- Karl-Wilhelm Naundorff
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Karl-Wilhelm Naundorff, mort le 10 août 1845 à Delft, est un horloger prussien. Il fut le plus célèbre de ceux qui au XIXe siècle déclarèrent être le dauphin, fils de Louis XVI qui, d'après ces prétendants, ne serait pas mort à la prison du Temple en 1795.
Sommaire
Biographie
L'horloger prussien
Charles-Guillaume Naundorff (Karl-Wilhem Naundorff) apparut à Berlin à la fin de l'année 1810. Il mène alors une vie retirée, exerçant le métier d'horloger en chambre pour gagner sa vie. Malgré sa discrétion, il attire l'attention de la police et est invité à venir s'expliquer à la présidence de la police. Il comparait devant le conseiller Le Coq, d'origine française, qui est chargé du service des passeports. Naundorff lui remet le sien qui stipule qu'il est né à Weimar et qu'il a 43 ans, or Naundorff apparaît comme un jeune homme de 25 ans environ. On l'interroge et Naundorff déclare alors qu'il est Louis XVII : le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, évadé du Temple en 1795 et qu'il cherche à se protéger des troupes napoléoniennes, il étoffe ses dires de pièces « authentiques » prouvant ainsi son extraction royale. Se réfugiant à Spandau, il doit pour exercer sa profession obtenir le titre de bourgeois et pour ce fournir une pièce d'identité. Le Coq envoya un simple certificat au bourgmestre de Spandau qui s'en contenta. Ce titre lui est finalement délivré le 8 décembre 1812.
Lors de la retraite des troupes françaises, Spandau fut bombardée. Malade, Naundorff fut soigné par Mme de Sonnenfeld. Rétabli, il aurait écrit au roi de Prusse, aux empereurs d'Autriche et de Russie pour affirmer ses droits sur la couronne de France, mais n'obtint jamais de réponse. Après l'épisode des Cent-jours, il veut se rendre à Paris pour réclamer ses droits, Mme Sonnenfeld étant malade, il fait appel à Marassin, un officier français. Il le charge de transmettre une lettre à sa sœur Mme la duchesse d'Angoulême, mais ne reçut aucune réponse. Il écrivit alors une nouvelle lettre à sa « sœur » et au duc de Berry son « cousin », le fils de Charles X, en 1818, spécifiant qu'il ne réclamait pas le trône mais simplement son nom et son titre de prince français. Naundorff resta à Spandau jusqu'en 1822 puis s'installa à Brandebourg. Lors d'un incendie qui touche le théâtre, sa maison voisine s'enflamme, il perd tout, soit brûlé, soit noyé par l'eau des pompiers, soit pillé et volé. Il est alors accusé d'avoir provoqué lui-même l'incendie par le conseiller de justice Voigt. À cela, s'ajoute une affaire de faux-monnayeur dont on l'accuse et les mystères sur son identité et son origine. Condamné à 3 ans de prison, il est envoyé dans une maison de force le 17 août 1825. Le baron de Seckendorff, chef de l'administration pénitentiaire s'intéressa à lui et persuadé de son innocence demanda sa grâce auprès du roi de Prusse.
Il est libéré en 1828 et se rend à Crossen petite ville à la frontière de la Silésie. Là il réussit à convaincre de nombreuses personnes qu'il est Louis XVII, on annonce même dans la Gazette de Leipzig un article sensationnel annonçant la présence à Crossen de Louis-Charles, duc de Normandie, cet article est reproduit en France dans le Constitutionnel de Paris, le 29 août 1831. Le roi de Prusse voit d'un mauvais œil les agissements de Naundorff et décide de le faire arrêter. Prévenu, Naundorff s'enfuit et se rend en Suisse puis à Paris, où il arrive en mai 1833.
Naundorff à Paris
Là, il s'installe chez le frère d'Albuys, ce dernier a lu l'article et croit Naundorff. Il rencontre Mme de Rambaud la femme de chambre de la reine, attachée au dauphin, qui le reconnaît. Celle-ci avait apporté un petit habit bleu ciel qui avait appartenu à l'enfant pour tester Naundorff comme tous les autres prétendants.
- — Peut-être vous souviendrez-vous de l'avoir mis, et dans quel circonstance, aux Tuileries ?
- — Ce n'était pas aux Tuileries, mais à Versailles, pour une fête... et je ne l'ai plus porté, je crois, depuis la fête, car il me gênait. »
Cette réponse enleva les derniers doutes à Mme de Rambaud. Elle écrivit à la duchesse d'Angoulême et se rendit à Prague, où Mme Royale vivait en exil. D'autres personnes reconnurent en Naundorff Louis XVII, son mari, ancien huissier de la chambre de Louis XVI, également la marquise de Broglio-Solari, attachée au service de Marie-Antoinette, Étienne Joly dernier ministre de la justice de Louis XVI ou encore Brémond, l'ancien secrétaire privé de Louis XVI. Ainsi Naundorff se construisit un entourage de plus en plus important. Morel, un de ceux-là devient son secrétaire, il rédigea les lettres supposées de Naundorff à la famille royale, les proclamations et pseudo-mémoires de son maître. Il partit pour Prague afin de rencontrer la duchesse d'Angoulême : il n'obtient pas d'audience. Pendant son absence Naundorff fut agressé par des inconnus et frappé par plusieurs coups de poignards (on peut douter de la véracité de cette information car Naundorff s'en remit très facilement et rapidement). Morel intervint dans le procès du baron de Richemont, comparaissant devant les assises de la Seine, en remettant aux magistrats une lettre dans laquelle Naundorff affirme être Louis XVII. Naundorff envoya une lettre à Louis-Philippe et des pétitions aux Chambres (en décembre 1834 et en mars 1835). Puis fort de son succès et poussé par Morel, il lança le 12 juin 1836, une assignation en revendication d'héritage à Charles X et à la duchesse d'Angoulême. Jusqu'alors toléré dans Paris par le gouvernement et Louis-Philippe Ier, la perspective d'un procès contre le roi déchu et la fille de Louis XVI qui eut provoqué un énorme scandale, décidèrent à le faire arrêter. Le 15 juin 1836, Naundorff fut jeté en prison et la police confisqua les 202 pièces du dossier qui « prouvaient » que Naundorff était Louis XVII. Ce dernier fut expulsé après 26 jours de détention, on l'embarque pour le Royaume-Uni. La baronne de Générès, nièce de Mme de Rambaud, le suivit. Les partisans de Naundorff prirent peur et se turent.
Naundorff au Royaume-Uni et en Hollande
Morel ayant lâché Naundorff, ce dernier avait un nouveau secrétaire en la personne de Modeste Gruau de la Barre qu'il promu comte de La Barre. Le gouvernement britannique ne prenait pas Naundorff au sérieux, mais il tolérait sa présence et ses activités parce qu'elles étaient de nature à embarrasser Louis-Philippe. L'échec de deux nouvelles pétitions à la Chambre des députés en 1837 et 1838 ajouta à son discrédit. Le nombre de ses partisans et l'importance de leur dons baissèrent brusquement. Or Naundorff avait de gros besoins d'argent. Il se mit alors en tête de fonder une nouvelle religion. Il aurait eu des visions dès 1834 et songeait réformer l'Église catholique romaine. En 1837 il lance un appel aux catholiques du Royaume-Uni et d'Irlande. Le pape Grégoire XVI fulmina contre lui ce qui augmenta encore un peu plus son discrédit. Naundorff se lança alors dans la pyrotechnie et mis au point une bombe. Il choisit de quitter le Royaume-Uni « déçu par son hospitalité » en 1841. Il se rendit à Rotterdam où il réussit à vendre son projet de bombe. Naundorff décéda le 10 août 1845 à Delft. Sur sa tombe on peut lire : « Ici repose Louis XVII Roi de France et de Navarre, né à Versailles le 27 mars 1785, décédé le 10 août 1845. » Il laisse derrière lui, une femme et huit enfants qui n'auront de cesse de défendre la thèse de leur père.
La question scientifique
Ses prétentions ont fait l'objet de nombreuses controverses historiques et scientifiques. En 1943, le jeune historien Alain Decaux fit faire des analyses des cheveux de Naundorff comparés à une mèche de cheveux du dauphin par le professeur Locard du laboratoire de police technique de Lyon. Locard conclut que les deux mèches avaient la même excentration du canal médullaire. Cet argument fut considéré par l'historien comme une preuve que Naundorff était bien le dauphin. Mais en 1951 une seconde expertise de Locard faite à partir d'autres cheveux le fit revenir sur ses premiers résultats et amena l'historien à réviser ses conclusions parce qu'il s'est avéré que cette particularité sur les cheveux touche une personne sur trois. La similitude n'était donc, probablement, qu'un hasard.
En 1999 le cœur prélevé en 1795 par le médecin Philippe-Jean Pelletan, après l'autopsie de Louis XVII, et conservé dans la crypte royale de la basilique de Saint-Denis est soumis à des analyses ADN diligentées par les Professeurs Cassiman, de Louvain en Belgique, et Brinkmann de l'université de Münster en Allemagne, à l'initiative de l'historien Philippe Delorme. Le 3 avril 2000 les comparaisons d'ADN mitochondrial du cœur et des cheveux de Marie-Antoinette et de ses deux sœurs, conclurent à la parenté de la relique.
L'analyse ADN du cœur de l'enfant mort au Temple est contestée par les survivantistes car ils prétendent qu'il aurait pu appartenir au frère aîné de Louis XVII, Louis-Joseph, le premier dauphin, mort en 1789, toutefois le cœur de Louis-Joseph fut embaumé selon la tradition royale, comme l'attestent les archives, tandis que celui de Louis XVII a été conservé dans de l'alcool, ce qui rend d'emblée toute confusion impossible.
Les descendants de Naundorff conservent encore aujourd'hui un certain nombre de partisans, surnommés les naundorffistes, « sous-groupe » des survivantistes. Ils portent d'ailleurs le patronyme « de Bourbon », dont l'usage leur a été accordé par les Pays-Bas et qui a été d'ailleurs implicitement reconnu par l'état civil anglais, peu regardant à l'époque en la matière, au moment de la naissance d'un fils de Naundorff, survenue en ce pays.
Dans son livre Autour de Madame Vigée-Le Brun, Hubert Royet pense que Naundorff, vers l'âge de 15 ans, a pu être domestique de Élisabeth Vigée Le Brun arrivée à Vienne en 1793. Jusqu'en 1789, Élisabeth Vigée Le Brun était le peintre de Marie-Antoinette et, ainsi à son service, Naundorff aurait ainsi appris beaucoup de choses sur la famille royale.
Analyses ADN
Le 2 juin 1998, des analyses ADN menées conjointement par le Professeur Jean-Jacques Cassiman de l'université belge de Louvain et le Docteur Pascal du C.H.U de Nantes, à partir de quelques-uns de ses cheveux et des fragments d'humérus confrontés à des cheveux des archiduchesses Marie-Josèphe et Jeanne-Gabrièle, sœurs de Marie-Antoinette, conclurent que les restes de Naundorff n'étaient pas ceux du dauphin Louis XVII[1].
D'autres prélèvements ont été effectués, en 2004, directement sur le squelette de Naundorff, exhumé de sa tombe de Delft. Depuis lors, des analyses ont été réalisées sur ces prélèvements par le laboratoire de génétique néerlandais du professeur De Knieff, ainsi qu'un autre laboratoire, en Autriche. Cependant, la famille Bourbon-Naundorff n'a pas cru devoir encore (à la date de juillet 2009) en publier les résultats, sans doute décevants pour leur cause... Lors d'une émission qui a suivi la cérémonie à Saint-Denis, il a été précisé que l'ADN de l'enfant indiquait qu'il s'agissait bien de quelqu'un de la descendance Habsbourg de Marie-Antoinette. Mais rien n'a pu être établi quant à la paternité de Louis XVI, l'ADN de ce dernier étant trop endommagé.
Descendance de "Louis XVII/Naundorffistes"
Naundorff a eu 9 enfants (5 garçons et 4 filles)[2] :
- Jeanne-Marie-Amélie, 31 août 1819 - 28 décembre 1891[3], épouse en 1876 Abel de Laprade (1818-1897), veuf d'Aline Merlin de Chabant.
- Charles-Edouard, 23 juillet 1821 - 31 janvier 1866, dit Charles X, décédé sans postérité. Directeur de l'atelier de pyrotechnie militaire de Delft.
- Berthe-Juliane, 3 novembre 1823 - 3 avril 1825.
- Marie-Antoinette, 13 mars 1829 - 7 mars 1893, épouse en premières noces en 1855 Sébastien Guillaume Van der Horst, puis en 1890 Emmanuel-Benjamin Daymonaz.
- Louis-Charles, 11 mars 1831 - 26 novembre 1899, dit duc de Normandie puis Charles XI, épouse en 1880 Hermine-Dorothée-Gisberte de Kruyff, veuve de Petrus-Gasparus Snoers, décédé sans postérité.
- Charles-Edmond, 3 avril 1833-29 octobre 1883, dit duc d'Anjou.
- Augusta-Marie-Thérèse, 16 mai 1835 - 26 novembre 1908, épouse en 1875 Charles-Eugène Le Clercq.
- Adalbert, 26 avril 1840 - 18 octobre 1887, dit comte de Provence, épouse en 1865 Marie-Catherine-Jeanne-Adrienne du Quesne van Bruchem, dont il divorce en 1886. Capitaine-commandant d'infanterie dans l'armée des Pays-Bas.
- Ange-Emmanuel, 14 mars 1843 - 13 février 1878, dit comte de Poitiers, décédé sans postérité. Officier ingénieur dans la marine des Pays-Bas.
Succession naundorffiste
- Karl-Wilhelm, Louis XVII
- Charles Edouard, Charles X, fils du précédent
- Louis Charles, Charles XI, frère cadet du précédent
- Auguste Jean Charles Emmanuel, Jean III, neveu du précédent (fils de Charles Edmond)
- Henri Charles Louis, Henri V, fils unique du précédent
- Charles Louis Edmond, Charles XII, cousin du précédent (fils de Charles Louis Mathieu)
- Hugues Charles Huy, Charles XIII, fils unique du précédent, roi actuel de jure depuis 2008[réf. nécessaire]
- Charles Louis, héritier de la couronne de jure depuis 2008[réf. nécessaire]
Notes et références
- Philippe Delorme Louis XVII, la vérité 2000 p82 et note 117
- http://www.quid.fr/2007/Histoire_De_France/Ire_Republique_22_9_179218_10_1804/3?refnum=6368000 (Archive, Wikiwix, que faire ?)] [Notice du Quid Naundorff
- « Nécrologie. On annonce la mort de...., Madame Amélie Laprade, fille aînée du fameux Naundorff, le prétendu Louis XVII. » courte mention nécrologique, parue dans La Petite Revue (5e année, 1er semestre, n° 2, 1892, p. 30) libellée ainsi :
Bibliographie
- A. F. V. Thomas Naundorff, ou Mémoire à consulter sur l'intrigue du dernier des faux Louis XVII, Paris, Dentu et Delaunay, 1837 [lire en ligne]
- Modeste Gruau de la Barre Intrigues dévoilées, ou Louis XVII, dernier roi légitime de France, Rotterdam, Nijgh, 1846-1848 [lire en ligne]
- E. Dupland Naundorff l'imposteur, Paris, Olivier Orban, 1990
- G. Bordonove Louis XVII et l'énigme du Temple, Paris, Pygmalion/Gérard Watelet, 1995
- Xavier de Roche Louis XVII, Paris, Ed. de Paris, 1995
Liens internes
Liens externes
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