Khoshavank

Khoshavank

Horomos

Horomos
Le complexe monastique depuis le nord-est vers 1911, avec le groupe inférieur à l'avant-plan et le groupe supérieur en fond.
Le complexe monastique depuis le nord-est vers 1911, avec le groupe inférieur à l'avant-plan et le groupe supérieur en fond.

Nom local (hy) Հոռոմոս
Latitude
Longitude
40° 31′ 11″ Nord
       43° 37′ 45″ Est
/ 40.519689, 43.629158
 
Pays Turquie
Région Kars (province historique d'Ayrarat)
Culte Abandon (anciennement apostolique arménien)
Type Monastère
Rattaché à Église apostolique arménienne
Début de la construction Xe siècle
Fin des travaux XIIIe siècle
Style(s) dominant(s) Arménien
Localisation
  Géolocalisation sur la carte : Turquie
Turkey location map.svg
Horomos

Horomos (en arménien Հոռոմոս), Horomosivank (Հոռոմոսիվանք) ou Khoshavank (Խոշավանք) est un monastère arménien situé en dehors des frontières arméniennes, en Turquie (province de Kars), dans les environs des ruines d'Ani, la capitale arménienne de l'an 1000. Il se dresse sur la rive de l'Akhourian.

Le monastère est une fondation royale et un mausolée bagratide aux Xe et XIe siècles, ainsi qu'un important centre religieux et culturel. Au XIIIe siècle, après le déclin dû aux invasions seldjoukides, il reprend de l'importance et devient un lieu d'inhumation zakaride. Horomos reste actif jusqu'en 1920 mais est abandonné à la suite de l'intégration de la région à la Turquie. Il ne reste aujourd'hui presque rien de son groupe inférieur (composé de trois églises) et de son groupe supérieur (principalement constitué de l'ensemble de Sourp Hovhannes, « Saint-Jean », et de la Maison des reliques).

Sommaire

Situation géographique

Pour consulter un article plus général, voir : Ayrarat.

Horomos est situé sur le haut-plateau arménien, à 1 400 m d'altitude[1]. Le groupe supérieur du monastère (1 440 m) se dresse sur la rive convexe d'un méandre (un cingle) de l'Akhourian[2], entouré à l'est, au sud et à l'ouest par un précipice d'une centaine de mètres et relié au reste du plateau volcanique par une crête au nord-est ; le groupe inférieur (1 400 m) s'élève sur une colline aplanie cernée par un bras mort encore marécageux de la même rivière[1],[3].

Le monastère se dresse sur le territoire de la province de Kars, en Turquie orientale[1]. La capitale arménienne de l'an mil, Ani, est située à 15 km au sud-ouest[4]. Il fait face à la communauté rurale arménienne de Haykadzor (marz de Shirak)[5].

Historiquement, Horomos est situé dans le canton de Shirak de la province d'Ayrarat[1], une des quinze provinces de l'Arménie historique selon le géographe du VIIe siècle Anania de Shirak[6].

Histoire

Pour consulter un article plus général, voir : Bagratides.

La fondation de Horomos remonterait à 930, sous le règne du roi d'Arménie Abas, et serait le fait de moines arméniens chassés de l'Empire byzantin (d'où son nom, cf. infra)[1]. Avec le transfert de la capitale bagratide à Ani en 961[7], le monastère devient une fondation royale et un mausolée bagratide[8], un des centres religieux et culturels les plus importants du royaume, situé de plus sur une route caravanière[4]. Il est saccagé par des musulmans en 982 mais est rapidement restauré[2].

Après une éclipse due aux invasions seldjoukides, le monastère devient un important lieu d'inhumation à la période zakaride[2] et passe au XIIIe siècle dans les possessions des princes Vatchoutian[1] ; il se distingue en outre par son scriptorium[9]. Son histoire ultérieure est mal connue, mais on sait qu'il est restauré en 1685, 1788 et 1868-1871[1].

À la période russe, Horomos est entouré d'un village ; il reste actif jusqu'au lendemain du génocide arménien et à l'intégration de la région à la Turquie, en 1920[2]. Il est aujourd'hui fort délabré[1].

Toponymie

Le toponyme Horomos (Հոռոմոս) est dû à la fondation du monastère par des moines arméniens chassés de l'Empire byzantin : Horom signifie en arménien « Romains » — d'où « Grecs » ou « Byzantins »[1]. Horomosivank (Հոռոմոսիվանք) est construit sur la même base et signifie « monastère des Grecs » ; quant à Khoshavank ((Խոշավանք), il est dérivé de Hoshavank, « monastère double »[10].

Bâtiments

Pour consulter un article plus général, voir : Architecture arménienne.

Le monastère se divise en deux grands groupes : le groupe supérieur et, au nord de celui-ci, le groupe inférieur[4]. Il est en outre pourvu de citernes et d'un aqueduc[11]. Enfin, à proximité directe sur la route d'Ani s'élevait un arc de triomphe[12].

Groupe inférieur

Ce groupe est constitué de trois églises alignées sur un axe ouest-est, les plus anciennes du site, ce qui peut laisser penser qu'il s'agit là du site originel du monastère[13].

La première église en commençant par l'ouest est Sourp Minas (« Saint-Ménas ») ; érigée avant 986, cette salle à coupole archaïsante est dotée d'un tambour cylindrique à dôme conique, et ses façades septentrionale, orientale et méridionale sont creusées de niches surmontées de coquilles, de bandes et d'arcs[1]. À l'intérieur, la coupole est supportée par des arcs aux abaques trapézoïdaux ornés de torsades et de rangs de cœurs ou d'arcs[14].

Sourp Gevorg (« Saint-Georges ») est située au centre du groupe et est légèrement plus grande que Sourp Minas[13]. Elle est érigée sur le même plan que celle-ci en 1013-1020[1] par le roi Gagik Ier[13]. Ses fenêtres sont ornées d'un chambranle rectangulaire ou de colonnettes et arcs, et son intérieur a probablement été doté de fresques au XIIIe siècle[1].

Enfin, à l'extrémité orientale du groupe se dresse la chapelle funéraire du roi Achot III (mort en 977)[1], une petite mononef voûtée à abside semi-circulaire ; à l'extérieur, près de son coin sud-ouest, se situe la tombe de ce roi, ainsi que de son épouse Khosrovanoush, entièrement détruite après 1920[13].

Groupe supérieur

Le groupe supérieur peut à son tour être divisé en groupe de Sourp Hovhannes et Maison des reliques. Il est entouré d'une enceinte fortifiée[4] rectangulaire au sein de laquelle un mur sépare une hôtellerie et les quartiers d'habitation du reste du groupe[2].

Groupe de Sourp Hovhannes

Intérieur du gavit.
De gauche à droite : gavit, Sourp Hovhannes et chapelle funéraire de Rouzoukan.

Sourp Hovhannes (« Saint-Jean ») est l'église principale du monastère et a été érigée en 1038 par le roi Hovhannès-Smbat III sous une forme intermédiaire entre la salle à coupole archaïsante et la croix inscrite cloisonnée ouverte[12] ; ses absidioles s'ouvrent ainsi directement dans l'abside orientale[15]. Elle est surmontée d'un tambour cylindrique à coiffe conique et supporté par des pendentifs. Ses façades septentrionale, orientale et méridionale sont dotées de niches à coquilles et arcs ; la façade orientale est en outre percée d'une double fenêtre à colonnes torsadées[12]. L'église a probablement été décorée de fresques au XIIIe siècle[2].

La façade occidentale de Sourp Hovhannes communique avec un gavit, le plus ancien, si pas le premier, exemple de ce genre de bâtiment arménien[16]. Cet édifice rectangulaire d'est en ouest est doté d'une coupole surmontée d'un erdik (type arménien de lanterneau) élancé ; elle repose sur quatre colonnes[12] aux chapiteaux de type bulbeux[17] et reliées par des arcs massifs[2]. Les axes ouest et est sont couverts de voûtes d'arêtes, tandis que les six autres éléments latéraux, séparés par des bandeaux de svastikas et de palmettes, sont munis de plafonds à médaillon[12], chacun orné d'une croix complétée entre ses bras de rosettes[2]. La coupole est quant à elle composée de huit pans au « décor sculpté exceptionnel » : deux pans sont ornés comme des khatchkars, un autre représente un cep de vigne, quatre autres sont composés de svastikas et de palmettes[12] ; mais c'est surtout le huitième pan, à l'est, qui retient l'attention, avec une première rangée représentant Dieu entouré des « quatre vivants » et de deux anges, et deux rangées représentant les huit premiers patriarches de l'Église apostolique arménienne[17]. Ce bâtiment fait aujourd'hui office de bergerie[2].

Adossée à la façade méridionale de Sourp Hovhannes, la chapelle funéraire de Rouzoukan a été érigée en 1215 par sa fille Khatlou Khatoun[18]. Le premier niveau du bâtiment est une crypte à quatre arcs et à fond plat, ornée de khatchkars[12] ; elle contenait un sarcophage, probablement celui de Rouzoukan[18]. Le second niveau se compose à l'est de trois oratoires juxtaposés[19], une petite nef à coupole surmontée d'un tambour cylindrique à coiffe conique encadrée de deux nefs à bâtière[12], destinées aux messes en mémoire de Rouzoukan et de ses deux filles, Khatlou Khatoun et Nousteh[18]. Au sud de ce bâtiment se dresse en outre une chapelle dite de « Khatoun d'Ani », une mononef voûtée de la seconde moitié du XIIIe siècle[18].

Salle reliquaire d'Aruits.

Un édifice semblable à la chapelle funéraire a été accolé à la façade septentrionale de Sourp Hovhannes[12].

Maison des reliques

La « Maison des reliques » est un ensemble de trois bâtiments contigus, situé au sud-ouest de l'ensemble de Sourp Hovhannes[18].

Au nord-ouest, la salle reliquaire de Vatché Vatchoutian a été érigée en 1229 par ce gouverneur d'Ani (1213-1232)[18]. Il s'agit d'un carré doté de douze niches intérieures et d'une voûte à stalactites[12].

Directement au sud de celle-ci, le gavit d'Aruits, construit en 1277, est recouvert d'une voûte s'appuyant sur deux paires d'arcs croisés et percée d'un oculus[12].

Enfin, ces deux bâtiments sont complétés à l'est par la salle reliquaire d'Aruits, également de 1277 ; ornée de khatchkars, elle est surmontée d'une coupole à stalactites reposant sur quatre colonnes et est dotée à l'est d'une abside[12] à la fonction incertaine[18].

Arc de triomphe

Un arc de triomphe a été érigé directement à proximité du monastère, sur la route d'Ani ; il s'agit d'un exemple unique de ce type de construction dans l'architecture arménienne[12]. Remontant au moins à 1102, il est constitué de deux tours jumelles reliées par une arche et surmontées de deux chapelles ; l'ensemble est aujourd'hui presque entièrement détruit[13].


Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l  et m Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, Les arts arméniens, Éditions Mazenod, Paris, 1987 (ISBN 2-85088-017-5), p. 537.
  2. a , b , c , d , e , f , g , h  et i (en) The Monastery of Horomos (1) sur VirtualANI. Consulté le 6 septembre 2009.
  3. Jean-Michel Thierry, Le couvent arménien d'Hoṙomos, Éd. Peeters, 1980 (ISBN 978-2801701225), p. V.
  4. a , b , c  et d (en) Horomos Monastery sur Rensselaer Digital Collections. Consulté le 6 septembre 2009.
  5. (en) Brady Kiesling, Rediscovering Armenia, 2000  [lire en ligne (page consultée le 18 août 2009)] .
  6. Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 43.
  7. Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 931.
  8. Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), Armenia sacra — Mémoire chrétienne des Arméniens (IVe ‑ XVIIIe siècle), Somogy / Musée du Louvre, Paris, 2007 (ISBN 978-2-7572-0066-7), p. 135.
  9. Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., p. 210.
  10. Jean-Michel Thierry, op. cit., p. IX.
  11. Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., p. 199.
  12. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l  et m Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., p. 538.
  13. a , b , c , d  et e (en) The Monastery of Horomos (3) sur VirtualANI. Consulté le 6 septembre 2009.
  14. Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., p. 122.
  15. Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., p. 167.
  16. Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), op. cit., p. 302.
  17. a  et b Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., p. 168.
  18. a , b , c , d , e , f  et g (en) The Monastery of Horomos (2) sur VirtualANI. Consulté le 6 septembre 2009.
  19. Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, op. cit., p. 196.

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Auteur ancien
Auteurs modernes
  • Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN 978-2-7089-6874-5).
  • Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, Les arts arméniens, Éditions Mazenod, Paris, 1987 (ISBN 2-85088-017-5).
  • Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), Armenia sacra — Mémoire chrétienne des Arméniens (IVe ‑ XVIIIe siècle), Somogy / Musée du Louvre, Paris, 2007 (ISBN 978-2-7572-0066-7).
  • Jean-Michel Thierry, Le couvent arménien d'Hoṙomos, Éd. Peeters, 1980 (ISBN 978-2801701225).

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