- Paul Petit (écrivain)
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Paul Petit Paul Petit, 1938Autres noms Agénor Petit Activités diplomate, sociologue, écrivain, résistant Naissance 2 mai 1893
Paris, FranceDécès 24 août 1944
Cologne, AllemagneDistinctions Légion d'honneur Œuvres principales Résistance spirituelle, 1940-1942, Gallimard, Paris, 1947 Paul Petit est un sociologue, écrivain, diplomate et Résistant français né en 1893 et mort en 1944.
Sommaire
Un diplomate et écrivain
Paul Petit, naît le 2 mai 1893 à Paris, d'un père avocat à la Cour d'Appel[1]. Il devient docteur en droit et conduit des travaux en tant que sociologue, affichant ses goûts pour la philosophie. Humaniste, amateur d'art et de littérature il publiera plusieurs ouvrages et de nombreuses traductions[2].
Reçu premier en 1920 au concours des affaires étrangères, il a été secrétaire d'ambassade à Smyrne, Prague, Rome, puis conseiller d'ambassade à Munich et Copenhague. Diplomate de haut rang, Paul Petit se voulait étranger à la politique[3]. Il est nommé ministre plénipotentiaire à titre posthume.
Paul Petit qui maîtrise l’allemand, l'anglais et le danois, sera notamment le traducteur de Maître Eckhart (1942), de Gertrud von Le Fort (1935) et de Soren Kierkegaard. Alors en poste à Rome, il reçoit chez lui, en 1925 l’écrivain Max Jacob et en devient l’ami. Max Jacob lui confie la confection de ses Morceaux choisis, publiés chez Gallimard en 1936 sur une idée lancée par Jean Paulhan dès juin 1932, recueil dont il lui céde les droits. Max Jacob lui dédie aussi le poème Reportage de juin 40. De son côté, Paul Claudel fait de lui son homme de confiance, lui confiant de très nombreuses missions auprès de ses éditeurs et de ses traducteurs.
Résistant chrétien
Paul Petit publie à ses frais plusieurs textes clandestins dénonçant l’attitude de certaines personnalités de l’église catholique et le régime du maréchal Pétain[4]. Le 12 décembre 1940, il diffuse à Paris deux lettres ouvertes aux cardinaux Suhard et Baudrillart, leur reprochant leurs appels à la collaboration avec Pétain pour le premier, et l’occupant pour le second[5]. Le 20 mars 1941, il diffuse un tract où il dénonce l'imposture du régime de Vichy et assure que mieux vaut « désobéir aux hommes plutôt qu’à Dieu et sauver [son] âme plutôt que de la perdre »[6]. Paul Claudel parlera ainsi de ce document : « le vingt mars mil neuf cent quarante et un, il y eut un homme sévère, glace et feu, ignorant de toute espèce de tact, qui jugea que le moment était venu de prendre la plume et de faire un tract »[5].
Il rejoint le journaliste Henri de Montfort, l’historien Émile Coornaert et l’écrivain Marietta Martin pour constituer le groupe La France Continue. Les membres du réseau sont d’inspiration chrétienne[7].
L’ancien diplomate devient le principal rédacteur du journal La France Continue, qui publie treize numéros jusqu’en février 1942, le tirage atteignant 10000 exemplaires. Le premier numéro est daté du 10 juin 1941. Parmi ses principaux collaborateurs figure Raymond Burgard (1892-1944), professeur de français au lycée Buffon, décapité à Cologne le 15 juin 1944. Paul Petit donne au journal une tonalité violemment antipétainiste[8].
Arrêté le 7 février 1942, Paul Petit est déporté à la prison de Sarrebruck le 9 juillet 1942. Condamné à mort, le 16 octobre 1943, par le 2e Sénat du Volksgerichtshof, en même temps que ses coinculpés Marietta Martin et Raymond Burgard, il fut décapité à la prison de Cologne (Allemagne) le 24 août 1944[6].
La principale œuvre de Paul Petit, Résistance spirituelle, paraît à titre posthume en 1947, chez Gallimard, avec une préface de Jacques Madaule et un poème de Paul Claudel. Pour l’historienne Renée Bédarida, Paul Petit était « un esprit intransigeant au courage indomptable »[5].
Hommage
Paul Petit est chevalier de la Légion d'honneur.
Il fait partie des 157 écrivains morts pour la France dont le nom figure au Panthéon de Paris sous une plaque portant la mention : « Ici sont enfermés les hommages rendus le 2 juillet 1949 aux écrivains morts pour la France pendant la guerre 1939-1945 »[9]. Son nom est mentionné sous la forme « P. Petit. »
Œuvres de Paul Petit
Sociologie
- Le Social est-il une source ? Desclée de Brouwer et Cie, Bruxelles, 1933
- M. Bergson et le Rationalisme, Impr. Dr Ed. Grégr & fils, Prague, 1921 [signé du pseudonyme Agénor Petit]
Traductions
- Søren Kierkegaard : Post-scriptum aux Miettes philosophiques, Gallimard, Paris, 1989
- Søren Kierkegaard : Les miettes philosophiques, Éditions du livre français, Paris, 1947
- Maître Eckhart : Œuvres : sermons, traités, Gallimard, Paris, 1942
- Gertrud von Le Fort : Hymnes à l'Église (préface de Paul Claudel), Casterman, 1952
Édition d’œuvres de Max Jacob
- Max Jacob, Paul Petit : Morceaux choisis, Gallimard, Paris, 1936
Essais
- Paul Petit : Résistance spirituelle, 1940-1942, Gallimard, Paris, 1947
Voir aussi
Articles connexes
- La France Continue
- Combat Zone Nord
- Paul Claudel
- Max Jacob
- Maître Eckhart
- Søren Kierkegaard
- Gertrud von Le Fort
Sources
- Albert Bérard : Paul Petit, in Anthologie des écrivains morts à la guerre (1939-1945), Association des écrivains combattants, Albin Michel, Paris, 1960
- Études, avril 1995 n° 382 : dossier Paul Petit, Une dénonciation du mensonge de Vichy comprenant : 1) Renée Bédarida : Qui fut Paul Petit (1893-1944) ; 2) Homélie du Cardinal Jean-Marie Lustiger, église Saint François-Xavier, Paris, 24 août 1994.
- Paul Petit (1893-1944), Imprimerie du Compagnonnage, 1970
- Henri de Lubac, Marie Rougier, Michel Sales : Notes sur Paul Petit in Gabriel Marcel, Gaston Fessard: correspondance, 1934-1971, Bibliothèque des Archives de philosophie, volume 45, Éditeur Beauchesne, 1985
- Paul Claudel : Paul Petit, poème, in Œuvre poétique, Gallimard, coll. Pléiade, 1967
Notes et références
- Hans Manfred Bock : Entre Locarno et Vichy: les relations culturelles franco-allemandes, Centre national de la recherche scientifique, 1993
- Marcel Jouhandeau, Anne S. Kimball, Lettres de Marcel Jouhandeau à Max Jacob, Droz, 2002
- Compagnons de la fraternité Edmond Michelet : Prémices et essor de la Résistance: Edmond Michelet, VIe Colloque d'Aubazine, 1983
- Jean-Louis Clément : Les évêques au temps de Vichy: loyalisme sans inféodation : Les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, Paris, Beauchesne, 1999
- Renée Bédarida : Les catholiques dans la guerre 1939-1945, Hachette, Paris, 1998
- Charles Molette : Résistances chrétiennes à la nazification des esprits, Guibert 1998
- François Marcot, Janine Ponty, Marcel Vigreux, Serge Wolikow, Université de Franche-Comté, Université de Bourgogne, Musée de la Résistance et de la déportation de Franche-Comté : La Résistance et les Français: lutte armée et maquis : colloque international de Besançon 15-17 juin, Les Belles Lettres, 1996
- La France sous Vichy: Autour de Robert O. Paxton, Par Sarah Fishman, Jean-Pierre Azéma, Robert Owen Paxton, Publié par Editions Complexe, 2004
- Liste des personnes citées au Panthéon de Paris
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