Les grisons

Les grisons

Canton des Grisons

Canton des Grisons
Kanton Graubünden
Chantun Grischun
Cantone dei Grigioni
Armoiries Localisation du canton en Suisse
Armoiries Localisation du canton en Suisse
Caractéristiques
Entrée dans la Confédération 1803
Abréviation GR
Chef-lieu Coire
Langues officielles allemand, romanche, italien
Statistiques
Population 188 762 hab. (2007, 14e)[1]
Superficie 7 105 km² (1er)[2]
Densité 26,57 hab./km² (26e)
Altitude maximale Piz Bernina (4 049 m)[3]
Altitude minimale Frontière avec le Tessin à San Vittore (260 m)
Représentation
Exécutif Regierungsrat, Regenza, Governo (5 sièges)[4]
Législatif Grosser Rat, cussegl grond, Grand Consiglio (120 sièges)[5]
Conseil des États 2 sièges[6]
Conseil national 5 sièges[7]
Subdivisions
Communes 197[8]
Districts 16[8]

Le canton des Grisons (GR - en allemand Graubünden, en romanche Grischun, en italien Grigioni) est le plus grand et le plus oriental des cantons de Suisse.

Sommaire

Nom

Le nom de « Grisons » fait référence à l'origine du canton sous la forme de trois alliances locales, les Trois Ligues ou ligues grisonnes, regroupant la Ligue de la Maison-Dieu, la Ligue des Dix-Juridictions et la Ligue grise.

Le nom allemand du canton, « Graubünden », est plus explicite dans son étymologie, signifiant littéralement « ligues grises ».

Histoire

Article détaillé : Histoire des Grisons.

Occupée à l'origine par les Rhètes, la région du canton des Grisons est annexée en 15 av. J.-C. par l'Empire romain et forme une partie de la province romaine de Rhétie. Après l'introduction du christianisme, Coire est le siège du premier évêché fondé au nord des Alpes. La région est rattachée en 536 au royaume des Francs puis plus tard au Saint-Empire romain germanique. Les Walser, un peuple germanophone originaire du Valais, immigrent de l'ouest au XIIIe siècle et s'installent sur les plateaux d'alpage grisons. Parallèlement, d'autres populations alémaniques s'implantent lentement au nord, dans la région de Coire. Cette implantation se fait encore sentir aujourd'hui, avec la présence dans le canton de deux groupes dialectaux germaniques distincts : walser dans les vallées supérieures et haut alémanique dans la vallée du Rhin, autour de Coire. Ces dialectes germaniques côtoient les parlers romanches et italiens, d'origine romane.

À la fin du Moyen Âge se forment plusieurs ligues afin de combattre les influences extérieures, principalement celle de l'évèque de Coire : la Ligue de la Maison-Dieu en 1367 au sud-est et au centre, la Ligue grise (qui donne son nom au canton) en 1395 à l'ouest et la Ligue des Dix-Juridictions au nord en 1436.

La première étape vers l'actuel canton des Grisons a lieu en 1450 lorsque la Ligue des Dix-Juridictions s'allie à la Ligue de la Maison-Dieu. En 1471, ces deux ligues s'allient avec la Ligue grise. En 1497 et 1498, à la suite de l'acquisition des possessions de la dynastie éteinte des Toggenburg par les Habsbourg en 1496, les trois ligues s'allient avec l'ancienne Confédération suisse et combattent à ses côtés dans la guerre de Souabe trois ans plus tard. Les Habsbourg sont vaincus aux batailles de Calven et de Dornach, aidant à la reconnaissance de la confédération suisse et des ligues alliées. Les Trois Ligues restent cependant une association lâche jusqu'au Bundesbrief du 23 septembre 1524. Ses membres souverains sont les communes juridictionnelles (antécédants des actuels districts et communes).

En 1512, les Trois ligues s'emparent de plusieurs régions italiennes : la Valteline et les vallées de Chiavenna et de Bormio. Elles restent sous l'autorité des ligues jusqu'au début du XIXe siècle. En 1518, les Trois Ligues règlent leurs relations avec les Habsbourg dans un contrat, signé par l'empereur Maximilien, qui reste en vigueur jusqu'en 1798. Les dernières traces de la juridiction de l'évêché de Coire sont abolies en 1526. La guerre de Musso rapproche encore les Trois Ligues de la Confédération suisse.

À l'époque de la Réforme, plus de la moitié des communes (dont la ville de Coire) adhèrent au mouvement réformiste. La Bible est le premier livre traduit en romanche. Pendant la guerre de Trente Ans, les Trois Ligues grisonnes sont les seuls Confédérés impliqués dans le conflit.[9] Puis le peuple se divise sur la prise de parti pour l'Autriche ou la France, menaçant ainsi l'unité du pays. Le pasteur et commandant militaire Jürg Jenatsch est considéré comme le pacificateur des Trois ligues.

En 1798, les Trois Ligues sont intégrées à la République helvétique ; elles sont reconnus comme canton suisse à part entière en 1803 lors de l'Acte de médiation. La constitution cantonale transférant la souveraineté des communes juridictionnelles au peuple date de 1854. La constitution du canton date de 1892 et est modifiée 30 fois au cours du siècle suivant.

Géographie

Article détaillé : Géographie des Grisons.
Piz Bernina (right) with the Biancograt on the right, Piz Scerscen and Piz Roseg (left), seen from north
La vallée d'Haute-Engadine, au-dessus de Saint-Moritz.

Le canton des Grisons est situé dans les Alpes au sud-est de la Suisse. Il borde le Liechtenstein au nord, l'Autriche au nord et à l'est, l'Italie au sud et au sud-est, et les cantons de Saint-Gall au nord-ouest, Glaris et Uri à l'ouest et du Tessin au sud-ouest. La capitale est Coire ; parmi les autres villes, on peut citer Davos, Klosters ou Saint-Moritz.

Les Grisons sont le plus étendu des cantons suisses. Avec 7 105 km², ils forment 17,2% de la superficie du pays[10]. Un tiers seulement du canton est considéré comme terres arables[10]. Les forêts recouvrent un cinquième de la superficie totale[10]. Le canton est quasi entièrement montagneux, comprenant les hauts plateaux des vallées du Rhin et de l'Inn.

L'altitude des Alpes grisonnes est élevée ; elles contiennent des pics comme le Tödi (3 614 m) et culminent au Piz Bernina, à 4 049 m. La région possède de nombreux glaciers, comme dans les massifs de l'Adula, de l'Albula, de la Silvretta, de la Bernina, de la Bregaglia et du Rätikon. Les chaînes de montagnes de la région centrale du canton sont très profondes, certaines étant considérées comme les plus profondes d'Europe.

Démographie

Les Grisons comptent 188 762 habitants en 2007, soit 2,5% de la population totale de la Suisse ; parmi eux, 28 008 (14,84%) sont étrangers[11]. Avec 27 habitants par km², ils sont le canton dont la densité de population est la plus faible.

47% de la population revendique l'appartenance au catholicisme, 41% au protestantisme[12].

Langues

Article connexe : Romanche.
Distribution géographique des langues des Grisons, avec les zones parlant le romanche en violet, l'allemand en orange et l'italien en bleu. Les zones hachurées possèdent une langue majoritaire fluctuante, des minorités linguistiques traditionnellement fortes (plus de 30%) ou sont officiellement bilingues.

Le canton des Grisons possède trois langues officielles : l'allemand, l'italien et le romanche. C'est le seul canton suisse trilingue, et le seul où est parlé le romanche, qui y a d'ailleurs un statut officiel depuis le XIXe siècle.

L'allemand est la langue majoritaire, parlée par 68% de la population, principalement dans le nord-ouest du canton. Le romanche est parlé par 15% de la population, surtout dans l'Engadine et autour de Disentis ; en régression lente, son avenir est incertain. L'italien est parlé dans les vallées méridionales de Mesolcina, Calanca, Val Bregaglia et Poschiavo et totalise 10% des locuteurs. 7% de la population parle une autre langue.

Le romanche est un terme générique recouvrant un groupe de dialectes proches, parlés dans le sud de la Suisse et appartenant à la famille rhéto-romane. Ces dialectes incluent le sursylvain, le subsylvain, le sourmiran, le puter et le vallader. Ils sont standardisés depuis 1982 à partir des travaux du linguiste suisse Heinrich Schmid. La langue standadisée, appelée Rumantsch grischun, est lentement acceptée.

Le romanche est reconnu comme l'une des quatre langues nationales de la Suisse depuis l'adoption de la constitution fédérale suisse le 20 février 1938. Il est considéré, avec certaines restrictions, comme langue officielle à l'échelle fédérale depuis la votation populaire du 10 mars 1996, ce qui signifie que les locuteurs romanches peuvent utiliser le Rumantsch grischun pour correspondre avec le gouvernement fédéral et espérer une réponse dans la même langue. Dans les Grisons, le romanche ne possède le statut de langue officielle qu'au niveau cantonal. Les communes y sont libres de spécifier leurs propres langues officielles.

Gastronomie

Les Grisons sont connus pour la viande des Grisons, une forme de viande de bœuf séchée, ainsi que pour la Bündner Nusstorte, une tarte au miel et aux noix.

Le Capuns, une recette à base de viande, de fromage et de feuilles de salade, est une autre spécialité, principalement dans la partie occidentale du canton.

Administration

Districts

Le canton des Grisons est divisé en 11 districts (cercles communaux entre parenthèses) :

  • Albula (Alvaschein, Belfort, Bergün, Surses)
  • Bernina (Brusio, Poschiavo)
  • Hinterrhein (Avers, Domleschg, Rheinwald, Schams, Thusis)
  • Imboden (Trins, Rhäzüns)
  • Inn (Ramosch, Sur Tasna, Suot Tasna, Val Müstair)
  • Landquart (Maienfeld, Fünf Dörfer)
  • Maloja (Bergell, Haute-Engadine)
  • Moesa (Calanca, Misox, Rovedero)
  • Plessur (Coire , Churwalden, Schanfigg)
  • Prättigau/Davos (Davos, Jenaz, Klosters, Küblis, Luzein, Schiers, Seewis)
  • Surselva (Disentis, Ilanz, Lumnezia/Lugnez, Ruis, Safien)

Communes

Article détaillé : Communes du canton des Grisons.

En 2009, le canton des Grisons compte 197 communes[13].

Économie

L'économie du canton est basée sur l'agriculture et le tourisme. L'agriculture inclut les forêts et le paturage de montagne en été, particulièrement celui des moutons et des brebis. Le tourisme est concentré dans les montagnes, particulièrement autour des villes de Davos, Laax et Saint-Moritz.

La région autour de la capitale Coire produit des vignes. Coire est également un centre industriel. Les vallées méridionales de Mesolcina et Poschiavo cultivent également le maïs et la châtaigne.

Transports

Les transports publics sont assurés par un réseau de bus et par le chemin de fer rhétique (Rhätische Bahn, abbrégé en RhB), le plus grand réseau de chemin de fer à écartement étroit en Suisse dans lequel le gouvernement cantonal est l'actionnaire majoritaire. Les chemins de fer fédéraux suisses ne pénètrent dans le canton que sur quelques kilomètres, jusqu'à Coire, où les passagers sont transférés au RhB.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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Références

  1. Bilan de la population résidante permanente selon les cantons, Statistique suisse
  2. Grisons (GR) > Chiffres clés
  3. [xls] Les points culminants des cantons suisses sur Office fédéral de la statistique. Consulté le 8 décembre 2008
  4. (de) Regierung des Kantons Graubünden sur gr.ch. Consulté le 8 décembre 2008
  5. (de) Ergebnisse Grossratswahlen sur gr.ch. Consulté le 8 décembre 2008
  6. Liste des conseillers aux Etats par canton sur parlement.ch. Consulté le 8 décembre 2008
  7. Liste des conseillers nationaux par canton sur parlement.ch. Consulté le 8 décembre 2008
  8. a  et b [xls] Liste officielle des communes de la Suisse - 01.01.2008 sur Office fédéral de la statistique. Consulté le 8 décembre 2008
  9. Nouvelle histoire de la Suisse et des suisses/II, multiples auteurs, Payot Lausanne, Lausanne, 1983, 2-601-00302-2, page 83
  10. a , b  et c Chiffres clés pour les Grisons, 2008, Office fédéral de la statistique. Consulté le 24/11/2008
  11. Cantons, communes — état et structure de la population, 2008, Office fédéral de la statistique. Consulté le 24/11/2008
  12. Langues, religions – Données, indicateurs, 2008, Office fédéral de la statistique. Consulté le 24/11/2008
  13. Répertoire officiel des communes, 2008, Office fédéral de la statistique. Consulté le 24/11/2008
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