Homarus

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Homard

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Homarus
 Homard européen (Homarus gammarus)
Homard européen (Homarus gammarus)
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Arthropoda
Sous-embr. Crustacea
Classe Malacostraca
Sous-classe Eumalacostraca
Super-ordre Eucarida
Ordre Decapoda
Sous-ordre Pleocyemata
Infra-ordre Astacidea
Super-famille Nephropoidea
Famille Nephropidae
Sous-famille Nephropinae
Genre
Homarus
Weber, 1795
 Homard américain (Homarus americanus)

Homard américain (Homarus americanus)

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Le homard est un crustacé décapode, vivant dans la mer. Le genre Homarus comprend deux espèces :

  • le homard européen (appelé en France, homard breton) - Homarus gammarus (Linnaeus, 1758) ;
  • le homard américain (appelé aussi homard canadien) - Homarus americanus (H. Milne Edwards, 1837).

Le homard se distingue facilement de la langouste par la présence d'énormes pinces et une carapace moins épineuse. Les écrevisses, vivant dans les eaux douces, sont les espèces qui lui ressemblent le plus, mais plus petites (bien qu'il existe en zone tropicale des écrevisses assez grandes pouvant évoquer la couleur et la forme d'un jeune homard).

C'est une espèce qui est en forte raréfaction dans l'hémisphère nord depuis l'après-guerre, suite à la surpêche et probablement à la pollution marine. On ne dispose pas de données permettant d'évaluer les densités de homards en Europe depuis le moyen-âge, mais sur la côte nord Atlantique des États-Unis, le homard était encore si commun aux XVIIe et XVIIIe siècles qu'il était considéré comme une nourriture pour les pauvres. Selon les chroniqueurs de l'époque, c'était même l'aliment offert gratuitement aux veuves, orphelins, fonctionnaires et prisonniers. Il arrivait qu'on le prenne en si grande quantité à la pêche ou après des tempêtes (échouage sur le rivage) qu'on ne lui trouvait d'autre usage que d'en faire de l'engrais pour les champs et les jardins. Le Massachusetts a même voté une loi interdisant son utilisation plus que deux fois par semaine - manger du homard presque tous les jours de la semaine (comme du saumon d'ailleurs) était alors considéré comme un châtiment inutilement cruel (généralement infligé aux prisonniers, aux esclaves et aux domestiques).
Les révolutionnaires américains insultaient les soldats britanniques à l'uniforme rouge en les traitant de "lobsterback"[1]. Le homard, plus vite encore aux États-Unis qu'en Europe et dès le XIXe siècle, s'est alors raréfié. On a commencé à manger les petits homards à peine matures, les grands individus ayant presque disparu et il est devenu - comme en Europe - un aliment rare et cher, en particulier aux périodes de forte demande.
La pêche aux homard s'est mécanisée dans la seconde moitié du XXe siècle et est localement devenue industrielle, avec quelques tentatives de pisciculture et même d'élevage conservatoire à fin de réintroduction dans la nature.

Sommaire

Étymologie et classification

En raison de sa carapace dure, mais souple (crusta en latin) le homard a été classé avec les crustacés. Ses dix pattes expliquent qu'il soit classé dans l'ordre Decapoda (« 10 pieds » en latin, signifiant dix pieds). Le nom de sa sous-classe ; Malacostraca signifie que son exosquelette chitineux est plus souple que ceux des mollusques qui ont une coquille parfois très solide, mais toujours cassante.

Histoire et culture

Il est représenté et décrit dès l'antiquité en Europe. Il a été utilisé de manière médicinale au Moyen Âge et à la Renaissance. Torréfié et réduit en poudre, puis dissous dans du vin, il a servi à traiter diverses maladies urinaires et comme purge des calculs rénaux. Sa chair a été considérée comme diurétique (cuite en bouillon), son gastrolithe (une masse riche en calcium qu'on trouve dans l'estomac des homards se préparant à muer) utilisé pour traiter les inflammations oculaires et comme un remède pour des maux d'estomac et l'épilepsie.

Sa carapace ou celle d'autres crustacés semble avoir inspiré certaines armures. Vers 1630, un nouveau casque turc, le Zischägge, ou « queue de homard », a ainsi été utilisé en Europe de l'Est, caractérisé par des plaques d'acier se chevauchant sur le cou, fournissant à la fois protection et aération. La partie frontale de ce casque possédait aussi une barrette nasale réglable, qui évoque l'épine frontale du homard.

Biologie

Le homard affectionne les mers froides, au contraire de la langouste dont l'aire de répartition s'étend plus au sud. L'aire de répartition du homard est très large, sur la quasi-totalité des côtes nord-atlantiques, du côté européen, comme du côté américain. Le homard vit du bas de la zone infra-littorale (à la limite des zones découvertes aux grandes marées, sous les rochers où il a creusé ou trouvé un « terrier »), jusqu'à environ 50 et exceptionnellement 60 mètres de profondeur.

Une femelle pond jusqu'à 100 000 œufs au cours de sa vie (jusqu'à une cinquantaine d'année pour les spécimens les plus âgés, rarement trouvés), en plusieurs portées, qu'elle « couve » plusieurs mois sous son abdomen avant leur éclosion. Mais de nombreuses femelles sont pêchées jeunes (en moyenne, elles n'ont vécu qu'un dixième de leur espérance maximale de vie, c'est-à-dire alors qu'elles ne pondent pas encore beaucoup d'oeufs et qu'elles se sont peu reproduites.

Larve de Homarus gammarus

La larve, minuscule (quelques mm), mène une vie planctonique au début de son existence, où elle est la proie de nombreux animaux marins, puis elle subit une mue de métamorphose et se pose sur le fond (vie benthique). Le homard juvénile subit une vingtaine de mues de croissance avant d'atteindre l'âge adulte, vers l'âge de quatre ou cinq ans.

Après avoir atteint la maturité sexuelle, le homard, comme la plupart des crustacés, continue de muer régulièrement (en général une fois par an ou tous les deux ans, voire plus pour les plus gros). Il peut mesurer 50 cm et peser 4 kg, en atteignant souvent une quarantaine d'années. Le plus gros homard jamais mesuré a été capturé en Nouvelle-Écosse (Canada) en 1977 et pesait près de 20 kg pour une taille comprise entre 90 et 120 cm. Son âge fut estimé à environ 100 ans.

Pêche et élevage

Cette espèce était appréciée au Moyen Âge et à la Renaissance, et probablement antérieurement (il est décrit par des textes romains de l'antiquité et représenté sur des mosaïques de cette époque). Il a été considéré dans certaines cultures comme encourageant la virilité masculine et/ou la capacité des femmes à concevoir, mais il n'était pas comme aujourd'hui considéré comme un plat de luxe.

Parce qu'il se déplace généralement sur des fonds rocheux, le homard est plus facile à capturer à l'aide de casiers, manipulés à partir de caseyeurs. Les chalutiers en prennent parfois sur les fonds sableux, lorsqu'il effectue des migrations. On peut aussi le pêcher à pied lors des grandes marées. La pêche sous-marine en apnée et sans tirer au fusil est autorisée en France.

La taille légale de pêche en France est de 23 cm au minimum, ce qui correspond à un animal d'environ 5 ans.Au Îles de la Madeleine, la taille légale pour la pêche commerciale est de 83 mm entre l’orbite de l’œil au céphalo-thorax soit en suivant ligne médiane parallèle au corps du homard.

Le Canada a fait une véritable industrie de la variété dite « canadienne ». Shédiac (Nouveau-Brunswick) se présente comme la capitale mondiale du homard. Au Québec, le port de Grande-Entrée aux Îles de la Madeleine est le plus grand port de pêcheurs d’ homard de la province avec plus de 115 embarcations. Les Îles de la Madeleine représentent à eux seuls plus de 70% des débarquements de homards au Québec. C'est le produit de la mer que ce pays exporte le plus. Relativement moins cher que la variété européenne, il est en concurrence avec la langouste de Cuba.

Malheureusement, on pêche le homard en excès (surpêche), ce qui le raréfie et rend son coût de plus en plus élevé, ce coût incitant également à la surpêche. Pour éviter une extinction des espèces, quelques mesures de gestion des stocks ont été prises et certaines zones interdites à la pêche.Les Madelinots appliquent présentement le plan de conservation de la ressource 2006-2010 qui consiste, entre autres, à diminuer leur nombre de casiers de 3 par année durant cette période. On a constaté qu'une recolonisation était possible dans un milieu constitué de récifs artificiels servant d'habitat.

Les méthodes d'élevage, bien que maîtrisées (expériences en France, Espagne, Norvège), coûtent malheureusement beaucoup trop cher pour être rentables, du fait de la longueur du développement nécessaire avant d'obtenir un animal de taille correcte. Des « fermes » expérimentales - en Norvège - cherchent à accélérer sa vitesse de croissance, et travaillent également au repeuplement (élevage conservatoire) ou à des réintroductions locales.

Gastronomie

Plat à base de homard.

La chair du homard est réputée et il est considéré comme le plus fin des crustacés, devançant la langouste. Pour les connaisseurs, les deux espèces de homard n'ont pas tout à fait la même saveur. En France, les homards de première qualité se trouvent en Bretagne et dans la Manche, le plus réputé étant le « homard bleu », sauvage, d'Audresselles, du détroit du Pas-de-Calais devenu très rare ainsi que le fameux homard de Carteret[2].

Il ne faut pas décongeler un homard, mais plutôt le plonger dans l'eau bouillante pendant quelques minutes afin d'en préserver toute la saveur. Quand on achète un homard non-congelé, il faut s'assurer qu'il est toujours bien vivant, car il perd très rapidement sa saveur. Une fois sorti du bassin d'eau, l'arthropode doit replier brusquement sa queue sur son corps (c'est son réflexe de fuite). La fraîcheur se remarque aussi à l'œil noir et brillant du crustacé, ainsi qu'à sa bonne odeur.

Ce produit de la mer est riche en potassium et en zinc, et c'est sa « queue » (qui est en fait l'abdomen), qui renferme le plus d'éléments nutritifs. Les autres parties comestibles sont les pinces, les pattes, le corail et le foie verdâtre (tomalli). La chair est maigre et savoureuse. Le homard se déguste chaud ou froid mais toujours cuit, à la vapeur, dans l'eau (court-bouillon) ou sur le gril. Si on fait bouillir le homard, il faut lui percer la tête, une fois la cuisson terminée, pour vider le liquide contenu sous sa carapace. La plupart des amateurs accompagnent le homard de beurre à l'ail, de citron ou de mayonnaise. On peut le manger tel quel, en aspic ou en salade, mais aussi en sauce au cidre, au vin, au champagne ou même à l'anis… Sa carapace parfume les bisques, les soupe de poissons, les ragoûts ou les sauces.

Un prédateur bioaccumulateur de polluants

Le homard étant un prédateur vivant en outre sur le fond où les polluants lourds peuvent s'accumuler plus facilement, il peut bioaccumuler et bioconcentrer divers polluants marins, en particulier dans son foie. Le tomalley, souvent considéré comme un morceau de choix est fréquemment si pollué que diverses autorités nord américaines (dont le ministère de la Santé du Maine[3],[4]) déconseillent de le consommer ; sur le littoral du Maine, il contenait outre des métaux lourds d'organochlorés, dont de polychlorobiphényles (PCB) dépassant souvent les normes de la FDA (Food and Drug Administration), de même pour les homards pêchés dans les ports ou à proximité (Boston par exemple)[5],[6].

De plus, le tomalley peut aussi avoir concentré des phycotoxines paralysantes[7], plus fréquentes dans les zones d'eutrophisation. Ces toxines peuvent provoquer une intoxication alimentaire chez l'homme. Santé Canada recommande de ne pas consommer plus de l’équivalent de deux tomallis par jour.
En sortie d'estuaires provenant de bassin agricoles, la mer est si polluée que se créent des zones marines mortes où les homards comme la plupart des autres grands crustacés ont totalement disparu. De ce point de vue les grands et vieux homards peuvent être considérés comme de bons bioindicateurs.

Astaxanthine

Homard bleu (Homarus gammarus)

Les homards ont dans leur corps un pigment appelé astaxanthine. Ce pigment rouge, que l'on trouve aussi dans les oranges notamment, est attaché à une protéine, la crustacyanine, de couleur bleue. Les deux molécules, groupées en paires, se croisent pour former un X dont les longueurs d'onde lumineuses « interféreraient ». Lors de la cuisson, ce lien se défait, ce qui libère l'astaxanthine et le homard passe du bleu-gris à une couleur pourpre.

Représentations artistiques

L'une des plus célèbres représentations picturales est la nature morte au homard d'Eugène Delacroix, peinte en 1827[8]. Pablo Picasso en a repris le thème en 1962 dans son tableau Nature morte, chat et homard.

Articles connexes

Notes et références

  1. The lobster conservancy (Conservatoire du homard, USA, consulté le 31 aout 2008)
  2. http://barnevillecarteret.webnode.fr/
  3. Maine Government. Department of Health and Human Services. Lobster Tomalley: No Consumption. Maine.gov [Consulté le 9 mars 2005].
  4. Massachussets Water Resources Authority. The State of Boston Harbor : Lobster meat shows little contamination, but the tomalley exceeds limits for PCBs. Mwra.state.ma.us Consultéle 9 mars 2005
  5. Ministère de la Justice Canada. Règlement sur l’inspection du poisson. Partie IV – Conserves de poisson. Laws.justice.gc.ca [Consulté le 9 mars 2005]. http://laws.justice.gc.ca
  6. New Brunswick Environmental Network. Brunswick smelter staff burn metal-laced lobster ; Northern N.B. mill pays fishermen to harvest tainted lobster. Dans: The Moncton Times, Canada, 2001. [http:://www.nben.ca Consulté] le 9 mars 2005]
  7. Pêches et Océans Canada. Phycotoxines paralysantes. [Pac.dfo-mpo.gc.ca Consulté le 8 mars 2005]
  8. Notice du tableau Nature morte au homard de Delacroix sur le site du musée du Louvre
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