Jacques Francois Blondel

Jacques Francois Blondel

Jacques-François Blondel

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Jacques-François Blondel
Naissance 8 janvier 1705
Rouen, France
Décès 9 janvier 1774 (à 69 ans)
Paris, France
Nationalité France France
Profession(s) Architecte

Jacques-François Blondel, à Rouen le 8 janvier 1705 et mort à Paris le 9 janvier 1774, est un architecte, urbaniste et théoricien français.

« A minor architect, but also a very influential writer and theorist[1] » suivant la formule de Nikolaus Pevsner.

Jacques-François Blondel fut le grand professeur darchitecture du XVIIIe siècle. Une première fois refusé par lAcadémie royale d'architecture, il compense en ouvrant une école privée darchitecture, l'École des Arts (1743) qui fermera deux fois, puis rouvrira (1747 et 1754) avant dêtre mise en faillite en 1754. Suivant le récit de Pierre Patte : « Avant 1740, il ny avoit pas dÉcole à Paris un jeune Architecte pût se former, & apprendre tout ce quil lui importoit de savoir, le Dessin de lArchitecture, de lOrnement & de la Figure, la Perspective, les Mathématiques, la Coupe des Pierres, le Toisé, & enfin tous les détails qui concernent la construction des bâtimens. Il falloit quil se transportât successivement chez différents Maîtres pour sinstruire de chacun de ces objets, ce qui allongeoit beaucoup ses études, & faisoit, quaprès lexercice du dessin, il négligeoit le plus souvent tout le reste. Ce furent ces réflexions qui engagerent M. Blondel à former une École des Arts… » (Avertissement à la publication du tome V du Cours dArchitecture de J-F. Blondel, Paris, 1777.)

Enfin reçu à lAcadémie royale d'architecture en 1755, Jacques-François Blondel deviendra le professeur de lÉcole de lAcadémie en 1762, succédant à l'architecte Loriot. Cette reconnaissance institutionnelle lui ouvre les portes de la commande publique : hôtel de ville et place dArmes[2] de la ville de Metz (1761) transformée en 1905 par Paul Tornow, plans daménagement de la ville de Strasbourg (1767).

Sommaire

Théorie

Si Jacques-François Blondel souhaitait « moderniser » lenseignement de larchitecture, le moins quon puisse dire est que ses références sont pour le moins archaïques. Son architecte de référence est François Mansart, mais rien nest dit, par exemple, à propos des architectes contemporains, comme Jacques-Germain Soufflot dont les projets et travaux pour léglise Sainte-Geneviève (futur Panthéon) sont contemporains de son professorat. De même, rien nest dit sur Laugier. « Il est un autre moyen darriver à lexcellent ; il consiste à remonter à la source, en imitant François Mansart, en étonnant comme Perrault, en créant comme Jules Hardouin-Mansart, en plaisant comme Bullet, & non en affectant le faste des ornements Arabes ou Egyptiens, & une similitude de membres dArchitecture, souvent si peu faits pour aller ensemble. Sils parviennent à goûter ces vérités, ils se persuaderont bientôt, quon peut faire encore, sinon du neuf, du moins des productions très-estimables. »[3] On ajoutera à cette collection certes tout à fait respectable, mais, encore une fois, un peu datée, François Blondel, Germain Boffrand et Libéral Bruant. Autrement résumé, notre Blondel arrête son corpus de référence, tant théorique que édificiel, en 1730. Cest dailleurs une des choses que lui reprochera son élève le plus connu, Claude Nicolas Ledoux, dans les pages centrales de LArchitecture considérée

Cela est dautant plus étrange que Blondel est un des membres la «  société des gens de lettres » qui, sous la direction de Diderot et d'Alembert, s'occupent à rédiger lEncyclopédie. DAlembert le présente ainsi : « LArchitecture [est] de M. Blondel, Architecte célèbre, non seulement par plusieurs Ouvrages quil a fait exécuter à Paris, & par dautres dont il a donné les desseins, & qui ont été exécutés chez différens Souverains, mais encore par son Traité de la Décoration des Edifices, dont il a gravé lui-même les Planches qui sont très-estimées. On lui doit aussi la dernière édition de Daviler, & trois volumes de lArchitecture Françoise en six cens Planches : ces trois volumes seront suivis de cinq autres. Lamour du bien public & le desir de contribuer à laccroissement des Arts en France, lui a fait établir en 1744 une école dArchitecture, qui est devenue en peu de tems très-fréquentée. M. Blondel, outre lArchitecture quil y enseigne à ses éleves, fait professer dans cette école par des hommes habiles les parties des Mathématiques, de la Fortification, de la Perspective, de la Coupe des Pierres, de la Peinture, de la Sculpture, etc. relatives à lart de bâtir. On ne pouvoit donc, à toutes sortes dégards, faire un meilleur choix pour lEncyclopédie. »

Hormis quelques erreurs factuelles, titres, année de fondation de lÉcole des Arts, attribution de la dernière édition de dAviler (qui est de Mariette, mais peut-être Blondel a-t-il gravé ou re-gravé des planches), la présentation est évidemment fort élogieuse. Ceci est bien idéalDébordé par la tâche, ou peu intéressé à loccasion, Blondel puise abondamment chez dAviler, erreurs comprises[4]Il disparaîtra de lentreprise après la publication du volume VII (1757), sans doute parce que ne craignant que les dangers, sa récente élection à lAcadémie dArchitecture (et donc son accès à la commande) lui interdisent tout risque ultérieurLes articles les mieux construits indiquent que lensemble sans doute avait été imaginé, sinon rédigé, si lon se base sur les renvois proposés

La rupture de 1757 donnera la main à Louis de Jaucourt, chevalier, infatigable, mais peu au fait des choses de larchitecture. Cest lui qui rédigera par exemple les très indigents articles sur les ordres ou sur la situation (mot alors employé pour site). Parmi les autres collaborateurs, Goussier (§ « Coupe des pierres », Dezallier dArgenville laîné pour ce qui concerne les jardins, ou labbé Mallet pour le dessin des églises).

Reste néanmoins de cette contribution, par exemple, l'article « décoration » qui, dans les faits, vaudrait presque pour résumé de sa doctrine :

« Décoration. On entend sous ce nom la partie de lArchitecture la plus intéressante, quoique considérée comme la moins utile relativement à la commodité & à la solidité. En effet combien dédifices publics & particuliers la décoration devient peu nécessaire, tels que les casernes, les hôpitaux, les manufactures, les marchés & autres bâtimens oeconomiques, élevés dans les villes pour la retraite des gens de guerre, le soulagement des pauvres, la facilité du commerce, ou pour lhabitation des citoyens destinés au trafic, aux arts méchaniques, etc ? Plus il nous seroit aisé de démontrer linutilité de la décoration dans les bâtimens que nous venons de nommer, & plus néanmoins il doit paroître important que la décoration que nous entendons ici, soit de toute beauté, puisquelle est destinée à caractériser les édifices sacrés, les palais des souverains, la demeure des grands seigneurs, les places publiques, les arcs de triomphe, les fontaines, les théatres, etc. qui ne peuvent sattirer le suffrage des nations étrangeres, que par les embellissemens que leur procurent la décoration des dehors & la magnificence des dedans… »

La décoration, quoique la moins utile, est la partie la plus intéressante de lArchitecture. Les deux maîtres-mots sont embellissement et caractère. Cest surtout dans cette théorie du caractère (« Ce mot pris dans un sens général ; signifie une marque ou une figure tracée sur du papier, sur du métal, sur de la pierre, ou sur toute autre matiére, avec la plume, le burin, le ciseau, ou autre instrument, afin de faire connoître ou de désigner quelque chose. »[5] ; « Les beaux-arts qui présentent à notre réflexion les objets visibles & invisibles de la nature, doivent désigner chacun deux de manière quon connoisse à quel genre il appartient, & par quelle propriété il se distingue de tout autre objet de son espece. Le talent de démêler avec précision les traits caractéristiques, fait donc une des parties capitales de lart. » [6]) que Blondel porte son effort théorique

Lédifice doit annoncer sa destination, cest ce que Germain Boffrand a été le premier à affirmer :

« LArchitecture, quoiquil semble que son objet ne soit que lemploi de ce qui est materiel, est susceptible de differens genres qui rendent ses parties, pour ainsi dire, animées par les differens caracteres quelle fait sentir. Un Édifice par sa composition exprime comme sur un Théatre, que la scene est Pastorale ou Tragique, que cest un Temple ou un palais, un Edifice public destiné à un certain usage, ou une maison particuliere. Ces differens Edifices par leur disposition, par leur structure, par la maniere dont ils sont décorés, doivent annoncer au spectateur leur destination ; & sils ne le font pas, ils pechent contre lexpression, & ne sont pas ce quils doivent être. »

— Germain Boffrand, Livre dArchitecture, p. 16.

Et cest par cette théorie du caractère que lon peut sinon transgresser les règles de lArchitecture, du moins les adapter, comme lavance encore Boffrand, disant ainsi que les proportions seules peuvent suffire : « Ces ordres dArchitecture, dont les progressions montent du rustique au sublime, ont des proportions relatives à leur caractere & à limpression quelles doivent faire : chacun de ces trois ordres a une élégance qui convient à son espece uniquement, & ne convient pas à un autre (…) Il nest pas toujours necessaire pour faire sentir ces caracteres differents, demployer dans les édifices des colomnes & des pilastres avec leur entablement… »[7]

Avec Blondel, on est déjà dans les prémisses de ce que lon appellera plus tard larchitecture parlante, dont les adeptes majeurs seront Étienne-Louis Boullée (« Jappelle caractère leffet qui résulte de cet objet, et cause en nous une impression quelconque. »[8] ou Claude Nicolas Ledoux : « Toutes les différentes espèces de productions qui dépendent de lArchitecture devant porter lempreinte de la destination particuliere de chaque édifice, tous doivent avoir un caractere qui détermine leur forme générale, & qui annonce la bâtiment pour ce quil est. »[9] « On dit, en parlant dun bâtiment, que son Architecture est symbolique, quand le style qui caractérise sa décoration puise dans le motif qui a fait ériger lédifice… »[10]

Comme le dira à la fin du XVIIIe siècle Quatremère de Quincy, au début de larticle éponyme quil insère dans le « Dictionnaire dArchitecture » de lEncyclopédie Méthodique : « Caractère, s.m. Il est peu de mots dun usage plus fréquent & plus familier que celui qui va faire le sujet de cet article. Il en est peu aussi qui aient éprouvé dune manière plus sensible linfluence de lusage. » Cet article est le plus long (150 000 signes environ) présent dans ce dictionnaire.

Principales réalisations

Publications

Diverses publications théoriques et pratiques :

Postérité

Quelques élèves de Jacques François Blondel :

Notes

  1. « Architecte mineur mais également écrivain et théoricien de grand poids. »
  2. a et b Places et Monuments, Institut Français d'Architecture, p. 124-126, coll. Mardaga, Liège, (1984).
  3. « Observations sur différentes parties de lArt », § 1, Cours dArchitecture, IV
  4. Comme le souligne, par exemple, Jean-Baptiste Rondelet, « Dictionnaire dArchitecture », Encyclopédie Méthodique, § Butter : « On a mal défini ce mot dans le premier dictionnaire encyclopédique, en disant que cest par le moyen dun arc ou pilier buttant entretenir ou empêcher la poussée dun mur. Un mur est fait pour résister à la poussée, & jamais pour loccasionner. Cest pourquoi il a besoin, dans certaines circonstances dêtre soutenu. Ainsi on devoit dire : cest par le moyen dun arc ou pilier buttant empêcher la poussée dune voûte ou lécartement dun mur. Tous ceux qui ont copié le dictionnaire de Daviler, tels que Corneille, Roland Le Virloys, Blondel, &c., ont fait la même faute.».
  5. dAlembert, Encyclopédie
  6. Sulzer, Encyclopédie
  7. Germain Boffrand, Livre dArchitecture, p. 25.
  8. Étienne-Louis Boullée, Essais, f. 84
  9. Blondel, Cours dArchitecture, II, p. 229
  10. Blondel, Cours dArchitecture, I, p. 410.
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