- Henri Wallon (1879-1962)
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Henri Wallon (1879-1962) Biographie Naissance 15 juin 1879 Décès 1er décembre 1962 (à 83 ans) Nationalité Française Vie universitaire Formation Médecine, Psychologie, Philosophie Auteurs associés Partisans René Zazzo, Philippe Meirieu modifier Henri Wallon, né le 15 juin 1879 à Paris et mort dans cette ville le 1er décembre 1962, est un philosophe, psychologue, neuropsychiatre, pédagogue et homme politique français.
Il était le petit-fils d'Henri Wallon (1812-1904), dont la contribution décisive à la création de la Troisième République le fit appeler le « père de la République ».
Sommaire
Biographie
Né à Paris en 1879, sa famille – « républicaine et catholique » – est originaire du Nord. Il a eu comme ami d'enfance Henri Piéron, avec qui il a passé l'agrégation de philosophie. Il décède en 1962.
Le psychologue
Entré à l'École normale en 1899, il s'oriente vers la psychologie où il devient l'élève de Georges Dumas. C'est après ce parcours qu'il entreprend des études de médecine qu'il clôt en 1908 avec une thèse sur Le délire de persécution. Il est mobilisé comme médecin entre 1914 et 1918 et s'intéresse à la neurologie. Il termine sa thèse de doctorat ès lettres sur l'enfant turbulent en 1925. Il débute sa carrière universitaire en psychologie et des consultations dans un centre médico-psychologique. En 1920, il est chargé de cours à la Sorbonne, puis devient directeur d'études à l'École pratique des hautes études (1927) et crée le laboratoire de psycho-biologie de l'enfant. Parmi nombre de fonctions universitaires, il est encore possible de citer sa nomination au Collège de France. De plus, il s'occupe des enfants atteints d'arriération mentale (1908-1931).
En 1936 H. Wallon préside une commission interministérielle visant à évaluer le nombre d'enfants dits déficients ou retardés en France et devant mettre au point des méthodes (tests) utilisables pour une telle enquête. L'étude fut annulée faute de crédits, mais elle fut relancée durant la seconde guerre mondiale, en 1943 sous la direction du Dr Mande [1], à l'initiative de deux anciens membres de la commission (M Deucugis et le Dr Heuyer) ; avec une première expérience sur 5 000 enfants urbains et ruraux choisis dans une ville et dans deux zones rurales. L'enquête a ensuitre porté sur 100 000 enfants testés dans 20 zones françaises. Le choix des enfants a été fait selon les règles en vigueur à l'époque pour les sondage, sous la direction de M Stoetzel, après un an de préparation incluant la formation d'équipes de « psychotechniciens » qui ont opéré durant 2 trimestres en 1944. Après une "correction" et un dépouillement fait par l’Institut national d'études démographiques, il a été conclu fin 1945 que 12 000 enfants sur 100 000 présentaient un coefficient intellectuel « nettement au dessous de la moyenne générale »[2].
Pendant la deuxième guerre mondiale, H. Wallon est interdit d'enseignement par le Gouvernement de Vichy et a été Résistant. Ses deux carrières politiques et universitaires se rejoignent quand il est nommé en 1944 secrétaire de l'Éducation nationale et préside une commission de réforme de l'enseignement qui marque durablement l'Éducation nationale sous le nom du projet Langevin-Wallon. Directeur de l'Institut de psychologie de l'Université de Paris, il crée en 1948 la revue Enfance. Il est président du Groupe français d'éducation nouvelle de 1946 à son décès en 1962.
L'homme politique
- En 1931, il adhère à la SFIO puis devient membre du PCF en 1942.
- En 1944, il fait partie jusqu'au 9 septembre 1944 du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) présidé par Charles de Gaulle en tant que Secrétaire général de l'Éducation nationale.
- Il est élu député communiste (1945-1946) et, à la mort de Paul Langevin le 19 décembre 1946, il lui succède à la présidence de la commission de réforme de l'enseignement dont le rapport de juin 1947 est connu sous le nom de projet Langevin-Wallon.
Henri Wallon était un marxien convaincu.
Positions théoriques
Henri Wallon a organisé ses observations en présentant le développement de la personnalité de l'enfant comme une succession de stades. Certains de ces stades sont marqués par la prédominance de l'affectivité sur l'intelligence, alors que d'autres apparaissent plutôt caractérisés par la primauté de l'intelligence sur l'affectivité. C'est dans cette succession discontinue et concurrentielle entre la prédominance de l'intelligence et de l'affectivité que s'élabore la personnalité de l'enfant. Ainsi, Wallon articule au cœur d'un modèle dialectique des notions telles que l' émotion, les attitudes, les liens à l'autre. Sa conception des stades fait apparaitre l'idée que la régression y est possible, contrairement au modèle de Piaget.
En voici les principales étapes :
- Le stade impulsif (de 0 à trois mois). Ce qui domine dans la vie infantile, ce sont les sensations internes (introceptives) et les facteurs affectifs entretenus avec l'entourage. Sur le plan moteur, cette période est caractérisée par la faible maîtrise motrice et donc un désordre gestuel. C'est la qualité des réponses de l'entourage du nourrisson qui vont lui permettre de passer du désordre gestuel à des émotions différenciées.
- Le stade émotionnel (de 3 mois à 1 an). Émergence d'un commencement de reconnaissance de soi au travers du regard des autres. Apparition de quatre émotions : la joie, le chagrin, la colère et la douleur.
- Le stade sensori-moteur et projectif (de 1 à 3 ans). Ce qui prédomine alors pour l'enfant, c'est l'influence du monde extérieur. L'intégration de cette influence externe va favoriser l'éveil de deux types d'intelligence : l'une pratique, par la manipulation des objets et du corps propre, l'autre « discursive », par l'imitation et l'appropriation du langage.
- Le stade du personnalisme (3 à 6 ans) est caractérisé par une prédominance, à nouveau, des fonctions affectives sur l'intelligence. Vers 3 ans l'enfant tend à s'opposer à l'adulte dans une sorte de crise négativiste, mais cette attitude est bientôt suivie d'une période d'imitation motrice et sociale. L'enfant exprime ainsi l'ambivalence qui le lie au modèle prestigieux que représente pour lui l'adulte.
- Le stade catégoriel (6 à 11 ans). Ici, ce sont les facultés intellectuelles qui semblent prendre le pas sur l'affectif. Pendant sa scolarité, l'enfant acquiert des capacités de mémoire volontaire et d'attention. Son intelligence accède à la formation des catégories mentales qui conduisent aux capacités d'abstraction.
- Le stade de l'adolescence commence après 11 ans et se caractérise par une primauté des préoccupations affectives.
Émile Jalley (1981) a montré comment Henri Wallon fut un lecteur attentif de la littérature scientifique et philosophique allemande ; comment il contribua à introduire et à diffuser dans la théorie psychologique française certains concepts de Hegel et de Freud, même si Wallon était opposé au concept adultocentré de sexualité infantile.
En insistant sur la discontinuité et la notion de crise qui sous-tend cette discontinuité, Henri Wallon se montrait fidèle aux thèses hégeliennes de la dialectique. Il se distingue en cela de Jean Piaget, qui valorise plutôt, dans sa propre description des stades du développement infantile, les interactions au détriment des ruptures. Henri Wallon eut également une réelle influence sur la psychanalyse en France et à l'étranger. Émile Jalley a montré qu'il avait repris certaines observations ou concepts de Freud dans ses développements théoriques. En retour, certains psychanalystes se sont approprié ses observations, notamment René Spitz, Donald Winnicott et Jacques Lacan, ce dernier lui devant au moins la reprise du stade du miroir.
Œuvres
- Délire de persécution. Le délire chronique à base d'interprétation, Baillière, Paris, 1909
- « La Conscience et la vie subconsciente » in G. Dumas, Nouveau traité de psychologie, PUF, Paris (1920-1921)
- L'Enfant turbulent, Alcan, Paris, 1925, rééd. PUF-Quadrige, Paris, 1984 (ISBN 2130384501)
- Les Origines du caractère chez l'enfant. Les préludes du sentiment de personnalité, Boisvin, Paris, 1934, rééd. PUF-Quadrige, Paris, 2002 (ISBN 2130528171)
- La Vie mentale, Éditions sociales, Paris, 1938, rééd. 1982
- L'Évolution psychologique de l'enfant, A. Colin, Paris, 1941, rééd. 2002, Ed.: Armand Colin, 1941, rééd. 2002 (ISBN 2200263031)
- De l'acte à la pensée, Flammarion, Paris, 1942
- Les Origines de la pensée chez l'enfant, PUF, Paris, 1945, rééd. 1963
- Principes de psychologie appliquée, Armand Colin, Paris, 1938
- Niveaux de fluctuation du moi, 1956, in l'Évolution psychiatrique, p. 607 à 617, oct. déc. 2007, (ISBN 2842998981)
Bibliographie
- In Memoriam: Henri Wallon (1879-1962). Revue Française de Sociologie, Vol. 4, No. 1 (Jan. - Mar., 1963), p. 11
- René Zazzo, Psychologie et marxisme ; la vie et l’œuvre d’Henri Wallon. Paris, Denoël Gonthier, 1975.
- Émile Jalley, Wallon lecteur de Sigmund Freud et Jean Piaget. Trois études suivies des textes de Wallon sur la psychanalyse, Éditions La Dispute, coll. Terrains, 1981, (ISBN 2209054060)
- Émile Jalley, Wallon : La vie mentale, Éditions sociales, Paris, 1982
- Émile Jalley, Freud, Wallon, Lacan. L'Enfant au miroir, Éditions EPEL, Paris, 1998
- Serge Nicolas, Henri Wallon (1879-1962) au Collège de France. Bulletin de psychologie, 2003, vol. 56, no463, 105-119.
- Lecture d'Henri Wallon, choix de textes. intr. d'H. Gratiot Alphandéry, Editions sociales, 1976, (ISBN 2209052068)
Articles connexes
Liens externes
- Fonds Wallon
- Henri Wallon (1879 -1962) par Hélène Gratiot-Alphandéry, site de l'Unesco
- Henri Wallon. Site du Collège de France.
- Le parasitisme Texte de Henri Wallon.
- Les archives d’Henri Wallon
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