- Musc
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Le musc fait partie des rares matières naturelles animales entrant dans la composition des parfums. Il est produit par les chevrotains porte-musc mâles, petits ruminants d'une cinquantaine de centimètres de hauteur, vivant dans les montagnes d'Asie à plus de 1 500 mètres d'altitude, reconnaissables à leurs canines longues de 5 à 7 cm.
Sommaire
Exploitation du musc
Cet animal possède une glande de la taille d'une petite orange, placée sous la peau de l'abdomen et produite pendant la période du rut. Cette glande renferme une sécrétion brune, de consistance huileuse quand elle est fraîche, dure et cassante quand elle est sèche. Le musc séché a une valeur commerciale relativement médiocre. On lui préfère de loin le musc conservé dans sa glande, connu sous le nom de musc en vessie[réf. nécessaire]. Les muscs les plus réputés étaient au XIXe siècle ceux de Nankin, du Tonkin, du Yunnan, du Bengale et de Russie[réf. nécessaire]. Le musc, à faible dose, a une odeur animale et boisée, avec de vagues relents de sécrétions sexuelles et d'excréments. Le musc naturel contient divers composés, dont la muscone, le cholestérol, l'androstérone, et la déshydro-épi-androstérone[1].
Seul problème : pour récolter la précieuse matière (environ 30 grammes par chevrotain[réf. nécessaire]), il faut tuer la bête. L'odeur du musc pur est si forte qu'autrefois, même les navires les plus rapides répugnaient à assurer son transport en raison de son odeur insupportable[1]. Lorsque le commerce du musc a atteint son apogée au début du XXe siècle, environ 50 000 animaux étaient tués chaque année, pour obtenir approximativement 1 400 kg de musc[1]. A la fin des années 1970, alors que l'espèce commençait à devenir rare, le musc a atteint des prix très élevés, plus de trois fois son poids en or[1]. L'espèce est aujourd'hui menacée d'extinction. Elle est donc protégée[réf. nécessaire], et de sévères mesures sont prises en principe contre les trafiquants[réf. nécessaire].
Heureusement pour les parfumeurs, l'arôme artificiel de musc peut être produit depuis plus d'un siècle, par exemple à partir de la synthèse de muscs nitrés. En 1888, Albert Baur réalise la synthèse du premier musc nitré, nommé « Musc de Baur » en l’honneur de son inventeur. Il travaillait sur le trinitrotoluène (TNT) et avait préparé un dérivé portant un groupement tert-butyle : le composé obtenu sentait le musc. Il réalisa alors diverses variantes de cette molécule et certaines furent les premiers produits chimiques à l’odeur musquée à être employés en parfumerie, malgré leur piètre qualité par rapport à la substance naturelle, du fait que leur coût était peu élevé[1].
La muscone, composant essentiel du musc, fut isolée de la substance naturelle en 1906 par un chimiste allemand, Heinrich J. J. Walbaum. Mais ce n'est qu'en 1926 que Lavoslav Ružička élucida sa structure moléculaire, lui donna son nom chimique correct, la 3-méthyl-cyclopentadécanone[1], et en fit la première synthèse.
Le musc entre comme fixateur (ou note de fond) dans plusieurs parfums pour hommes, mais aussi dans les parfums féminins de type oriental (ou ambré). Il semble avoir été très utilisé au XVIIIe siècle sous forme de pastilles parfumées appelées muscadins, qui ont donné leur nom sous la Révolution à de jeunes royalistes à l'élégance exagérée[réf. nécessaire].
Mais le musc naturel reste actuellement très utilisé en Asie, et plus particulièrement en Chine, où il entre dans la composition de nombreux remèdes « traditionnels », notamment de prétendus aphrodisiaques[1]. Actuellement[Quand ?] des chercheurs chinois étudient les moyens de remplacer le musc naturel par d'autres composés, et une autre équipe a réussi à maintenir et faire reproduire en captivité le chevrotain porte-musc, permettant ainsi le prélèvement du musc par curetage de la glande plutôt que par l'abattage de l'animal[réf. nécessaire].
Étymologie
Le mot musc vient du bas-latin muscus, emprunté au grec μόσχος, emprunté lui-même du persan mušk, que l'on rattache souvent au sanskrit muṣká ayant le sens de testicule[2].
L'odeur de musc chez les végétaux
Certains organes d'espèces végétales ont une vague odeur de musc, tels que la racine de certaines angéliques, ou encore les graines d'ambrette (Abelmoschus moschatus), qui sont cultivées pour cette caractéristique[1].
Notes
- John Emsley, Guide des produits chimiques à l'usage du particulier, Paris, Odile Jacob, juin 1996, 336 p. (ISBN 978-2-7381-0384-0) (OCLC 36245094), p. 19-21
- Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Klincksieck, 1990 (nouvelle édition), s.v. μόσχος p. 715b.
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