Georges Emmanuel Clancier

Georges Emmanuel Clancier

Georges-Emmanuel Clancier

Georges-Emmanuel Clancier, né le 3 mai 1914 à Limoges, est un écrivain et poète français.

Sommaire

Biographie

Georges-Emmanuel Clancier naît dans une famille issue, côté paternel d'artisans de Châlus et, côté maternel, d'ouvriers porcelainiers de Saint-Yrieix. Il fait ses études de 1919 à 1931 au lycée de Limoges, interrompues en classe de philosophie par la maladie.

Ayant découvert en 1930 la poésie moderne grâce à de jeunes professeurs, il commence à écrire poèmes et proses et, à partir de 1933, de collaborer à des revues, notamment Les Cahiers du Sud. Il vient en 1939 à Paris, où sa femme prépare l'internat des hôpitaux psychiatriques, mais retourne en 1940 en Limousin, poursuit des études à la faculté des lettres de Poitiers, puis de Toulouse, rencontre Joë Bousquet à Carcassonne. Il entre en 1940 au comité de rédaction de la revue Fontaine dirigée à Alger par Max-Pol Fouchet. À Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), il rencontre encore Raymond Queneau et Michel Leiris, et à Lourmarin Claude Roy, Pierre Seghers, Loys Masson, Pierre Emmanuel et Max-Pol Fouchet. De 1942 à 1944, il recueille et transmet clandestinement à Alger les textes des écrivains de la Résistance en France occupée.

Georges-Emmanuel Clancier en 1987

À la Libération, Clancier est chargé des programmes de Radio-Limoges et journaliste au Populaire du Centre. A cette époque, il apporte son soutien à la « jeune peinture » de l'école de Paris. Notamment, il écrit des articles et fait de longs commentaires radiophoniques sur l'œuvre de Maurice Boitel[1], venu peindre dans la région et exposer à Limoges. Il fonde avec Robert Margerit et René Rougerie la revue Centres, puis dirige une collection de poèmes manuscrits, Poésie et critique, chez Rougerie (poèmes notamment de Claude Roy, Jean Lescure, Boris Vian). En 1949, le Prix Maurice Bourdet lui est décerné pour l'ensemble de ses reportages radiophoniques. Il est appelé en 1955 à Paris pour être secrétaire général des comités de programmation de la RTF, puis de l'ORTF, jusqu'en 1970. Il publie en 1956 le premier tome, Le Pain noir, d'une suite romanesque dans laquelle il va raconter, jusqu'en 1961, l'histoire de sa famille maternelle et de sa grand-mère bergère illettrée. Le Grand Prix de la Société des gens de lettres et le Prix des Quatre Jurys lui sont attribués en 1957 et 1958. En septembre 1960 Clancier dirige avec Jean Lescure à Cerisy une décade consacrée à Raymond Queneau qui est directement à l'origine de la fondation de l'Oulipo.

Par la suite, il est en 1967 délégué général aux Affaires artistiques et culturelles pour le Pavillon de la France à l'Exposition universelle de Montréal, reçoit le Prix des Libraires en 1970 et l'année suivante le Grand Prix de littérature de l'Académie française. Son roman Le Pain noir est adapté en 1974 pour la télévision par Françoise Verny et Serge Moati. Président du Pen club français de 1976 à 1979 il œuvre à la défense des écrivains menacés, détenus, déportés, exilés. En 1980, il est vice-président de la commission française pour l'UNESCO, en 1987 vice-président international du Pen club, président de la Maison des écrivains de sa fondation en 1986 à 1990.

L'œuvre poétique

Poète et romancier, à part entière chaque fois, sans que l'une des orientations de son travail ne soit, comme il peut arriver, qu'un prolongement accessoire de l'autre, Georges-Emmanuel Clancier analyse dans La poésie et ses environs ce qui distingue et rassemble ces deux formes de création : il y voit « les deux faces d'une même tentative ou tentation de l'homme de vaincre le temps, la mort, de susciter un objet qui les intègre et les dépasse ». Mais l'une et l'autre s'enracinent dans ce temps de façons toutes différentes. « Le roman, écrit-il, sauve la vie non pas en l'arrachant au temps mais, au contraire, en rendant sensible le mouvement du temps à travers une vie. » Complémentairement, « le poème est négation du temps, exaltation de l'instant rendu immobile et illimité, telle une image microscopique de l'éternité (...), qui ne cesse de jaillir hors du temps ou, plus exactement, au-dessus du temps, comme l'île est au-dessus de la mer ».

Si l'œuvre romanesque de Clancier est en effet placée sous le signe de la reconquête patiente du temps passé, c'est au contraire sous celui de l'instant que ses poèmes tenteront de reconnaître d'autres pouvoirs du langage. Lors de la publication de Terres de mémoire, il confiait son espoir « d'engager la poésie sur les routes en croix ou mieux : en étoile, du langage » c'est-à-dire, acceptant le risque de s'égarer en refusant ainsi une seule orientation, « de traquer et d'édifier le poème à tous les niveaux du langage ». Et à travers l' Oscillante parole, ce sont dans son œuvre plusieurs voix "qui composent sa voix" ou "qui parlent sa voix", qui se répondent, s'opposent, s'enchevêtrent, parmi lesquelles il serait possible de distinguer cinq niveaux ou mouvements essentiels.

« La poésie, pour moi, toujours se lie au souvenir », note Georges-Emmanuel Clancier. La première de ces voix pourrait être celle des Poèmes du Pain noir qui renvoient, dans plusieurs de ses recueils, au cycle romanesque dont ils reprennent le nom. Mais s'ils entreprennent bien eux aussi « d'arracher au jamais plus ce qui fut une fois », leurs invocations instantanées le réfractent différemment. En un rapport plus étroit et plus affectif encore aux êtres qui hantent le poète, qui demandent « justice et grâce par (sa) voix, / Juste la grâce qu'un monde fourbe (leur) vola », ces poèmes pourraient être qualifiés de « méta-romanesques ». S'inscrivant en marge du travail de l'écriture du roman, ils esquissent poétiquement la tragique leçon de sa promesse et de sa défaite, au mieux de sa « misérable victoire ».

Les poèmes d' Approches, selon le titre d'un autre des moments de Terres de mémoire, constitueraient un deuxième niveau perceptible dans l'œuvre de Georges-Emmanuel Clancier. Ils seraient plutôt des poèmes au delà, mais aussi bien souvent en-deçà, cette fois du poème lui-même. Poèmes-miroirs, placés souvent en tête des recueils, ils trouvent aussi naturellement leur place dans leurs dernières pages. De part et d'autre du poème, ils sont question sur sa naissance, sur l'énigme de son apparition, sur « la propre marche du poète vers son poème », la montée du langage à travers le silence ou plutôt « du silence à travers le langage », comme sur le sens de son projet : « Si les mots étaient empoisonnés (...) / Si le poème était le plus mortel mensonge » ?

En un troisième niveau, c'est au jeu du langage lui-même que le poète semblerait se confier. Ici, le poème se construit en variations à partir de ses premiers vers ou les enchaîne selon des ordres différents. Ailleurs, dans les courtes nouvelles poétiques d' Evidences, les images, prises au pied de la lettre, secrètent de fantastiques aventures. Ou bien encore Clancier, dans Le Poème hanté se donne d'invisibles contraintes, dirait-on à l'Oulipo dont, lié à Queneau, il connaît bien les travaux, mais purement poétiques et émotives : le filigrane des « mots de l'autre », d' « une parole antérieure et aimée », d'Apollinaire ou Nerval, de Rutebeuf ou Villon. C'est donc de multiples façons qu'il tente d'entrer dans "l'organisation quasi végétale du langage", de suivre ces itinéraires que la chair sonore et visuelle des mots ouvre devant lui. Cette exploration du langage par le langage ne semble cependant qu'accompagner chez Clancier l'exploration du monde par le langage qui demeure son objectif, la première ne constituant qu'une des dimensions de la seconde.

Car c'est essentiellement comme Éveil perpétuel, titre de l'ultime mouvement de Terres de mémoire, qu'apparaît, en un quatrième niveau, la dimension majeure de la poésie de Clancier. Le langage se trouve ici le plus directement lancé à la rencontre des énigmes ou des évidences d'une Terre perpétuellement secrète. Poursuite obstinée, « traquant parmi rocs, algues, flaques, le mot, la trace », revanche sur l'inattention, l'usure des heures, les vains soucis de la vie perdue, l'instant poétique est ici celui d'une reconquête sur le fossé que le temps a creusé entre l'homme et le monde. Le langage est le front sur lequel une vie s'augmente en une vie nouvelle sans cesse fugitive : ouvrant au monde, levant le voile dont les habitudes l'ont recouvert, l'image est l'expérience spécifique où la vie, loin de se refléter, s'invente nouvellement. La parole poétique, explorant la sensation, lui donnant forme, la répercutant, l'étendant au delà du sensible, permet enfin d'épeler la présence des choses, à travers les « inventaires » ou les « cadastres » des maintenant et des ici privilégiés, du Limousin natal à l'Alpe, de l'île atlantique à l'Aspre méditerranéen, et de « peut-être demeurer » le monde : de vivre, malgré la vie, un peu de cette “Vraie vie”, douce et fatale, qui donnerait à l'homme son Vrai visage.

Mais cette Vraie vie demeure lointaine. « Homme de pouvoir et de profit, de ruse, de haine et de peur. / Homme de système, de mépris, de guerre, homme de mort, moisissure imbécile sur l'homme. / Au loin, la fête juste ». Les poèmes, enfin, que Clancier rassemble au centre d' Oscillante parole sous le nom de Poèmes de la honte, sont d'autres poèmes du Pain noir, étendus aux horizons de la terre. Le langage ici n'hésite pas à dénoncer, la parole blessée s'y affirme saccadée, serrée, cinglante protestation contre la bêtise et le crime, « l'empire de la haine », contre « la guerre faite à l'homme / Par la bête à tête d'homme ». Ces poèmes apparaîtraient comme la tentative de désigner l'inacceptable, ramener dans le champ de l'écriture poétique ce qu'elle a bien souvent oublié ou refoulé, la réalité de « l'infâmie que le monde rabâche ». Clancier ne cherche pas à en fuir la conscience et semblerait y désespérer de l'homme et du verbe si, en inscrivant ce désespoir, il n'en appelait encore à d'autres hommes, qui pourraient le partager.

Chez Clancier aujourd'hui à dénoncer, hier à sauver se conjuguent, comme le poème à venir et le poème naissant, le désir de la Vraie vie et le refus du crime. Chacun de ces chemins, dans la multiplicité de leurs liaisons, la complexité de leurs correspondances, renvoie le poète sur les autres, s'y prolonge et s'y métamorphose, en une partition où « les variations de thèmes, de timbres, de mouvements, concourent à édifier un seul être sonore dont la diversité externe procède d'une unique et même vibration ». Ainsi dans les mêmes poèmes de Passagers du temps les deux voix du récitatif et de stances plus brèves, en contre-point, ne cessent-elles d'alterner, ou dans Contre- Chants les célébrations terriennes et le cauchemar toujours renaissant des « tueurs chamarrés ». Refusant le monologue et entreprenant de ne se mutiler d'aucune de ses sources, c'est de toute la surface possible du langage que l'œuvre poétique de Clancier s'efforce ainsi de coïncider avec le monde, comme si les oscillations d'une parole enfin totale pouvaient seules déchiffrer dans L'Écriture des jours, cerner et capter à mesure les facettes ambiguës de l'énigme d'être et de n'être pas.

Publications

Poésie
  • Temps des héros, Cahiers de l'École de Rochefort, 1943.
  • Le Paysan céleste, Marseille, Robert Laffont, 1943.
  • Journal parlé, Limoges, Rougerie, 1949.
  • Terre secrète, Paris, Seghers, 1951.
  • L'Autre rive, Limoges, Rougerie, 1952.
  • Vrai visage, Paris, Seghers, 1953; Paris, Robert Laffont, 1965.
  • Une Voix, Paris, Gallimard (Prix Artaud 1957).
  • Évidences, Paris, Mercure de France, 1960.
  • Terres de Mémoire, Paris, Robert Laffont, 1965.
  • Le Siècle et l'espace, Marc Pessein, 1970.
  • Peut-être une demeure, précédé d' Écriture des jours, Paris, Gallimard, 1972.
  • Le Voyage analogique, Paris, Jean Briance, 1976.
  • Oscillante parole, Paris, Gallimard, 1978.
  • Mots de l'Aspre, Georges Badin, 1980.
  • Le Poème hanté, Paris, Gallimard, 1983.
  • Le Paysan céleste, suivi de Chansons sur porcelaine, Notre temps, Écriture des jours, préface de Pierre Gascar, Paris, Poésie Gallimard, 1984.
  • L'Orée, Luxembourg, Euroeditor, 1987.
  • Tentative d'un cadastre amoureux, Ottawa (Canada), Écrits des Forges, 1989.
  • Passagers du temps, Paris, Gallimard, 1991.
  • Contre-Chants, Paris, Gallimard, 2001.
  • Terres de mémoire suivi de Vrai visage, Paris, La Table Ronde, coll. poche La Petite vermillon n° 187, 2003, 288 p. (ISBN 2710325683).
  • Le Paysan céleste - Notre part d'or et d'ombre (poèmes 1950-2000), préface d'André Dhôtel, Paris, Poésie/Gallimard, 2008.
  • Vive fut l'aventure, Paris, Gallimard, 2008.
Romans
  • Quadrille sur la tour, Alger, Edmond Charlot, 1942 puis Mercure de France 1963
  • La Couronne de vie, Paris, Edmond Charlot, 1946
  • Dernière heure, Paris, Gallimard, 1951; Éditions du Rocher, 1998
  • Le Pain noir (I), Paris, Robert Laffont, 1956
  • La Fabrique du roi (II), Paris, Robert Laffont, 1957
  • Les Drapeaux de la ville (III), Paris, Robert Laffont, 1959
  • La Dernière Saison (IV), Paris, Robert Laffont, 1961
  • Les Incertains, Paris, Seghers, 1965; Paris, Robert Laffont, 1970
  • L'Éternité plus un jour, Paris, Robert Laffont, 1969; La Table Ronde, 2005
  • La Halte dans l'été, Paris, Robert Laffont, 1976
  • Le Pain noir, La Fabrique du roi, Tome I, Les Drapeaux de la ville, La dernière saison, Tome II, Paris, Robert Laffont, 1991
  • L'Ombre sarrasine, Paris, Albin Michel, 1996
Nouvelles et contes
  • La Couleuvre du dimanche, Nice, Méditerranea, 1937
  • Le Parti des enfants, Paris, Les Œuvres libres n°137, Arthème Fayard, 1957
  • Le Baptême, Paris, Les Œuvres libres n° 156, Arthème Fayard, 1959
  • Les Arènes de Vérone, Paris, Robert Laffont, 1964
  • L'Enfant de neige, Paris, Casterman, 1978
  • L'Enfant qui prenait le vent, Paris, Casterman, 1984
Autobiographie
  • Ces ombres qui m'éclairent :

- L'Enfant double, Paris, Albin Michel, 1984 - L'Ecolier des rêves, Paris, Albin Michel, 1986 - Un Jeune Homme au secret, Paris, Albin Michel, 1989

Ouvrages critiques
  • André Frénaud, Paris, Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1953
  • Panorama critique de la poésie française de Rimbaud au surréalisme, Paris, Seghers, 1953
  • Panorama critique de la poésie française de Chénier à Baudelaire, Paris, Seghers, 1963
  • La Poésie et ses environs, Paris, Gallimard, 1973
  • Dans l'aventure du langage, Paris, Presses Universitaires de France, 1987
  • Georges-Emmanuel Clancier a également composé le scénario et les dialogues du téléfilm Les amours du mal-aimé (Apollinaire)
  • Il a par ailleurs écrit poèmes, articles et préfaces autour des dessins et des peintures de Michel Arnaudiès, Maurice Boitel, Michel Brigand, Roger Chastel (1982), Françoise Dufay, Eudaldo (1986), Pierre Frilay, Élie Lascaux (1988), Michel Thompson. Des éditions de ses poèmes ont été accompagnés d'œuvres de Georges Badin, Sergio Ceccotti, Nathalie Dasseville Lunine (1987), Pierre Frilay (1976).

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Michel-Georges Bernard, Georges-Emmanuel Clancier, Paris, Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1967 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Clancier, Guillevic, Tortel (communications du colloque de Cerisy, septembre 1979), Marseille, Sud, 1983 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • René Bertelé, Panorama de la jeune poésie contemporaine, Marseille, Robert Laffont, 1942.
  • Mara Merolli-Mariano, Clancier, (en italien), Institut universitaire d'études euro-africaines, Paris-Lecce, 1996
  • J.-M. Baude, Création poétique et création romanesque dans l'œuvre de G.-E. Clancier, Villeneuve d'Ascq, Presses du Septentrion, 1997
  • Aude Preta-de-Beaufort, Georges-Emmanuel Clancier, in Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, sous la direction de Michel Jarrety, Paris, Presses universitaires de France, 2001 (ISBN 2130509401)
  • Georges-Emmanuel Clancier, passager du siècle, Actes du Congrès de Cerisy, 2000, Limoges, Presses Universitaires de Limoges, 2003

Jugements

« La poésie de Clancier est, en son fond, tragique comme toute poésie, mais elle manifeste simultanément une volonté d'accord, une faculté d'accueil exceptionnelle. Aussi bien dans la grâce, la chance que dans le tragique des romans, des poèmes du Pain noir elle est le témoignage de l'homme sur l'homme, dans ses contradictions, sa fierté, ses possibilités d'amour. (...) Elle est comme un appel à la confiance en l'homme, elle a confiance en la promesse. »

— (1967)

« L'obscure clarté qui tombe des étoiles cornéliennes et les énigmatiques évidences qui forment la substance des contes du fils Perrault, on les retrouve tout au long de l'histoire de la littérature française, c'est une source qui resurgit avec violence dans l'œuvre de Nerval, c'est la même source qui donne à la poésie de Georges-Emmanuel Clancier ses qualités limpides et opaques, son élaboration d'un terroir dont il semble retrouver les prolongements indéfinis aussi bien vers un avenir incommensurable que vers un passé préhistorique et toujours présent. »

— (1967)

Citation

Pages, des pages, des mots, des mots,
Chaque page est un journal
Chaque mot un instant
Des pages, des mots pour t'arracher à la mort (...)
Toi et les tiens, innocentes merveilles,
Puis déchirés, bafoués par les maîtres,
Privés de pain, privés de sens.
Des mots hélas ! Pour retrouver honte et misère,
Pour creuser à nouveau ta souffrance et la faim! (...)
Des mots, seulement des mots
Pour effacer la mort qui les efface
Terres de mémoire, 1965

Notes et références

  1. Radio Limoges, Couleurs du temps, 17 mai 1954.
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