- Ligurien alpin
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Sommaire
Famille italo-romane
dialecte Génois ou Ligurien du groupe intémélien ou alpin, appelé plus localement Royasque du nom de la vallée Roya, sont les termes utilisés en France pour appeler les parlers non occitans à base génoise (Zeneise).
Nota, ne pas confondre noms historiques et noms linguistiques :- le peuple ligure, peuple ayant habité de Marseille à Gênes avant l'arrivée des romains et,
- la langue ligurienne, synonyme de langue génoise aussi bien sur la bande côtière que dans l'intérieur (Xeneixe, région de Ligurie).
Histoire et langue
De par la géographie, le royasque est en communication naturelle et directe avec la basse vallée de la Roya, ligurienne elle aussi (en Italie) et avec sa principale ville Ventimiglia.
Les frontières politiques ayant fluctué jusqu'en 1947, il faut veiller à ne pas confondre histoire et linguistique.Dans les Alpes-Maritimes, 5 communes de la haute vallée de la Roya sont concernées. Breil-sur-Roya, Fontan, Saorge, La Brigue voir brigasque et Tende présentent pour les linguistes Pierre Bec et Jean-Philippe Dalbera des parlers majoritairement liguriens transitionnels avec l'occitan. Il partage les traits généraux du génois comme le passage de B+L, G+L, C+L, F+L à [dj] et [tS] (alors qu'en occitan alpin nous trouvons la conservation du premier élément + l ou seulement le passage de l à j).
Ce qui différencie le royasque du génois côtier est notamment l'usage de l'article ar, er et non de l'article u. Pour cela on les caractérise comme du ligurien alpin, c'est-à-dire une variante intérieure proche du génois côtier du XVIe siècle.Une zone de contact linguistique
La frontière linguistique est relativement étanche avec les villages piémontais et avec les villages occitans alpins maritimes (parlers appelés aussi vivaro-alpins ou gavots maritimes) limitrophes à l'ouest que sont Moulinet, Sospel, Castillon et Castellar. En revanche, les 2 villes suivantes : Menton et Roquebrune-Cap Martin ont un parler majoritairement de type vivaro-alpin maritime.
Le ligurien alpin partage avec l'occitan alpin et avec le piémontais la chute de -T- et -D- intervocaliques latines, et la première personne en [u]. Ce qui fait la différence ce sont les conjugaisons génoises ou occitanes. En occitan alpin on trouve la conservation des finales consonnantiques jonl et jorn (en français jour) communs du pays de Levens (Alpes-Maritimes) jusqu'à Briançon (département des Hautes-Alpes), maintien de -L et -LL finaux devenus -l, -r ou amuïs mais jamais ralongés, maintien de pluriels). Les parlers du pays mentonnais ont une légère "coloration" ligurienne par la présence de quelques mots liguriens (lexique limité) et le maintien des finales médiévales occitanes encore sonores (o lob pour o lop, o fueg pour o fuec). La série de mots liguriens est très limitée et ne se réfère qu'à un vocabulaire spécialisé (istade pour estiu, été ; des doublets a carriera ou o carroge pour la rue).
Comparaison entre ligurien intémélien et occitan alpin
ligurien alpin (royasque) occitan alpin-gavot (mentonnais) manger (verbe) manjaa manjar ou manjà je veux voey voaro l'église a djedja a guieija mûr maüu maür poivre péve peure le pain ar pan o pan âne anzi ase le sel a saa a sar les femmes e done ai fremai (Roquebrune-Cap Martin) et e freme (Menton) Échanges linguistiques
L'origine des influences liguriennes à Menton et Roquebrune s'explique par deux facteurs :
- leur appartenance à la Principauté de Monaco jusqu'en 1860. La langue du peuple étant à la fois, l'occitan (mentonnais et roquebrunois) et le monégasque (lui-même teinté d'occitan).
- le sud du pays mentonnais et particulièrement le statut de ville côtière à Menton et Roquebrune ayant accueilli une immigration importante de populations de terres piémontaises et liguriennes venus y chercher du travail dans l'histoire moderne par la naissance de la Riviera ou Côte d'Azur avec la construction du chemin de fer, de Monte-Carlo notamment.
Le mentonnais pris en "sandwich" entre Monaco enclave figoune et l'ouest de la République de Gênes (Ventimiglia) est resté relié à l'ensemble des terres occitanes par le nord et l'ouest : La Turbie, Gorbio, Sospel parlant occitan alpin maritime (ou gavot maritime) annonçant déjà le gavot intérieur du haut Paillon ou de la Vésubie. Par ailleurs, il existe des isolats figoun : Monaco (depuis la colonisation génoise sur le rocher de Monaco et notamment Malizia Grimaldi qui s'empare au 13-14ème du château de Monaco) et ceux disparus de Biot, Vallauris, Mons et Escragnoles (17ème). [1]. dus à des repeuplements liguriens, ces villages étant dévastés par les guerres de religion et la peste.
- Les linguistes maximalistes :
- Pour Werner Forner, la Roya est ligurienne et il en de même pour le sud du pays mentonnais qui aurait été occitanisé postérieurement.
- Pour l'Institut d'Etudes Occitanes des Alpes-Maritimes (cf. http://ieo06.free.fr) inclue le royasque ainsi que les communes de Olivetta- San Michele et de Briga Alta dans l'ensemble occitan en parlant d'occitan avec des traits hybridés avec le génois. : À noter que des influences piémontaises sont perceptibles dans le parler de Tende par ailleurs assez similaire aux précédents.
La position acceptée par la plupart comme le Centre Culturel Occitan Pais Nissart e Alpenc (cf. http://nissa.org), reste celle de l'unité de la vallée de la Roya (parties française et italienne) dans l'ensemble génois alpin (ou intémélien) d'une part et l'unité du pays mentonnais jusqu'à Moulinet dans l'ensemble occitan alpin-gavot d'autre part.
Bibliographie
- Revue Intemelion, éditée à Sanremo et Gênes par Brigati Glauco, depuis 1995, comme un supplément au mensuel La voce intemelia.
- À propos du ligurien intémélien - La côte, l’arrière-pays, Werner Forner, Travaux du Cercle linguistique de Nice, 7-8, 1986, pp. 29–62.
- Azaretti, Emilio, L'evoluzione dei dialetti liguri, Sanremo, Edizioni Casabianca, 1982, Pp. xxii + 416, 2e éd. 'riveduta e ampliata'.
- Glossario Ventimigliese-Italiano / Italiano-Ventimigliese, Enrico Malan, Alzani Editore, Pignerol, 1998
- Werner Forner « L'Intemelia linguistica », in Intemelion 1, Sanremo, 1995, pp. 67-82
- Jean-Philippe Dalbera « Interférences entre provençal et ligurien dans la genèse du […] mentonnais » dans Bulletin du Centre de romanistique et de latinité tardive 4-5, Nice, 1989, pp. 89-97
- P. Bec, La langue occitane (collection Que sais-je ? n°1059), 1963, 6e édition corrigée, 1995, 128 pages, PUF, Paris. Cet ouvrage compact indique avec netteté les limites géographiques de la langue d'oc.
Liens internes
- commune de Briga Alta, formé des hameaux de Piaggia, Upega et Carnino ;
- le hameau de Viozene dans la commune d'Ormea ;
- les hameaux de Realdo et de Verdeggia dans la commune de Triora.
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