- Henri Lefèvre-d'Ormesson
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Henri d'Ormesson
Pour les articles homonymes, voir Ormesson.Henri IV François de Paule Le Fèvre, marquis d'Ormesson est un homme d'État français né à Paris le 8 mai 1751 et mort à Paris le 12 avril 1808.
Biographie
Issu d'une dynastie de magistrats, fils et petit-fils d'intendants des finances, Henri IV Le Fèvre d'Ormesson épouse Louise-Charlotte Le Peletier de Morfontaine (1756-1840). Ils ont pour fils, Henri V Le Fèvre d'Ormesson (1785-1858).
Conseiller d'État et intendant des finances, il succède à son père dans ses différents emplois, et notamment comme administrateur de la maison d'éducation de Saint-Cyr. C'est à ce titre que Louis XVI fait sa connaissance et le remarque.
La décision de nommer Henri d'Ormesson contrôleur général des finances le 29 mars 1783, alors qu'il n'a que trente-deux ans, est certainement celle du Roi lui-même. Elle suscite incompréhension et ironie, même si l'homme est entouré d'une réputation d'honnêteté : « Voulez-vous venir dîner chez moi ?, raille Mercy-Argenteau. J’ai un très mauvais cuisinier ; mais c’est un bien honnête homme. J’ai un cheval fougueux, je cherche à le dompter avec un palefrenier plein de probité. » d'Ormesson lui-même avait d'ailleurs commencé par refuser cette nomination en arguant de son jeune âge. Mais Louis XVI lui aurait répondu : « Je suis plus jeune que vous et j'occupe une fonction autrement plus importante. » L'intéressé se résout en définitive à accepter pour barrer la route à Calonne, qu'il déteste.
À peine arrivé aux affaires, le nouveau ministre donne la pleine mesure de son inexpérience et de son manque de sens politique. Confronté à la nécessité de trouver d'urgence des fonds pour rembourser les échéances liées à la guerre d'Amérique, d'Ormesson utilise la recette classique de l'emprunt à loterie, émis pour 24 millions le 5 avril 1783.
Mais, au même moment, une crise des paiements de la Caisse d'escompte contraint le Trésor à la secourir à hauteur de 26 millions entre juillet et septembre 1783, ce qui anéantit le bénéfice de l'opération. Le besoin de numéraire du Trésor persistant, d'Ormesson décide le 24 août, sur les conseils du financier Marquet de Bourgade, d'emprunter en secret 24 millions auprès de la Caisse d'escompte. Lorsque cet emprunt est rendu public, en septembre, la Caisse doit suspendre ses paiements. Paniqué, le contrôleur général fait ordonner le cours forcé des billets par un arrêt du Conseil du 27 septembre 1783 tandis qu'un autre arrêt du Conseil du 30 septembre 1783 interdit les exportations d'espèces métalliques. Ces mesures ne font qu'aggraver la situation et portent une atteinte terrible au crédit public. En définitive, deux arrêts des 3 et 4 octobre mettent un terme à la crise en prescrivant de vérifier les comptes de la Caisse d’escompte, qui est contrainte de reprendre ses remboursements à concurrence de 10 millions par jour.
Pour subvenir aux besoins du Trésor, d'Ormesson décide d'émettre un nouvel emprunt à loterie de 24 millions, plus coûteux que le précédent (arrêt du Conseil du 4 octobre 1783) et de précipiter son projet de réforme de la ferme générale, qui n'aurait normalement dû s'appliquer qu'à l'échéance du bail de la ferme en 1786. Un arrêt du Conseil du 24 octobre 1783 casse le bail de la ferme générale, dont l'activité est confiée à une régie intéressée. Cette mesure lui aliène définitivement la finance. D'Ormesson, qui a également contre lui les frères du Roi, à qui il a refusé certains arrangements financiers, est renvoyé le 1er novembre 1783.
Après son renvoi, d’Ormesson conserve la direction de la maison de Saint-Cyr. Il est promu conseiller d'État ordinaire le 14 avril 1785. Il devient membre du Comité contentieux des départements créé en 1787 et participe, au mois de décembre 1788, à la rédaction du règlement électoral pour la convocation des États généraux.
D'Ormesson est apprécié dans les milieux populaires de la capitale, ce qui lui permet de traverser sans encombres la Révolution française. Le 16 août 1789, il est désigné comme chef de division de la garde nationale de son quartier. En octobre 1790, il est élu juge du tribunal du VIe arrondissement de Paris. Le 18 janvier 1791, il est nommé administrateur du département de Paris.
Après la journée du 20 juin 1792, il refuse le ministère de la Justice que Louis XVI veut lui confier. Le 21 novembre 1792, il est élu maire de la capitale. Terrorisé par des lettres de menaces, il donne sa démission aussitôt. Il est remplacé par Nicolas Chambon le 30 novembre 1792.
Le 30 mars 1793, il se retire dans son château d’Ormesson. Arrêté le 20 décembre suivant, il est d’abord assigné à résidence à Paris à l'hôtel Lepeletier de Saint-Fargeau, puis incarcéré du 27 mars au 6 octobre 1794. Après sa libération, il reprend ses fonctions municipales et d'administrateur du département de Paris.
Précédé par Henri d'Ormesson Suivi par Jean-François Joly de Fleury Contrôleur général des finances
1783Charles Alexandre de Calonne Sources
- Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières. 1715-1789, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 - ISBN 2221048105
- Joël Félix, « Henry-François de Paule Lefèvre d'Ormesson » in Françoise Bayard, Joël Félix, Philippe Hamon, Dictionnaire des surintendants et contrôleurs généraux des finances, Paris, Imprimerie nationale, 2000 – (ISBN 2-11-090091-1) Extrait à lire en ligne
Bibliographie
- Jean-François Solnon, Les Ormesson, au plaisir de l’État, Paris, 1992,
- Françoise Mosser, Les intendants des finances au XVIIIe siècle. Les Lefèvre d’Ormesson et le « département des impositions » (1715-1777), Genève-Paris, 1978
- « Le ministère de d’Ormesson, contrôleur général des finances (30 mars-3 novembre 1783) », Séances et travaux de l’Académie des Sciences morales, 1893, tome 139, p. 865-882
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