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L'École d'Athènes (Raphaël)
Pour les articles homonymes, voir École d'Athènes.L'École d'Athènes Raphaël (peintre), 1511 fresque 440 × 770 cm Vatican L'École d'Athènes est une fresque du peintre italien Raphaël (il a signé dans le cou d'un des personnages, Euclide). Réalisée entre 1509 et 1510, elle possède des dimensions impressionnantes : 770 sur 440 cm, dont une partie arrondie de 770 sur 250 cm. Elle est exposée dans la chambre de la Signature des musées du Vatican. Les couleurs dominantes sont l'ocre, le beige et le pastel. L'orange et le bleu sont complémentaires dans cette peinture. L'utilisation de la lumière et de l'ombre est, à l'époque, une particularité.
Sommaire
Place dans la chambre de la Signature
La Stanza était l'endroit, au début du siècle, où le pape signait ses brèves et ses bulles d'où le nom de « Chambre de la Signature ». Puis, toujours dans les premières années du siècle, était, selon Cuzin et de nombreux historiens de l'art, la bibliothèque privée du pape. D'ailleurs, la construction et la distribution de la chambre s'inscrivent parfaitement dans la tradition des bibliothèques de l'époque. La tradition voulait que sur chaque mur de la pièce soient représentées les idées platoniciennes. L'ambition de Raphaël était de composer une vaste synthèse sur l'idéologie antique et profane, et la pensée chrétienne de la Renaissance. L'École d'Athènes, qui symbolise la philosophie et la recherche du Vrai, est en opposition avec la fresque La Dispute du Saint-Sacrement, elle aussi peinte par Raphaël et qui représente la victoire de la théologie sur la pensée antique. Le troisième mur est consacré à la Justice tandis que la dernière paroi symbolise la poésie.
Jules II se pensait en effet investi des missions temporelles et spirituelles et il voulait ainsi célébrer l'accord entre la Foi et la Raison, voire la victoire de la première sur la seconde.
Description
Cette illustration de la Philosophie permet à Raphaël de rassembler les figures majeures de la pensée antique à l'intérieur d'un temple idéal, inspiré du projet de Bramante pour la réalisation de la basilique paléochrétienne de Saint-Pierre à Rome. Il les incarne par les illustres artistes de son temps (et de lui-même) faisant ainsi de la Rome moderne l'équivalent de la Grèce antique.
La peinture compte cinquante-huit personnages qui se regroupent aux premier et deuxième plans. On peut diviser cette fresque en cinq grandes parties : trois niveaux horizontaux et deux verticaux.
Au premier plan
Au premier plan, du centre de la fresque vers l’extrémité gauche, se trouve le groupe des « Théoriciens » :
Héraclite (VIe siècle av. J.-C.), le philosophe pessimiste, est isolé des autres (à cause de son mauvais caractère) et s’appuie sur un bloc de marbre, pour écrire son nouveau traité. Il est ici représenté sous les traits de Michel-Ange (qui travaille à l’époque à la chapelle Sixtine), lui aussi connu pour son caractère brutal et changeant. Parménide, lui, se dresse derrière Héraclite et semble contester la démonstration de Pythagore. Ce dernier, assis avec un livre, un encrier et un crayon, est en train d’annoter ses impressions sur la figure représentée sur l'ardoise noire à ses pieds. Ce diagramme montre les rapports mathématiques qu’il y a entre l’harmonie de la musique et les lois mathématiques (epogdoon). Dans le dos de Parménide, le jeune homme vêtu d'une toge blanche est François Marie Della Rovere, futur duc d'Urbin.
Pythagore est entouré de trois disciples, dont Averroès, reconnaissable à son turban blanc, connu pour avoir ouvert le monde chrétien aux connaissances orientales et musulmanes. Plus à gauche, Épicure, couronné de pampres, écrit sur un livre, et est appuyé sur un petit chapiteau. Selon certains, ce personnage serait Bacchus enlacé par Morphée, endormie derrière lui. Dans le dos d'Épicure, l'enfant aux cheveux bouclés est Frédéric de Mantoue alors en otage à la cour de Jules II. Enfin, à l’extrême gauche, se trouvent un vieillard barbu (Zénon) et un nouveau-né. Ils symbolisent la naissance de la vérité (l’enfant) et la sagesse et l’expérience du vieil homme.
Tous ces personnages se trouvent à la diagonale de la déesse Minerve, la déesse de l’intelligence et du savoir.
Au centre, légèrement à droite, le personnage allongé sur les marches est le philosophe cynique Diogène de Sinope. Il a devant lui une feuille vierge et tient dans sa main droite une écuelle, symbole que la faim intellectuelle est moins importante dans la vie que la faim physique. Il est isolé des autres personnages, car dans sa vie, il s’est isolé des hommes et a toujours refusé les hommages et les honneurs que ses contemporains lui offraient.
En bas à droite, il s’agit du groupe des « Empiriques » :
Euclide (ou Archimède), sous les traits de Bramante, se tient penché en train de démontrer avec un compas son nouveau théorème, tandis que les quatre garçons qui l’entourent se montrent intéressés voire enthousiastes. Raphaël profite de la position de cette personne pour signer dans le galon du cou son œuvre. Ptolémée d’Alexandrie, vêtu d’un manteau orange sombre et de dos, soutient le globe terrestre (la géographie) tandis que son interlocuteur, Zoroastre soutient une sphère céleste (astronomie). Raphaël réalise son autoportrait à droite de Ptolémée et regarde fixement le spectateur. Pérugin, son maître, (ou le Sodoma, son ami) écoute attentivement les explications de Ptolémée.
Au deuxième plan
Au deuxième plan, au centre et au point de fuite de la peinture, sont représentés les philosophes Platon et Aristote. Ceux-ci portent la toge romaine et ont une attitude majestueuse. Platon tient dans sa main l'un de ses dialogues[1], qui s'appelle le Timée tandis qu'Aristote a son Éthique à la main. Les gestes des deux philosophes - le premier tend sa main vers le ciel tandis que le second désigne la terre - offrent une représentation symbolique de leurs conceptions philosophiques. Raphaël marque ici clairement l'opposition entre la théorie platonicienne (qui explique les origines du monde) et le rationalisme ainsi que l'empirisme prônés par Aristote. Platon est représenté sous les traits de Léonard de Vinci, ce dernier étant venu au Vatican à la recherche d'un travail.
Dans l'attroupement à gauche de Platon, se trouve Socrate, le maître de Platon. Le chef athénien Alcibiade ou Alexandre le Grand (qui fut lui-même élève d'Aristote), en soldat romain, ainsi que le poète Xénophon (en bleu), discutent avec Socrate, qui semble compter sur ses doigts des arguments de sa dialectique, procédé caractéristique de sa philosophie.
Derrière Alexandre, un personnage (peut-être un bibliothécaire) arrête un autre personnage en train de courir, pour éviter de déranger les philosophes et les scientifiques.
Au dernier plan, on trouve la statue d'Apollon, le dieu des arts, du soleil et de l'harmonie, à gauche, tandis que Minerve se trouve à droite, tous deux protecteurs des arts et de la philosophie. La voûte abrite plusieurs médaillons dont l'un représentant une femme semblable à l'Artémis d'Éphèse - allégorie de la Philosophie - et deux petits anges sans aile (alors que les anges dans « la dispute du Saint Sacrement » ont des ailes immenses). Le médaillon abrite aussi la formule latine Causarum cognitio (« la connaissance des causes ») qui évoque la citation de Virgile, Felix qui potuit rerum cognoscere causas (« Heureux est celui qui peut connaître la causes des phénomènes » Georgiques, 2, 490).
L'étude de Daniel Arasse (Histoires de peintures) précise, notamment, que ce n'est pas L. de Vinci qui a servi de modèle à Platon, contrairement à la doxa. Il écrit (p. 124) : On a avancé que c'était (Platon) le portrait de Léonard de Vinci, mais c'est une erreur, car Raphaël ne l'avait pas vu depuis au moins une dizaine d'années lorsqu'il a peint cette fresque. Raphaël utilise un dessin qui était connu à l'époque, parce qu'il circulait en Italie, censé représenter le Philosophe i.e. Aristote. Raphaël a donc l'intelligence de donner à Platon les traits du Philosophe, i.e. d'Aristote. C'est çà, être néo-platonicien..
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- L'École d'Athènes sur bergerfoundation.ch : immanence et transcendance induites par les postures des figures centrales de la fresque.
Bibliographie
- (en) George L. Hersey, High Renaissance Art in St. Peter's and the Vatican- An Interpretive Guide, 1993, University of Chicago Press.
- (en), Marcia B. Hall (sous la direction de), The Cambridge Companion to Raphael, Cambridge University Press.
- Daniel Arasse, Histoires de peintures, Denoël, 2005, p. 122sqq.
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