- Machu Picchu
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Pour les articles homonymes, voir Machu Picchu (homonymie).
Sanctuaire historique de Machu Picchu
Vue du secteur urbain de Machu Picchu depuis son sommet sud.Catégorie UICN V (paysage terrestre/marin protégé) Identifiant 262 Pays Pérou Coordonnées Superficie 325,92 km2 Création 1981 Géolocalisation sur la carte : Pérou
modifier Sanctuaire historique de Machu Picchu * Patrimoine mondial de l'UNESCO Pays Pérou Type Mixte Critères (i) (iii) (vii) (ix) Superficie 32 592 ha Numéro
d’identification274 Zone géographique Amérique latine et Caraïbes ** Année d’inscription 1983 (7e session) modifier Machu Picchu (du quechua machu, vieille, et picchu, montagne)[note 1] est une ancienne cité inca (llaqta) du XVe siècle au Pérou, perchée sur un promontoire rocheux qui unit les monts Machu Picchu et Huayna Picchu sur le versant oriental des Andes centrales. Son nom aurait été Picchu ou Picho[1].
Selon des documents du XVIe siècle, Machu Picchu aurait été une des résidences de l’empereur Pachacutec. Cependant, quelques-unes des plus grandes constructions et le caractère cérémonial de la principale voie d’accès au llaqta démontreraient que le lieu fut utilisé comme un sanctuaire religieux[2]. Les deux usages ne s’excluent pas forcément. En revanche, les experts ont écarté l’idée d’un ouvrage militaire[3].
La ville sacrée Machu Picchu, oubliée pendant des siècles, est considérée comme une œuvre maîtresse de l’architecture inca. Elle fut dévoilée au monde par l’archéologue américain Hiram Bingham, professeur assistant d'histoire de l'Amérique latine à l’Université Yale, qui écrivit un ouvrage de référence à ce sujet[4]. Ses caractéristiques architecturales et le voile de mystère que la littérature a tissé sur le site en ont fait une des destinations touristiques les plus prisées de la planète. Depuis 1983, le site est sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO[5]. Le 7 juillet 2007, Machu Picchu a été désigné comme l’une des sept nouvelles merveilles du monde par la NewOpenWorld Foundation, un organisme non officiel et à caractère commercial. Enfin le site fait partie de tout un ensemble culturel et écologique connu sous le nom de « Sanctuaire historique de Machu Picchu ».
Sommaire
Localisation
Le site se trouve à l'est de la Cordillère des Andes, aux débuts de la forêt amazonienne[note 2]. Il est situé au Pérou (province d'Urubamba), à cent trente kilomètres de Cuzco[note 3].
Les ruines sont à cheval entre deux élévations de terrain, à 2 438 mètres d'altitude. L'une est le Huayna Picchu, signifiant « jeune montagne ». C'est cette montagne qui surplombe le site sur la plupart des images de la cité. Selon certains angles de vue, il est possible d'y déceler la forme d'un visage humain regardant vers le ciel, le sommet du Huayna Picchu étant le nez. L'autre montagne est le Machu Picchu, signifiant « vieux sommet ». C'est cette montagne, à l'opposé du Huayna Picchu, qui a donné son nom au site archéologique. Autour du Huayna Picchu et sur les deux côtés de la cité coule la rivière Vilcanota-Urubamba qui décrit un grand arc en contrebas d'une falaise de 600 mètres.
Les 172 constructions s'étendent approximativement sur 530 mètres de long sur 200 mètres de large. Elles font partie d'un territoire du Sistema Nacional De Areas Naturales Protegidas (SINANPE)[6] appelé « Sanctuaire historique de Machu Picchu » qui s'étend sur 32 592 hectares[7]. Le but est de protéger certaines espèces biologiques menacées d'extinction et des sites incas, Machu Picchu étant le plus important[note 4].
Accès
On peut accéder au Machu Picchu via différents chemins de randonnée. Le plus emprunté, le chemin de l'Inca, est soumis à un contrôle strict et ne peut être effectué qu'avec une agence de voyage.
Le village le plus proche du Machu Picchu est Aguas Calientes, à 400 mètres en contrebas. Depuis ce village, un service de bus emprunte régulièrement la route « Hiram Bingham » vers le Machu Picchu, que coupe un sentier piéton plus direct. Aucune route ne dessert Aguas Calientes : les visiteurs du Machu Picchu doivent donc utiliser la ligne de chemin de fer qui traverse le village, au départ d'Ollantaytambo ou de la centrale hydroélectrique de Santa Teresa.
Climat
Chaleur et humidité règnent le jour, tandis que les nuits sont fraîches. La température oscille entre 12 et 24 degrés Celsius. Les pluies sont abondantes (environ 1 955 mm par an), tout particulièrement entre novembre et mars : ces précipitations souvent fortes alternent avec de très belles éclaircies.
Histoire
La région du Picchu, située à mi-chemin entre les Andes et la forêt amazonienne fut une région colonisée par des populations issues des montagnes, des régions de Vilcabamba et de Cusco. Ces groupes étaient certainement à la recherche de nouvelles terres cultivables. Les archéologues indiquent que l'agriculture se pratiquait déjà dans la région au VIIIe siècle av. J.‑C.. Dans les années 900, il y a une explosion démographique de groupes liés à l'ethnie Tampu del Urubamba. Il est possible que ces peuples aient fait partie de la fédération Ayarmaca, rivale, des premiers incas de Cusco. Cependant, l'emplacement spécifique de la ville ne présente aucune trace de constructions avant le XVe siècle.
Époque inca (1438-1534)
La ville a dû être construite sous le règne de l’empereur Pachacutec[note 5] peut-être en 1440. L'emplacement de Machu-Picchu dut impressionner le monarque par ses particularités spécifiques à l'intérieur de l'aire géographique sacrée de Cuzco.
Machu Picchu dut avoir une population variable comme la majorité des llactas incas : entre 300 et 1000 habitants appartenant vraisemblablement à une élite[note 6]. Le travail agricole était effectué par des colons mitmaqkuna qui venaient de différents lieux de l'empire[8].
La ville ne peut justifier le mythe de la « cité perdue » (mythé développé par le livre d'Hiram Bingham, La Fabuleuse découverte de la cité perdue des Incas) ou du « refuge secret des empereurs incas ». Les vallées avoisinantes formaient une région densément peuplée et qui avait augmenté de façon spectaculaire sa production agricole à partir de l'occupation inca en 1440[9]. Les Incas construisirent là de nombreux centres administratifs, les plus importants étant Patallacta et Quente[10], et des complexes agricoles avec des cultures en terrasses. Machu Picchu dépendait de ces complexes pour son alimentation mais ceux-ci étaient insuffisants[11]. La communication entre les régions était rendue possible grâce au réseau formé par les huit chemins incas qui allaient à Machu Picchu[11] (voir Chemin de l'inca). La petite cité se différenciait des populations voisines par la singulière qualité de ses grands édifices.
À la mort de Pachacutec, et selon les coutumes royales incas, Machu Picchu passa à son panaca, qui devait destiner les rentes produites au culte de la momie du défunt roi[12]. Cette situation se serait poursuivie sous les règnes de Tupac Yupanqui (1470-1493) et Huayna Capac (1493-1529).
Machu Picchu dut perdre en partie son importance à cause du désintérêt des empereurs successifs et aussi à cause de l'ouverture d'un chemin plus sûr et plus large entre Ollantaytambo et Vilcabamba (vallée de Amaybamba)[12].
Époque de transition (1534-1572)
La guerre civile inca (1531-1532) et l'arrivée des Espagnols à Cuzco en 1534 durent bouleverser considérablement les activités de Machu Picchu. Les paysans de la région étaient composés essentiellement de mitmas, issus des différentes nations conquises par les Incas et déplacés de force sur ces terres. Ceux-ci favorisèrent la chute du système économique inca afin de retourner sur leurs terres natales[13],[14],[15].
La résistance inca dirigée par Manco Inca en 1536 appela les nobles des régions proches à rejoindre la cour en exil de Vilcabamba[14], et il est fort probable que les principaux nobles de Picchu aient abandonné à cette époque la ville. Des documents contemporains mentionnent une dépopulation de ces régions[12]. Picchu et sa région deviennent tributaires de l'encomienda espagnole de Ollantaytambo : le premier chef en fut le conquistador Francisco Pizarro[16]. Ceci ne signifie pas que les Espagnols visitèrent fréquemment Machu Picchu, mais ils connaissaient le lieu, bien qu'il n'y ait aucun indice qui puisse montrer qu'ils connaissaient sa puissance passée[16].
Un autre document indique que l'Inca Titu Cusi Yupanqui, qui régnait à Vilcabamba, demanda que des frères augustins viennent évangéliser « Piocho » vers 1570. Mais il n'y a pas de lieu qui se nomme ainsi et le seul nom qui s'en rapproche est « Picchu ». Ce qui fait dire à Lumbreras que les fameux « extirpeurs de l'idolâtrie » ont peut-être à voir avec la destruction et l'incendie du Temple du Soleil[17].
Le soldat espagnol Baltasar de Ocampo écrivit à la fin du XVIe siècle sur une cité « au sommet d'une montagne », avec des constructions « extrêmement somptueuses » et une grande acllahuasi dans les dernières années de la résistance inca. La brève description qu'il en fait rappelle Picchu. D'ailleurs, Ocama affirme que le lieu s'appelle « Pitcos ». Le seul lieu dont le nom se rapproche est « Vitcos », un site inca à Vilcabamba, complètement différent de celui décrit par Ocampo[18]. Ocampo indique que dans ce lieu a grandi Tupac Amaru, successeur de Titu Cusi et dernier Inca de Vilcabamba.
De la colonisation à la République (XVIIe ‑ XIXe siècles)
Après la chute du royaume de Vilcabamba en 1572 et la consolidation du pouvoir espagnol dans les Andes centrales, Machu Picchu demeura dans la juridiction de différentes haciendas coloniales qui changèrent plusieurs fois de mains jusqu'à la création de la république (1821). Elle devint un lieu à part, éloigné des nouvelles routes et axes économiques du Pérou. La région fut pratiquement ignorée par le régime colonial qui ne fit édifier ni église ni cité importante dans la zone.
La population andine ne semble pas avoir eu la même attitude ; le secteur agricole de Machu Picchu ne paraît pas avoir été abandonné[16]. Par contre, les constructions de la zone urbaine n'ont pas été occupées et furent envahies rapidement par la végétation.
Au XIXe siècle
En 1865, le naturaliste italien Antonio Raimondi passa au pied des ruines sans les voir et mentionna la population clairsemée de la région. En 1870, l'Américain Harry Singer indiqua pour la première fois sur une carte le Cerro Machu Picchu et le Huayna Picchu pour lequel il précisa que c'était le Huaca de l'Inca[note 7] : ce qui était preuve d'une certaine connaissance de l'histoire inca. Sur la carte de 1874, de l'Allemand Herman Gohring, les deux sites sont mentionnés avec exactitude. Le voyageur français Charles Wiener affirmait en 1880 qu'il y avait « des ruines à Machu Picchu », mais sans pouvoir se rendre sur le lieu[14]. Ce sont plusieurs indices qui portent à croire que l'existence des ruines n'avait pas été oubliée.
Redécouverte (c. 1860-1911)
Des recherches, publiées en 2008 par l’historien Paolo Greer, suggèrent que c’est le prospecteur de mines allemand Augusto R. Berns qui aurait redécouvert le site vers 1860[19],[20],[21]. Il aurait même commencé le pillage des artefacts avec l'aval des autorités péruviennes de l'époque. Ces affirmations, publiées en juin 2008, sont à prendre avec précaution. Il avait en effet reçu l'autorisation de « prospecter des Huacas del Inca », le terme huaca (en) pouvant aussi bien décrire le lieu sacré de Machu Picchu qu'une mine[22].
Les premières références directes, actuellement connues sur le site, indiquent que Augustin Lizarraga, originaire de Cuzco, arriva dans la ville le 14 juillet 1902 guidant Gabino Sanchez, Enrique Palma et Justo Ochoa. Les visiteurs laissèrent un graffiti avec leurs noms sur les murs du Templo de las Tres Ventanas ; Hiram Bingham trouva le graffiti en 1911 comme il l'affirme dans son livre de 1922[23]. Certains affirment que Lizarraga aurait déjà visité Machu Picchu en 1894[24],[25].
Hiram Bingham, un historien américain de l'Université Yale qui effectuait des recherches sur la ville perdue de Vilcabamba, le dernier refuge de l'Inca, entend parler de Lizagarra. Accompagné par ses guides, le sergent de la garde civile Carrasco et le paysan Melchor Arteaga, il se rend à Machu Picchu le 24 juillet 1911[26]. Ils rencontrèrent deux familles de paysans vivant là : les Recharte et les Alvarez qui utilisaient encore les constructions pour se ravitailler en eau. C'est un des fils Recharte qui conduisit Bingham jusqu'à la zone urbaine en friche. Bingham fut très impressionné par ce qu'il vit et sollicita l'Université Yale, la National Geographic Society et le gouvernement péruvien pour pouvoir commencer rapidement l'étude scientifique du site[26]. Il participa aux premières fouilles sur le site avec l'ingénieur Ellwood Erdis, l'ostéologue George Eaton, la participation de Toribio Recharte et Anacleto Alvarez et un groupe de travailleurs anonymes de la région. Son livre, Lost City of the Incas, rendit ce lieu célèbre dans le monde. En 1913, la National Geographic Society consacra entièrement le numéro d'avril de son magazine au Machu Picchu.
Au sens strict, Bingham n'a pas découvert Machu Picchu, mais il a le mérite d'être le premier à reconnaître l'importance des ruines, de les étudier avec une équipe multidisciplinaire et de divulguer les résultats. Les critères archéologiques n'ont pas toujours été pertinents et la sortie du Pérou des objets découverts a beaucoup contribué à la polémique : la législation péruvienne ayant été purement et simplement détournée. Le Pérou tente depuis des années de récupérer, auprès de différents musées et collectionneurs, des centaines d'objets[note 8].
Depuis 1915
Entre 1924 et 1928, Martín Chambi et Juan Manuel Figueroa prirent une série de photographies à Machu Picchu qui furent publiées dans différents magazines du Pérou, augmentant ainsi l'intérêt local pour les ruines et les transformant en symbole national[27]. Depuis l'ouverture en 1948 d'une route qui permet d'aller de la gare aux ruines, Machu Picchu est devenue le principal lieu touristique du Pérou. Durant les deux premiers tiers du XXe siècle, l'intérêt pour l'exploitation du site fut plus grand que celui pour la conservation ou l'étude des ruines ; ceci n'a tout de même pas empêché quelques recherches importantes sur le site. Rappelons les travaux de la Viking Found dirigée par Paul Fejos sur les sites incas aux alentours de Machu Picchu , ceux de Luis E. Valcarcel qui lia le site à Pachacutec. C'est à partir de 1970 que de nouvelles générations d'archéologues (Chavez Ballon, Lorenzo, Ramos Condori, Zapata, Sanchez, Valencia, Gibaja), d'historiens (Glave et Remy, Rowe, Angles), d'astronomes (Deaborn, White, Thomson) et d'anthropologues (Reinhard, Urton) fouillèrent les ruines et leur passé.
L'établissement d'une zone de protection écologique[note 9] autour des ruines en 1981, l'inscription de Machu Picchu sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1983 et l'adoption d'un plan majeur pour le développement soutenu de la région en 2005 ont été les points forts d'une action visant à conserver Machu Picchu et ses alentours. Mais les mauvaises restaurations[28], les incendies de forêt (comme celui de 1997) et les conflits politiques ont entaché cet effort de l'État pour gérer au mieux les ruines.
En 2004, quelque 400 000 touristes visitèrent le Machu Picchu, et l'UNESCO a depuis exprimé ses craintes que leur nombre trop important ne dégrade le site. Selon les autorités péruviennes, l'éloignement et la difficulté d'accès au site imposent d'eux-mêmes des limites naturelles à l'expansion du tourisme. Régulièrement, des propositions sont faites pour installer un téléphérique pour rejoindre le site, mais elles ont toutes été rejetées jusqu'à présent.
Le 12 juillet 2006, le Congrès du Pérou vota la loi 28778 concernant le retour des objets archéologiques formant l'essentiel de la collection Machu Picchu du musée Peabody (abrité par l'Université Yale) ; ceux qui avaient été autorisés à sortir du pays par le décret suprême 1529 du 31 octobre 1912 et le décret suprême 31 du 27 janvier 1916.
Le 7 juillet 2007, le site du Machu Picchu était désigné comme étant l'« une des sept nouvelles merveilles du monde », d'après un concours controversé ayant mobilisé 100 millions de personnes sur Internet.
En septembre 2007, l'Université Yale promit de rendre les 4 000 pièces archéologiques trouvées par Hiram Bingham : elles seront montrées dans un musée itinérant avant d'être confiées à un musée de Cusco[29],[30].
Description
De par sa richesse architecturale, le Machu Picchu est l'un des sites archéologiques les plus importants de l'Amérique latine.
D’après les archéologues, le Machu Picchu est divisé en deux grands secteurs : la zone agricole formée par un ensemble de terrasses de cultures qui se trouve au sud ; et la zone urbaine qui est celle, on le suppose, dans laquelle vivait ses occupants et où se déroulaient les principales activités civiles et religieuses. Cette zone urbaine comprenait le quartier sacré, le quartier populaire et le quartier des nobles et des ecclésiastiques.
Zone agricole
Les terrasses de cultures de Machu Picchu apparaissent comme de grands escaliers sur le flanc de la montagne. Ce sont des constructions formées par un mur de pierre et un empilement de couches de matériaux divers (grandes pierres, pierres plus petites, fragments de roches, argile et terre de culture) qui facilite le drainage en évitant que l'eau puisse miner la structure (la région subit une forte pluviosité). Ce type de construction a permis que les cultures se poursuivent jusqu'au XXe siècle sans problème. D'autres terrasses de moindre largeur se trouvent dans la partie basse de Machu Picchu, tout autour de la cité. Ce sont des murs de soutien.
Cinq grandes constructions se trouvent sur les terrasses à l'est de la route inca qui conduit à Machu Picchu depuis le sud. Elles servaient de magasins. La ville était alimentée grâce à ces cultures en terrasse, qui permettaient de récolter maïs, pomme de terre et divers légumes. Ces champs pouvaient nourrir jusqu'à 10 000 personnes[31].
Zone urbaine
Un mur de 400 mètres de long sépare la ville de la zone agricole. La zone urbaine a été divisée par les archéologues en groupes d'édifices numérotés de 1 à 18, mais Chavez Ballon en 1961 l'a divisée en deux secteurs : un haut (hanan) et un bas (hurin). Cette répartition est plus en accord avec l'organisation de la société et le système andin de la hiérarchie.
Deux axes découpent la ville : le premier est matérialisé par une place large, construite sur des terrasses à plusieurs niveaux. Le deuxième est un large escalier qui fait office de rue principale, avec une série de fontaines d'eau. À l'intersection de ces deux axes se trouve la résidence de l'inca, le temple-observatoire du torreon et la plus grande des fontaines.
La zone sacrée est principalement dédiée à Inti, le dieu soleil, divinité principale du panthéon inca, après Huiracocha le dieu créateur. C’est ici que se trouvent les trésors archéologiques les plus importants : le cadran solaire ou astronomique (Intihuatana) et le temple du Soleil.
Dans le quartier des nobles se situe le Torréon (que Bingham appelait « Tombeau royal »), sorte de tour conique composée de blocs finement travaillés. À l'intérieur, les traces d'un grand incendie sont visibles. Le Torréon est construit sur une grande roche en dessous de laquelle se trouve une petite cavité : c'était peut-être un mausolée pour les momies. Dans la tour se trouvent plusieurs autels sacrificiels. À proximité se trouvaient 142 squelettes, parfois présumés majoritairement féminins. L'hypothèse la plus commune est qu'il s'agirait d'acclas, jeunes filles sacrifiées pour célébrer le culte du Soleil[31]. Cependant, selon l’anthropologue américain John Verano de la Tulane University de la Nouvelle-Orléans, après réexamen des restes humains du Peabody Museum de Yale, ces squelettes trouvés sur le site du Machu Picchu seraient répartis équitablement entre les deux sexes et auraient appartenu à des personnes de tous âges[32].
Toutes les constructions du Machu Picchu sont de style classique inca, c'est-à-dire avec les constructions ayant une surface légèrement plus importante à la base qu'au sommet, ce qui leur confère une bonne résistance aux séismes. Quelques rares murs sur le site sont composés de pierres parfaitement ajustées, mais l'ensemble des constructions est constitué, contrairement aux autres sites de la région, de pierres non ajustées. Les Incas ne faisaient pas usage de ciment sur leurs sites mais sur celui du Machu Picchu, la majorité des murs et des édifices sont constitués de pierres très irrégulières, disjointes et remplies de terre entre elles. Le granit des pierres utilisées pour la construction du site provenait de carrières éloignées, ce qui demandait une ingénierie très évoluée pour faire monter des blocs de pierre pouvant peser plusieurs tonnes jusqu'au sommet de la montagne.
Le plan des constructions semble avoir la forme d'un animal. Il est parfois admis que les Incas donnaient à leurs cités la forme d'animaux sacrés (puma, condor...) Au Machu Picchu, plusieurs formes sont distinguées. La plus fréquente est celle d'un condor, les ailes déployées[33]. Aussi une autre étude, ayant mis en place une règle d'observation fonctionnant sur de nombreux sites incas, accorde à la cité la forme d'un oiseau vu de profil[34], mais également la séparation en deux zones ayant chacune une forme animale, un caïman et un serpent[35],[36].
Références culturelles
Une des œuvres les plus célèbres du poète chilien Pablo Neruda s'intitule Les hauteurs de Machu Picchu, deuxième chant du Chant général :
« Machu Picchu es un viaje a la serenidad del alma, a la eterna fusión con el cosmos, allí sentimos nuestra fragilidad. Es una de las maravillas más grandes de Suramérica. Un reposar de mariposas en el epicentro del gran círculo de la vida. Otro milagro más. »
« Machu Picchu est un voyage à la sérénité de l'âme, à la fusion éternelle avec le cosmos, là-bas nous sentons notre propre fragilité. C'est une des plus grandes merveilles d'Amérique du Sud. Un havre de papillons à l'épicentre du grand cercle de la vie. Un miracle de plus. »
Dans ce chant, Neruda raconte son ascension jusqu'au Machu Picchu qu'il décrit comme une étape fondamentale dans l'écriture du Chant général : cette expérience lui permet de prendre conscience de l'unité du continent américain, mais aussi de sa « mission » de poète qui doit raconter l'histoire de tous ceux qui ont quitté cette terre. C'est ainsi qu'il déclare, en s'adressant aux incas disparus dont il sent la présence, « Je viens parler par votre bouche morte », affirmation qui peut résumer la démarche de l'ensemble du Chant général.
Vues panoramiques
Notes et références
Références
- Glave et Remy, 1983
- Alfredo Valencia, 2006
- WaterHistory.org
- Lost City of The Inca, 1948
- (en) UNESCO, « Historic Sanctuary of Machu Picchu », UNESCO. Consulté le 1er février 2009
- INRENA
- Superficie indiquée sur le site de l'UNESCO. Consulté le 2 juin 2008
- altiplano bolivien. Les mimaqkuna étaient des colons déplacés par l'État afin de travailler et d'habiter certaines zones de l'empire éloignées de leurs terres natales. Eaton et Verano ont montré qu'il y avait à Machu Picchu des populations originaires de la côte nord du Pérou et de l'
- Les travaux du Projet Cusichaca (Kendall, 1988) montrent que les excédents agricoles ont augmenté de 90 % dans la région.
- Kendall, 1988
- Valencia y Gibaja, 1992
- Rowe, 1990
- Valencia y Gibaja, 1992
- Kauffman, 2006
- Lumbreras, 2006
- Glave et Remy, 1983
- Machu Picchu
- Valcarcel, 1968
- Le Machu Picchu découvert 40 ans plus tôt qu'on ne croyait, Futura-sciences.com
- (en) Who found Machu Picchu?, The Independent.
- (en) New light shed on who found (and looted) lost Inca city Machu Picchu, Times Online.
- Exclusif : le Machu Picchu découvert 40 ans plus tôt qu'on ne croyait
- Mould, 2003
- http://www.arqueologiamericana.com.br/artigos/artigo_06.htm
- http://www.labyrinthia.com/bingham.htm
- Bingham, 1963
- http://www.casamerica.es/utilidades/expos/pag/2002/chambi.htm
- Ces restaurations ont été décrites de façon critique par Valencia et Gibara, 1992.
- Yale to return Peruvian artefacts. BBC News. 17/07/2007
- Le Monde du 26-09-2007, [lire en ligne] Sylvain Cypel, « Yale et les trésors du Machu Picchu », dans
- Mass W., Neumann N., Oberländer H., Voss J., Benthues A. (1997), 100 Weltwunder, die grössten Schätze der Menschheit in 5 Kontinenten, Hamburger Verlagskontor GmbH, Hambourg
- interview de John Verano incluse dans le documentaire « Les Incas », écrit par Marc Brasse et Saskia Weisheit et produit par la chaîne allemande ZDF, diffusé sur France 5 le 6 mars 2011
- figure du condor Voir la
- image de l'oiseau Voir
- croquis du serpent et du caïman Voir
- photo de la zone Voir la
Notes
- Elle est parfois surnommée « la cité perdue des Incas ».
- 13°9'47" de latitude sud et 72°32'44" de longitude ouest.
- En 2009, c'est la capitale régionale, auparavant c'était la capitale des Incas.
- Mentionnons Patallacta, Quente et Torontoy dans le fond de la vallée et les ruines de Runkuracay, Sayaqmarca, Phuyupatamarca, Wiñay Wayna, Intipata et beaucoup d'autres.
- Il s'agit du premier empereur inca (1438-1470).
- Il s'agit des membres de la panaca de Pachacutec.
- Un huaca, pour les peuples quechuas des Andes, est un lieu sacré.
- [1] 5000 pièces archéologiques furent exportées « temporairement » vers l'Université Yale afin de les étudier ; il était prévu qu'elles retourneraient au Pérou, que les études seraient publiées ainsi que les photos prises. Or jusqu'à l'année 2008, rien n'est revenu. Voir
- orchidée sauvage. Il s'y trouve une variété d'
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (es) Nombreuses photographies à 360° prises à divers endroits du site, avec fond sonore Passer en mode plein écran.
- (fr) Carte interactive du Machu Picchu et du Chemin Inca
- (fr) Machu Picchu, ce qu'il faut savoir avant d'y aller
- (fr) Machu Picchu. Vidéo Mesvoyages.tv
- (fr) Informations pratiques sur le chemin alternatif au train pour se rendre au Machu Picchu
- (es) Différent avecYale, Quotidien «Perú 21», 6-3-2008.
- (es) L'Université Yale accepte de rendre au Pérou les reliques de Machu Picchu
- Vue de Machu Picchu par satellite, dans Google Maps
- Montage de Machu Picchu sur Youtube
- (fr) Hypothèses sur le Machu Picchu et méthode d'observation des cités incas
Bibliographie
- Santiago Agurto Calvo, Estudios acerca de la Construcción, Arquitectura y Planeamiento incas, Lima, 1987.
- (en) Hiram Bingham, Lost city of the Incas, the story of Machu Picchu and its builders, Duell, Sloan and Pearce, New York, 1948, XVIII-263 p.. Éditions françaises :
- Hiram Bingham, La Fabuleuse découverte de la cité perdue des Incas : la découverte de Machu Picchu (traduit de l'américain et annoté par Philippe Babo, avec une préface de Danièle Lavallée), éditions Pygmalion, coll. « Les Grandes aventures de l'archéologie », Paris, 1989, 315 p., (ISBN 2-85704-308-2). – Réédition : éditions Pygmalion, [sans titre de collection], Paris, 2008, 315 p., (ISBN 978-2-7564-0216-1)
- Hiram Bingham, La ciudad perdida de los incas. Historia de Machu Picchu y sus constructores, Santiago de Chile : Zig Zag,1964.
- Jean Francois Bouchard, La arquitectura Inca, Madrid : Sociedad Estatal Quinto Centenario, 1991.
- Richard Burger et Lucy Salazar, Machu Picchu : Unveiling the Mystery of the Incas, New Haven : Yale University Press, 2004.
- Hermann Buse de La Guerra, Machu Picchu, Lima : Nueva Crónica, 1961.
- Luis Miguel Glave et Maria Isabel Remy, Estructura Agraria y vida rural en una región Andina. Ollantaytambo entre los siglos XVI y XIX, Cusco : Centro de Estudios Rurales Andinos Bartolomé de las Casas,1983.
- Federico Kauffmann Doig, Machu Picchu, tesoro inca, Lima : Cartolan, 2006
- Ann Kendall, Proyecto arqueológico Cusichaca, Cusco : investigaciones arqueológicas y de rehabilitación agrícola , Lima : Southern Peru Copper Corporation, 1994.
- Luis Lumbreras, Machu Picchu, Lima, Fundación Telefónica, 2006.
- Mariana Mould de Pease Machu Picchu y el código de ética de la Sociedad de Arqueología Americana : una invitación al diálogo intercultural, Lima : CONCYTEC, 2003.
- John H. Rowe, Machu Picchu a la luz de los documentos del siglo XVI, Histórica (vol. XIV), 1990.
- Luis E. Valcarcel, Macchu Pichu : El más famoso monumento arqueológico del Perú, Buenos Aires : Eudeba, 1964.
- Alfredo Valencia et Arminda Gibaja, Machu Picchu : la investigación y conservación del monumento arqueológico después de Hiram Bingham, Cusco : Municipalidad del Cusco, 1992.
- Simone Waisbard, Machu Pichu. Cité perdue des Incas. Coll. Les énigmes de l'univers, Paris, Robert Laffont, 1974.
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