- Rutebeuf
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Poète du Moyen Âge, Rutebeuf[1] (ancien français Rustebuef, né à une date inconnue, dans les premières décennies du XIIIe siècle, avant 1230 - mort v. 1285), doit probablement son nom au surnom « Rudebœuf » (bœuf vigoureux), qu'il utilise lui-même dans son œuvre. Il serait originaire de Champagne (il a décrit les conflits à Troyes en 1249), mais a vécu adulte à Paris.
On ne sait quasiment rien de sa vie sauf qu'il était probablement un jongleur avec une formation de clerc (il connaissait le latin). Son œuvre, très diversifiée, qui rompit avec la tradition de la poésie courtoise des trouvères, comprend des hagiographies (Vie de Sainte Helysabel), du théâtre (Miracle de Théophile), des poèmes polémiques et satiriques (Renart le Bestourné ou Dit de l'Herberie) envers les puissants de son temps. Rutebeuf est aussi un poète « personnel », l'un des premiers à nous parler de ses misères et des difficultés de la vie. Parmi ses vers les plus célèbres on trouve certainement ceux issus des Poèmes de l’infortune : « Que sont mes amis devenus, que j’avais de si près tenus, et tant aimés ... »
Les poèmes de Rutebeuf ont inspiré Léo Ferré qui en a fait une chanson qu'il a intitulée Pauvre Rutebeuf. Plusieurs interprétations de cette chanson existent, entre autres : Léo Ferré (1955 en studio, 1958, 1984 et 1986 en récitals), Catherine Sauvage (1956), Germaine Montero (1956), Cora Vaucaire (1957), Jacques Douai (1957), Marc et André (1961), Joan Baez (1965), Hugues Aufray (1967), Nana Mouskouri (1970), Hélène Martin (1975), James Ollivier (1988), Philippe Léotard (1994), Marc Ogeret (1999), Alain Barrière (2007) et Dani Klein (Vaya Con Dios) (2009).
Sommaire
Bibliographie partielle
- Vie de Sainte Helysabel
- Le Miracle de Théophile
- Nouvelle complainte d'outremer
- Renart le Bestourné ou Dit de l'Herberie
- Frère Denise
- Poèmes de l'infortune
- La Discorde de l'Université et des Jacobins, 1254
- Le miracle du sacristain et d'une dame accompli par Notre Dame [2]
• Œuvres complètes de Rutebeuf (texte établi, traduit, présenté par Michel Zink). Le Livre de Poche, Classiques Garnier, collection "Lettres gothiques" (2005)• Rutebeuf, "Poèmes et Pamphlets du temps mauvais", choisis et traduits en vers par Jean-Louis Paul, éd. Ressouvenances, 2011 [ean 9782845051140], 134 pages. Vingt-quatre poèmes du "pauvre Rutebeuf", ses colères contre les ordres mendiants, ses satires lyriques contre la société de l'avoir et l'hypocrisie, son infortune. L'adaptation restitue la scansion, maintes tournures, actualisant le vocabulaire, pour inviter le lecteur non médiéviste à goûter la chair des poèmes originaux. [Note ajoutée par www.ressouvenances.fr]
Une oeuvre de Rutebeuf
Le dit des Gueux de Grève: [par un traducteur anonyme]
Ribaut, or estes vos a point :
Li aubre despoillent lor branches,
Et vos n'aveiz de robe point,
Si en avrez froit a vos hanches.
Queil vos fussent or li porpoint
Et li seurquot forrei a manches.
Vos aleiz en estai si joint,
Et en yver aleiz si cranche,
Vostre soleir n'ont mestier d'oint,
Vos faites de vos talons planches.
Les noires mouches vos ont point;
Or vos repoinderont les blanches.
Traduction en néo-franc:Pauvres, vous voilà bien à point:
Les arbres dépouillent leurs branches
Et de manteau, vous n'avez point.
Aussi, aurez-vous froid aux hanches!
Vous seriez bien dans un pourpoint,
Ou un surcot fourré aux manches!
Vous êtes en été si élancés
Et en hiver, le froid vous tranche.
Vos souliers n'ont pas besoin d'oint,
Car vos talons vous servent de planches
Les mouches noires vous ont piqués
Et bientôt se seront les blanches.
EXTRAIT DU POÈME dit «Repentance de Rutebeuf»
[titre apocryphe], première strophe (trad. Jean-Louis Paul, référence dans la Bibliographie ci-dessus).
Me faut laisser le rimayer,
Car je me dois moult effrayer
Quand l’ai tenu si longuement.
Le cœur me doit bien larmoyer,
Qu’oncques ne me pus employer
À servir Dieu parfaitement ;
Mais j’ai mis mon entendement
En jeu et en ébattement,
Quand je ne daignais psalmodier.
Si n’est pour moi au Jugement
Celle où Dieu alla s’incarnant,
Mal marché pris au paumoyer *. Geste de toper au jeu.
Notes et références
- ʁytbœf]. Voir Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Peeters, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 104. [
- Bernard Marcotte d'après ce fabliau. Le voyage de la Vierge fut écrit par
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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