- Aleth
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Aleth ou cité d'Aleth (également écrit Alet) fut un temps la capitale du peuple celte des Coriosolites (hormis la période où Corseul, détenait ce privilège), puis fut une place forte gallo-romaine, une ville au Moyen Âge et enfin une forteresse dans les siècles suivants. Elle était bâtie au débouché de la Rance, sur un promontoire occupé aujourd'hui par Saint-Servan qui est un quartier de Saint-Malo, faisant face à la « cité des corsaires ».
Sommaire
Période Celtique
Dès le Néolithique, elle fut investie par l'homme. Les Phéniciens y abordèrent avant de gagner la Rance ; ils laissèrent une croix hellénique sculptée dans la roche à l'anse Saint-Père. Ils commencèrent à faire du commerce entre la région et la « grande-île » (la Grande-Bretagne).
En 80 avant notre ère, les Coriosolites, une des cinq tribus celtes occupant l'Armorique, s'y établirent et bâtirent une cité dont ils firent leur capitale. Le niveau de la mer à cette époque se situait à 8 mètres en dessous du niveau actuel.
Période gallo-romaine
La ville sera occupée par les Romains qui freineront l'expansion de cette cité promise pourtant à un bel avenir en l'incendiant vers l'an 10, pour forcer ses habitants à émigrer vers Corseul. Alet disparut pour devenir Reginca (nom qui désigne aussi la Rance). Les constructions en pierre firent leur apparition. Elle fut le siège de la légion de Mars à l'époque gallo-romaine.[réf. nécessaire]
Vers 270 ou 280, dans un contexte général d'insécurité, les autorités fortifient le promontoire d'Alet. Un rempart de 3 à 4 mètres de hauteur est construit en suivant le contour des falaises, sur une longueur de 1 400 m. Le rempart est muni de tours carrées[1].
Des fortifications romaines, il ne subsiste de nos jours qu'un pan de mur faisant face à la ville intra-muros de Saint-Malo et certaines des fondations de l'enceinte de la tour Solidor.
Le Moyen Âge
Au Ve siècle, les Romains abandonnèrent la cité. Elle redevint alors la capitale des Coriosolites mais elle allait décliner rapidement et ce n'est qu'en 575 que Tudunal entreprend son redressement et Alet deviendra la principale défense contre l'invasion des Francs dans la région.
Elle fut détruite au Ve siècle par les Alains, puis par les Saxons. Puis, vers 538, un clerc venant du Pays de Galles du nom de Mac'h Low (ou Maclou) débarqua sur l'île de Cézembre située en face de la cité, pour aller rejoindre l'ermite Aaron sur l'îlot rocheux d'en face nommé Kalnach, qui allait bientôt porter son nom et sur lequel la ville de Saint-Malo se développa. Lorsque Aaron mourut, Maclou revint à Aleth et devint le premier évêque de la cité (en 590) qu'il releva de ses ruines. Entré en conflit avec les Aletins, Malo quitta la ville pour Saintes où il mourut un 15 novembre vers l'an 621. Ses reliques seront translatées à la cathédrale d'Alet en 672, avant d'être dispersées au Xe siècle lors des invasions normandes.
Les Francs pilleront la cité à la fin du VIIIe siècle, incendiant habitations et église. La cité sera promue au rang d'évêché au IXe siècle et verra la construction d'une nouvelle église, la cathédrale Saint-Pierre, sur le même emplacement que l'ancienne église.
Aleth et sa région subiront plusieurs raids des Normands au cours des IXe et Xe siècles. Elle sera occupée, sa cathédrale pillée et de nouveau détruite. Une nouvelle cathédrale sera construite sur l'emplacement de l'ancienne. Ce sont les ruines de cette dernière que l'on peut apercevoir de nos jours, des fouilles entreprises en 1972 ayant mis au jour l'ensemble de ses fondations.
Pour se protéger de ces raids à répétition, beaucoup des habitants de la presqu'île d'Aleth s'étaient réfugiés sur le rocher de Saint-Malo, situé en face et plus facile à défendre. Cet îlot n'abritait alors qu'une petite communauté monastique. Cette nouvelle ville supplantera progressivement la cité d'Alet et, au XIIe siècle, l'évêché y sera transféré par l'évêque Jean. Un changement de la topographie de l'estuaire de la Rance est aussi à l'origine du déclin d'Aleth. Une montée progressive des eaux de quelques mètres au cours des siècles réduisit considérablement les bancs d'échouage devant Solidor, bancs dont les bateaux se servaient pour décharger leurs marchandises alors que, dans le même temps, les vasières qui séparaient Aleth de l'îlot de Saint Malo se retrouvaient immergées à marée haute, permettant la création d'un port pour la nouvelle cité malouine.
En 1255, la cité d'Aleth menée par Guillaume du Mottay, se révolta contre la domination croissante de la nouvelle ville et les taxes qu'elle exigeait. Mais ils furent vaincus par les Malouins, associés pour l'occasion aux troupes royales. Les murailles de la cité seront alors abattues et le château d'Oreigle, sur l'actuel site de la tour Solidor sera rasé. Symbole de la nouvelle domination malouine, la toiture de la cathédrale d'Aleth sera démontée.
La disparition de l'isthme de sable qui émergeait à marée basse entre Cézembre et Saint-Malo, probablement dû au violent tremblement de terre qui secoua la Bretagne et toute la côte continentale de la Manche jusqu'en Hollande en 1427, modifia aussi les accès aux deux cités, au profit de la cité malouine.
La forteresse
A la fin du XVIIe siècle, l'endroit, désormais connu sous le nom de cité d'Aleth, est équipé d'une petite batterie pour protéger l'entrée de la Rance. Vauban, alors inspecteur général des fortifications du roi, avertit les Malouins que le manque de fortifications sur cette hauteur fait courir un risque à la ville : « Fortifiez moi ces hauteurs hors-delà, quelques jours, vingt mortiers vous mettront en cendres ». Mais il faudra attendre plusieurs incursions anglaises pour qu'une réelle fortification de la cité d'Aleth soit faite. En 1759, l'ingénieur en chef de la cité malouine, le chevalier Mazin, construit un grand fort d'artillerie capable de défendre Saint-Malo, son port, l'accès à la Rance et l'arrière-pays (l'actuel Saint-Servan). C'est ce fort qui est encore visible aujourd'hui.
La fin des conflits avec l'Angleterre va amener à son abandon progressif.
Seconde Guerre mondiale
Pendant l'Occupation et pour sa position stratégique dans la défense de la zone, les Allemands fortifieront de nouveau l'ancienne cité, truffant le sous-sol d'un réseau de plus de galeries et casemates, reliées à différents blockhaus et tourelles d'artillerie, disposés tout autour de la presqu'île. Le fort devient le centre de ce que les Allemands appelaient alors la "forteresse Saint-Malo", un ensemble de fortifications tout autour de la ville, sur l'île de Cézembre, de la pointe de la Varde, Saint-Ideuc, la montagne Saint Joseph et différentes lignes de défenses dans le Clos-Poulet ou les autres îles alentours. De 1942 à 1944, seront ainsi construits ou installes dans l'ancien fort, une batterie d'artillerie à 4 canons (2 de 105 mm, 1 de 76,2 mm et 1 de 75 mm), batteries anti-aériennes (3 canons de 40 mm bofors), un poste de commandement de l'ensemble des fortifications de Saint-Malo, des casernements pour plus de 200 hommes et différents postes de protection (casemates et mitrailleuses, abri pour mortiers, etc.). Le tout est relié par plus de 1 300 mètres de galeries souterraines menant aux 32 blockhaus et aux 8 cloches de tir blindées qui ceinturent le fort. C'est depuis cette base militaire que le colonel Andreas Von Aulock commandait la "forteresse Saint-Malo".
Après le débarquement de Normandie en juin, les Alliés pénètrent en Bretagne le 31 juillet. Le 4 août, ils bloquent tous les accès à la zone de Saint-Malo. La 83ème division d'infanterie américaine renforcée par le 121ème régiment d'infanterie (8ème division d'infanterie)et des unités rattachés temporairement à la division ont pour charge de libérer Saint-Malo et Dinard. Les américains estiment qu'une seule division, peut venir à bout de Saint-Malo, dont le nombre de défenseur a été sous évalué par l'état major de la 3ème armée US. La Bretagne n'ayant pas un intérêt suffisant pour Patton, une grande partie des unités américaines de la 3e armée de Patton a reçu ordre de faire mouvement vers l'est pour tenter de prendre à revers le gros des forces allemandes encore présentes en Normandie (voir poche de Falaise).
Aussi les Américains vont-ils faire appel largement au bombardement aérien et aux tirs d'artillerie pour venir à bout de la fortification. Ce n'est qu'après 2 assauts d'infanterie, très meurtriers chez les Alliés et plus de 8 jours de pilonnage que le colonel Andreas Von Aulock accepte de capituler, le 17 août 1944.
Le site actuel
De nos jours, le site est devenu un lieu touristique. Un musée, le mémorial 39-45 construit par la ville de Saint-Malo dans le blockhaus de la défense anti-aérienne retrace la période de l'Occupation, des fortifications allemandes et de la libération de la ville. Une promenade faisant le tour de la cité et offrant un panorama sur Solidor, l'estuaire de la Rance, Dinard, le cap Fréhel, la vieille ville de Saint-Malo a été aménagé. Dans les années 1960, des pins ont été plantés, rendant le site moins austère et un camping d'été a été aménagé sur la partie sud de la presqu'île. A côté, au début des années 1970, des fouilles archéologiques ont dégagé l'ensemble des fondations de l'ancienne église d'Aleth.
L'historien et académicien français Louis Duchesne résidait dans la cité d'Aleth, dans un ancien corps de garde du bastion construit par Vauban. Jusqu'en 1922, date de sa mort, il y séjournait chaque été, se reposant de sa charge de directeur de l'École française de Rome, se baignant en sportif accompli dans le petit havre Saint-Père. Premier président de la Société d'histoire et archéologie de Saint-Malo, il a notamment écrit sur l'origine de cette cité. Il avait pour proche voisine Suzy Solidor.
Notes et références
- Louis Pape, La Bretagne romaine, Rennes, Éditions Ouest-France, 1995, 309 p. (ISBN 2-7373-0531-4), p. 250
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