Hippolyte Fortoul

Hippolyte Fortoul
Hippolyte Fortoul

Hippolyte Nicolas Honoré Fortoul, à Digne le 13 août 1811 et mort à Bad Ems en Allemagne le 7 juillet 1856, est un homme politique, homme de lettres et historien français.

Sommaire

Biographie

Il commença ses études à Digne et les termina au collège de Lyon. Vers la fin de 1829, il vint à Paris et se fit connaître de bonne heure par diverses publications historiques et littéraires. Jeune critique de la Revue encyclopédique, dobédience saint-simonienne, il intervient en 1833 pour dénoncer le mauvais génie de la littérature, lart pour lart, et il reviendra vingt ans plus tard sur cette critique, mais dans un contexte différent alors quil est ministre. Il est nommé professeur de littérature française à la faculté de Toulouse en 1840 et devient doyen de la faculté dAix-en-Provence en 1846. Cest à ce moment quil commence ses recherches sur Sieyès, à partir de ses manuscrits inédits, recherches quil continuera de longues années encore sans publier pour autant son ouvrage, dont des parties manuscrites sont conservées aux Archives nationales.

Dopinions avancées dans sa jeunesse, il inclinait vers le socialisme saint-simonien et la république ; mais ses idées évoluèrent ensuite.

Il est élu en 1848 représentant à lAssemblée nationale ou il siége sur les bancs du parti de lÉlysée jusquà la fin de la IInde République et sy fait apprécier du prince Louis-Napoléon Bonaparte. Après un bref passage en tant que ministre de la Marine, celui-ci, en 1851, après le coup d'État du 2 décembre 1851, lappelle au ministère de lInstruction publique, poste quil conserve jusquà sa mort. Il est nommé sénateur en 1853.

Attaché à la modernisation de lenseignement, il développa létude des langues vivantes, de la gymnastique, et créa une section scientifique distincte de la section littéraire à partir de la classe de quatrième (cest ce quon a appelé la « bifurcation des études », réforme préparée par Urbain Le Verrier et Jean-Baptiste Louis Dumas). Mais on a surtout retenu de son administration la mise au pas de lUniversité : il supprima linamovibilité des professeurs de faculté et révoqua des opposants tels que Victor Cousin, Michelet, Edgar Quinet, Jules Simon ; il reprit en main lÉcole normale dont les élèves avaient été hostiles au 2 décembre ; il décida que, désormais, les membres du conseil supérieur de lInstruction publique et des conseils académiques seraient désignés par le ministre, et dessaisit les communes de la nomination des instituteurs, au profit du recteur puis du préfet. Il supprima lagrégation dhistoire et celle de philosophie, remplaçant cette dernière matière dans les lycées par un simple enseignement de logique, afin dexclure des études « ces problèmes téméraires qui jettent le trouble dans les esprits sans les éclairer, qui excitent une curiosité inquiète sans la satisfaire ». Il astreignit les professeurs de faculté à déposer à lavance le plan de leurs cours, et encadra lensemble du corps enseignant par des règlements stricts et détaillés : il alla jusquà interdire le port de la barbe, « symbole danarchie ». Il tenta également de réformer lInstitut de France, foyer gênant dopposition orléaniste, mais ne réussit finalement quà créer une section nouvelle de lAcadémie des sciences morales et politiques (la section de politique, administration et finance) dont il nomma les 10 membres.

Devenu ministre à une époque le gouvernement avait besoin du concours de lÉglise et Napoléon III souhaitait une entente avec le Saint-Siège, il dut ménager les influences cléricales et ultramontaines. Ainsi, lorsquil y avait conflit entre un instituteur et un curé, le ministre donnait toujours satisfaction à ce dernier. Il tenait toutefois à limiter la domination du clergé sur lenseignement public et semploya pour cela à le rendre inattaquable du point de vue religieux, afin dôter aux curés et aux évêques tout prétexte dingérence. Par exemple, dans les lycées, les professeurs protestants ou israélites furent écartés des cours de logique. Il réussit ainsi à sauver lexistence même de lenseignement public que les catholiques les plus extrémistes voulaient complètement démanteler. Peu favorable à la loi Falloux (il estimait que lenseignement de lÉtat était suffisamment fiable au plan politique depuis sa reprise en main), il laissa cependant lessor de lenseignement libre continuer sur sa lancée, et il se limita à imposer linspection des établissements, essentiellement en vue dempêcher quune influence légitimiste hostile à lEmpire sy développe (ainsi fit-il fermer un collège de Jésuites le bris du buste de Napoléon III par les élèves navait pas été sanctionné ; de même, il interdit louverture dun collège religieux dans un diocèse lévêque faisait la preuve de son opposition au régime).

Méfiant vis-à-vis des congrégations, nétant cependant pas gallican, mais poussé dans ce sens par son administration, il défendit les coutumes de lÉglise de France, les droits des évêques et ceux de lÉtat contre le pape, en particulier en matière de nominations épiscopales ( il fut mal soutenu par le ministre des Affaires étrangères et par lambassadeur de France à Rome ; mais il obtint tout de même, après de longues négociations, la démission de lévêque légitimiste de Luçon, ouvertement rebelle à lEmpire). Il dut en fait se contenter de sauver les apparences ; et, dailleurs, la majorité des évêques nommés sous son administration étaient ultramontains, ceux-ci étant de plus zélés partisans de lEmpire que les gallicans. Napoléon III lui ayant toujours gardé sa confiance, il était encore en poste lors de sa mort subite, survenue aux eaux dEms.

Hippolyte Fortoul est élu mainteneur de lAcadémie des Jeux floraux en 1844 et membre de lAcadémie des inscriptions et belles-lettres en 1854.

Ouvrages

  • Histoire du seizième siècle (1838)
  • Grandeur de la vie privée (2 volumes, 1838)
  • Les Fastes de Versailles, depuis son origine jusquà nos jours (1839)
  • Du Génie de Virgile (1840)
  • De lArt en Allemagne (2 volumes, 1841-1842)
  • Essai sur les poèmes et sur les images de la Danse des morts (1842)
  • Essai sur la théorie et sur lhistoire de la peinture chez les anciens et chez les modernes (1845)
  • Une page de lhistoire contemporaine. La révision de la constitution (1851)
  • Études darchéologie et dhistoire (2 volumes, 1854)
  • Instruction générale sur lexécution du plan détudes des lycées, par M. H. Fortoul, ministre de lInstruction publique et des cultes (1854)
  • Journal dHippolyte Fortoul, ministre de linstruction publique et des cultes, 1811-1856, publié par Geneviève Massa-Gille, Droz, Genève, 2 volumes, 1979-1989.

Références


Sources partielles

  • Robert Marquant, Les Archives Sieyès aux Archives Nationales, 1970
  • Le Dictionnaire des Ministres
Précédé par Hippolyte Fortoul Suivi par
Prosper de Chasseloup-Laubat
Meuble héraldique Ancre 02.svg Ministre de la Marine Meuble héraldique Ancre 02.svg
26 octobre 1851 - 2 décembre 1851
Théodore Ducos
Précédé par Hippolyte Fortoul Suivi par
Charles Giraud
Ministre français de l'Instruction publique
1851-1856
Jean Baptiste Philibert Vaillant

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