Jean Astruc

Jean Astruc
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Jean Astruc
Jean Astruc 01.jpg
Activités médecin, écrivain
Naissance 19 mars 1684
Sauve
Décès 5 mai 1766 (à 82 ans)
Paris
Langue d'écriture français

Jean Astruc, né à Sauve (Gard) le 19 mars 1684 et mort à Paris le 5 mai 1766, est un médecin théoricien français, auteur du premier ouvrage récapitulatif important sur la syphilis et les maladies vénériennes ainsi que l'un des pionniers de l'exégèse moderne.

Sommaire

Biographie

Le patronyme Astruc ("né sous un bon astre") indique probablement une famille d'origine juive avant sa conversion au christianisme à une date indéterminée. Pierre Astruc, son père, pasteur à Aigremont, se convertit au catholicisme après l'édit de Fontainebleau. Bien qu'il fût baptisé au temple, Jean Astruc ne se reconnaîtra lui-même que catholique romain comme son frère Louis, professeur de droit à Toulouse. Jean Astruc fit ses études à Montpellier où il étonne par sa mémoire prodigieuse : il retient tout ce qu'il lit et assimile très rapidement plusieurs langues vivantes (anglais, italien) et anciennes dont le latin où il excelle et l'hébreu.

Il est reçu docteur à l'âge de 19 ans et nommé professeur d'anatomie à Toulouse en 1710, puis professeur de médecine à Montpellier en 1716, en remplacement de Pierre Chirac, son maître. Il est nommé surintendant des eaux minérales du Languedoc en 1721. En 1729, Auguste II de Pologne le nomme son premier médecin, mais il revient un an plus tard à Paris, où Louis XV le prend pour médecin consultant. Il est également dès 1723 le médecin personnel et l'amant de Mme de Tencin, dont il accapare l'héritage à la mort de cette dernière en 1749 au grand dam des parisiens choqués par ses façons et son avarice légendaire :

Mme de Tencin est morte dans les premiers jours de ce mois-ci. Elle fait son légataire Astruc à qui l'on prétend qu'elle a remis de la main à la main, beaucoup d'effets mobiliers, est grièvement soupçonné d'avoir volé la succession (...)[1].

Astruc devient titulaire de la chaire de médecine au Collège royal en 1731, puis à la faculté de médecine de Paris. Il est élu membre de l'Académie de médecine en 1743 où ses collègues, qui le surnomment d'après la pièce de La Mettrie "Savantasse", ne l'apprécient guère, le jugeant "trop habile, horriblement vaniteux, méchant fourbe, plus craint qu'aimé"[2]. C'est qu'Astruc est le contraire d'un "savant" tel qu'on pouvait déjà le concevoir à cette époque : il n'a rien expérimenté, rien découvert. Pour lui, la théorie médicale l'emporte sur la pratique : il n'a de la médecine qu'une connaissance historique, il ne fait que citer tous les auteurs qui ont écrit sur un sujet. C'est en fait un médecin mondain et un praticien des plus médiocres. Dans la deuxième édition de De morbis venereis, il attaque ainsi avec arrogance les chirurgiens, ces empiriques tâtonnants et incultes. Ces derniers le lui rendent bien, qui se moquent du fait que dans son livre, il préfère citer et commenter 14 mots chinois caractérisant la vérole et ses apanages plutôt que de donner l'ébauche d'un traitement efficace !

Outre ses ouvrages médicaux, Jean Astruc est également l'auteur de dissertations philosophiques et d'un important ouvrage de critique biblique sur la Genèse. En 1753, il publie ses Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moyse s’est servi pour composer le livre de la Genèse, sans nom d'auteur. Il repère dans la Bible et en particulier dans le Pentateuque, jusque-là traditionnellement attribué au seul Moïse, plusieurs prosateurs au style identifiable. Astruc est ainsi le père de la théorie documentaire qui connaîtra une longue fortune dans le domaine de l'exégèse biblique.

Principales publications

Médecine
  • Tractatus de motus fermentativi causa, novam et mechanicam hypothesim continens (1702). Traduit en français sous le titre Mémoire sur la cause de la digestion des aliments (1711) et Traité de la cause de la digestion, où l'on réfute le nouveau sistème de la trituration et du broïement (1714)
  • Dissertation sur l'origine des maladies épidémiques et principalement sur l'origine de la peste, où l'on explique les causes de la propagation et de la cessation de cette maladie (1721) Texte en ligne
  • De morbis venereis (1736 ; 1740) Texte en ligne. Traduit en français sous le titre Traité des maladies vénériennes (3 volumes, 1740)
  • Traité des maladies des enfants (1748). Manuscrit édité par Slatkine, Genève, 1980.
  • La Nécessité de maintenir dans le royaume les écoles de chirurgie qui y sont établies dans les Facultés et collèges de médecine (1749)
  • Tractatus therapeuticus (1750)
  • Doutes sur l'inoculation de la petite vérole, proposés à la Faculté de médecine de Paris (1756)
  • Traité des tumeurs et des ulcères, avec deux lettres : I. Sur la composition de remèdes dont on vante l'utilité et dont on cache la préparation. II. Sur la nature et le succès des nouveaux remèdes qu'on propose pour la guérison des maladies vénériennes (2 volumes, 1759)
  • Traité des maladies des femmes avec un catalogue chronologique des médecins qui ont écrit sur ces maladies (6 volumes, 1761-1765)
  • L'Art d'accoucher réduit à ses principes avec l'histoire sommaire de l'art d'accoucher, et une lettre sur la conduite qu'Adam et Ève durent tenir à la naissance de leurs premiers enfants (1766)
  • Mémoires pour servir à l'histoire de la Faculté de médecine de Montpellier, par feu M. Jean Astruc (1767)
Varia

Bibliographie

  • Biographies médicales et scientifiques : XVIIIe siècle (Jean Astruc, Antoine Louis, Pierre Desault, Xavier Bichat), éditions Roger Dacosta, 1972
  • Jean Astruc, Conjectures sur la Genèse, 2003. (Edition critique établie par Pierre Gibert.)

Notes et références

  1. Charles Collé, Journal historique ou mémoires critiques et littéraires... de 1748 à 1772, Paris, 1805.
  2. René Vaillot, Qui étaient Madame de Tencin et le cardinal ?, Le Pavillon, Roger Maria éditeur, Paris, 1974, p.333.

Lien externe


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