaux, retraités, ou ménages en attente de logement et bientôt étudiants à la recherche de logement qui utilisent ce mode de résidence, pour des raisons évidentes de coût, dans des conditions précaires et qui entretient la marginalité.[22] Ainsi, par exemple, un camping à l'année a été ouvert en 1976 au château d'Alincourt, à Parnes (Oise). 80 familles y vivaient début 2009, date où Alain Duménil l'a racheté, et tentaient d'en expulser les locataires [23][24]. L'association Droit au logement a apporté son soutien aux familles, dont un bon nombre a quitté les lieux sous les pressions [23][25].

Sans-abris

Article détaillé : Sans domicile fixe en France.

Perception de la pauvreté

Selon une étude de l'INSEE, « si la pauvreté monétaire, stable, touche un peu plus d’un ménage sur dix, c’est près d’un tiers d’entre eux qui expriment un net sentiment de difficulté d’existence »[26].

La visibilité de la pauvreté varie en fonction de l'exposition médiatique. Selon l'INSEE, « la visibilité de la pauvreté était particulièrement forte en France en 1993 […]. Le débat sur la pauvreté y était intense. L’Abbé Pierre, figure charismatique de la lutte contre la pauvreté dans les années 1950, était à nouveau fortement engagé publiquement dans la réflexion collective sur les moyens de faire reculer la misère et l’exclusion du logement en particulier. Les dons en faveur des associations caritatives ont atteint des sommets au cours de cette année et de celles qui suivirent. 1993 est aussi l’année où Pierre Bourdieu et son équipe publièrent La misère du monde qui connut un succès considérable. Enfin, l’analyse approfondie des articles sur la pauvreté parus dans la presse montre une forte augmentation au cours de cette période »[27].

Aide sociale

Article détaillé : Aide sociale en France.

Le RMI a été institué en France en 1988. L'aide sociale comprend aujourd'hui des aides au logement, des aides pour les plus de 50 ans (Revenu de solidarité), etc.

Des centres d’hébergement existent pour les sans-abri.

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. personnes vivant sous le seuil de pauvreté, INSEE.
  2. a  et b La moitié des Français disposent de moins de 1.500 euros par mois, Les Echos, 24 juillet 2009
  3. a  et b définition, site de l'INSEE
  4. niveaux du seuil selon le type de ménage, INSEE
  5. personnes vivant sous le seuil de pauvreté, INSEE.
  6. La pauvreté en France s'aggrave dans l'indifférence, dit Hirsch - Le Point, 31 août 2007
  7. a  et b Inégalités de niveau de vie et mesures de la pauvreté en 2006, INSEE 2009 [pdf]
  8. En 2006, 13,2 % des Français vivaient avec moins de 880 euros par mois, le Monde, 18 juillet 2008
  9. Les niveaux de vie en 2006, INSEE Première Juillet 2008
  10. Un jeune adulte sur cinq est pauvre en France, Le Monde, 6 mai 2009
  11. Un jeune adulte sur cinq est pauvre en France, Le Monde, 6 mai 2009
  12. Un jeune adulte sur cinq est pauvre en France, Le Monde, 6 mai 2009
  13. L'emploi protège de moins en moins contre la pauvreté, Le Monde, 29 avril 2008
  14. L'emploi protège de moins en moins contre la pauvreté, Le Monde, 29 avril 2008
  15. a , b  et c De 1996 à 2000, la pauvreté relative baisse puis se stabilise - Insee première, décembre 2003 [pdf]
  16. mesure de l'INSEE, citée par Le Figaro.
  17. Taux de pauvreté, site de l’INSEE
  18. Le rapport de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale 2003-2004 [pdf], deuxième partie [pdf] et troisième partie [pdf]
  19. Voir étude détaillé, INSEE première, 2000
  20. « Étude économique de la France 2007 : Lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale », OCDE, 2007
  21. Alexandre Pagès (2005), La pauvreté en milieu rural, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail
  22. Émission Là-bas si j'y suis du 5 octobre 2006 (France-Inter) Le chien aboie mais la caravane ne passe pas, sur le site de Là-bas si j'y suis
  23. a  et b PARNES Millionnaire, pas gérant de camping, Le Courrier picard, 21 avril 2009
  24. Locataires harcelés au château d’Alincourt, Politis, 28 avril 2009
  25. Millionnaire contre campeurs dans un château de l’Oise, France Info, 19 avril 2009.
  26. Pauvreté relative et conditions de vie en France - Économie et Statistique, INSEE, 2005, p. 1 [pdf]
  27. La perception de la pauvreté en Europe depuis le milieu des années 1970 - Économie et Statistique, INSEE, 2005, page 3 [pdf]
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