- Georges Bégué
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Georges Bégué (22 novembre 1911-18 décembre 1993) est un ingénieur français qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, fut un agent secret du Special Operations Executive, section F : il en fut le premier agent à être parachuté en France, dans la nuit du 5 au 6 mai 1941 ; et d'octobre 1942 à septembre 1944, il en fut chef des transmissions, à Londres.
Sommaire
Identités
- État civil : Georges Pierre André Bégué
- Comme agent du SOE, section F :
- Nom à l'inscription : George Robert Noble
- Nom de guerre SOE (field name) : « Georges ». À sa suite, le nom de « Georges » fut utilisé pour désigner les opérateurs radio, avec un numéro ; lui-même, étant le premier, fut surnommé « Georges I ».
- Nom de code opérationnel : BOMBPROOF
- Fausse identité : Georges Robert Mercier, né le 1er novembre 1911 à Angers[1] ; Gaston René Martin, né le 22 novembre 1911 à Armentières[2].
Parcours militaire :
- France : caporal chef (1939) ; sergent
- Royaume-Uni : captain ; matricule : P/18572
Pour accéder à des photographies de Georges Bégué, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.
Famille
- Ses parents :
- — Son père : Émile François Marie Bégué, né le 14 mai 1877 à Bordeaux, mort le 8 septembre 1956 à Bordeaux. Polytechnique ; ingénieur ferroviaire ; directeur des tramways de Dordogne.
- — Sa mère : Madeleine Émilie Quirin, née le 23 décembre 1877 à Paris 10e, morte le 27 février 1954 à Paris 16e.
- — Mariage : le 31 décembre 1900 à Bordeaux.
- — Leurs enfants (4) : Albert ; Henri ; Georges Pierre André ; Annette (appelée « Annie ») épouse Rosier.
- Sa femme : Rose Mary Carrick, née le 22 novembre 1914, morte le 29 octobre 2003 à Clifton, Virginie ; mariage le 29 octobre 1938 à Paris 16e.
- Ses enfants (2) : Suzanne Marilynne Bégué épouse Laurent (née le 21 octobre 1939) ; Pauline Brigitte Bégué épouse Hartke (née le 25 avril 1948).
Biographie
Premières années
1911. Le 22 novembre, naissance de Georges Bégué à Périgueux, France.
vers 1930-35. Bégué reçoit une formation d'ingénieur à l'University College de Hull. Il y apprend l'anglais et y rencontre sa femme.
1938. Il épouse Rose Mary Carrick le 29 octobre à Paris.
Il fait son service militaire dans les transmissions.
Début de la guerre
1939. À la déclaration de guerre, Bégué, caporal de réserve, est mobilisé et envoyé à l'état-major du secteur défensif d'Altkirch, en Alsace, section Génie-Transmissions (car il est opérateur radio). Naissance de sa fille aînée Suzanne Marilynne le 21 octobre.
1940[3].
- Mars. En raison de sa connaissance de l'anglais, il est affecté comme officier de liaison auprès de la 44e division britannique du BEF[4].
- Mai. Le 31, lors de l'évacuation de Dunkerque, il s'échappe en Angleterre.
- Juin. L'hôpital ; une permission pour retrouver sa femme et sa fille à Hull ; Londres ; de Gaulle et son appel. Il se rend à Saint Stephen's House, le quartier général des Français libres. Mais le colonel est absent et c'est un sous-officier en train de dresser des listes qui le reçoit. Sa désillusion est profonde. Il reconnaît des adjudants qui se proclament capitaines, qui s'intitulent ceci ou cela. Il retrouve des officiers de la mission de liaison qui, la veille encore, l'adjuraient de renoncer à son projet : « De Gaulle est un dissident, disaient-ils. N'oubliez pas qu'un jour il sera désavoué, il ne cherche qu'à se donner de l'importance. Ne vous approchez pas de lui… ». Cette course à l'avancement, Bégué ne la supporte pas. Il veut de la compétence, de l'autorité, des moyens, tout ce qui a manqué pendant la campagne de France. À première vue, rien chez les hommes qui entourent le général ne lui permet d'espérer : ils ne sont pas à la hauteur du Chef. Bégué poursuit ses recherches. Il lui faut se décider : regagner la France, comme la plupart des soldats qui ont, avec lui, embarqué à Dunkerque ? Rejoindre les Français libres ? Il refait une tentative, mais son impression n'est toujours pas bonne ; restent les Anglais.
- Juillet. Fin du mois, il s'adresse, avec quelques-uns de ses camarades des missions de liaison[5], au ministère de la Guerre britannique. Reçus par un officier au Great Central Hotel, près de Marylebone. Ils demandent à s'engager. On leur répond que cela paraît possible, sous réserve d'approbation par le Parlement.
- Août. C'est l'attente. On leur donne une chambre à l'hôtel, on leur sert une petite solde. Cela dure un peu plus d'une semaine. Le 13, Bégué est enfin emmené dans un centre de recrutement et autorisé à signer un acte d'engagement. On l'envoie à Catterick Camp, près de Darvington, pour lui apprendre l'utilisation d'un central téléphonique. Désespéré, il envisage de demander une autre affectation, comme la RAF.
1941.
- Janvier. Au début du mois, il est convoqué à Londres : deux officiers du SOE lui proposent d'être envoyé en mission en France. Il accepte.
- Il suit une période d'entraînement radio, puis parachutiste.
Mission clandestine en France
Sa mission consiste à se rendre à Valençay et à y prendre contact avec Max Hymans pour s'assurer de sa coopération pour aider à la création de réseaux action, et à assurer la fonction d'opérateur radio pour le premier réseau. Il emporte avec lui son émetteur dans une valise. Son pseudo est « Georges Noble ».
- Mai.
- 6. Dans la nuit du 5 au 6, vers 1 h 30, il est parachuté dans l'Indre[6] depuis un avion Whitley venu d'Angleterre. C'est ainsi qu'il est le premier agent SOE envoyé en France. Conformément à la mission qui lui a été assignée, il se rend le matin à Valençay et y cherche le domicile de son contact, le député Max Hymans (villa du Nahon, 92, rue Nationale). Mais celui-ci est absent ce jour-là. Bégué reste à l'hôtel d'Espagne.
- 7. Il retourne chez Max Hymans. Il le rencontre, parvient à le convaincre de sa bonne foi et à obtenir son accord pour coopérer.
- 8. Max Hymans emmène Bégué avec son émetteur à Châteauroux, et l'installe dans la maison située 14, rue des Pavillons. Le soir même, Bégué recrute sa première boîte aux lettres en la personne du pharmacien Henri Renan, 54 rue des Marins. Ultérieurement, il changera pour le garagiste Marcel Fleuret, 86 rue de la Couture.
- 9. Bégué envoie le premier message à Londres, pour signaler que Max Hymans accepte de coopérer et pour indiquer l'adresse de la première maison sûre, celle d'Henri Renan, qui servira aux prochains agents envoyés.
- Le SOE envoie trois autres agents - notamment Pierre de Vomécourt en tant que chef du premier réseau du SOE, AUTOGIRO.
- Durant les cinq mois suivants, Bégué aide à l'établissement du réseau et arrange les parachutages d'agents. Il est alors le principal contact du SOE en France. Il lui arrive d'émettre jusqu'à trois fois par jour. Il prend conscience des difficultés auxquelles vont se heurter les opérateurs radio, qui ne disposent que d'un petit nombre de canaux et ne peuvent, pour des raisons de sécurité, prolonger outre mesure leurs émissions vers Londres. Ainsi il suggère qu'on utilise les services de la BBC pour envoyer, lors des émissions qui transmettent déjà des messages familiaux, des messages personnels codés (une phrase convenue, signifiant l'annonce d'un événement donné, comme un parachutage, par exemple) ; une fois acceptée et mise au point, cette méthode sera très largement utilisée jusqu'à la libération.
- Septembre. Le premier message personnel reçu est : « Lisette va bien ». Il annonce une opération aérienne.
- Octobre.
- Le 3, un agent SOE, Gerry Morel suivant son propre chemin pour recruter des membres de la Résistance, finit par être arrêté par la Gendarmerie à Limoges. D'autres arrestations s'ensuivent.
- Le 24, Bégué aussi est arrêté à Marseille dans une maison pourtant réputée sûre. Il est envoyé dans la prison de Beleyme de Périgueux, où il rejoint d'autres agents SOE.
1942.
- Mars. Les prisonniers sont transférés au camp de Mauzac.
- Juillet. Le 16, Bégué s'étant débrouillé pour fabriquer un double de clé, parvient à s'évader avec dix camarades (voir l'article évasion de Mauzac). Ils se cachent en pleine forêt. Le 23 juillet, ils vont à Lyon en groupes séparés. Grâce au réseau d'évasion VIC, ils parviennent en Espagne en traversant les Pyrénées à pied.
- Août-octobre. Bégué est emprisonné à Figueras, puis envoyé au camp de Miranda de l'Ebro. Finalement, il sera relâché.
À Londres
- Octobre. Il arrive à Londres, où il devient le chef des transmissions de la section F, sous l'autorité de Maurice Buckmaster. Il assurera cette fonction jusqu'en septembre 1944.
1944.
- Septembre-octobre. Il est commandant de transmissions de l'EMFFI[7] à Londres.
Après la guerre
- Décembre. Il représente les services techniques de la DGER à Londres.
1946. En août, il est directeur de cabinet de Max Hymans, Directeur du Secrétariat Général à l'Aviation Civile et Commerciale (SGACC) à Paris.
1948. Naissance de sa deuxième fille Pauline Brigitte le 25 avril. À partir d'octobre, jusqu'en 1949, Georges Bégué représente le Secrétariat Général à l'Aviation Civile et Commerciale (SGACC) à Washington.
Il finit par devenir officiellement ingénieur électronicien dans une entreprise de radio-télécommunication dont Air France était un client, l’Atlantic Rechearch Corporation.
vers 1950. Il est recruté par Jansky and Bailey à Georgetown (Washington, D.C.), où il travaille jusqu'à sa retraite.
1964. Il adopte la nationalité américaine (3 avril).
vers 1976. Il prend sa retraite.
1993. Atteint depuis le début des années 1980 d'un zona et du syndrome de Miller-Fisher, Georges Bégué meurt le 18 décembre à Falls Church, Virginie.
Reconnaissance
- Royaume-Uni : Military Cross, MBE (membre de l'Ordre de l'Empire britannique),
- France : Chevalier de la Légion d'honneur, Croix de Guerre 1939-1945.
Annexes
Notes
- Identité utilisée notamment pour sa location à Châteauroux, 14 rue des pavillons. [Source : Beaussier, p. 44.]
- National Archives, Kew.
- Source : Decèze, p. 51-53.
- BEF : British expeditionary force, corps expéditionnaire britannique.
- La petite délégation comprend une trentaine d'hommes, avec : Commandant Folkeu ; capitaines Siriex et Boileau ; lieutenants Murat et Popoff.
- Reboursin. [Gilles Groussin, p. 149]. Il atterrit dans un champ du domaine de l'Abeaupinière, à l'Est du village de
- EMFFI : État-major des Forces françaises de l'intérieur
Sources et liens externes
- Dossier personnel « Georges Bégué », National Archives, Kew, ref. HS 9/115/2.
- Fiche Georges Bégué, avec photographies : voir le site Special Forces Roll of Honour.
- Site didié à la mémoire de Georges Bégué et comprenant des articles et des photos.
- Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8), (EAN 9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
- Revue ICARE n° 141, Aviateurs et Résistants, tome I, 1992. Ce numéro comprend p. 56-57 un article de Georges Bégué lui-même : Lune de mai.
- Gilles Groussin, La Résistance dans le canton de Valençay (Les Maquis de Gâtine), 2006, (ISBN 2-9515378-1-6)
- Dominique Decèze, La lune est pleine d'éléphants verts. Histoire des messages de Radio-Londres à la Résistance française (1942-1944), J. Lanzmann & Seghers, éditeurs, 1979.
- Pierre Josse, Premier parachutiste anglais sur le sol français, le commandant Georges Bégué revient dans l'Indre sur les lieux de ses exploits pour un film-vérité de la B.B.C., reportage in « La Nouvelle République du Centre-Ouest », lundi 13 septembre 1982, p. 2.
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