Jean de Berry

Jean de Berry

Jean Ier de Berry

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Jean Ier de Berry
Jean de Berry, profil issu des très riches heures du Duc de Berry
Jean de Berry, profil issu des très riches heures du Duc de Berry
Dynastie Branche capétienne des Valois
Naissance 30 novembre 1340
Vincennes
Décès 15 juin 1416
Paris
Pays France
Titre Duc de Berry
(1360 - 1416)
Duc d'Auvergne, comte de Poitou, d'Auvergne, de Montpensier, de Mâcon, de Boulogne, d'Étampes, de Saintonge et d'Angoumois
Conflits Guerre de Cent Ans
Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons
Faits d'armes Reconquête du Poitou
Autres fonctions Lieutenant du roi en ses terres deLangue d'oc, du duché de Guyenne, d'Auvergne, de Forez, du Bourbonnais, de la Sologne, de Touraine, d'Anjou, du Maine, de Normandie, du Lyonnais et du Mâconnais
Enfant de Jean II de France, dit Jean le Bon
et de
Bonne de Luxembourg
Conjoint Jeanne d'Armagnac
Jeanne de Boulogne
Enfants Charles
Jean II
Bonne
Marie

Jean Ier de Berry, dit Jean le Magnifique, (30 novembre 1340 à Vincennes - 15 juin 1416 à Paris) est le troisième fils du roi de France, Jean II dit le Bon et de Bonne de Luxembourg.

Sommaire

Fils de France et mécène fastueux

Le politique

Il est apanagé du Berry (1360-1416) par son père, puis du Poitou[1] en 1369 par son frère Charles V, des comtés d'Auvergne et de Boulogne, par spoliation de Jean II d'Auvergne, son futur-beau-père, le 6 novembre 1387, et du comté de Montpensier de 1404 à 1416.

Après la défaite désastreuse de Poitiers, où son père est fait prisonnier, il est donné en otage aux Anglais lorsque le roi revient en France (1360) et il reste prisonnier en Angleterre jusqu'en 1367.

Reconquête du Poitou

Depuis le début de la reconquête, des frères du roi c'est en premier lieu Louis d'Anjou qui est en première ligne pour les opérations militaires, puis Jean de Berry et le cousin Louis de Bourbon. Philippe a un rôle plus effacé. Cependant il prend part directement aux opérations de reconquête du Poitou. En effet cette région est liée par des intérêts économiques à l'Angleterre où elle exporte son sel. Les barons poitevins ont massivement choisi le parti anglais et il faut une campagne militaire lourde pour la faire revenir possession Française[2].

La campagne pour la reconquête du Poitou, de l'Aunis, de la Saintonge et de l'Angoumois commence aussitôt après la Bataille de La Rochelle où la flotte castillane coule une bonne partie de flotte anglaise, privant la Guyenne de soutien logistique. L'armée royale assiège la forteresse de Saint-Sévère, qui capitule le 31 juillet. Pendant ce temps, Montcontour est repris, puis Poitiers ouvre ses portes à du Guesclin le 7 août.

Les forces françaises progressent le long de la côte, vers le sud. Le captal de Buch est capturé le 23 août alors qu'il allait secourir Soubise assiégée : son armée est interceptée par la flotte galloise et castillane qui remonte la Charente. Les îles de et d'Oléron font leurs soumissions le 26 août, mais les barons poitevins restent fidèles aux Anglais et se retranchent dans Thouars. Philippe le Hardi et Jean de Berry arrivent alors avec des renforts rendant intenable la situation des Poitevins[3].

Du Guesclin continue à progresser le long du littoral jusqu'à la Rochelle, qui est prise le 8 septembre. Ainsi isolées, les villes se rendent tour à tour: Angoulême (la capitale du prince Noir) et Saint-Jean-d'Angély le 20 septembre, Saintes le 24[3].

Les négociations de reddition sont menées par Philippe et Jean de Berry qui est le comte de Poitou et doit conquérir le cœur de ses sujets. Ils obtiennent que les seigneurs poitevins prêtent serment de fidélité au roi de France le 1er décembre 1372 en l'église de Loudun (Traité de Loudun)[3]. Par ce traité, tous les anciens privilèges et libertés du pays du temps de Saint-Louis (le souverain de référence à l'époque) et de son frère Alphonse de Poitiers[3].

Le 11 décembre, Jean de Berry, Philippe le Hardi, Louis de Bourbon et Bertrand Du Guesclin font une entrée triomphale dans Paris[4].

Le 12, il prête hommage à son frère Charles V pour le comté de Poitou suivi des barons qui réitèrent en sa présence leur serment de fidélité au roi.

Tant que son aîné le roi Charles le Sage vécut, Jean, comme ses deux frères Louis d'Anjou et Philippe de Bourgogne, demeura un soutien indéfectible de Charles et de sa politique audacieuse contre l'ennemi anglais. Il commanda l'armée Royale envoyée en Limousin, Poitou et Quercy. Il reprend aux Anglais Limoges, Poitiers et La Rochelle. Il se sentait plus proche de Charles que de ses autres frères : en effet, comme lui, il aimait les arts, la littérature, les beaux objets. Cependant, contrairement à Charles, Jean était plus un collectionneur qu'un créateur. On se souvient surtout de lui comme d'un très grand mécène.

Gouvernement des oncles

À la mort de son frère Charles V (1380), il est nommé un des tuteurs du jeune roi Charles VI conjointement avec les ducs d'Anjou et de Bourgogne ; mais il ne se signale que par son avarice et sa rapacité. Lorsque Charles VI fut devenu fou, il partage l'autorité avec son frère, le duc de Bourgogne Philippe II le Hardi (1342-1404), et son neveu, le duc d'Orléans Louis Ier (1372-1407). Toutefois le duc de Berry fut celui qui eut le moins de part au pouvoir ; en 1381, le duc Jean Ier de Berry est nommé lieutenant général du roi en remplacement de son frère Louis en Languedoc, où sévit le Tuchinat. Cette nomination aggrave les choses : le tuchinat devient porteur de la contestation de l'impôt, du pouvoir royal et de ses méthodes. Les troupes commandées par le duc de Berry affrontent les tuchins en bataille rangée, entre autres à Uchaud, près de Lunel. Il exerce dans la région toutes sortes de vexations et d'exactions.

Révoltes antifiscales

La situation n'est pas rose pour les oncles du roi: à sa mort Charles V pris de remords a décidé d'abolir les fouages en pays de langue d'oïl et le peuple a compris les impôts. En effet, ceux ci sont au départ justifiés par l'état de guerre en vertu d'une négociation avec les états généraux. Or les anglais repoussés du royaume de France par Charles V et en proie à de graves troubles internes ne sont pas en état de continuer le conflit. L'impôt n'a plus lieu d'être et le roi et ses oncles doivent réunir les états généraux le 11 novembre 1380. La teneur exacte des débats n'est pas connue, mais le 16 novembre le conseil du roi mené par Louis d'Anjou doit publier une ordonnance abolissant tous les impôts crées depuis Philippe le Bel[5]. Les exactions sur les fermiers et les juifs se multiplient, malgré une ordonnance royale et l'action de la prévôté de Paris[6]. Cependant aucune paix n'a été signée avec l'anglais et le conseil argumente que pour prévenir une éventuelle chevauchée anglaise , il faut que le pays verse une aide. Le pays rechigne à l'accepter et les états sont de nouveau réuni en février 1381. Ils consentent à une aide pour la guerre pendant un an à dater du 1er mars 1381, moyennant quoi de nombreuses chartes et privilège de villes sont confirmés[7].

Ceci ne met pas fin à la contestation. Le Languedoc appartient au Domaine royal, l'impôt y est géré par des officiers royaux qui se comportent en pays conquis et se mettent à dos la population. Jean de Berry a été nommé Lieutenant général du Languedoc, mais le pays veut Gaston Fébus le puissant et indépendant comte de Foix qui a su faire prospérer ses terres en restant neutre dans le conflit anglais comme chef. Ce dernier s'adresse aux Languedociens en Gascon et à promis de purger les trois Sénéchaussées de tous les pillards issus de la démobilisation à la fin des conflits castillans et franco-anglais qui y pullulent[8]. Jean de Berry doit intervenir à la te d'une puissante armée pour restaurer l'autorité royale. Le Languedoc se soulève, Gaston Phébus met à mal des routiers issus des rangs de l'armée du Duc de Berry. Charles VI à 13 ans, il ne rêve que de combats épiques: il va chercher l'oriflamme à Saint Denis. Voyant venir une sévère répression menée par l'armée royale, les états préfèrent céder et font savoir qu'ils se soumettraient au Duc de Berry contre l'amnistie pour les actes de rébellion et restitution des biens confisqués. Gaston Fébus lui exige le versement de 65000 francs immédiatement puis une pension de 40 000 francs[9]. Il faut l'intervention énergique du cardinal Jean de la Grange pour obtenir la paix en décembre 1381. Ce dernier obtient une réunion des états de Languedoc à Bézier pour discuter des conditions de l'impôt et ne quitte la ville qu'une fois que tous les habitants de plus de 14 ans aient juré fidélité au roi[9]!

Bataille de Roosebeke

Charles VI, dès qu'il put gouverner, lui retira son gouvernement et fit périr sur le bûcher Jean Béthisac, le principal agent de sa tyrannie (1389). D'abord médiateur dans l'opposition entre Bourgogne et Orléans, il favorisa, à partir de 1410, les Armagnacs dans la guerre civile les opposant aux Bourguignons, puis traita avec les Anglais et fut nommé capitaine de Paris et lieutenant du roi en Languedoc (1413).

Le mécène

Les très riches heures du Duc de Berry, Mois d'avril.

Mécène fastueux, il protégea les arts et les lettres et posséda les plus beaux manuscrits de l'époque (Psautier). Il commanda les Très Riches heures du duc de Berry aux frères Paul, Jean et Herman de Limbourg malheureusement les trois frères finirent par décéder de la peste laissant un manuscrit inachevé. Il ne sera terminé que 65 ans plus tard par divers enlumineurs et calligraphes (au total près d'une quinzaine de personnes ont travaillé sur les Très Riches Heures.) Il fit également exécuter les Petites Heures de Jean de Berry ainsi que les Belles Heures de Jean de Berry.

Il se fit construire plusieurs palais. Celui de Mehun-sur-Yèvre est sans doute le plus beau, un à Bourges, un château au bord de l'eau à Poitiers (où il fit de plus réaménager le donjon comtal en tour de résidence). L'architecte de la plupart de ces constructions était Guy de Dammartin. Sur le modèle de la Sainte-Chapelle de Paris, il fit édifier la Sainte-Chapelle de Bourges pour bien montrer sa filiation avec le roi saint Louis.

Généalogie

D'azur semé de fleurs de lys d'or, à la bordure engrelée de gueules.

En 1382, Bernard de Ventadour vend la seigneurie de Montpensier à Jean Ier de France, duc de Berry. Aussitôt la transaction effectuée la seigneurie est érigée en comté. Jean Ier le donne immédiatement à son fils aîné Charles qui meurt à vingt ans en 1382. Son fils cadet Jean II est non majeur, Jean de France reprend pour lui-même le comté jusqu'en 1386 ou il le donne à Jean II de Berry (1363-1401) qui le garde jusqu'à sa mort. Lui aussi disparaît avant son père qui, une nouvelle fois reprend le comté et en 1416 c'est sa fille Marie de Berry (1375-1434) qui est faite comtesse de Montpensier de 1416 à 1434. Mariée en troisièmes noces à Jean Ier de Bourbon (1381-1434), ils donnent le comté à leur fils Louis Ier de Bourbon dit le Bon (1402-1486) qui est comte de Montpensier de 1434 (date de la mort des parents) jusqu'à 1486.

En 1360, Jean de Berry[10] épouse Jeanne d'Armagnac (morte en mars 1387), fille du comte d'Armagnac Jean Ier et de la comtesse de Charolais Béatrice de Clermont. Cinq enfants sont issus de cette union :

En 1390, il épouse Jeanne II (1378-peu avant 1423), duchesse d'Auvergne (1404-) et comtesse de Boulogne (1404-), sans postérité de cette union.

Jean Froissart mentionne les pratiques homosexuelles du duc, qui ne seraient pas rares au sein de la Cour : il évoque ainsi la présence, dans l'entourage du duc, d'un certain Jacques Thibaut[11].

Sources

  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.

Notes et références

  1. Jean de Berry, Comte de Poitou au XIVe siècle sur le site de la mairie de Poitiers
  2. Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p.587
  3. a , b , c  et d Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p.589
  4. Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p.590
  5. Françoise Autrand, Charles VI, Fayard février 1986, pages 79-80
  6. Françoise Autrand, Charles VI, Fayard février 1986, page 81
  7. Françoise Autrand, Charles VI, Fayard février 1986, page 84
  8. Françoise Autrand, Charles VI, Fayard février 1986, page 86
  9. a  et b Françoise Autrand, Charles VI, Fayard février 1986, page 87
  10. Jean de Berry sur le site Foundation for Medieval Genealogy
  11. Jacques Thibaut, "en qui se fixait la majeure partie de son plaisir. Ce Jacques Thibaut était un valet faiseur de chausses, que le duc de Berry avait dans l'âme on ne savait pourquoi, car l'homme n'avait ni sens, ni conseil, ni nul bien, ne songeant qu'à son grand profit. Le duc de Berry l'avait enrichi, lui donnant de bons joyaux, de l'or, de l'argent, de la valeur de deux cent mille francs. Et c'étaient les pauvres gens d'Auvergne et de Languedoc, taillés trois ou quatre fois l'an, qui payaient toutes les folles jouissances du duc." in Froissart, Chroniques, traduction Andrée Duby, Stock, 1997, p 393-394


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