Angkor vat

Angkor vat

Angkor Vat

13° 24′ 45″ N 103° 52′ 00″ E / 13.41249, 103.8668

Angkor Vat

Angkor Vat ou Angkor Wat est le plus grand des temples du complexe monumental d'Angkor au Cambodge. Il fut construit par Suryavarman II au début du XIIe siècle en tant que temple de son état et capitale. Temple le mieux préservé d'Angkor, il est le seul à être resté un important centre religieux depuis sa fondation, premièrement hindou et dédié à Vishnou, puis bouddhiste. Le temple est le symbole du style classique de l'architecture khmère. Il est devenu le symbole du Cambodge, figurant sur son drapeau national, et il est le lieu touristique principal du pays.

Angkor Vat combine deux bases de l'architecture khmère pour les temples : le côté temple-montagne et le côté temple à galeries. Il est conçu pour représenter le mont Meru, la maison des dieux dans la mythologie hindoue. À l'intérieur d'une douve et d'un mur externe de 3 6 km de longueur se trouvent trois galeries rectangulaires, chacune construite l'une au-dessus de l'autre. Au centre du temple se dressent des tours en quinconce. Contrairement à la plupart des temples d'Angkor, Angkor Vat est orientée vers l'ouest, probablement parce qu'il est orienté vers Vishnou.

Le temple est admiré pour la grandeur et l'harmonie de son architecture et ses nombreux bas-reliefs sculptés qui ornent ses murs. Sa beauté et sa taille sont telles que beaucoup le considèrent comme la huitième merveille du monde[1],[2].

Sommaire

Étymologie

Angkor Vat est le temple le plus au sud-ouest du plus important groupe de temples d'Angkor.

« Angkor » est une forme dialectale du mot nokor, qui vient du sanskrit nagara, « résidence royale » et vat ou wat signifie « temple, monastère » en khmer. On peut traduire « Angkor Vat » par "Angkor des monastères", car le site en héberge deux. Les Cambodgiens appellent aussi le site Angkor Toc ("le petit Angkor"), par opposition à Angkor Thom ("le grand Angkor").

L'appellation « Angkor Vat » est utilisé depuis le XVIe siècle[3]. Avant cette période, le temple semble avoir été appelé « Preah Pisnulok » ("lieu sacré de (celui qui est allé au) monde suprême de Vishnou")[4], en référence au titre posthume de son fondateur Suryavarman II[5].

Géographie

Pour consulter un article plus général, voir : Angkor.

Angkor Vat se trouve 5,5 km au nord de la ville de Siem Reap et au sud-est de l'ancienne capitale qui était centrée sur le Baphûon.

Le temple d'Angkor Vat est dans une zone du Cambodge où il y a un important groupe d'anciennes constructions. Il est la structure la plus au sud des principaux sites d'Angkor.

Historique

Article connexe : Suryavarman II.
En 1866.

Angkor Vat fut construit dans la première moitié du XIIe siècle par le roi Suryavarman II dont le règne s'étala de 1113 à 1150. Comme le Baphûon était dédié à Shiva et que Suryavarman II honorait Vishnou, il décida la construction d'un nouveau temple au sud de la ville. Ceci pourrait expliquer que l'entrée d'Angkor Vat est orientée vers l'ouest — vers Vishnou —, contrairement aux autres temples khmers.

Le travail de construction semble avoir pris fin lors de la mort du roi, en laissant quelques-uns des bas-reliefs décoratifs inachevés[6]. En 1177, Angkor fut pillée par les Chams, les ennemis traditionnels des Khmers. Par la suite, l'empire a été restauré par un nouveau roi, Jayavarman VII, qui a mis en place une nouvelle capitale, Angkor Thom, et un temple d'État, Bayon, à quelques kilomètres plus au nord.

Au XIVe siècle ou XVe siècle, le temple fut « détourné » vers le culte de Bouddha (bouddhisme theravâda) avec un remaniement notable du sanctuaire central. Aujourd'hui encore, le temple est visité quotidiennement par des moines bouddhistes.

Parmi les temples d'Angkor, Angkor Vat fut l'un des temples les mieux conservés car, même s'il est quelque peu négligé après le XVIe siècle, il n'a jamais été complètement abandonné. Sa préservation étant due en partie au fait que ses douves fournirent une protection contre le développement de la jungle sur le site[7].

L'un des premiers visiteurs occidentaux au temple fut António da Madalena, un moine portugais qui s'est rendu sur le site en 1586 et a déclaré que le temple « est d'une telle construction extraordinaire qu'il n'est pas possible de le décrire sur papier, d'autant plus qu'il n'est pas comme les autres bâtiments dans le monde. Il a des tours, des décorations et tous les raffinements que le génie humain peut concevoir »[8]. Toutefois, le temple n'a été popularisé en Occident que dans le milieu du XIXe siècle grâce à la publication des notes de voyage du naturaliste français Henri Mouhot. Il écrivit d'ailleurs : « Qui nous dira le nom de ce Michel-Ange de l'Orient qui a conçu une pareille oeuvre, en a coordonné toutes les parties avec l'art le plus admirable, en a surveillé l'éxécution de la base au faîte, harmonisant l'infini et la variété des détails avec la grandeur del'ensemble et qui, non content encore, a semblé partout chercher des difficultés pour avoir la gloire de les surmonter et de confondre l'entendement des générations à venir ! »[9].

Vue aérienne

Mouhot, comme d'autres visiteurs occidentaux au début, a été incapable de croire que les Khmers pouvaient avoir construit le temple, et le data faussement vers à peu près à la même époque que la Rome antique. La véritable histoire d'Angkor Vat a été rassemblée à partir de seulement des données stylistiques et épigraphiques accumulées dans les travaux de restauration effectués sur l'ensemble du site d'Angkor.

Angkor Vat a nécessité de considérables efforts de restauration du XXe siècle, principalement par l'enlèvement de la terre accumulée et de la végétation[7]. Le travail a été interrompu par la guerre civile et les Khmers rouges prirent contrôle du pays pendant les années 1970 et 1980, mais relativement peu de dégâts ont eu lieu au cours de cette période de référence autres que le vol et la destruction de la plupart des statues datant des époques post-angkoriennes[10].

Le temple est devenu le symbole du Cambodge et est une source de grande fierté nationale. Depuis environ 1863, Angkor Vat est une partie intégrante du drapeau du Cambodge[11] et le seul bâtiment à apparaître sur un drapeau national[11].

Depuis 1992, tout le site d'Angkor fut classé sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et même jugé « en péril » jusqu'en 2004[12]. En 2008, c'était le seul site cambodgien distingué de la sorte par l'UNESCO[12].

En janvier 2003, des émeutes ont éclaté à Phnom Penh où une fausse rumeur prétendait qu'une actrice thaïlandaise d'un soap opera avait affirmé qu'Angkor Vat appartenait à la Thaïlande[13].

Architecture

Pour consulter un article plus général, voir : Architecture khmère.
Plan d'Angkor Wat

Le complexe occupe une surface totale de 1 500 mètres sur 1 300 mètres.

La décoration khmère, abondante mais harmonieuse, est principalement faite de représentations de dieux, d'hommes et d'animaux, qui remplissent chaque surface plane. Les combats et les épisodes de légendes sont fréquents. Les décorations florales sont réservées aux bordures, aux moulures et aux chapiteaux.

Les principaux matériaux utilisés sont des grès de différentes couleurs et la latérite. La pierre était découpée en blocs énormes assemblés avec une grande précision sans utiliser de ciment, probablement par rodage sur place.

Les galeries extérieures

La deuxième enceinte vue du Nord-Ouest

Des douves et trois galeries encerclent le sanctuaire central. Depuis l'ouest du complexe, une chaussée pavée longue de 200 mètres permet de traverser les douves et mène à une large terrasse précédant le magnifique gopura, qui marque l'entrée principale de l'édifice central.

La première galerie est constituée de piliers carrés vers l'extérieur et d'un mur aveugle vers l'intérieur. Le plafond entre les piliers est décoré de rosaces en lotus. L'extérieur du mur aveugle est décoré de fenêtres à colonnes, d'apsaras (nymphes célestes), qu'on trouve sur toutes les galeries, et de figures masculines qui dansent sur des animaux caracolants.

À partir de la première galerie, une avenue décorée de nagas longue de 350 mètres mène à la seconde enceinte à travers un parc. De part et d'autre de cette allée, on rencontre d'abord deux constructions dont on ignore l'utilité (mais qu'on appelle couramment « bibliothèques »), puis deux petits bassins.

On arrive à la seconde galerie par une plate-forme surélevée flanquée de lions de part et d'autre d'une cage d'escalier. Le mur intérieur de la seconde galerie est orné d'un bas-relief narratif sur toute sa longueur. Sur le mur occidental sont représentées des scènes de l'épopée du Mahabharata.

La troisième enceinte

Troisième galerie, tour nord-ouest

La troisième galerie délimite un espace de 150 mètres sur 200 mètres. On y pénètre par une terrasse en forme de croix.

Cet espace est découpé en trois niveaux, reliés par de nombreux escaliers extérieurs. Ces niveaux sont de dimensions décroissantes. Chaque niveau est formé d'une terrasse entourée d'une galerie. Le plus élevé est le sanctuaire, qui est surmonté en son centre d'une grande tour de forme pyramidale. Des tours surmontent aussi les quatre angles des terrasses des deux étages supérieurs. La galerie extérieure du sanctuaire central, longue de 800 mètres, est décorée de bas-reliefs décrivant des scènes tirées d'épopées indiennes ou de l'histoire d'Angkor.

Trois galeries dont les voûtes sont supportées par des colonnes mènent des trois portes occidentales de la troisième galerie au deuxième niveau. Elles sont reliées par une galerie transversale, qui forme donc quatre cuvettes carrées. La galerie du sud est surnommée la galerie des mille Bouddhas, car les Khmers avaient coutume d'y laisser des statues de Bouddha. La plupart de celles-ci furent détruites pendant la guerre civile. De part et d'autres de ces galeries se trouvent deux bibliothèques.

On atteint ainsi le deuxième niveau en traversant un portique à travers une autre enceinte rectangulaire. On y trouve une surface pavée, où se trouvent encore deux bibliothèques. Ces cours pourraient originellement avoir été inondées, afin de représenter l'océan entourant le mythique mont Meru. Elle est traversée par une courte allée soutenue par des piliers et menant au troisième niveau.

Le sanctuaire central

On atteint le sanctuaire central par douze escaliers très raides qui représentent la difficulté d'atteindre le royaume des dieux.

Au sommet de ces escaliers se trouve une plate-forme pavée de forme carrée divisée en quatre cours par deux couloirs surélevés qui se coupent à angles droits. Un autre couloir surélevé court le long du bord extérieur de la plate-forme, entourant l'ensemble du niveau. À chaque coin de ce couloir se trouve une tour et on en trouve une cinquième au milieu de la plate-forme. Ces cinq tours forment la silhouette bien connue d'Angkor Vat.

La base carrée de la tour centrale contient un petit sanctuaire sur chaque face, derrière lesquels se trouve le sanctuaire central. Ces sanctuaires sont reliés par des galeries sur les toitures desquelles est représenté le corps d'un serpent se terminant par des têtes de lions ou de garudas. Des linteaux et des frontons sculptés ornent les entrées des galeries et des sanctuaires.

Le sanctuaire central était initialement dédié au dieu hindouiste Vishnou, mais sa statue d'or a été enlevée et on trouve aujourd'hui dans chaque sanctuaire des statues de Bouddha.

Les bas-reliefs

L'enceinte extérieure vue des douves
Une des bibliothèques de la 2e enceinte

Angkor Vat aujourd'hui

Efforts de restaurations

Cette maquette d'Angkor Vat sert aux touristes à avoir une vue d'ensemble du temple.

Depuis les années 1990, Angkor Vat a vu une reprise notable des efforts de conservation et d'une augmentation massive du tourisme. Le temple fait partie du site d'Angkor, site du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) depuis 1992. L'organisation a fourni un financement et a encouragé le gouvernement cambodgien à protéger le site[14]. Le « German Apsara Conservation Project » (GACP) s'emploie à protéger des dommages les devatas et autres bas-reliefs qui ornent le temple. L'organisation de l'enquête a révélé que près de 20% des devatas étaient en très mauvais état, principalement à cause de l'érosion naturelle et de la détérioration de la pierre, mais aussi à cause des efforts de restauration antérieure[15]. D'autres travaux implique la réparation de sections effondrées et la prévention de nouveaux effondrements : la façade ouest de l'étage supérieur, par exemple, a été étayée par des échafaudages depuis 2002[16] et, en 2005, une équipe japonaise a achevé la restauration de la bibliothèque nord de l'enceinte extérieure[17].

Tourisme

Angkor Vat est devenue une importante destination touristique. Les chiffres de fréquentation pour le temple ne sont pas publiés, mais en 2004, le pays a reçu un peu plus d'un million d'arrivées de personnes depuis l'international[18] et 57% d'entre elles avaient prévu pour visiter le temple selon le ministère du Tourisme[19].

L'afflux de touristes a jusqu'ici causé relativement peu de dommages, à part quelques graffiti. Des mesures de protections ont été mise en place pour protéger les bas-reliefs et des sols. Le tourisme a également fourni des fonds supplémentaires pour l'entretien, environ 28 % des recettes des billets dans l'ensemble du site d'Angkor est dépensé sur les temples, bien que la plupart des travaux soient effectués par des équipes parrainées par leurs gouvernements respectifs plutôt que par les autorités cambodgiennes[20].

Symbole

Galerie

Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Angkor Wat ».
  1. Le Routard
  2. À la rencontre des peuples et de leurs habitats
  3. Charles Higham, The Civilization of Angkor, Phoenix, 2001. Page 2.
  4. Pou, S., Dictionnaire vieux khmer-français-anglais. An Old Khmer-French-English Dictionary, L'Harmattan, 2004, p. 304, entrée paramaviṣṇuloka
  5. (en) APSARA Authority, Angkor Vat.
  6. Eleanor Mannikka, Angkor Wat, 1113-1150.
  7. a  et b (en) Maurice Glaize, The Monuments of the Angkor Group, 1993 (traduction 2003). Page 59.
  8. Charles Higham, The Civilization of Angkor, Phoenix, 2001. Pages 1-2.
  9. Henri Mouhot, Voyage dans les royaumes de Siam, de Cambodge, de Laos et autres parties centrales de l'Indo-Chine, Editions Olizane, 1999 (Réédition), 315 p. (ISBN 2880862426).  
  10. APSARA authority, The Modern Period: The war
  11. a  et b (en) Cambodian Flag History, Flags of the World.
  12. a  et b Angkor, site de l'UNESCO.
  13. (en) The Nation, Editor Didn't Check Rumour, 31 janvier 2003.
  14. Hing Thoraxy, Achievement of "APSARA"
  15. German Apsara Conservation Project, Conservation, Risk Map, p. 2.
  16. APSARA authority, Yashodhara no. 6: January - June 2002
  17. APSARA authority, News 19 July 2005
  18. Tales of Asia, Cambodia Update February 2005: One Million
  19. Tales of Asia, Cambodia Update July 2004: Tourism Boom?
  20. Tales of Asia, Preserving Angkor: Interview with Ang Choulean (October 13, 2000)

Liens externes

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