- Marietta Martin
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Marietta Martin Marietta Martin-Le Dieu est un écrivain et une résistante française, née en 1902 et morte en 1944.
Sommaire
Docteur en littérature comparée
Marietta Martin-Le Dieu naît le 4 octobre 1902 à Arras (Pas-de-Calais). Orpheline de père à l'âge de quatre ans, Marietta vit avec sa mère, professeur de piano à Arras. Lors de l'offensive allemande dans le nord de la France en août 1914, elles se réfugient à Paris et s'installent dans le 17e arrondissement[1].
Après ses études secondaires au lycée Molière, elle s'inscrit comme étudiante à la Faculté de médecine puis change de voie et prépare une licence de lettres puis un doctorat. Elle apprend plusieurs langues, dont le polonais et le danois. Musicienne, elle joue du piano et du violon[2]. Marietta Martin voyage dans toute en Pologne, ce qui lui inspirera la rédaction d’un essai sur Marie-Thérèse Rodet Geoffrin[3].
En 1925, elle présente sa thèse de doctorat en littérature comparée sur la vie et l'œuvre d'un médecin allemand qui eut Stendhal pour patient : « Un aventurier intellectuel : le docteur Koreff »[4].
Poète
Malade des poumons, Marietta Martin passe plusieurs années en Suisse, dans un sanatorium de Leysin (canton de Vaud) entre 1927 et 1931. Elle publie à son retour en France entre 1931 et 1934 trois livres : Les Histoires du paradis, La Perle précieuse et Transfigurations.
Dans une lettre qu’elle écrit de Suisse, elle résume sa pensée : « S’il faut lancer un message par le monde, il ne peut pas partir porteur de douleur pour augmenter cette douleur, il serait un faux message. Si c’est un message pour la terre, ce doit être un message de corps et d’esprit ; vivre comme il faut, selon toutes les règles, l’enseignement définitif est : soyez joyeux. Il ne faut pas rester dans le bizarre chemin qui y conduit[5]. »
En 1941, Marietta Martin rassemble en un recueil des poèmes, écrits en 1938, et adopte le pseudonyme de François Captif. Le livre, intitulé, Adieu temps, paraîtra en 1947[6].
L’œuvre de Marietta Martin « exprime une ascension mystique très singulière[7]. »
Résistante
Marietta Martin entre peu après le début de la guerre dans le Réseau Hector, un important groupe de combat et de renseignement de la zone nord[2]. Le réseau est animé par le colonel Alfred Heurteaux, officier du 2e Bureau de l'Armée d'armistice.
Elle rejoint La France Continue, mouvement de résistance créé notamment par Henri de Montfort, Paul Petit, Émile Coornaert et Suzanne Feingold. Sa chambre, rue de l'Assomption dans le 16e arrondissement de Paris, devient la salle de rédaction du journal clandestin éponyme, La France Continue. Il connaîtra 13 numéros entre 1941 et 1942. Marietta Martin écrit pour le journal et assure également, à bicyclette, la diffusion de centaines de numéros dans Paris[8].
Une perquisition a lieu dans sa chambre au cours de la nuit du 7 au 8 février 1942. Considérée comme militante de Libération Nationale, le groupe de Robert Guédon, Marietta Martin est inculpée de « rédaction et diffusion de publications clandestines ». Incarcérée à la prison de la Santé, elle est ensuite déportée le 16 mars 1942 en Allemagne dans huit établissements pénitentiaires successifs. Le 16 octobre 1943, à Sarrebrück, avec Paul Petit et Raymond Burgard, elle est condamnée à mort par le 2e sénat du Volksgerichtshof pour « complicité avec l'ennemi[1] » .
En attente d'exécution à la prison de Cologne, elle est soignée, pendant la journée, par Gilberte Bonneau du Martray, puis par Hélène Vautrin, dans la cellule voisine de celle que partagent Elizabeth Dussauze, Jane Sivadon, Gilberte Bonneau du Martray, Hélène Vautrin et Odile Kienlen[9]. Elle est transférée, sur une civière en raison de sa faiblesse, d'abord à la prison de Francfort-sur-le-Main, puis à l'hôpital de cette ville où elle décède le 11 novembre 1944. En 1949, son corps fut rapatrié à Paris. Elle fut inhumée avec les honneurs militaires[1].
Hommages
Marietta Martin a été décorée à titre posthume de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre avec palme, accompagnée d’une citation à l'ordre du corps d'armée en date du 26 août 1947.
Marietta Martin fait partie des 157 écrivains morts pour la France dont le nom figure au Panthéon de Paris sous un plaque portant la mention : « Ici sont enfermés les hommages rendus le 2 juillet 1949 aux écrivains morts pour la France pendant la guerre 1939-1945 »[10].
Une plaque à son nom est apposée 34, rue de l'Assomption dans le 16e arrondissement de Paris. Une rue du même arrondissement porte son nom.
Une école porte son nom dans sa ville natale, Arras.
Une allée a été baptisée en son nom en 1961 dans la forêt des écrivains combattants. La forêt a été plantée en 1931, à l’initiative de l’Association des écrivains combattants au sein du massif montagneux du Caroux-Espinouse, situé sur le territoire des communes de Combes et Rosis (Hérault). Elle est incluse dans le périmètre du Parc naturel régional du Haut-Languedoc[11]. Sur les 65 écrivains qui ont donné leur nom à des allées de cette forêt, on ne compte que deux femmes, la seconde étant Irène Némirovsky[12].
Publications
- Un aventurier intellectuel sous la restauration et la monarchie de juillet, le docteur Koreff (1783-1851), E. Champion, 1925 (réédition Slatkine, 1977)
- Histoire du paradis, 1933
- Une Française à Varsovie en 1766. Madame Geoffrin chez le roi de Pologne Stanislas Auguste, Bibliothèque polonaise de l’Institut d’études slaves, Paris, 1934
- Adieu temps, Cahiers du Rhône, 1947 (paru sous le pseudonyme de François Captif)
- Lettres de Leysin, avec H. Martin-Le Dieu et Fernand Baldensperger, La Baconnière, 1948
- Transfiguration, La Colombe, 1954
- La Tige et la Fleur, La Colombe, 1954
- Cahiers I à IV : Départ, La Colombe, 1956
- Cahiers V à VII : L'Orée, La Colombe, 1956
- Choix de textes de Marietta Martin, publié par Luc Estang, 1961
- La Perle précieuse (inédit)
Sources
- H. Martin-Le Dieu, Marietta Martin morte au champ d'honneur, sa vie, ses souffrances, son éternel, Taffin-Lefo, 1945
- Albert Béguin, « Marietta Martin », article dans la revue Esprit, juillet 1954
- Jean-Paul Bonnes, introduction à La Tige et la Fleur, La Colombe, 1954
- Lucie Adam-Rosé, La Vie de Marietta Martin, La Colombe, Paris, 1955
- Association des écrivains combattants, Anthologie des écrivains morts à la guerre (1939-1945), Albin Michel, Paris, 1960
- Anne-Marie Boumier, Notre Guerre 1939-1945, manuscrit, Musée de Besançon
- Henri Frenay, La Nuit finira, Paris, Laffont, 1975
- FNDIRP-UNADIF, Leçons de ténèbres, Paris, Perrin, 2004
- FNDIRP-UNADIF, Bernard Filaire, Jusqu'au bout de la Résistance, Paris, Stock, 1997
- Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, Paris, Robert Laffont, 1972
Notes et références
- Les plaques commémoratives, source de mémoire Michel Faissy : Marietta Martin, in
- Association des écrivains combattants : Anthologie des écrivains morts à la guerre (1939-1945), Albin Michel, Paris, 1960
- Madame Geoffrinn. Une Française à Varsovie en 1766 chez le roi de Pologne Stanislas Auguste, Bibliothèque polonaise de l’Institut d’études slaves, Paris, 1934
- La thèse est publiée chez E. Champion, 1925 ; réédition chez Slatkine, 1977
- Albert Béguin, « Marietta Martin », article dans la revue Esprit, juillet 1954
- Henri Jean Dutall, Revue de la pensée française, Elite Publishing Corp., 1948
- Bulletin analytique du Centre national de la recherche scientifique, Paris, 1955
- Laurence Thibault, Les Femmes dans la Résistance, AERI / Documentation française, Paris, 2006
- Anne-Marie Boumier, Notre Guerre 1939-1945, manuscrit, Musée de Besançon
- Liste des personnes citées au Panthéon de Paris
- Jacques-Louis Delalande, « La forêt des écrivains morts à la guerre », in Écrivains combattants, gazette de l’AEC, décembre 2005, n° 108
- Gérard David, « La forêt des écrivains combattants », in La Cohorte, novembre 2006, n° 186
Articles connexes
Catégories :- Écrivain français du XXe siècle
- Poète français du XXe siècle
- Femme de lettres française
- Résistant français
- Femme dans la Résistance
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- Mort en déportation
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