Jean-Baptiste Éblé

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Jean-Baptiste Éblé
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Arme artillerie

Jean-Baptiste Éblé (21 décembre 1758 à Saint-Jean-Rohrbach (Moselle) – 31 décembre 1812 à Königsberg (Allemagne), est un général français d'Empire, issu de l'artillerie.

Biographie

Fils d'un officier de fortune, qui servait au régiment d'Auxonne, il entre à neuf ans (21 décembre 1767), comme canonnier dans le régiment où servait son père. En 1791, après vingt-quatre ans de service, il est capitaine en second. Il sert dans l'armée de Dumouriez jusqu'au mois de juillet 1793. Il est envoyé à Naples pour organiser l'artillerie.

Un des premiers, il forme une compagnie de canonniers à cheval. Élevé bientôt au grade de chef de bataillon, il est attaché à l'état-major. Puis il commande une division à la bataille d'Hondschoote et au déblocus de Dunkerque. Élu général de brigade, le 27 septembre 1793, sa conduite à la bataille de Wattignies deux semaines plus tard lui fait attribuer le grade de général de division, dont il a déjà rempli les fonctions.

C'est pendant la campagne contre les Pays-Bas qu'il imagine de partager les canons entre les différentes divisions de l'armée, formant ainsi des parcs de réserve et des dépôts de munitions sur toutes les lignes d'opérations, système dont l'expérience a démontré l'utilité, et qui depuis est constamment suivi. Lorsque Moreau prend le commandement en chef de cette armée que Dumouriez vient d'abandonner, le général Éblé est à la tête de l'artillerie. Il la dirige au siège d'Ypres, en juin 1794, et en juillet à celui de Nieuport. C'est par ses conseils qu'est placée une batterie de 42 bouches à feu à 200 toises des glacis. Les ravages de ces canons, dont tous les coups portaient sur les quartiers les plus riches, forcent la garnison à capituler après trois jours de tranchée.

Il conduit les sièges de l'Écluse, du fort de Crèvecœur et de Bois-le-Duc, de Nimègue.

Éblé est ensuite envoyé à l'armée du Rhin, dont Moreau vient de prendre le commandement en chef. Ce général écrit au sujet d'Éblé dans une lettre adressée à la Convention : « La conduite du général Éblé est vraiment très active, on ne peut concevoir comment il a pu suffire à cette énorme consommation de poudre et de boulets que nous avons envoyés. » Il faut ajouter que, dans tous ces combats, il ne perdit pas un seul canon, et que l'artillerie qui, ordinairement, compromet les retraites, décida du succès de celle de Moreau.

En 1797, le général Éblé commande seul l'artillerie dans le fort de Kehl, pendant le siège qu'a fait de cette place l'armée autrichienne sous les ordres de l'archiduc Charles. Il prouve alors qu'il n'est pas moins savant dans l'art de défendre les places que dans celui de les attaquer.

Il est à Rome où il doit commander l'artillerie de l'armée que Championnet conduit à la conquête du royaume de Naples. Mais cette artillerie n'existe pas : Éblé compose ses équipages de campagne avec les pièces prises aux Napolitains. Gaète lui fournit des canons pour assiéger Capoue, et cette place se rend le 10 janvier 1799. Éblé en prend possession, surveille l'exécution de l'important article de la capitulation, qui met au pouvoir de l'armée française toute l'artillerie de l'arsenal de la place. La prise de possession par les Français de cet important matériel détermine la soumission de Naples et, le 20 janvier, les Français entrent dans la seule capitale de l'Italie qu'ils n'ont pas encore visitée en vainqueurs depuis le commencement de l'ère révolutionnaire.

En 1800, il va rejoindre Moreau à l'armée du Rhin, et une fois encore il mérite les témoignages les plus honorables de sa satisfaction : « On ne saurait, écrivait Moreau, trop faire l'éloge de l'artillerie, qui, par son organisation et la manière dont elle est manœuvrée dans les combats, s'est acquis l'estime de tous les corps de l'armée. C'est un hommage bien juste à rendre au général Éblé qui la commande, et qui doit être compté dans cette arme comme un des meilleurs officiers de l'Europe. »

La République batave s'était engagée, par une convention spéciale, à entretenir à ses frais une armée française sur son territoire. Attaché à cette armée en 1803, Éblé est chargé de tous les détails de l'organisation de l'armée placée sous ses ordres. Il passe l'année suivante au commandement des équipages de l'armée de Hanovre, laquelle devient ensuite le 6e corps de la Grande Armée. C'est alors qu'il est nommé gouverneur de la province de Magdebourg. Il quitte cette province pour aller inspecter, en 1808, toute la ligne qui s'étend depuis Huningue jusqu'à Anvers.

A cette époque, Napoléon Ier lui confère le titre de baron. L'année suivante, il passe au service de la Westphalie, comme ministre de la guerre du roi Jérôme Bonaparte. Ses mesures et son activité déconcertent les projets insurrectionnels du major Ferdinand von Schill, et c'est en récompense de ce service que Jérôme le nomme colonel général de ses gardes du corps. Cependant, tout en passant au service de Westphalie, Éblé, toujours général de division dans l'armée française, a refusé de prêter serment au souverain étranger.

Napoléon Ier lui donne la direction de l'artillerie de l'armée de Portugal, sous les ordres du maréchal Masséna. Éblé participe aux sièges de Ciudad Rodrigo et d'Almeida et crée deux équipages de pont.[1]

Le 7 février 1812, il est nommé commandant en chef des équipages de pont à la grande armée qui s'ébranlait pour envahir la Russie. Son rôle est décisif au passage de la Bérézina. Il est chargé de construire deux ponts de bateaux ; le général Chasseloup, commandant du génie, doit jeter le troisième. Éblé a su conserver autour de lui, en bon ordre, 400 pontonniers néerlandais, 6 caissons d'outils, 2 forges de charbon. Il se jette lui-même à l'eau pour montrer l'exemple à ses hommes. L'ordre qu'il a reçu le 25 novembre, à 6 heures du soir, est exécuté le lendemain à une heure de l'après-midi : celui donné à l'artillerie ne l'est point. Le 29 novembre, il attend deux heures avant de brûler ses ponts afin de permettre le passage de nombreux soldats.

Le général Lariboisière, commandant en chef de l'artillerie de la grande armée, meurt le 18 décembre, à Königsberg : Éblé, nommé à sa place, et chargé de réorganiser le service, ne lui survit que treize jours. Il meurt le 31 décembre, dans la même ville. Le général comte Éblé avait été nommé membre de la Légion d'honneur le 23 vendémiaire an XII, Grand officier de l'Ordre de la Légion d'honneur le 25 prairial de la même année, chevalier du Lion de Bavière, et grand commandeur de l'ordre royal de Westphalie.

La nouvelle de sa mort n'est pas encore parvenue en France, le 3 janvier 1813, quand Napoléon le nomme premier inspecteur général de l'artillerie.

Son cœur a été transféré dans la crypte des Invalides.

Notes et références

  1. Avec le maréchal Ney, le général Éblé, le brave bataillon de la flottille, les troupes de l'artillerie et tout le 6e corps, il n'y avait rien d'impossible à exécuter. BOUVET DE CRESSÉ, Victoires et Conquêtes des Français dans les deux Mondes, de 1792 à 1823

« Jean-Baptiste Eblé », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)

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