Marquis d'Albon

Marquis d'Albon

André d'Albon

André d'Albon (1er janvier 1866 à Paris en France - 8 décembre 1912 à Avauges) était marquis d'Albon.[1]

C'est vivre noblement que consacrer sa vie à l'étude du passé : telle fut en tout temps la maxime d'excellents gentilshommes. Le marquis André d'Albon était de leur race.

Sommaire

Famille, mariage et descendance

Guigues Alexis Marie Joseph André Levieux d'Albon, 4e marquis du nom, naît le 1er janvier 1866 à Paris VIIIe. Il est le fils du marquis Raoul d'Albon (1809-1879) et de sa femme, sa cousine Suzanne Joséphine Marie Gabrielle d'Albon (1834-1883).

Il épouse en 1891 Marie Aimée Noémie Maxime Joséphine Yolande de Nettancourt-Vaubécourt (1871-1952), dont il aura deux enfants, Antoine et Anne-Claude.

Enfance

Des influences familiales et des impressions d'enfance concoururent avec des dispositions naturelles parfaitement cultivées à l'amener à l'histoire. Les annales de sa maison, une des plus illustres du Lyonnais, offraient à ses rêveries, puis à ses recherches les noms et les hauts faits d'un maréchal de France, d'un archevêque, d'abbés, de chanoines-comtes de Lyon, de lieutenants du roi ; son aïeul avait appartenu à la Chambre des pairs ; sa grand-mère, Marie-Thérèse-Alexandrine de Viennois, était la fille unique du dernier descendant du dauphin Humbert II.

L'amour des livres et le goût des lettres étaient de tradition dans sa famille : on a conservé les ex-libris de plusieurs de ses ancêtres ; peu de temps avant la Révolution, Claude-François, comte d'Albon, prince d'Yvetot et « membre de la plupart des Académies d'Europe », rassembla trente mille volumes dans son château de Franconville et consacra des « Éloges » et des « Discours » à l'histoire, à la politique et à la littérature.

Le Dauphiné

« Bien servi par un esprit sérieux, des tendances réfléchies, une instruction patiemment cultivée, le jeune marquis ne tarda pas à s'attacher aux recherches historiques spéciales au moyen-âge ». Un précepteur féru de parchemins lui en avait enseigné la lecture. À dix-huit ans André d'Albon devenait membre de la Diana de Montbrison. En 1893, il publiait sa première étude, dont le sujet lui avait été fourni par un document concernant sa famille. D'autres publications suivirent, consacrées à l'histoire du Forez et du Lyonnais. M. d'Albon eut toujours en effet un goût marqué pour le passé de ces provinces, comme aussi pour celui du Dauphiné ; de là de nombreuses notes accumulées par lui sur les chanoines de Lyon, les dames du chapitre noble du Lyonnais au déclin du XVIIe siècle et les francs-maçons lyonnais avant la Révolution, sur Gaudemar du Fay, conseiller en Viennois du Comte Vert, sur les Poisieux, seigneurs de Septème au XVIe siècle, sur la famille auvergnate et forézienne de Nérestang, sans parler de travaux de généalogie sur les d'Albon ni du projet formé par le marquis d'Albon et par M. J. Beyssac d'une nouvelle édition du Gallia Christiana pour la région lyonnaise. Mais l'esprit curieux de M. d'Albon savait s'évader du cadre strictement régional. Des recherches sur les astrologues, une très riche collection de journaux révolutionnaires le prouvent, et surtout le Cartulaire général du Temple.

L'Ordre du Temple

Celui qui avait initié André d'Albon, tout jeune, à l'étude de la paléographie l'entretenait déjà, paraît-il, des Templiers. Plus tard la publication du Cartulaire général des Hospitaliers de M. Delaville Le Roulx détermina M. d'Albon à réunir des documents sur l'Ordre du Temple ; peut-être aussi y fut-il amené par la rencontre des noms de Pons d'Albon, précepteur de France, et de Guy d'Albon, chef de la maison de Laumusse, en Lyonnais. Il se donna bientôt avec passion à ce travail qui flattait le goût, prédominant en lui, de la recherche et du déchiffrement des documents d'archives. Son projet primitif embrassait toute l'histoire de l'Ordre et la chrétienté entière. De là, la correspondance qu'il eut avec les archivistes de tous les grands dépôts européens et dont le dossier, plein de renseignements très intéressants, est conservé au tome LXIX de la Collection. De là aussi des dépouillements étendus aux archives du Vatican, de Bologne, de Madrid, de Lisbonne, de Londres et de Belgique. Mais M. d'Albon se convainquit, à regret, qu'un cadre si vaste dépassait ses forces. Maintenant son plan primitif pour les premières années de l'Ordre, il se réduisit à ne publier parmi les documents postérieurs à l'année 1150 que ceux qui concernaient les commanderies françaises. Aussi les précieuses pièces des XIIIe et XIVe siècles concernant l'Angleterre ou la Belgique, dont l'on trouve des copies dans sa collection, n'y sont-elles représentées que par exception.

On se rendra compte, en parcourant, en tête du seul volume paru du Cartulaire général du Temple, la liste des archives et des bibliothèques mises à contribution, de la diversité et du grand nombre des sources auxquelles puisait le marquis d'Albon. La masse énorme des transcriptions actuellement conservées à la Bibliothèque Nationale prouve l'acharnement d'un labeur de plus de dix ans, partagé d'ailleurs par un collaborateur dévoué, M. Gardère. Les corrections et les annotations que l'on voit enfin aux marges de beaucoup de ces copies témoignent du souci qu'avait M. d'Albon d'établir des textes exacts, de leur assigner des dates sûres et de les commenter utilement.

Son œuvre

« Ses instincts de pionnier, a dit un de ses amis, M. de Terrebasse, le portaient plus à classer méthodiquement les pièces sur le rôle de ses conquêtes qu'à en assurer le bénéfice par un littéraire assemblage ». De fait, lorsque, après quelques années d'une pénible maladie, il mourut, le 8 décembre 1912, à Avauges, le marquis d'Albon ne laissait comme œuvre imprimée qu'une dizaine de publications de textes dont nous empruntons la liste à son biographe :

  • I. Quelques notes sur la vigne en Beaujolais, à la fin du XIVe siècle. (Revue du Lyonnais, t. XVI, 1893).
  • II. Quelques documents sur la première guerre religieuse en Forez. (Bulletin de la Diana, t. IX, 1897).
  • III. Ephémérides de la ville de Bourg-Saint-Andéol pendant la première guerre de religion. (Revue du Vivarais, t. VI, 1898).
  • IV. Notes sur les familles de Murât et de la Veuhe. (Bulletin de la Diana, t. XV, 1907).
  • V. Comptes du bailly de Macon, 1304-1305. (Bulletin de la Diana, t. XVI, 1908).
  • VI. Mémoire des enfants d'Arthaud d'Apchon et de Marguerite d'Albon. Montbrison, 1909. In-8·, 22p.
  • VII. Simples notes d'histoire lyonnaise. (Revue d'histoire de Lyon, t. IX, 1910).
  • VIII. Compte de dépenses d'un voyage de Paris à Lyon en 1551. (Revue d'histoire de Lyon, t. IX, 1910).
  • IX. Fragments de l'obituaire de Leignieu-lès-Boën. (Revue d'histoire de Lyon, t. X, 1911).
  • X. Charte concernant le prieuré des FF. Prêcheurs de Modon, 1367. (Revue de l'Orient latin, t. XII, 1911).
  • XI. La mort d'Odon de Saint-Amand, grand-maître du Temple, 1-179. (Revue de l'Orient latin, t. XII, 1911).

Mais, plus que des dispositions naturelles, la fin prématurée du marquis d'AIbon est responsable de l'exiguïté de cette œuvre à laquelle manque ce qui en aurait été la partie principale. Préparant un recueil dont la publication eût demandé cinq ou six volumes, M. d'Albon avait consacré de longues années à en rassembler les matériaux. Il lui en eût fallu d'autres pour mettre tous ses documents en état de paraître, d'autres encore, une fois le Cartulaire publié, pour assurer sur ces fondations l'Histoire de l'Ordre du Temple en France à laquelle il pensait (les copies de la Règle et du Procès qu'il avait réunies, l'édition du Livre des Juges qu'il laissa à peu près achevée à la société des Bibliophiles Lyonnais[2] le prouvent) et à laquelle il eut sans doute donné une forme aussi littéraire que son souci de l'exactitude le lui eut permis. Il ne l'ignorait pas, mais chez lui les scrupules de l'érudit dominaient une impatience bien naturelle. Quelques jours avant de livrer à l'imprimeur, en juillet 1909, le manuscrit de son premier volume, il écrivait : « Je ne suis pas content ; j'ai peur d'avoir oublié des chartes, de ne pas avoir assez serré les dates ». Et ce sont sur les épreuves, pendant des années, des corrections multipliées, que la maladie rendait douloureuses et parfois incertaines, avant que la mort eût arraché l'auteur à son œuvre inachevée.

Le Cartulaire général du Temple[3] (1119?-1150) parut quelques mois après le décès du marquis d'Albon, par les soins de sa famille. En 1922, Madame d'Albon publia un « Fascicule complémentaire contenant la table des sommaires des actes et l'identification des noms de lieux »[4]. Puis, ne voulant pas que l'énorme masse de documents réunis pour les volumes suivants du Cartulaire restât inutilisée, elle prit, sur des conseils éclairés, la décision de la remettre à ce conservatoire de l'érudition qu'est le Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque Nationale. La Collection d'Albon entretiendra ainsi dans la mémoire reconnaissante des érudits le souvenir d'un gentilhomme qui, disent ses amis, fut bon, modeste et droit et dont ils retrouveront aux pages mêmes de ses transcriptions les qualités de travailleur acharné. Des divers mondes où sa naissance et ses talents lui permettaient de faire belle figure, le marquis d'Albon avait préféré celui de la science. La récompense de son long effort désintéressé sera dans l'appui que son œuvre apportera aux savants.

Chargé de constituer les volumes de ce fonds, nous avons cru entrer dans les intentions de Madame d'Albon et rendre un premier hommage à l'érudit disparu en adoptant le classement topographique qui, comme nous l'expliquerons plus loin, nous a paru présenter le maximum d'avantages pour les chercheurs et être par là le plus susceptible de les attirer à cette nouvelle source de renseignements. C'est dans le même esprit que, à la demande de Madame d'Albon, nous avons rédigé le présent travail. À l'inventaire détaillé[5] qu'on y trouvera nous avons joint un tableau des maisons du Temple en France, disposé suivant l'ordre géographique, avec, pour chacune de ces maisons, la liste de ses précepteurs connus et une bibliographie sommaire. Nous en avons puisé presque tous les éléments dans les papiers d'Albon dont nous avons voulu ainsi montrer la richesse et permettre par un travail préparatoire de topographie et de statistique, l'utilisation approfondie. Puissent ces soins amener les travailleurs à utiliser les documents ramassés par M. d'Albon et les aider dans l'élaboration de l'œuvre qu'il a laissée inachevée.

Source

  • Biographie extraite de l'ouvrage : E-G. Léonard, Introduction au Cartulaire Manuscrit du Temple (1150-1317) constitué par le Marquis d'Albon

Références

  1. Nous nous sommes surtout aidé pour cette notice de la biographie publiée par M. de Terrebasse : Le Marquis d'Albon. Lyon, Société des Bibliophiles Lyonnais, MDCCCCXIII. ln-8·, portrait, figures et planches. Voir aussi la préface de M. J. Beyssac au Cartulaire général du Temple, p. IX-XII, quelques lignes de M. Elie Berger dans l'Annuaire-Bulletin de la Société de l'Histoire de France (1913, p. 84) et un article nécrologique dans le Bulletin de la Diana (t. XIX, 1913, p. 25-26)
  2. Lyon, Société des Bibliophiles Lyonnais, 1913. In-4, IV-76 p., fac-similés.
  3. Paris, Champion, 1913. In-4, XXIII-468 p., 3 fac-similés et portrait du marquis d'Albon.
  4. Paris, Champion, 1922. In-4, 135p
  5. Un inventaire rapide du fonds d'Albon a été donné dans les Nouvelles Acquisitions du Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale pendant les années 1921-1923 (Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LXXXV, 1924, p. 11-16).
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