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Haschisch
Le haschisch (ar : حَشيش [ḥašīš], foin ; herbe) est le nom courant de la résine de cannabis. L'étymologie de ce mot est contestée mais il est avéré que le mot haschisch est d'origine arabe. Étymologiquement, il est peut-être à l'origine du surnom de hachichins donné aux nizârites.
Sommaire
Histoire
Le haschisch est un produit manufacturé issu du chanvre appelé également par son nom latin cannabis.
Depuis l'Antiquité, les humains consomment le haschisch par ingestion.
Au début du XIXe siècle, les scientifiques qui accompagnent Napoléon dans sa Campagne d'Égypte, s'intéressent au haschisch. Le psychiatre Jacques Moreau de Tours tente d'élaborer des traitements pour ses malades et publie Du Haschich et de l'aliénation mentale[1]. Ce psychotrope connaît une certaine vogue dans les milieux artistiques parisiens. Des médecins, des artistes et écrivains se réunissent pour l'expérimenter, dans un hôtel particulier parisien au 17 du quai d'Anjou. C'est le Club des Hashischins, qui fut fondé en 1845 par le médecin Moreau de Tours. La mode est alors à la consommation sous forme de dawamesk, c'est-à-dire une confiture orientale confectionnée à partir de l'extrait gras des inflorescences. Plusieurs œuvres littéraires témoignent de ces séances : Club des Hashischins[2] de Théophile Gautier est l'une d'elles, Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas mentionne plusieurs fois la consommation de dawamesk. Arthur Rimbaud ou Paul Verlaine sont également réputés pour avoir été des consommateurs invétérés, ils associaient de plus la consommation du haschisch avec celle de l'absinthe. Charles Baudelaire lui a consacré un opuscule (Le haschish) et les cinq premiers poèmes des Paradis artificiels.
Aujourd'hui, le haschisch n'est plus beaucoup consommé par ingestion dans les pays occidentaux car ce mode de consommation modifie la cinétique de l'ivresse cannabique. Les premiers effets ne se font ressentir que plusieurs dizaines de minutes après la prise et sont beaucoup plus long à se dissiper que ceux obtenus par une consommation sous forme de joint. Cet important laps de temps entre la prise et les effets et entre l'arrêt de la consommation et le retour à un état normal cantonne la consommation par voie orale à de rares occasions.
Quant aux assertions voulant que le taux de THC contenu dans le produit serait très largement supérieur à ce qu'il était à l'origine (environ dix fois), elles sont invérifiables. Dans une étude économique du marché de détail du cannabis à Montpellier[3], Laure Chantrel et Benoît Prévost notent que « Les données disponibles au niveau national font apparaître des faibles taux de THC avec 90 % des quantités saisies d’herbe et presque 80% des quantités saisies de haschich ont des teneurs en THC inférieures ou égales à 12% », en s'appuyant sur les taux de concentration en THC des échantillons de cannabis saisis par la police nationale et la douane, en 1999. Que l'évolution de la consommation mondiale ait poussé les fabricants et les intermédiaires à élaborer des recettes plus rentables en coupant le produit avec des substances pas forcément nobles est en revanche avéré.
Ce qui donne au haschisch son goût âcre et amer, c'est la matière végétale dont il est tiré.
La consistance, soit très grasse et collante, soit très sèche et solide, est étroitement liée au mode d'obtention du produit.
Le haschisch est, depuis sa banalisation de la deuxième moitié du XXe siècle, surtout fumé, sous diverses formes telles que joint, pipe à eau, pipe en terre cuite en métal ou en bois, chalice, à l'aide d'une cigarette et d'une bouteille, etc.
Fabrication
La résine de cannabis est issue des glandes sécrétoires des feuilles et fleurs que porte la plante femelle (bien qu'ils contiennent du THC, les plants mâles ne produisent pas de résine).
Diverses techniques d'élaboration du haschisch sont employées dans le monde. La plus répandue, utilisée dans le monde arabe, consiste à faire sécher les plantes, puis à les tamiser afin de séparer les gouttes de résine de la matière végétale. Selon la finesse du tamis, plusieurs qualités sont obtenues. Henry de Monfreid, dans La Croisière du haschisch[4], décrit de manière précise et littéraire cette méthode qu'il a eu l'occasion d'observer dans une ferme grecque, où il s'était rendu pour acquérir du haschich destiné à la contrebande vers l'Égypte. La résine peut être ensuite stockée afin de la bonifier (en Afghanistan, où la résine est conservée dans des sacs en peaux de chèvre, le stockage avant pressage peut aller jusqu'à dix ans). La résine poudreuse est ensuite pressée, après chauffage.
Au Maroc, on utilise des presses hydrauliques, ce qui donne les fameuses plaquettes dures, de couleur jaunâtre/vert/marron. Pour la petite histoire, c'était pour boycotter les cigarettes françaises (en vente au Maroc pendant la période du protectorat) que Sa Majesté le Roi Mohammed V donna, par décret royal, le droit de planter du kif aux cultivateurs dans la région de Ketama. Il faudra attendre le début des années 1970 pour voir arriver dans cette région des mouvements de hippies, venus fumer le kif marocain. Des hippies montrèrent aux cultivateurs ketamis les techniques apprises en Afghanistan et au Liban pour faire sécher les plantes, séparer et compresser la résine[5].
En Afghanistan, on peut également presser la garda (nom local de la résine non pressée) à la main. Sinon, celle-ci est versée dans un grand mortier sous lequel est allumé un feu. Lorsqu'elle est suffisamment chaude, une lourde pierre est actionnée afin de presser la résine. Le produit obtenu, appelé charas, est de couleur vert foncé à noir, très mou et très odorant.
Dans la région de l'Himalaya, le haschisch s'appelle également charas, mais l'influence hindoue fait que l'on ne coupe pas les plantes (le cannabis est sacré dans l'hindouisme)[réf. nécessaire]. La résine est récoltée en frottant les sommités fleuries avec les mains. Au bout d'un certain temps, la résine s'accumule sur les paumes et les doigts. Celle-ci est alors grattée, et forme le fameux charas de l'Himalaya. Comme pour la résine tamisée, le charas produit de cette façon nécessite une période de bonification avant de pouvoir révéler toute sa palette de saveurs et d'effets.
Chaque région possède ses excipients spécifiques. À noter que la présence de tels produits n'est pas systématique, et c'est généralement le haschisch destiné à l'exportation qui est coupé.
C'est dans le haschisch marocain que l'on trouve le plus d'adjuvants nocifs, tels que médicaments psychotropes, cirage, cire, colle, huile de vidange, henné. La fameuse « savonnette » qui était très répandue en France dans les années 1990, était souvent composée de feuilles de cannabis pulvérisées, liées avec de la paraffine ou de l'huile de vidange, auxquelles on ajoutait des médicaments pour l'effet.[réf. nécessaire]
Dans les pays du sous-continent indien, on utilise surtout du Ghî (beurre clarifié), mais aussi les déjections d'animaux, le jus de tabac, l'essence de térébenthine, la datura, le café, etc.
Depuis quelques années, la production de haschisch est en forte augmentation en Occident, et de nouvelles techniques de production sont apparues. Le skuff n'est en fait qu'une appellation commerciale donnée au haschisch fabriqué aux Pays-Bas dans les années 1990. Le mot skuff vient d'une contraction du mot skunk (terme générique sous lequel était désignée la marijuana hollandaise, mais à l'origine un petit méphitiné du Nouveau-Monde, le sconse ou mouffette, via une variété hollandaise de cannabis particulièrement puissante et odorante) et de stuff qui signifie « matos » en anglais. C'est un mot qui n'est quasiment plus utilisé depuis l'apparition de techniques de production telle que le water-hash, l’ice-hash, le bubble-hash. Ces trois appellations font appel à la même technique : les fleurs sèches sont mises dans une série de sacs tamis spécialement élaborés pour cette usage, puis le tout est plongé dans un seau d'eau et de glace. La température basse modifie les propriétés rhéologiques de la résine, qui de visqueuse et collante devient dure et cassante, ce qui permet de la séparer plus facilement de la matière végétale. Le mélange est remué vigoureusement afin de permettre une bonne séparation. La matière végétale flotte à la surface, tandis que la résine plus lourde traverse le premier tamis et se dépose dans un autre sac enveloppant celui contenant les fleurs. La résine peut alors être tamisée à nouveau afin de séparer les différentes qualités. Celle-ci est ensuite séchée, puis pressée ou laissée sous la forme de poudre, selon les préférences du consommateur. Ce mode de fabrication donne un produit non altéré et de très forte puissance.
Attention, de la même manière que la « résine » du cannabis n'a aucune parenté avec la sève des conifères, ce que l'on désigne comme « pollen » n'a rien à voir avec le pollen des plantes mâles. Il s'agit en fait du nom donné à la résine sous forme de poudre, ou très légèrement pressée (la garda d'Afghanistan par exemple).
Conditionnement
Aujourd'hui, le haschisch se conditionne surtout en plaquettes ou en blocs semblables à des savonnettes. Le produit se compacte assez facilement ce qui permet aux trafiquants d'en cacher des quantités importantes dans des volumes restreints.
Les plaquettes sont entourées de cellophane en essayant de rendre l'emballage hermétique à l'eau et à l'air. Ensuite, les plaquettes sont cachées dans des paquets eux-mêmes dissimulés par les trafiquants.
Dans les pays où la consommation de cannabis est réglementée mais tolérée comme les Pays-Bas, des commerces se sont spécialisés dans la vente de conditionnements discrets et secrets spécialement pour le haschisch. Il existe ainsi des bombes aérosol de réparation de chambre à air dont le socle se dévisse pour laisser apparaître un double fond, des fausses canettes de soda sont également réalisées sur le même principe ainsi qu'une quantité d'autres objets hétéroclites.
Législation
Le haschisch étant un dérivé du cannabis, la législation est identique à ce dernier. Voir la page dédiée Législation sur le cannabis.
Étymologie
Une hypothèse linguistique fait dériver le mot assassin de l'arabe hashishiyyin, qui désigne les fumeurs de haschisch. Au Moyen Âge une secte chiite du Moyen Orient fait parler d'elle. Celle des Hashâchines ou Nizârites : la rumeur prétend que les membres de cette secte sont conditionnés par leur chef à tuer sous l'emprise du haschich, d'où leur nom. Par la suite en Italie au XIIIe siècle, le mot est repris en assassino pour désigner soit les chefs musulmans combattant les chrétiens, soit les tueurs à gages, enfin en France au XVIe siècle il prend la forme assassin et désigne les tueurs à gages, avant de prendre le sens plus large de meurtrier.[6] Cette hypothèse, qui a inspiré bien des auteurs, de Marco Polo à Smolden, scénariste de la bande dessinée Gipsy, est cependant contestée : pour plus de détails voir l'article Étymologie de assassin.
Variétés
Le haschisch se range dans trois catégories principales :
- Le « marocain » : produit au Maroc dans la région du Rif, il est de couleur et de consistance variable. C'est un haschisch fort et qui pique légèrement la gorge. Des sous-variétés se déclinent du « ketama », très sec et poudreux (jaune), à l'« ia » (prononcer « aïa » ou « ayya »), très gras et mou (marron). Les mélanges dits « sum » (terme mercantile) sont les plus hauts de gamme (très peu d'excipients et tous naturels) et sont ceux qui contiennent le plus de THC.
Il y a trois qualités de fabrication : 1re passe (spécial), 2e passe (00 - double zéro), la 3e et dernière passe sert à extraire un haschich qui sera par la suite mélangé à de la paraffine, du henné, des plastiques divers, etc. afin d'être revendu principalement à l'étranger. Les marocains l'appellent « resina » ou aussi "l'hantouka" ou "Hartouka". - L'« afghan » : produit au Moyen-Orient sur les contreforts de l'Himalaya, il est de couleur noire ou réglisse. C'est un haschisch envoûtant et doux. Des sous-variétés se déclinent de l'« afghan » au « népalais » en passant par le « pakistanais ». Leurs consistances molles permet de les effriter sans les chauffer, ou de les rouler en fin filament, ce dernier étant inséré au milieu du joint sur toute sa longueur.
- Le « libanais » : produit au Proche-Orient, il est de couleur sable-rouge assez proche de l'« ia » en consistance. En Europe, il est rare en raison des troubles qui règnent dans la région de production. Les producteurs attendent que les plantes soient presque desséchées sur pied pour récolter les fleurs ; c'est de là que provient la couleur rouge typique. Il contient plus de THC que le « marocain » et l'« afghan », son effet est donc plus fort .
Depuis 2003, la Suisse commence à produire du haschisch et à tester différentes recettes. La production correspond environ à 5 % de la demande locale. Trois variétés endémiques sont nommées selon le nom de la montagne où poussent les plants, à savoir : Säntis, le Pollux et Palü.
Consommation
Contrairement à l'herbe naturelle, le haschisch est un produit manufacturé artificiel. Les effets sont plus assommants en général et en raison de la nature de certains des excipients utilisés, la prise de haschisch peut provoquer des maux de tête lancinants ainsi qu'une fatigue accablante.
En France, du fait de sa prohibition et donc de l'absence de contrôle porté sur la qualité du produit, peu de haschischs sont de bonne qualité. D'après une étude indépendante menée par Le Nouvel Observateur, plus de 70 % des haschischs testés contiennent des substances toxiques pour l'humain à faible dose.
Les haschischs à base d'excipients naturels tels que le « sum », l'« afghan », le « libanais » ou encore le « pakistanais » sont les seuls de « bonne qualité », notamment en raison de leur moindre teneur en goudrons.
Santé
Les effets du haschisch sur la santé sont similaires a ceux du cannabis à long terme.
Informations détaillées sur le site : www.drogues-dependance.fr
Citations et ressources en ligne
- Jacques-Joseph Moreau, Du hachisch et de l’aliénation mentale, Éditions Fortin, Masson et Cie, Paris, 1845.
- Zykow, Lexique local et international du haschich, Cannaweed.com, partie "Résine", 2007.
Livres
- "Les paradis artificiels" de Charles Baudelaire
- "Flash ou Le Grand Voyage", de Charles Duchaussois : le périple commence par la récolte et la préparation du haschisch au Liban.
Dawamesk
Extrait des paradis artificiels de Charles Baudelaire :
« La plus usitée de ces confitures, le dawamesk, est un mélange d'extrait gras, de sucre et de divers aromates, tels que vanille, cannelle, pistaches, amandes, musc. Quelquefois même on y ajoute un peu de cantharide, dans un but qui n'a rien de commun avec les résultats ordinaires du haschisch. Sous cette forme nouvelle, le haschisch n'a rien de désagréable, et on peut le prendre à la dose de 15, 20 et 30 grammes, soit enveloppé dans une feuille de pain à chanter, soit dans une tasse de café. »Préface de Théophile Gautier pour les Fleurs du Mal
« Charles Baudelaire [...] ne vint que rarement [...] aux séances de l'hôtel Pimodan où notre cercle se réunissait pour prendre le dawanesk. »On retrouve le terme de dawanesk comme synonyme de haschisch, ou encore confiture verte, dans les lettres et textes des artistes mondains parisiens de la seconde moitié du XIXe siècle, même si cela n'était pas le mot le plus employé.
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Jacques-Joseph Moreau, Du hachisch et de l'aliénation mentale : études psychologiques, Slatkine, 1980, 431 p. (ISBN 2-05-000155-X)
- ↑ Théophile Gautier, Le club des Hachichins, suivi de La pipe d'opium, L'esprit frappeur, Paris, 1998, 75 p. (ISBN 2-84405-005-0)
- ↑ Laure Chantrel (dir. scientifique). Une étude économique du marché de détail du cannabis à Montpellier : Modélisation des échanges marchands et non marchands, 2000, Partie 2, chapitre I, §1.[1]
- ↑ Henry de Monfreid, La Croisière du hachich, Grasset, coll. « Lectures et aventures », Mesnil-sur-l'Estrée, 1994, 50-52 p. (ISBN 2-246-02704-7)
- ↑ Kif Kif, film documentaire de Jacques-Henri Bidermann, Philippe Lachambre et Olivier Pousset, France, 26 mn, 1994. [2]
- ↑ Explication de Bernard Cerquiglini en images
Catégories : Cannabis | Trafic de stupéfiant - Le « marocain » : produit au Maroc dans la région du Rif, il est de couleur et de consistance variable. C'est un haschisch fort et qui pique légèrement la gorge. Des sous-variétés se déclinent du « ketama », très sec et poudreux (jaune), à l'« ia » (prononcer « aïa » ou « ayya »), très gras et mou (marron). Les mélanges dits « sum » (terme mercantile) sont les plus hauts de gamme (très peu d'excipients et tous naturels) et sont ceux qui contiennent le plus de THC.
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