- James Angleton
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James Jesus Angleton (9 décembre 1917 - 11 mai 1987) est un américain, surtout connu pour son rôle de chasseur d'espion (en) qu'il effectua à la CIA.
Sommaire
Biographie
Son père, d'abord militaire fait une carrière dans le civil dans la NCR Corporation, compagnie de caisses enregistreuses qu'il représente en Italie dont il admire le dirigeant Benito Mussolini (féru de poésie, son fils étudiant en littérature et en droit à Yale et Harvard se liera avec le poète antisémite et fasciste Ezra Pound)[1].
Angleton intégre pendant la Seconde Guerre mondiale le nouvel OSS formé alors par les membres du MI6 : il est initié au métier par l'agent double Kim Philby avec qui il sympathise. Lieutenant à l'OSS, il participe à l'opération Paperclip et contribue notamment à la victoire des chrétiens-démocrates (financement de journaux et syndicats) aux dépens des communistes aux élections de 1948 en Italie ou à y former des agents du réseau Gladio[1]. Remarqué à Washington, il intègre en 1949 la jeune CIA à l'OSO, Office des Opérations Spéciales, assure la liaison avec le renseignement israélien, avant de créer le Bureau de contre-espionnage de l'agence. Il réussit, à travers le service de renseignement israélien, à dérober un texte dénonçant les crimes de Staline. Il remet ce texte à Allen Dulles qui le fait publier un an plus tard dans le New York Times, révélant au monde entier les crimes de Staline encore inconnus à l'époque.
Il est à la tête du contre-espionnage américain de 1954 à 1974, avant d'être démis de ses fonctions pour avoir fait preuve de trop de zèle. En effet, sa paranoïa instaure un climat délétère au sein de la CIA : Angleton surveille tout le monde et traque la moindre trace de pro-communisme. Il va jusqu'à soupçonner Joseph McCarthy, dont l'anticommunisme zélé lui semble suspect. Cette paranoïa pourrait être due à la découverte du fait que son vieil ami Kim Philby, membre du MI6 au bureau de liaison de Washington, était en réalité un membre infiltré du KGB. Certains spécialistes du renseignement considèrent qu'il aurait été lui même un agent double[2].
Par la suite, sa paranoïa déclenche chez lui une obsession à voir des agents doubles de partout, notamment au sein de l'administration américaine, à commencer par le secrétaire d'Etat Henry Kissinger qu'il soupçonne d'être sous influence soviétique. Ses doutes le portent au-delà de l'Atlantique, notamment sur le directeur des services de renseignement extérieurs français Paul Grossin (aidé de Philippe Thyraud de Vosjoli, il donne foi aux révélations du transfuge soviétique Anatoli Golitsynil qui considèrent que le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage est noyauté par le KGB, ce qui déstabilise le SDECE), et même sur le Premier ministre britannique Harold Wilson. Il en vient également à penser, sur le plan des relations internationales, que le clivage entre l'URSS et la Chine n'est qu'un simulacre pour intoxiquer les États-Unis. Le directeur de la CIA William Colby se débarrasse de cet élément au passé lourd en le portant pour responsable des évènements noirs de l'opération CHAOS.
Durablement affecté voire discrédité par la disparition, en 1978, dans d'étranges circonstances de John Paisley, un de ses agents chargés de débusquer les agents doubles, cet homme distingué toujours vêtu de noir (il est surnommé le « fantôme gris » par ses collègues de la CIA) reste considéré comme un des membres les plus célèbres du contre-espionnage américain.
Passionné par la pêche à la mouche et les orchidées dont il remporte des concours dans les salons spécialisés, il est surnommé « l'homme aux orchidées ». Le surnom de « Mother » est entièrement apocryphe.
Inspiration médiatique
Robert De Niro s'inspire de sa vie dans son film Raisons d'État (2007), où Angleton est interprété par Matt Damon. Gérald Arboit a rédigé une biographie en français, James Angleton le contre-espion de la CIA (Paris, Nouveau Monde Edition, 2007).
La mini-série The Company, tirée du roman éponyme de Robert Littell, est diffusée sur la chaîne américaine TNT à l'été 2007. Elle fait la part belle à James Angleton, interprété cette fois ci par Michael Keaton.
Notes et références
- Patrick Pesnot, émission Rendez-vous avec X sur France Inter, 26 avril 2003
- Roger Faligot et Rémi Kauffer, Les maîtres espions, Robert Laffont, 1994
Bibliographie
Genovefa E. et Moniquet C., Histoire de l'espionnage mondial, Bruxelles, Éditions Luc Pire, 2001
Catégories :- Personnalité de la Central Intelligence Agency
- Espion de la Guerre froide appartenant à la CIA
- Naissance en 1917
- Décès en 1987
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