- Le Madrid
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Le Madrid
Vue du restaurantPrésentation Coordonnées Pays Canada Ville Saint-Léonard-d'Aston, Québec Adresse 180, rang du Moulin Rouge Fondation 1967 Fermeture 2011 Site web www.manoir-bigfoot.com Informations Type de cuisine Restaurant familial Spécialité(s) Chinois, italien, américain, québécois, fruits de mer, buffet modifier Le Madrid est un restaurant québécois, situé à la sortie 202 de l'autoroute 20, à Saint-Léonard-d'Aston, près de Drummondville, entre Montréal et Québec.
Depuis 1967, Le Madrid occupe une place spéciale dans l'imaginaire des voyageurs de la 20. L'endroit est décoré de façon extravagante, tape-à-l'œil. On y retrouve notamment de gigantesques véhicules de type « monster trucks » et de faux dinosaures géants, visibles de l'autoroute.
Après plusieurs années de rumeurs sur la vente ou la fermeture du restaurant, Le Madrid est vendu en 2011 au groupe immobilier Immostar de Québec. Ce dernier annonce en juillet de la même année que le restaurant sera démoli en septembre pour faire place à une nouvelle halte routière, qui sera inaugurée en 2012.
Sommaire
Histoire
La première incarnation du restaurant, situé sur un terrain adjacent à la rivière Nicolet, a été construite en 1956. D'abord connu sous le nom de Moulin Rouge, le restaurant est agrandi trois ans plus tard afin d'y ajouter une salle de danse. En 1960, l'établissement aura droit à sa propre sortie de la route Transcanadienne qu'on aménage alors entre Montréal et Québec sur la Rive-Sud du Saint-Laurent[1].
En 1967, le Moulin Rouge est victime d'un violent incendie. Le restaurant est reconstruit en béton dans un style espagnol (en)[1], le propriétaire de l’époque affectionnant particulièrement l'Espagne, et est renommé Le Madrid[2].
La situation financière de l'établissement fluctue d'une année à l'autre et l'affaire est au bord de la faillite en 1987, lorsque l'homme d'affaires et patenteux local, Richard Arel, rachète l'édifice. Le repreneur modifie radicalement le menu, convainc ses employés de renoncer à leur affiliation syndicale et installe un de ses prototypes de « monster trucks » dans le stationnement du restaurant, une mesure qui réussit à attirer l'attention du public en transit sur la grande autoroute québécoise[3].
Arel se lance ensuite dans de nouveaux projets pour maintenir l'intérêt du public. C'est vers 1993 qu'il commande une série de modèles de dinosaures à des sculpteurs de Saint-Jean-Port-Joli. Cette nouvelle initiative profite du succès au box-office du film Jurassic Park et accroît la notoriété du restaurant. S'ajouteront ensuite l'écran géant affichant le menu aux automobilistes, des jeux d'arcade, divers kiosques et une décoration kitsch[3].
Le Madrid, qui propose aussi des salles de réunion et 15 chambres d'hôtel, accueille entre 400 000[4] et 500 000[5] visiteurs par an, qui se recrutent parmi toutes les classes sociales. Plusieurs personnalités québécoises, comme Éric Lapointe, Louis-José Houde, Vincent Graton, Normand Brathwaite, Marc-André Coallier, Luc Senay ainsi que le médaillé olympique Marc Gagnon y ont fait escale au fil des ans, comme attesté par un mur des célébrités affiché en place d'honneur. Plusieurs personnalités politiques, comme Claude Ryan et Bernard Landry y ont aussi cassé la croute. L'ancien premier ministre René Lévesque affectionnait particulièrement la soupe aux légumes de l'établissement, alors que le chanteur Robert Charlebois a une préférence pour le club sandwich[6].
Place dans la culture populaire
En plus d'être une institution importante dans la région de Nicolet-Yamaska — ses salles de réunion accueillant une multitude de rencontres publiques d'envergure locale ou régionale —, le restaurant de Saint-Léonard-d'Aston s'est taillé une certaine place dans la culture populaire québécoise ainsi qu'en Acadie dans les années 1990 et 2000. Le restaurant sert souvent d'image pour décrire le kitsch, le trivial, le manque de raffinement et les amalgames de style douteux[7]. Dans une chronique qu'elle écrit en 2004, l'écrivaine Nelly Arcan en parle comme « l'horreur de toutes les horreurs de l'autoroute 20[8] ». Elle ajoute :
« Cette baraque qui tente d'emprunter un style espagnol m'a déconcertée, peut-être parce qu'elle était encerclée de monstres préhistoriques en fibre de verre, véritables catastrophes de mauvais goût dans des tons de kaki, de jaune et de brun. La trentaine de bestioles qui forment une barricade autour du restaurant, et qui feraient peur à n'importe quel enfant, portent les formes et les couleurs du gâchis. »
— Nelly Arcan, La Presse, 7 octobre 2004[8]
L'établissement possède également son lot de partisans. Il s'est notamment fait connaître au printemps 2003, lors de la diffusion de la première saison de la version québécoise de Star Académie au réseau TVA, en appuyant ouvertement la candidature gagnante de Wilfred LeBouthillier, un Acadien originaire de Tracadie-Sheila, au Nouveau-Brunswick[9].
Dans le cadre d'une campagne de publicité officieuse destinée à mousser la candidature du jeune chanteur de la Péninsule acadienne, les nouveaux propriétaires, Julie, la fille de Richard Arel, et son conjoint Daniel Paulin — lui-même un Acadien —, écoulent 1 200 T-shirts du finaliste en quelques jours. La campagne est suivie de près par le quotidien L'Acadie Nouvelle de Caraquet, ce qui permet au restaurant de fidéliser sa clientèle de Néo-Brunswickois qui arrêtent lorsqu'ils empruntent la 20 en direction ou au retour de Montréal[9].
Au cours des années 2000, le chanteur Normand L'Amour se présente aux abords du Madrid, où il vend ses disques et se fait photographier avec les visiteurs durant la saison estivale.
Terrain neutre
La position géographique du Madrid — à mi-chemin entre Montréal et Québec sur l'autoroute 20 et dans le court tronçon partagé avec l'autoroute 55, entre Trois-Rivières et Sherbrooke —, fait de l'endroit un point de rencontre, voire un terrain neutre. Cette vocation a notamment été confirmée par la tenue de la cérémonie d'ouverture de La Série Montréal-Québec diffusée à TVA en 2010 à partir du Madrid[10].
D'autres rappellent que le restaurant constitue un endroit neutre pour des couples séparés de Montréal et de Québec qui doivent transférer la garde de leurs enfants à leur ex-conjoint pour le week-end, conformément aux dispositions de jugements de divorce qui précisent que le transfert doit être effectué à cet établissement de Saint-Léonard-d'Aston[4]. Selon la copropriétaire, Julie Arel, la garde d'une vingtaine d'enfants serait ainsi transférée d'un parent à l'autre les vendredis et les dimanches[11].
L'endroit est aussi reconnu comme un refuge pour les touristes anglophones qui traversent le Québec entre l'Ontario et les Maritimes, en raison de son service bilingue anglais-français, mis en évidence sur l'enseigne lumineuse qui répète « WE SPEAK... ENGLISH »[12].
Fermeture et démolition
La fermeture ou la vente éventuelle du restaurant, décrit comme « l'emblème kitsch de l'autoroute 20[13] », est évoquée depuis plusieurs années. En janvier 1995, le quotidien Le Soleil rapportait que le propriétaire du restaurant, décrit comme « l'un des plus connus dans la province de Québec », songeait déjà à s'en départir, avec 10 propriétés adjacentes, des deux côtés de l'autoroute, « ce qui limite considérablement les possibilités pour d'autres commerces de s'installer à cette sortie », notait le journal[14].
De nouvelles négociations entamées au printemps 2010 ont donné lieu à une première campagne sur les médias sociaux[13]. Au terme de quelques délais, les négociations avec le promoteur immobilier Immostar avaient toutefois avorté en raison des hésitations des acquéreurs potentiels[15].
En juillet 2011, les médias annoncent que le restaurant sera démoli après la saison estivale de 2011. La fermeture sera suivie d'une vente aux enchères où seront offerts des souvenirs de l'établissement[16]. Le groupe Immostar de Québec annonce que le restaurant actuel sera démoli pour être remplacé par une halte routière comportant deux établissements de restauration rapide, un dépanneur et des terrains de jeux mettant en vedette les célèbres dinosaures[17].
L'annonce de la transaction de 8 millions $ provoque une nouvelle vague de contestation dans l'opinion publique, plusieurs faisant valoir le caractère patrimonial de l'établissement[11]. Le complexe a doublé son chiffre d'affaires au cours de l'été 2011, attirant des milliers de nostalgiques désireux de faire une dernière escale au Madrid[18].
Au moment de la transaction, Julie Arel a expliqué son retrait des affaires par la lourdeur de sa charge et par le fait que le bâtiment, vieux de plus de 40 ans, ne répondait plus aux normes actuelles. Déjà, en 2001, les entrepreneurs avaient dû investir 400 000 $ dans des travaux de mises aux normes de leur système d'évacuation des eaux. L'entreprise a été condamnée à une amende de 6 000 $ après une inspection du ministère de l'Environnement qui avait conclu en 1998 que le commerce déversait ses effluents et ceux ses clients dans la rivière Nicolet, qui est adjacente à la propriété[19].
Notes et références
- Anne Drolet, « Le Madrid démystifié: L'ancien Moulin Rouge », dans Le Soleil, 30 juin 2007, p. V7
- Maxime Rioux, « Que de souvenirs partiront avec le «Madrid» », dans L'Express, Drummondville, 11 juillet 2011 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2011)]
- Tristan Péloquin, « Les jours du mythique Madrid sont comptés », dans La Presse, Montréal, 12 juillet 2011 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2011)]
- Myriam Bacon, « L'esprit du Madrid survivra à sa démolition », dans Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 11 juillet 2011 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2011)]
- Anne Drolet, « Le Madrid démystifié: Au royaume du kitsch », dans Le Soleil, Québec, 30 juin 2007, p. V6
- Anne Drolet, « Le Madrid démystifié: Une clientèle jetset », dans Le Soleil, Québec, 30 juin 2007, p. V6
- Michèle LaFerrière, « Outrance, accumulation et faux: l'ode au kitsch », dans Le Soleil (Québec), Québec, 16 décembre 2006, p. M14
- Nelly Arcan, « Les dinosaures du Madrid Big Foot », dans La Presse, Montréal, 7 octobre 2004, p. LP25
- Isabelle Pion, « Wilfred en doit une au restaurant Madrid », dans La Tribune, Sherbrooke, 22 avril 2003, p. A4
- Jean-Marc Beaudoin, « En rougir d'avoir les bleus », dans Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 26 janvier 2010, p. 5
- Kathryne Lamontagne, « Fermeture du Madrid : vague de contestations », dans Le Journal de Québec, 11 juillet 2011 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2011)]
- (en) Joe O'Connor, « Au revoir Le Madrid: Quebec roadside landmark faces the wrecking ball », dans National Post, Toronto, 11 août 2011 [texte intégral (page consultée le 16 août 2011)]
- « Le Madrid vendu? », dans Le Devoir, Montréal, 29 mai 2010 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2011)]
- Pierre Champagne, « Une place au soleil : Le Madrid », dans Le Soleil, 12 janvier 1995, p. A13
- Marcel Aubry, « Vente du restaurant Madrid à Immostar: Le projet de transaction avorte finalement », dans Le Nouvelliste, 18 juin 2010 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2011)]
- Kathryne Lamontagne, « Le Madrid démoli au profit des chaînes populaires », dans Le Journal de Québec, 9 juillet 2011 [texte intégral (page consultée le 12 juillet 2011)]
- Radio-Canada, « Le resto Madrid de l'autoroute 20 sera démoli, les dinosaures resteront », dans Radio-Canada Nouvelles, 9 juillet 2011 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2011)]
- Frédéric Champagne, « Toujours aussi populaire, le Madrid », dans Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 16 août 2011 [texte intégral (page consultée le 16 août 2011))]
- Charles Côté, « Le Restaurant Madrid condamné », dans La Presse, Montréal, 18 décembre 2003, p. A19
Voir aussi
Articles connexes
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