Helie de Talleyrand-Perigord (1301-1364)

Helie de Talleyrand-Perigord (1301-1364)

Hélie de Talleyrand-Périgord

Cardinal
Berretta cardinalizia.png
Hélie de Talleyrand-Périgord
de l'Église catholique romaine
[[Image: Image de Hélie de Talleyrand-Périgord]]
Cardinal-prêtre de Saint-Pierre-aux-Liens
Cardinal-évêque d'Albano
Blason de Hélie de Talleyrand-Périgord
« Rien que Dieu ! »
Naissance 1301
Ordination
sacerdotale
Consécration
épiscopale
10 octobre 1324
Évêque Évêque de Limoges
Évêque d'Auxerre
Doyen du Collège des cardinaux
Créé
cardinal
25 mai 1331 par le
pape Jean XXII
Décès 1364
 
Cardinal
Titre cardinalice
Collège cardinalice · Consistoire
Tous les cardinaux

Portail du catholicisme · Instructions

Hélie de Talleyrand-Périgord, né en 1301, mort en 1364, fils de Brunissende de Foix et d'Hélie VII, comte de Périgord[1], cardinal-prêtre de Saint-Pierre-aux-Liens, puis cardinal-évêque d'Albano et doyen du Collège des cardinaux.

Sommaire

Biographie

Dernier des trois fils du comte de Périgord, il fut destiné à la carrière ecclésiastique.

La cathédrale d'York dont Hélie de Talleyrand-Périgord fut le doyen du chapitre

Ses bénéfices en Angleterre

Il toucha ses premiers revenus à l’âge de dix-neuf ans grâce à Jean XXII. Il devint prébendier de Mapesbury (1320), de South Newbold (1325), de Laughton (1342) et de Stensall (1354). Dans le même temps, il fut nommé archidiacre de Londres (1320-1323), de Richmond, dans le diocèse d’York (1322-1328), de Suffolk (28 novembre 1357 au 5 juin 1359) et enfin doyen du chapitre cathédral d’York (1342-1364)[1].

Rien d’étonnant à ce qu’il fut le plus anglophile des cardinaux avignonnais. Édouard III, le roi d’Angleterre le savait. Aussi, en 1360, pour éviter tout pillage des biens du cardinal de Périgord, il les plaça sous la protection de Bertrand de Montferrand, l’un de ses châtelains[2].

Le cardinal de Périgord

À côté, ses bénéfices en France se réduisaient à sa charge d’abbé de Sainte-Marie de Chancelade, dans le diocèse de Périgueux. Le pape l’éleva à l’épiscopat et il devint évêque de Limoges, le 10 octobre 1324, puis évêque d’Auxerre, le 4 janvier 1328[1].

À la demande de Philippe VI de Valois, alors qu’il n’avait que vingt-huit ans, il fut créé cardinal-prêtre de Saint-Pierre-aux-Liens, lors du consistoire du 25 mai 1331. C’était le seul de cette cinquième promotion du pontificat de Jean XXII. Il prit pour devise : Re que Diou ! (Rien que Dieu !) et entra à la Curie au cours du mois de juin[1].

Le faiseur de papes

Dès lors le cardinal de Périgord devint un personnage central de la papauté avignonnaise. Il participa aux conclaves qui élirent Benoît XII, Clément VI, Innocent VI et Urbain V[1]. Sachant qu’il n’avait aucune chance d’être élu, il voulut faire des papes à sa convenance.

Sa première tentative eut lieu lors du conclave qui désigna Benoît XII. Il avait son candidat en la personne de Jean-Raymond de Comminges qu’il défendit brillamment. Mais le choix de la résidence pontificale entre Avignon et Rome fut l’occasion d’une violente altercation entre les deux princes de l’Église, le cardinal de Comminges refusant de prendre l’engagement de ne pas ramener la papauté à Rome.

À la mort de Clément VI, le conclave désigna à l’unanimité Jean Birel, Général des chartreux, comme nouveau pontife. Il ne convint pas à Talleyrand et son éloquence fit le reste. Un nouveau vote mit Étienne Aubert sur le trône de Pierre[3]. Dès son élection, Innocent VI offrit à Jean Birel une place au Collège des cardinaux. Mais le chartreux refusa, désirant plutôt monter en vertus qu’en dignités.

Son autorité au sein des cardinaux fut d’autant plus grande que le 4 novembre 1348, il fut nommé cardinal-évêque d’Albano et qu’en septembre 1361, il devint doyen du Sacré Collège[1].

Ses légations en France et en Europe

La bataille de Poitiers que ne put empêcher le cardinal de Périgord

Le cardinal de Périgord fut chargé de négociations importantes par le Saint-Siège. Sa première légation ne se fit pas. Assisté de quatre autres cardinaux, en 1336, il devait assister le roi de France, Philippe VI de Valois, dans sa capitainerie générale lors d’une croisade. À la demande de Hugues IV de Lusignan, roi de Chypre, Benoît XII, le 26 mars, jour du vendredi-saint, lança un appel général à se croiser à tous les princes et rois chrétiens. Le début de la Guerre de Cent Ans mit un terme à ce projet.

En 1346, il fit élire empereur Charles IV de Luxembourg à la place de Louis de Bavière excommunié[1].

Avant un affrontement prévisible entre l'ost de France et d'Angleterre, une légation pontificale conduite par les cardinaux Hélie de Talleyrand et Nicola Capucci quitta Avignon le 21 juin 1356 pour rencontrer le Prince Noir et Jean II[1]. Le roi de France n'ayant rien voulu entendre ce fut la défaite de Maupertuis, près de Poitiers.

Le cardinal de Périgord alla à Bordeaux puis à Londres négocier la liberté du roi et fit conclure entre la France et l'Angleterre une trêve de deux ans. Grâce à son intervention, le Prince Noir modéra ses pillages et ses destructions en Occitanie.

Au cœur de toutes les intrigues

Après la Peste Noire, il s’intéressa particulièrement à un moine d’Aurillac, commentateur de Joachim de Flore. Ce Jean de Roquetaillade, dès son entrée chez les franciscains en 1332, s’était déclaré honoré de visions. Il avait livré ses révélations dans le Liber Ostentor. Et le cardinal de Périgord n’hésita pas à le consulter en dépit de la suspicion qui pesait sur lui[4].

Quand, en 1363, le cardinal Guy de Boulogne, en légation à Naples, se mit en tête de marier son neveu Aimon de Genève à Jeanne de Duras, filleule de la reine Jeanne, la cardinal, apparenté à cette famille[5], demanda instament à Urbain V de mettre son veto à cette union voulue par son rival du Sacré Collège

Le Collège de Périgord à Toulouse

La cathédrale Saint-Front de Périgueux (avant restauration), lieu d'inhumation du cardinal Hélie de Talleyrand-Périgord

Il fut fondé par le cardinal, en 1360, avec vocation d’y enseigner le droit[1]. Construit près de la cathédrale Saint-Sernin, sur l’emplacement de l’Hôtel Maurand, dont il conserva la tour, il comprenait quatre corps de bâtiments délimitant une cour centrale où courait une galerie à deux niveaux[6]. Le Collège possédait de plus un vignoble. Élèves et professeurs recevaient chacun un tonneau pour leur consommation annuelle[7]. Le cardinal fut aussi un humaniste. Il protégea les lettres et s'il fut un grand ami de Pétrarque, il défendit, contrairement au poète, le maintien de la papauté à Avignon[1].

Le retour de ses cendres à Périgueux

Il décéda le 17 janvier 1364, il fut d’abord inhumé dans l’église des franciscains d’Avignon, puis selon sa volonté dans la cathédrale Saint-Front de Périgueux où il avait fondé une chapelle[1].

Anecdote

Dans le Vaucluse, aux portes d’Avignon, sur la commune du Pontet, il existe une Z. I. Périgord qui occupe les anciens domaines attribués au cardinal Hélie de Talleyrand.

Héraldique

Blason Dordogne 1.svg

Les armes du cardinal de Périgord, qui sont celles de sa famille, se lisent : De gueules à trois lionceaux d’or couronnés, armés et lampassés d’azur

Dans la littérature

En rupture avec le reste de l'ouvrage, le dernier tome des Rois Maudits de Maurice Druon est narré à la première personne par le cardinal de Périgord, en route vers Metz, qui raconte à son neveu les événements autour de la bataille de Poitiers.

Notes

  1. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j  et k Salvador Miranda, Cardinal Hélie de Talleyrand-Périgord, University Park, Miami, FL 33199, 2009
  2. L’acte de 1360 pour la protection des biens du cardinal de Périgord indique : Edwardus dei gracia rex Anglia et Francie et dominus Hibernie, senescallo suo Vasconie qui nune est, vel que pro tempore fuerit, salutem, supplicavit nobis venerabilis pater, Tailharandus episcopus Albanensis, Sancta Romane Ecclesie cardinalis, ut cum Johanna de Petrogovis, amita sua defuncta in testamento suo, in ultima volontate sua voluisset et precepisset quod, quandia guerra, inter nos et adversarium nostrum Francie duraret, loca et gentes de Lavardaco, de Feugaroliis et Caudaroue que fuerent predicte Johanne, sint et remaneant obediencia nostra… in manus dilecti et fidelis nostri, Bertrandi, domini de Monteferrandi liberentur, nomine dicti cardinalis regenda et custodienda, ita quod idem dominus de Monteferrandi, durante guerra predicta.
  3. Le rôle du cardinal de Périgord fit l’objet de plusieurs versions. La plus vraisemblable reste celle de Boutrais Cyprien Marie, ancien procureur à Glandier. Jean Birel, effrayé par cette charge, aurait demandé à Talleyrand de retourner le Sacré Collège : Clementis sexti successor dictus, honorem. Exuo, dum pro me Tallaïrandus agit (Clément six étant mort, on m’appelle à la chaire, Talleyrand, agissant pour moy, rompt cette affaire). Le cardinal Talleyrand ne démentit jamais son attachement à l’Ordre cartusien. Il termina et dota richement la chartreuse de Vauclaire, près de Montignac en Dordogne, ainsi que l’église de Saint-Astier dans le même département.
  4. Jean de Roquetaillade avait été mis sous surveillance à partir de 1344, aussi bien par son maître général que par Clément VI. Son délire prophétique continuant de plus belle, en 1349, il fut interrogé à plusieurs reprises devant le consistoire. Quand il proclama, en 1356, qu’un roi le fils de l’Aigle subjuguerait les Maures d’Espagne et recouvrerait la Terre Sainte, Innocent VI le fit maintenir dans une étroite réclusion au palais des papes.
  5. Une de ses sœurs, Agnès de Périgord, avait épousé Jean de Gravina, tige de la maison angevine des Duras (Durazzo) à Naples.
  6. Le tout a été fortement endommagé par une restauration en 2003.
  7. Sa superficie atteignait 34,25 arpents soit 19,8 hectares. Il s’étalait aussi bien sur les coteaux (Auzel et Drémil) que sur la plaine au lieu-dit Labège et dans le lit mort de l’Hers. Les vignes de coteaux représentaient un peu plus du tiers de la superficie. En plaine, la vigne était cultivée sur hautains, sur les coteaux elle était conduite en plantations basses.

Bibliographie

  • François du Chesne, Histoire de tous les cardinaux françois de naissance ou qui ont été promus au cardinalat par l’expresse recommandation de nos roys, Paris, 1660.
  • Étienne Baluze, Vitae paparum Avenionensium, sive collectio actorum veterum, Vol. I et II. Paris, 1693.
  • Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne et de la maison du roi, des anciens barons du royaume avec les qualités, l’origine, le progrès et les armes de leurs famille, Paris, 1712.
  • Honoré Fisquet, La France pontificale, histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l’établissement du christianisme jusqu’à nos jours, divisée en dix-sept provinces ecclésiastiques, 1864-1873.
  • M. Meusnier, Le Collège de Périgord à Toulouse, Annales du Midi, T. 63, 1951.
  • G. Mollat, Contribution à l’histoire du Sacré Collège de Clément V à Eugène IV, Revue d’histoire ecclésiastique, T. XLVI, 1961.
  • J. de. Font-Réaulx, Les cardinaux d’Avignon, leurs armoiries et leurs sceaux, Annuaire de la Société des amis du palais des papes, XLVII – LII, n° 140 à 186, 1971 – 1975.
  • B. Tollon, Le grand degré du Collège de Périgord à Toulouse (1367), Bulletin de l’année académique 1999-2000, T. LX, 2000.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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