Hippolyte de Villemessant

Hippolyte de Villemessant
Hippolyte de Villemessant
HippolyteVillemessant.jpg
Naissance 22 avril 1810
Rouen
Décès 2 avril 1879 (à 68 ans)
Monte-Carlo

Jean Hippolyte Auguste Delaunay de Villemessant, né le 22 avril 1810 à Rouen et mort le 2 avril 1879 à Monte-Carlo, est un journaliste français et patron de journaux dont Le Figaro.

Biographie

Un petit bourgeois plein de « volonté » et d’« ambition »

Fils du colonel Pierre Cartier et d’Augustine Louise Renée Françoise de Launay de Villemessant, Hippolyte de Villemessant débute sa carrière comme commerçant de rubans. Après la faillite de son affaire, il part s’installer comme inspecteur d’assurances à Tours, puis à Nantes.

Un inventeur de la presse moderne

Installé en 1839 à Paris, il lance un hebdomadaire de modes, de littérature, de théâtre et de musique intitulé La Sylphide, qui est imprégné du parfum de ses soutiens publicitaires. En 1841, il crée Le Miroir des dames, qui coule au bout de deux ans. En 1844, La Sylphide connaît le même destin[1]. En mai 1848, il récidive avec Le Lampion, qui dure trois mois. Le journal est renommé La Bouche de fer et vaut à son auteur une incarcération à la prison Mazas. En 1850, il lance La Chronique de Paris remplacée, après sa suppression, par La Chronique de France.

Ancien siège du Figaro à Paris

« Ce que j’avais voulu faire en fondant le Figaro, c’était créer un journal nouveau, essentiellement parisien, bien vivant, dans lequel serait accueilli toute nouvelle, toute polémique propre à lui infuser le mouvement qui manquait aux autres. »

Telle était l’inspiration d’Hippolyte de Villemessant lorsqu'il ressuscite, le 2 avril 1854, pour la dixième fois Le Figaro sous forme hebdomadaire : « Il avait fait deux fois faillite. Cela peut arriver aux plus honnêtes. Il n’avait plus à choisir qu’entre le suicide et la police correctionnelle. Il en était à cette minute de suprême angoisse où l’homme, qui se sent perdu, risque tout, même un crime. Il risqua plus qu’un crime, il risqua Le Figaro[2]. » disait Octave Mirbeau.

Il s’entoure de rédacteurs talentueux comme Eugène Caplas et innove : il crée des rubriques permanentes, dans lesquelles les lecteurs se retrouvent, et insère des brèves, une rubrique nécrologique et un courrier des lecteurs. Il est aussi l’instigateur de la rubrique « Échos », qui fait le succès du journal, avec force calembours, anecdotes, indiscrétions et potins qui donnent aux lecteurs l’impression d’appartenir à un public de privilégiés mis dans la confidence.

Il fit également du Figaro, le premier journal français à annoncer des cadeaux ou faveurs pour tout nouvel abonnement. Il émet alors à ses débuts des bulletins d’abonnement, dans les cafés, cercles, hôtels, restaurants, jusqu’aux bains et chez les dentistes, engageant le souscripteur à ne payer son service qu’à la fin de l’année. Ces abonnements s'appuient sur un principe commerciale aujourd'hui simple : faire croire à l’abonné que la souscription ne coûte (presque) rien. Afin d’asseoir le grand frère du Figaro, L’Evènement, un quotidien littéraire crée en novembre 1865 par Villemessant en personne, durant l’hiver 1866, Villemessant adressa à tout nouvel abonné, dans une corbeille de carton enjolivée, une douzaine de mandarines, fruits alors rares et chers.

En 1857, il lance le journal de modes La Gazette rose. En 1863, il lance L’Autographe. L’année suivante, il lance Le Grand journal. En novembre 1868, il lance le quotidien littéraire Le Diable à quatre.

Son ancien ami Henri Rochefort, parodiant la devise des Rohan lui attribuait la suivante : « Honnête ne peux, Probe ne veut, Vil me sens ! ».

Du 28 février au 4 mars 1871, la parution du Figaro est interrompue durant l’occupation de Paris par les troupes prussiennes. Le 30 mars 1871, la Commune supprime aussi le journal qui ne reparaîtra qu’avec le retour de Thiers.

Entre l’esprit politique et la satire

Menacé d'abolition pour avoir dérogé aux lois en vigueur en matière de presse, Le Figaro publie, dans son édition du 23 mars 1856 en première page, une sollicitation de demande de grâce, destinée au Prince impérial tout juste âgé de sept jours. La tournure fit sensation et plût à son père l’empereur Napoléon III, qui leva les condamnations contre la publication.

Jusqu’au milieu des années 1870 durant lesquelles Le Figaro se mua en quotidien sage, sérieux et de qualité, parce que bousculé par des journaux à bon marché qui firent dans l’évènement de bas étage et le sensationnel populaire. Le quotidien, fit beaucoup de mal pour le pouvoir en place, celui de Napoléon III, en affrontant les autorités et se moquant du pouvoir jusqu’aux limites les plus extrêmes, concrétisant avec fidélité sa devise : « Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer » (Beaumarchais).

Le patron de presse du beau monde

En octobre 1874, il est invité par son ami Jean-Baptiste Daloz à une partie de chasse dans son domaine du Touquet. Émerveillé par le décor qu’il qualifie d’« Arcachon du Nord », il donne l’idée au propriétaire de lotir une partie de son domaine, d’en faire une station balnéaire et de lui donner le nom de « Paris-Plage ». C’est ainsi qu’en 1882, Jean-Baptiste Daloz crée le premier lotissement (partie du Touquet aujourd’hui à l’ouest du boulevard Daloz). De retour à Paris, il écrit dans Le Figaro :

« À quatre kilomètres d’Étaples et à l’embouchure de la Canche, abritée par une forêt de sapins de 1 000 hectares, se trouve une plage plus belle que Trouville. Si Dieu me prête vie, je veux faire de ce pays un Arcachon du Nord. Avant peu le Touquet sera le rendez-vous favori de nos baigneurs parisiens et j’aurai résolu d’une façon pratique le fameux problème Paris-Plage ».

En 1875, Hippolyte de Villemessant cède la direction du journal à Francis Magnard.

Le 17 avril 1879, Le Figaro paraît encadré de noir : Hippolyte de Villemessant a été inhumé la veille au cimetière d’Auteuil. De nombreuses personnes se rendent à ses funérailles. Des écrivains comme Alphonse Daudet et Gustave Flaubert laissent un témoignage de la perte alors ressentie par le monde littéraire et politique.

Publications

  • Monsieur le Comte de Chambord et la France à Wiesbaden, 1850Texte en ligne
  • Les Cancans, petit almanach de la chronique de Paris, 1852
  • Mémoires d’un journaliste, 6 vol., 1872-1884 Texte en ligne 2 3 4 5 6

Notes


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