- Le Corbeau (poème)
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Le Corbeau (titre original : The Raven) est un poème narratif de l'écrivain américain Edgar Allan Poe, et compte parmi les textes les plus forts de ce poète, établissant sa réputation dans son pays et en Angleterre. Il paraît pour la première fois le 29 janvier 1845, dans le New York Evening Mirror. D’une grande musicalité et à l'atmosphère irréelle, obéissant à une métrique stricte, le poème raconte l'histoire d'une mystérieuse visite que reçoit le narrateur, qui se lamente sur la mort de son amour, Lenore ; un corbeau perché en haut de sa porte, répète inlassablement « Jamais plus ». La répétition de ces mots plonge le narrateur dans un désarroi si fort qu'il sombre dans la folie. Le poème utilise un grand nombre de références classiques et folkloriques.
Poe a avoué avoir écrit ce poème de façon très logique et méthodique, comme il l'explique dans son essai La Philosophie de la composition publié en 1846. Son intention était d'attirer à la fois des critiques et de satisfaire la demande populaire. Le poème s'inspire en partie du roman Barnaby Rudge de Charles Dickens, où un corbeau parlant fait son apparition. Poe emprunte le rythme et la métrique complexe du poème d'Elizabeth Barrett Browning intitulé la Cour de lady Geraldine (Lady Geraldine's Courtship). Le poème utilise des rimes internes, ainsi que de nombreuses allitérations.
Le poème fut traduit en français en deux versions, l'une de Charles Baudelaire, et l'autre de Stéphane Mallarmé.
Sommaire
Résumé
Le corbeau raconte l'histoire du narrateur, une nuit lugubre et glaciale de décembre, lisant un livre d'une « vieille doctrine » (doctrine oubliée littéralement) en s'assoupissant pour essayer d'oublier la mort de son amour Lenore, quand il entend quelqu'un qui frappe doucement à sa porte. Ce bruit lui fait peur, et pour se calmer, il se dit que ce n'est surement qu'un visiteur, et rien de plus. Après s'être excusé à haute voix de ne pas avoir entendu le frappement à la porte, il l'ouvre et n'y trouve rien ni personne. Il essaye d'appeler Lenore, mais à part son écho, rien ne lui répond.
Il retourne alors dans la chambre, son âme en feu, quand il entend un bruit plus fort contre ses jalousies. Pensant que ce n'est surement que le vent, et essayant de surmonter ses peurs, il va ouvrir la fenêtre pour « découvrir ce mystère ». Quand il ouvre la fenêtre, un corbeau majestueux, sans faire attention à lui, rentre dans sa chambre d'un battement d'aile et s'installe au dessus de la porte, sur un buste de Pallas.
La stature sérieuse et droite du corbeau fait sourire le narrateur qui lui demande son nom. Le corbeau répond: « Jamais plus » (« nevermore »).
Le narrateur est émerveillé que le corbeau puisse si facilement entendre la parole, bien qu'il réalise que ce n'est pas commun d'avoir un corbeau, immobile sur un buste au dessus de la porte de sa chambre, qui s'appelle « jamais plus ». À ce moment, il réalise, que ce corbeau immobile ne restera pas pour toujours et demain s'envolera comme d'autres amis se sont déjà envolés! Le corbeau lui répond: « Jamais plus ».
Le narrateur se dit que « nevermore » est le seul mot que le corbeau connaît, apprit surement d'un ancien maître malheureux, il s'assoit en face de lui, essayant de deviner ce que « Jamais plus » veut dire. Il réfléchit un instant, ne dit rien, mais son esprit vagabonde vers son Lénore perdue. Il pense que l'air devient plus dense et sent la présence des anges. Troublé par l'association des anges avec l'oiseau, le narrateur se met en colère, appelant le corbeau une « chose de mal » et un « prophète ». Comme il crie, le corbeau lui répond seulement: « Jamais plus ».
Finalement, il demande au corbeau s'il reverra Lenore au Paradis. Lorsque le corbeau lui répond « Jamais plus », il crie et ordonne au corbeau de retourner à son « rivage plutonien », qui pourtant ne bouge pas. Le narrateur doit se résigner à ce que son âme soit emprisonnée sous l'ombre du corbeau et ne pourra « Jamais plus » s'élever.
Analyse
Poe a écrit ce poème comme un récit, sans vouloir créer d'allégorie ou de tomber dans le didactisme. Le thème principal du poème est la dévotion de l'immortel. Le narrateur éprouve un conflit entre le désir pervers d'oublier et le désir de se souvenir. Il semble avoir un certain plaisir à se focaliser sur sa perte. Le narrateur suppose que le mot « Nevermore » est le seul mot que le corbeau connait, et, pourtant, il continue de lui poser des questions, sachant que la réponse sera toujours la même . Ses questions ne servent donc qu'à inciter davantage ses sentiments de perte. On ne sait pas vraiment si le corbeau sait réellement ce qu'il dit ou s'il a vraiment l'intention de provoquer une réaction chez le narrateur. Le narrateur commence comme faible et fatigué, ensuite éprouve les sentiments de regrets et de deuils, avant de devenir frénétique, pour finalement sombrer dans la folie. Christopher F. S. Maligec pense que le poème est une sorte de paraclausithuron élégiaque, une ancienne forme poétique grecque et romaine représentant la complainte d'un exclu, l'amant se retrouvant à la porte scellée de sa bien-aimée[1].
Allusions
Structure poétique
Publication
Illustrations
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Illustration de John Tenniel (1858).
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« Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas », illustré par Gustave Doré (1884).
Musique
Le poème symphonique de Joseph Holbrooke intitulé The Raven (1900) opus 25.
Produit Dérivés
Des autocollants pour voiture représentant un corbeau, avec pour légende en anglais: Nevermore (plus jamais) , rendent hommage à Edgar Allan Poe.
Réception critique et impact
Le Corbeau dans la culture populaire
- Ce poème fut repris par la série Les Simpson dans l'épisode Simpson's Horror Show, dans la saison 2.
- Ce poème fut également repris par Alan Parsons sur son disque Tales of Mystery and Imagination, dans la chansons The Raven.
- Ce poème est référencé dans l'épisode Raisins de la série South Park.
- Le catcheur Scott Levy tire son nom de ce poème. De plus, il termine généralement ses interview par la citation Quoth the raven, Nevermore.
- Ce poème a également inspiré le court-métrage Vincent de Tim Burton, la dernière strophe de ce poème étant cité à la fin du film.
- Ce poème est également repris par le groupe de pagan-folk Omnia.
- Le personnage Lenore de Roman Dirge est très fortement inspiré de ce poème.
- Il a inspiré un film de Roger Corman, Le Corbeau, avec Vincent Price, Peter Lorre, Boris Karloff et Jack Nicholson dans un second rôle.
- Les paroles initiales de la chanson Initials B.B. de Serge Gainsbourg sont fortement inspirées de ce poème
- Ce poème est également référencé dans la série "OTH" ("Les Frères Scott") dans la toute première saison.
Notes et références
- Christopher F. S. Maligec, « The Raven as an Elegiac Paraclausithyron », dans Poe Studies, vol. 42, octobre 2009, p. 87–97.
Liens externes
- (en) Version originale du Corbeau sur Wikisource
- (fr) Le Corbeau, traduit par Charles Baudelaire, sur Wikisource
- (fr) Le Corbeau, traduit par Stéphane Mallarmé, sur Wikisource
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