Jeanne II comtesse d'Auvergne

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Jeanne II comtesse d'Auvergne

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Jeanne II d'Auvergne (1378-1424), dite Jeanne de Boulogne.

Sommaire

Biographie

Elle était la fille de Jean II comte d'Auvergne, dit le Mauvais Ménager, et d'Aliénor de Comminges. Elle fut comtesse d'Auvergne, de Boulogne et de Guînes, puis duchesse d'Auvergne et de Berry.

Une enfance difficile

L’entente entre Jean II et son épouse battit rapidement de l’aile. Aliénor quitta le domicile conjugal en 1380. Elle partit, avec sa fille Jeanne, se réfugier chez son cousin Gaston Fébus dans la vicomté de Béarn[1].

Selon Froissart, l’épouse du Mauvais Ménager lui reprochait de ne point recouvrer son héritage passé aux mains de Jean II, comte d’Armagnac, et d’être un trop mol chevalier passant son temps à boire et à banqueter.

Gaston Fébus, ayant proposé de devenir tuteur et curateur de sa petite cousine, Jeanne resta à l’Hôtel de Foix à Orthez tandis que sa mère rejoignit Avignon.

Le duc de Berry s’approprie l’héritage de Jeanne

La rapacité du frère de Charles V était telle qu’il n’hésita pas à spolier de ses fiefs Jean II, le père de Jeanne. Marcellin Bourdet, historien de l’Auvergne, a fait une description apocalyptique de cette extorsion :

Jean, duc de Berri

Elle commence à Riom, le 6 novembre 1387, dans le palais du duc, en sa présence ; le demi-fou, terrorisé par les menaces, se résout à céder ses deux comtés au prince et son pays de Combrailles[2] au chancelier et chambellan Pierre de Giac. Elle se continue, en sortant du palais ducal, dans l’Hôtel d’Armand de Langeac, sénéchal d’Auvergne, gendre de Pierre de Giac, où on l’amène dîner, ahuri de ce qu’il vient de faire. On le conduit dans l’auberge de Hugues Bernard, où la bande se remet à table et achève de l’étourdir, de l’enivrer avec un mélange de boissons. Puis, toute la nuit jusqu’au matin, on lui fait signer une foule de donations et de ventes, portant quittance bien entendu. On lui fit vendre ainsi tout ce qui lui restait et tout quittancer sans versement de fonds ; puis on le laissa sur ce lit d’auberge, vidé, ruiné, inerte, à moitié mort.

Ainsi se fit le partage des dépouilles du comte d’Auvergne entre le duc de Berri et ses officiers. Et il n’y a pas à dire que le duc ne fut pas complice, car cette longue et ignoble scène de Riom se passait à deux pas du palais ; et il fut si bien averti que son neveu, le comte Jean II d’Armagnac, alors son hôte dans ce palais, se rendit à l’hôtellerie Bernard pour arracher le comte d’Auvergne, son cousin, aux spoliateurs ; mais on refusa de le laisser entrer et il ne put que crier de la rue des injures et des menaces de mort. Jean de Berri ratifia tout, naturellement[3].

Le mariage avec Jean de Berry

En 1389, à la majorité de Charles VI, l’affaire, qui avait fait scandale, fut portée aux oreilles du roi qui promit d’en faire justice. Pour faire retrouver à Jeanne ses domaines d’Auvergne et de Boulogne une seule solution fut trouvée. Âgée de douze ans, elle fut contrainte d’épouser le duc de Berry qui frisait la cinquantaine, et auquel Gaston Fébus, qui le méprisait, ne manqua pas de présenter la note des frais de sa tutelle !

Le Bal des Ardents
À gauche, Jeanne de Boulogne recouvre le roi Charles VI de sa robe

Le Bal des Ardents

Le 23 janvier 1393, le mardi avant la Chandeleur, elle participa au Bal des Ardents[4]. Charles VI, à l’invitation de la reine Isabeau de Bavière, arriva avec cinq nobles de sa Cour et se déguisa en sauvage. Chacun revêtit un justaucorps enduit de poix et de poils. Par inadvertance, son frère, Louis d'Orléans enflamma les déguisements avec sa torche[5].

Charles évita d'être brûlé vif grâce à sa tante, la jeune duchesse de Berry, alors âgée de 14 ans, qui le recouvrit de sa robe. Le roi s’enferma, dès lors, un peu plus dans sa folie[6].

Sa statue à Poitiers

La statue de Jeanne de Boulogne orne la cheminée de la grande salle du palais du duc de Berry à Poitiers. Elle est très certainement due aux ciseaux de Jean de Dammartin qui commença à travailler pour le duc vers 1385.

Son second mariage

Devenue, par son premier mariage, duchesse d’Auvergne et de Berry, puis veuve. en 1416, Jeanne convola aussitôt, en seconde noce, avec Georges de la Trémoille, comte de Guines, et décéda en 1424.

Notes

  1. Selon Froissart sa première idée avait été de rejoindre le comté d’Urgel et de se placer sous la protection de son oncle et sa tante. Le comte d’Urgel était alors Pierre d’Aragon, fils de Cécile de Comminges, et de Jacques d’Aragon.
  2. Dans cette affaire Jean de Berry spoliait le comte d’Auvergne mais aussi le vicomte de Turenne. Il faut savoir que le 28 octobre 1375, Jean II avait vendu pour 30 000 francs ses seigneuries de Combrailles à Guillaume II Roger de Beaufort, lors du mariage de son petit-fils Raymond VIII, vicomte de Turenne, avec sa sœur Marie de Boulogne, auquel il les offrit. La baronnie de Combrailles fut revendiquée et retirée à Pierre de Giac, l’âme damnée du duc de Berri, par Louis II de Bourbon en 1400.
  3. Extrait de Marcellin Bordet, Thomas de la Marche, Bâtard de France et ses aventures (1318 – 1361), Riom, 1900.
  4. Ces festivités, données en l’honneur des noces de Catherine de Hainserville, dame d’honneur et confidente d’Isabeau de Bavière, eurent lieu dans l’Hôtel de la Reine Blanche, situé sur l’emplacement de l’actuel 17, rue des Gobelins.
  5. Froissart note à propos du Bal des Ardents : Et ce jour furent ars le bastard de Foix, le comte de Joigny, messires Hémart de Poitiers et Huguet de Guisay et Nantouillet s’enfuy en la cuisine où il se plongea dans un baquet plein d’eau. Les compagnons du roi étaient Milon, le comte de Joigny, Hugues de Guisay et Ogier de Nantouillet. Le bâtard de Foix était Yvain de Béarn. Tandis qu’Aymard de Poitiers-Valentinois était le neveu d’Aymar V le Gros, comte de Valentinois et recteur du Comtat Venaissin.
  6. Selon les religieux de l’abbaye des Blancs-Manteaux à Paris, auteurs de l’Art de Vérifier les dates, Jean II d'Auvergne, qui passait pour un homme sage et de bon conseil, était auprès de Charles VI, depuis sa crise du 5 août 1392 dans la forêt du Mans. Original pour un individu qui était considéré comme demi-fou depuis 1384 ! Mais faut-il donner un blanc-seing à ces bons moines qui expliquent aussi que le comte, pour s’acquitter de ses dettes, vendit, au grand regret de sa famille, uniquement ses terres de Combrailles à Pierre de Giac ?

Bibliographie

  • Étienne Baluze, Histoire de la Maison d’Auvergne, Paris, 1708.
  • J. Froissart, Chroniques, texte et notes de Kervyn de Lettenhove, Bruxelles, (1868).
  • J. Froissart, Chroniques, texte et notes de Siméon Lucé, Paris, (1873 - 1874).
  • F. Autrand, Charles VI, Paris, 1986.

Voir aussi

Liens internes

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