Lamta

Lamta

35° 40′ 31″ N 10° 52′ 51″ E / 35.675409, 10.880735

Lamta
Armoiries de Lamta
Habitat traditionnel au centre de Lamta
Administration
Pays Drapeau de Tunisie Tunisie
Gouvernorat Monastir
Délégation(s) Sayada-Lamta-Bou Hajar
Code postal 5099
Site web officiel Municipalité de Lamta
Démographie
Population 5 408 hab. (2004[1])
Gentilé Lamtien
Géographie
Tunisian Republic location map.svg
Lamta
Lamta

Lamta (arabe : لمطة) est une ville littorale du Sahel tunisien située entre Monastir au nord (14 kilomètres) et Mahdia au sud (28 kilomètres).

Rattachée au gouvernorat de Monastir, elle constitue une municipalité de 5 408 habitants (fondée le 8 avril 1985)[2]. Elle est le chef-lieu d'une délégation de 21 948 habitants formée avec les municipalités de Sayada et Bouhjar. Les municipalités limitrophes sont Sayada au sud, Bouhjar et Ksar Hellal à l'ouest et Ksibet el-Médiouni au nord.

Sommaire

Histoire

L'histoire de la ville remonte à l'Antiquité où elle porte le nom de Leptis Minor pour la distinguer de Leptis Magna située en Tripolitaine (actuelle Libye)[3]. Leptis Minor, également orthographiée Leptiminus ou Leptis Minus, est à l'origine une agglomération libyque soumise aux influences puniques. Elle est choisie par les Carthaginois comme station dans le bassin méditerranéen au vu des caractéristiques de cette ville et de ce qu'elle représente en termes de sécurité et d'emplacement stratégique pour leurs navires. Cela conduit à sa transformation en centre commercial important. Elle est mentionnée pour la première fois au IVe siècle av. J.‑C. par le Périple du Pseudo-Scylax.

La cité reste célèbre par son rôle dans divers évènements de la Tunisie antique :

La portée stratégique de cette ville est à nouveau soulignée par les péripéties de la guerre civile romaine de 47-46 av. J.-C.. À cette date, Leptis Minor s'allie à Jules César contre les Pompéens avant la célèbre bataille de Thapsus. Après la défaite des républicains, les royaumes numides sont annexés par Rome pour former l'Africa Nova (nouvelle Afrique) en remplacement de l'Africa Vetus (première province romaine).

L'ascension de cette ville se confirme par sa promotion relativement précoce, par rapport à nombre de cités africaines, au rang de colonie par l'empereur romain Trajan au début du IIe siècle[7]. Cette ville, fortement romanisée, connaît alors l'implantation d'un grand nombre de citoyens romains d'origine italique et le brassage de différentes populations. Autre signe de cette intégration à l'Empire romain, le taux relativement respectable dans les statistiques des militaires d'origine leptitain qui servent dans la troisième légion au IIe siècle. L'importance politico-économique de cette cité ressort aussi du fait qu'elle est, au IIIe siècle, le chef-lieu d'une région domaniale dite « regio leptiminesis ». Par ailleurs, l'épigraphie indique que le culte impérial y est pratiqué et que Bacchus et Vénus étaient parmi les divinités vénérées dans cette ville.

Ce port ouvert aux courants commerciaux, humains et culturels est un lieu charnière entre le bassin méditerranéen et son propre arrière-pays. Les échanges commerciaux très actifs favorisent par ailleurs l'implantation de commerçants étrangers et d'agences bancaires et de services pour faciliter les transactions. Dans ce cadre, on sait que cette ville est autorisée à frapper monnaie. Ces échanges charrient auusi des influences religieuses étrangères et surtout orientales. Ainsi, la religion chrétienne y est mentionnée dès le milieu du IIIe siècle. À partir de cette époque, cette ville est représentée par des évêques dans différents conciles de l'Église catholique romaine en 256, 411, 484 et 641. Elle connaît également le grand conflit qui déchire le christianisme africain puisque figurent sur les listes des participants à ces conciles des évêques catholiques mais aussi donatistes. Lors de la conquête byzantine en 533, l'armée dirigée par le général Bélisaire passe par la ville en se dirigeant vers Carthage[8]. L'importance politico-stratégique de Leptis Minor est à nouveau soulignée par son choix comme siège du commandement militaire byzantin en Byzacène et sa dotation d'importantes forteresses.

Suite à la conquête islamique, sous le règne des Aghlabides, la ville se voit doter en 859 de l'un des plus anciens ribats qui se sont égrenés le long de la côte ifriquienne[9]. Ce ribat est probablement bâti sur les ruines d'une forteresse byzantine. Le géographe arabe Al Idrissi l'évoque au XIIe siècle sous le nom de Ksar Lamta[10].

Le ribat de Lamta, dont seul le premier niveau est assez bien conservé, est construit en pierres de taille et en moellons ; c'est une enceinte carrée de 36,20 mètres de côté avec des tours d'angle circulaires aux extrémités dont un porche précède la porte d'entrée[11]. Un siècle plus tard, le voyageur arabe Al Tijani mentionne Lamta parmi les villes et villages du Sahel[10].

Culture

Sarcophage exposé au Musée archéologique de Lamta

Connue d'après certains passages de textes (Polybe et le Bellum africanum), son histoire punique est attestée par des données archéologiques funéraires fournies par une vaste nécropole située au nord de Lamta. Sa période romaine, mieux connue, est attestée par différents vestiges exposés au Musée archéologique de Lamta (inauguré en 1992)[12] ainsi qu'au Musée national du Bardo (dont une mosaïque du IIIe siècle figurant Apollon, les neuf muses et les quatre saisons).

Mais la principale pièce reste sans doute le sarcophage chrétien découvert en 1975 entre Sayada et Ksar Hellal, qui constitue une œuvre d'art unique en Tunisie tant par sa beauté que par son état de conservation.

C'est à Lamta que se déroule chaque année le festival de la bsissa.

Références

  1. (fr) Recensement de 2004 (Institut national de la statistique)
  2. (fr) Date de création de la municipalité (Municipalité de Lamta)
  3. (en) Adrian Room, Placenames of the world: origins and meanings of the names for 6 600 countries, cities, territories, natural features, and historic sites, éd. McFarland, Jefferson, 2006, p. 217
  4. (en) Stanley Sandler, Ground warfare: an international encyclopedia, vol. I, éd. ABC-CLIO, Santa Barbara, 2002, p. 357
  5. (en) John Francis Lazenby, Hannibal's war: a military history of the Second Punic War, éd. University of Oklahoma Press, Norman, 1998, p. 215
  6. Les Cahiers de Tunisie, nos 53-64, éd. Faculté des lettres et sciences humaines de Tunis, Tunis, 1966, p. 73
  7. (fr) Hédi Slim, Ammar Mahjoubi et Khaled Belkhodja, Histoire générale de la Tunisie : l'Antiquité, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2003, p. 437
  8. Denis Roques, Procope. La Guerre contre les Vandales, livres III et IV « Guerres de Justinien », éd. Les Belles Lettres, Paris, 1990, p. 244
  9. Les Cahiers de Tunisie, nos 135-138, éd. Faculté des lettres et sciences humaines de Tunis, Tunis, 1986, p. 228
  10. a et b Ben Lazreg et D. J. Mattingly, Leptiminus. A Roman port city in Tunisia, éd. University of Michigan Press, Ann Arbor, 1992, p. 6
  11. (fr) Jean-Marie Martin, Zones côtières littorales dans le monde méditerranéen au Moyen Âge : défense, peuplement, mise en valeur, vol. VII, éd. Casa de Velázquez, Madrid, 2001, p. 151
  12. (fr) Caroline Gaultier-Kurhan, Le patrimoine culturel africain, éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2001, p. 160

Liens externes

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