- Jean-Baptiste Morin de Villefranche
-
Jean-Baptiste Morin de Villefranche, latinisé en Morinus, né à Villefranche-sur-Saône (Rhône) le 23 février 1583 et mort à Paris le 6 novembre 1656, est un mathématicien et astrologue français partisan du géocentrisme, qui proposa une méthode astronomique controversée pour la détermination des longitudes en mer.
Sommaire
Biographie
Il étudia la philosophie à Aix-en-Provence dès l'âge de 16 ans, puis poursuivit par des études de médecine à Avignon de 1611 à 1613. Employé comme astrologue par l'évêque de Boulogne de 1613 à 1621, on l'envoya en mission en Allemagne et en Hongrie afin de visiter les mines et de s'initier à la transformation des métaux. Il travailla ensuite pour le Duc de Luxembourg jusqu'en 1629. Il publia une apologie d'Aristote en 1624, cultiva également l'optique parallèlement à ses travaux d'astrologie. Il observait le ciel avec Pierre Gassendi.
En 1630, Morin se vit confier la chaire de mathématiques du Collège Royal, poste qu'il devait conserver jusqu'à sa mort.
Partisan déclaré du géocentrisme, Morin est surtout connu comme un ardent adversaire des idées de Galilée en astronomie ; il poursuivit d'ailleurs ses attaques même après la condamnation du célèbre savant florentin. Morin combattit également le système de Descartes, qu'il avait rencontré en 1638. Ces controverses isolèrent Morin de la communauté scientifique française, qui s'était majoritairement convertie au système de Copernic.
À en croire Morin, sa vie fut parsemée d'embûches et de tribulations. Il mourut de vieillesse à Paris, et fut inhumé dans l'église Saint-Étienne-du-Mont.
Le problème des longitudes
Morin proposa en 1634 sa solution au « problème des longitudes » : celle-ci était fondée sur la comparaison entre le temps apparent et le temps absolu, lequel était déduit de la position relative de la Lune par rapport au étoiles ; c'était, en somme, une variante de la méthode des distances lunaires. Morin apporta ses propres améliorations pour rendre cette approche efficace, comme l'amélioration des instruments de visée et la prise en compte de la parallaxe lunaire. Il dénigra la proposition de Frisius d'utiliser une horloge de précision embarquée : « J'ignore si le Malin peut réussir à fabriquer une horloge à longitude, mais ce serait folie pour l'homme de s'y essayer »[1].
Devant les enjeux que représentaient ces recherches pour la marine, le Cardinal de Richelieu envisagea de récompenser Morin, mais nomma un comité d'évaluation pour s'assurer de l'intérêt des propositions du professeur de mathématiques. Le comité, composé de Jean de Beaugrand, d'Étienne Pascal, Claude Mydorge et Pierre Hérigone, formula d'emblée diverses objections à Morin, qui indiquaient que le procédé, fondé scientifiquement, n'était simplement pas praticable. La controverse dura cinq ans, Morin refusant de se rendre aux conclusions de ses juges : il suffisait, selon lui, d'améliorer les méthodes de résolution des triangles sphériques ainsi que les tables lunaires. Dans le cours de son argumentation, il en vint à proposer la création d'un observatoire astronomique à Paris.
Finalement, en 1645, le Cardinal de Mazarin, successeur de Richelieu, accorda une pension de 2 000 livres à Morin pour ces travaux d'astronomie nautique.
L'astrologue
Vers la fin de sa vie, Morin compila un grand traité d'astrologie en latin, l’Astrologia Gallica, qui ne parut qu'après sa mort. Les 26 livres que comprend cet ouvrage, publié à La Haye en 1661 en un volume in-folio de 850 pages, abordent l'astrologie dite judiciaire [2]:
- horoscopes individuels,
- astrologie politique[3],
- astrologie délibérative
ainsi que la prévision météorologique.
Les passages plus techniques consacrés au calcul astrologique (par opposition aux présupposés théologiques de la discipline) ont été par la suite traduits ou paraphrasés aussi bien en français et en espagnol, qu'en anglais et en allemand. Les astrologues anglais, en particulier, lui reconnaissent d'avoir étudié systématiquement les réalisations des faits promis dans les horoscopes historiques. Ses techniques reposaient sur les notions de « direction », de « retour » et de « passage » des planètes.
Dans ses tentatives de rationaliser sa pratique, Morin remit en question une bonne partie des techniques de l'astrologie traditionnelle, notamment l'astrologie de Ptolémée. D'un autre côté, il se dépensa sans compter pour promouvoir sa propre technique de prise en compte des directions in mundo des astres, fondée sur les travaux antérieurs de Regiomontanus. Dans son Astrologia Gallica, il produit divers exemples de prédiction d'événements qui n'auraient pu être prédits avec exactitude qu'avec cette méthode.
Œuvres
Quelques œuvres de Morin sont disponibles sur Gallica.
- Famosi problematis de telluris motu vel quiete hactenus optata solutio, impr. Pierre Ménard, Paris, 1631 ; 1657
- Longitudinum terrestrium et caelestium nova et hactenus optata scientia, impr. Jean Libert, Paris, 1634
- Response de Iean Baptiste Morin à une longue lettre de Monsieur Gassend, prevost en l'église épicopale de Digne, & professeur du roy aux mathématiques. Touchant plusieurs choses belles et curieuses de physique, astronomie, & astrologie, Paris, Macé Boüillette, Jean Le Brun, 1650
- Remarques astrologiques sur le commentaire du Centiloque de Ptolémée par Nicolas de Bourdin Paris 1657 chez Pierre Ménard
- Astrologia Gallica principiis et rationibus propriis stabilita atque in XXVI libros distributa, libr. Adriaan Vlacq, La Haye, 1 vol. in-fol. I–XXI + 850 p., 1661.
- trad. partielle : Jean Hiéroz, L'astrologie mondiale et météorologique de Morin de Villefranche, trad. du livre XXV, Leymarie, 1946, 176 p.
- Henri Selva, La Théorie des déterminations astrologiques de Morin de Villefranche (conduisant à une méthode rationnelle pour l'interprétation du thème astrologique) (Bodin 1902), Éditions Traditionnelles, Paris, 1976 - Traduction partielle des livres XXI et XXVI de Astrologia Gallica, traduits et présentés par Henri Selva, préface par André Barbault
- Ma vie devant les astres, collationné dans Astrologia Gallica et traduit par Jean Hieroz avec les reproductions de 39 thèmes originaux de Morin, Cahiers astrologiques, 1943.
Études sur Morin
- Biographie anonyme : La Vie de maistre Jean-Baptiste Morin, docteur en médecine et professeur royal aux mathématiques à Paris (1660)
- Jean Hiéroz, L'astrologie selon Morin de Villefranche, quelques autres et moi-même, 2e édition remaniée et augmentée, Éditions Omnium Littéraire, 1962.
- (en) Lynn Thorndike, A history of magic and experimental science, vol. VII : The seventeenth century part I, 1958, 695 p. Chap. XVI Morin's Astrologia gallica [2]
Notes et références
- [1] Cf.
- judiciaire parce qu'elle permet de prendre des décisions en émettant des jugements sur l'avenir
- astrologie mondiale appelée aujourd'hui
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jean-Baptiste Morin » (voir la liste des auteurs)
Sources
- (en) Longitude
- (en) The Galileo Project
Lien externe
- (en) Thomas Callanan, Une présentation du traité d'astrologie de Jean-Baptiste Morin
Catégories :- Mathématicien français
- Astronome
- Astronome français
- Astrologue
- Professeur au Collège de France
- Naissance en 1583
- Décès en 1656
- Naissance à Villefranche-sur-Saône
Wikimedia Foundation. 2010.