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Jules-Henri Desfourneaux
Jules-Henri Desfourneaux, dit Henri Desfourneaux, né le 17 décembre 1877 à Bar-le-Duc (Meuse), décédé à Paris le 1er octobre 1951, fut l'antépénultième (avant-avant-dernier) bourreau de France.
Descendant d'une grande famille de bourreaux venant du centre de la France (Issoudun, notamment), Jules-Henri était le second fils de Nicolas Desfourneaux, et avait abandonné la profession de son père pour devenir mécanicien. Il devient très jeune un excellent professionnel, et se spécialise à sa majorité dans les moteurs de bateaux. Cette spécialisation le conduira à faire de longs voyages pour mettre en pratique ses talents : en Inde, en Russie...
Revenu en France au début des années 1900, il fait la rencontre d'Anatole Deibler, par l'intérmédiaire de son cousin Léopold, aide-exécuteur et grand ami d'Anatole. A la fin de l'année 1908, Anatole Deibler, manquant d'adjoints, engage Jules-Henri comme second adjoint (il conserve toutefois son emploi de mécanicien). La première exécution du jeune homme aura lieu le 11 janvier 1909, à Béthune. Ce jour-là, quatre condamnés à mort, connus sous le surnom de "chauffeurs du Nord" passent sur la guillotine. Le 17 avril, la même année, Jules-Henri épouse une nièce de Deibler, Georgette Rogis, 18 ans, descendante elle aussi d'une grande dynastie d'exécuteurs. Ils auront un fils, René, qui naîtra en 1910.
Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, Jules-Henri rétintègre son poste d'adjoint en 1919. En 1930, il devient le premier adjoint d'Anatole Deibler. En 1934, le 2 novembre, son fils René se suicide suite à une déception amoureuse. La tragédie provoque chez Jules-Henri une véritable dépression et il sombre dans l'alcoolisme. Le 14 janvier 1938 à Saint-Brieuc, Anatole Deibler étant souffrant, on lui confie pour la première fois la responsabilité exceptionnelle d'exécuter un condamné à mort : Lucien Boulay.
Le 2 février 1939, en se rendant à la gare de Paris-Montparnasse, Anatole Deibler meurt d'une embolie sur le quai du métro. L'exécution de Maurice Pilorge prévue pour le lendemain à Rennes est reportée d'une journée, elle est accomplie le 4 par Jules-Henri Desfourneaux. Le 15 mars, il est nommé officiellement exécuteur en chef, sur les insistances de la veuve d'Anatole auprès de l'administration, Jules-Henri ayant prêté, par le passé, de l'argent au couple.
Sa première exécution officielle en tant que chef sera celle de Vitel, à Rouen le 2 mai 1939. Suivront Bloch, le 2 juin à Paris et Eugène Weidmann le 17 juin à Versailles. Cette exécution se déroule avec 45 minutes de retard, permettant aux photographes de saisir de nombreux clichés de la scène. Le comportement des journalistes, mais aussi celui de la foule hystérique, provoqueront un vif émoi au plus haut sommet de l'État. Le 24 juin, le président du Conseil Édouard Daladier promulgue un décret-loi abolissant les exécutions en public. Désormais, les condamnés à mort seront guillotinés dans les cours des prisons, à l'abri des regards.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Desfourneaux reste à son poste. Mais entre deux exécutions d'assassins, on l'oblige à guillotiner des résistants et des communistes (plus d'une quinzaine subiront ce sort entre 1941 et 1943). De plus, on lui ordonne également d'exécuter des femmes, ce qui n'était pas arrivé en France depuis plus de cinquante ans. L'exécution de Marie-Louise Giraud, le 30 juillet 1943 à la prison de la Roquette, restera dans les annales judiciaires comme un cas unique : elle resta la seule « Faiseuse d'anges » à être condamnée à mort pour avoir pratiqué 27 avortements dans la région de Cherbourg).
Répugnés par son obéissance servile, ses aides, son cousin André Obrecht Henri Sabin ainsi que les frères Robert et Georges Martin, démissionnent en 1943.
A la Libération, une enquête sera menée pour savoir si l'obéissance de Desfourneaux pouvait être considérée comme un signe de collaboration. Les résultats furent négatifs et Desfourneaux conserva sa place.Le premier condamné qu'il exécutera après la Libération sera le docteur Marcel Petiot, le 25 mai 1946 à Paris. Les années suivantes sont chargées en exécutions capitales: en 1948, 43 condamnés à mort seront guillotinés. Le 21 avril 1949, une femme, Germaine Leroy-Godefroy, qui avait assassiné son mari, est exécutée par Desfourneaux à Angers: elle sera la dernière femme guillotinée en France.
Desfourneaux tomba malade par la suite. Sa dépression et son alcoolisme l'ont affaibli physiquement et mentalement. Il a de plus en plus de mal à grimper les escaliers, à la prison de la Santé. Le 29 juin 1951, il guillotine son dernier condamné à mort à Saint-Brieuc. Desfourneaux passe désormais son temps entre un petit atelier de réparation de vélos qu'il a acheté et sa maison, attendant qu'on vienne le prévenir d'une nouvelle exécution. Il décède d'une attaque cardiaque en fin d'après-midi, le 1er octobre 1951. Il avait 73 ans, et avait participé à près de 350 exécutions, dont presque 200 en tant que chef. André Obrecht lui succèdera.
Son épouse Georgette mourra également d'une crise cardiaque en 1958, à 67 ans. Jules-Henri Desfourneaux est enterré dans un caveau au cimetière de Sèvres, en région parisienne, aux côtés de son fils et de sa femme.
Liens externes
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