- Hédonisme philosophique
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Hédonisme
L'hédonisme (du grec ancien : ήδονη (hédonê) plaisir, et du verbe ήδομαι (hédomaï) se réjouir, d'après lequel sont formés les adjectifs ήδύς, ήδεϊα et ήδύ ; hédus, hédeïa, hédu ; doux, agréable ou aimable) est une doctrine philosophique selon laquelle la recherche du plaisir et l'évitement du déplaisir constituent des impératifs catégoriques.
Sommaire
Acceptions possibles
Hédonisme comme pensée philosophique
Les plaisirs de l'existence, multiples, varient selon les individus et selon leur éducation. Les penseurs hédonistes ont orienté leur vie en fonction de leurs dispositions propres, mais on retrouve des thèmes communs : l'amitié (thème cher à Épicure), la tendresse, la sexualité libre, les plaisirs de la table, la conversation, une vie constituée dans la recherche constante des plaisirs (cf. Le Gorgias de Platon), un corps en bonne santé. On peut aussi trouver la noblesse d'âme, le savoir et les sciences en général, la lecture, la pratique des arts et des exercices physiques, le bien social...
Dans le même temps, les douleurs et les déplaisirs à éviter sont les relations conflictuelles et la proximité des personnes sans capacités contractuelles (sans paroles), le rabaissement et l'humiliation, la soumission à un ordre imposé, la violence, les privations et les frustrations justifiées par des fables, etc.Ainsi, il n'y a pas d'hédonisme sans discipline personnelle, sans ascèse, sans connaissance de soi, du monde et des autres. Les fondations directes d'une philosophie hédoniste sont la curiosité et le goût pour l'existence d'une part, et d'autre part l'autonomie de pensée (et non la croyance), le savoir et l'expérience du réel (au lieu de la foi). La pensée hédoniste a été fermement combattue par les régimes autoritaires (qu'ils soient religieux, philosophiques ou politiques).
Beaucoup de philosophes hédonistes, ou ayant une conception qui s'en rapprochait, ont tenu des postures athées ou agnostiques (Épicure), matérialistes (Démocrite), voire anarchiste (Michel Onfray, revendiquant la société socialiste libertaire comme la modalité politique de l'hédonisme).
D'après Michel Onfray, l'hédonisme se résume par cette maxime de Chamfort : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà, je crois, toute la morale ».
Hédonisme vulgaire
Cette acception du terme hédonisme a pour origine la lutte entre les différents courants de pensée en Occident. L'avènement du christianisme, puis de la philosophie allemande, comme courants de pensée dominants a eu pour conséquence directe que les dictionnaires, les enseignements et l'histoire des philosophies ont été rédigés par des tenants de cet ordre dominant. Ainsi, comme la philosophie matérialiste antique, le cynisme ou l'utilitarisme du XIXe siècle, l'hédonisme a été caricaturé et déformé dans le but de lui donner une image commune repoussante sans souci de véracité philosophique et historique. Le philosophe suisse Jean-Philippe Bloch a conceptualisé par le biais d'une application en ligne d'un test dit de Pureté, les potentialités individuelles à l'hédonisme de chacun et mis en évidence la propension aux peuples de l'Ouest à l'hédonisme.réf. à confirmer : [1]
Hédonisme en ethnologie
« Hédonistique » est un adjectif créé par des ethnologues pour désigner les sociétés dans lesquelles les interactions sont destinées à les prolonger ou à en établir, en contraste avec les sociétés agonistiques où les interactions sont orientées à les interrompre ou les diminuer.
Histoire
La doctrine est associée notamment dans l'Antiquité à Aristippe de Cyrène et au Cyrénaïsme, mais aussi à Épicure, bien que leurs définitions du plaisir soient différentes.
Épicure rappelle qu'un plaisir excessif actuel doit être évité s'il conduit à une douleur future alors que les Cyrénaïques insistaient sur le fait que le plaisir est toujours le but présent de l'action, même si cette fin est relativisée et se modifie dans le temps.
Jeremy Bentham, le fondateur de l'utilitarisme, le comprenait comme un « calcul hédoniste », qui devait systématiser l'idée de mesure des plaisirs dans le Philèbe de Platon. Ce calcul constitue une des bases des modélisations dans la théorie de la décision.
John Stuart Mill, qui reprit la doctrine utilitariste, reprocha ensuite à Bentham de ne pas avoir donné de hiérarchisation qualitative de la nature des plaisirs. Mais une telle hiérarchisation fait sortir de l'hédonisme pour y introduire d'autres valorisations et d'autres fins (comme celle de « vie bonne pour l'homme », qui recherche une valeur du bonheur en plus des plaisirs).
Notes et références
- ↑ Jean-Philippe Bloch, De l'hédonisme à l'âge du cyber, L'Harmattan, 2006réf. à confirmer :
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Philèbe, Platon
- Lettre à Ménécée, Épicure
- L'invention du plaisir, Michel Onfray
- Contre Histoire de la philosophie Michel Onfray
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