Français parisien

Français parisien

Français de France

Le français de France, appelé parfois français métropolitain ou français hexagonal, est la variété nationale de français appartenant à la France. Dans le contexte des comparaisons entre variétés nationales, on pense habituellement au « français standard de France », notion qui se confond pour l'essentiel avec celle de « français parisien »[1].

Le français de France connaît lui-même de nombreuses variétés régionales autres que le français parisien. Il peut être analysé non seulement par rapport aux autres français nationaux, mais aussi en étudiant sa diversité interne.

Lorsque le discours oppose collectivement les français de l'Europe (surtout France, Belgique, Suisse) aux variétés américaines (surtout québécoise et acadienne), on peut parler de français d'Europe.

On rencontre parfois aussi le terme « français international ». Selon Martel et Cajolet-Laganière, ce terme « ne correspond à aucun usage réel dans la francophonie. Cette expression, en quelque sorte euphémique, est par ailleurs souvent employée pour éviter l'emploi de l'expression "français de France". » [2]

Le français standard de France est la variété la mieux décrite dans les ouvrages linguistiques. Pour cette raison, les descriptions d'autres variétés de français se font souvent en les comparant à cette variété, dont la description dans les dictionnaires, grammaires et autres ouvrages de référence est alors appelée « français de référence »[3].

Un régionalisme (certains parleraient plutôt de « particularisme national »[4]) propre au français de France est appelé francisme[5], moins souvent hexagonisme.[5]

Sommaire

Statut particulier du français de France

La variété standard du français utilisée en France possède une influence sur l'ensemble des variétés de français qui est supérieure à celle des autres variétés nationales[6]. En effet, le français de France, à des degrés divers à travers le temps, a joui du statut d'acrolecte dans tous les pays francophones (du moins, entre dialectes du français).[réf. nécessaire] Par conséquent, les francismes (tels que week-end, qui concurrence au Canada fin de semaine) entrent souvent relativement facilement dans le français des autres pays francophones.[6][7]

Cependant, ce constat doit être nuancé dans la mesure où à l'époque contemporaine le français canadien de registre soutenu, à l'oral et dans une moindre mesure aussi à l'écrit, se démarque clairement du français de France.

Les variétés régionales du français de France

Le français du Midi

Article principal : Français méridional.

Le français d'Alsace

Article principal : Français d'Alsace.

Le français lyonnais

Article principal : Parler lyonnais.

Le français de France et la lexicographie

En France

Les dictionnaires de langue destinés au public français décrivent essentiellement le français standard de France, tous les régionalismes d'autres pays et de régions françaises autres que Paris portant des marques régionales. Les francismes ne portent jamais de marque dans ces dictionnaires. Même si ces dictionnaires contiennent un certain nombre de québécismes, belgicismes, etc., hormis les plus grands d'entre eux, ils n'ont pas pour objectif d'inclure la plupart du vocabulaire, même courant, propre aux autres pays francophones[8].

Dans les autres pays francophones

Le prestige du français de France auprès de la population des autres pays francophones tend à défavoriser commercialement les dictionnaires qui s'écartent considérablement de cette norme. D'après les défenseurs de normes endogènes du français, le manque de dictionnaires reflétant fidèlement le français local entraîne alors à son tour l'incertitude linguistique et donc le repli sur la norme française (voir débat sur la norme du français québécois).

Au Canada

Les seuls dictionnaires généraux de langue qui aient jusqu'ici eu pour politique de répertorier les francismes sont le Dictionnaire du français Plus (1988) et le Dictionnaire québécois d'aujourd'hui (1992). Ces dictionnaires étaient des remaniements de dictionnaires publiés en France à l'intention du marché français. Aussi, le Grand dictionnaire terminologique, mis sur pied par l’Office québécois de la langue française (OQLF), répertorie les francismes, les québécisme et les canadianismes en ajoutant la marque topolectale entre crochets. Par exemple, il écrira : stationnement n. m. [Québec], raisin des bois n. m. [France] et vin panaché n. m. [Canada].[9] Il existe aussi, à l'heure actuelle, deux projets de dictionnaire menés par des équipes lexicographiques canadiennes basés entièrement sur des corpus linguistiques canadiens : le projet Franqus (unilingue français) et le Dictionnaire canadien bilingue (français et anglais). Contrairement aux deux premiers, ceux-ci mettront des marques régionales non seulement aux francismes, mais aussi aux québécisme et aux canadianismes.

Ces dictionnaires indiquent les francismes lexicaux par une marque topolectale telle que « (France) ». Dans la plupart des cas, la marque « (Europe) » serait plus appropriée, car on n'entend pas exclure par là les lexèmes qui sont utilisés aussi en Belgique et en Suisse. C'est cette marque qui est d'ailleurs privilégiée par Franqus et le Dictionnaire canadien bilingue.

Voici par exemple l'article définissant le mot « cartable » dans le Dictionnaire du français Plus, prononciation et étymologie étant omises :

cartable n.m. 1. Cahier muni d'anneaux dans lequel on classe des feuilles. 2. (France) Serviette, sacoche d'écolier. V. sac d'école.

Le Dictionnaire québécois-français de Lionel Meney (2e éd., 2003) répertorie les francismes à sa façon. À l'entrée « cartable », l'équivalence français québécois:français standard se lit comme suit : (n. masc.) [reliure cartonnée dans laquelle on place des feuilles mobiles] : classeur (n. masc., cour.); classeur à anneaux (n. masc.); classeur à levier (n. masc.); classeur à tirette (n. masc.); reliure (n. fém.).

L'influence du français de France en Belgique et en Suisse

De manière générale, on peut affirmer qu'en Belgique et en Suisse, l'utilisation d'un français proche du français parisien standard a tendance à se répandre, aussi bien en ce qui a trait à la phonétique qu'au lexique.

En dehors du vocabulaire, par exemple officiel, lié directement aux institutions et aux réalités françaises, il est vraisemblable qu'il existe peu de francismes qui soient catégoriquement absents du français de Belgique et de Suisse.

L'influence du français de France au Canada

La situation est plus complexe au Canada. Il convient de remarquer d'abord qu'il n'y a pratiquement personne ayant grandi au Canada en milieu francophone qui parle spontanément avec un accent proche du français de France, quel que soit son niveau d'instruction ou son statut socio-économique[10] Quant au lexique, il existe « un nombre impressionnant d'écarts dans l'emploi du vocabulaire »[11], entre le français écrit du Québec et celui de la France. Ces écarts sont peu nombreux en grammaire et en syntaxe[12]. Cependant, au niveau familier oral, les écarts s'étendent aussi à la grammaire et à la syntaxe.

La question se pose donc de savoir : à quel point l'usage en situation formelle a tendance à s'aligner sur celui de la France; quel est le point de vue véhiculé par les instances gouvernementales, le monde de l'enseignement, et d'autres acteurs exprimant des jugements métalinguistiques, sur le degré d'alignement qui devrait exister; et quel a été l'effet des usages formels, influencés par le français de France sans se confondre avec lui, sur les usages oraux informels.

Le Québec s’est aussi doté d’une institution gouvernementale, l’Office québécois de la langue française (OQLF), qui régit le français du Canada, aussi appelé français québécois, au même titre que l’Académie française en France[13]. Ainsi, l’OQLF a moins de pouvoirs que l’Académie française, sur le plan international, mais l’OQLF a plus de pouvoirs que l’Académie française au Québec, et peut donc renverser une décision, mais seulement sur le territoire du Canada. Par exemple, même si « baladodiffusion » n’est pas attesté en France, qui accepte plutôt podcasting, « baladodiffusion » doit être utilisé officiellement et podcasting n’est pas accepté comme synonyme. Ce qui veut dire que, dans une production écrite scolaire, si un élève écrit podcasting, il sera pénalisé, comme s’il utilisait parking à la place de « stationnement ».

Aussi, depuis 2001, l’Université de Sherbrooke, en collaboration avec l’OQLF et le Trésor de la langue française au Québec (TLFQ), travaille sur un dictionnaire général de langue française dédié au français québécois standard. Sa publication est prévue pour 2008. Il sera disponible en version imprimée (publiée par Les publications du Québec) et en version électronique (en ligne et sur cédérom). Élaboré dans le cadre du projet Franqus, ce dictionnaire s’intitulera Dictionnaire de la langue française — Le français vu du Québec. Ce sera le premier dictionnaire de langue française à être créé en dehors de Paris, à être créé complètement au Québec (non adapté d’un dictionnaire français déjà existant) et à être dédié au français québécois standard. Il contiendra environ 50 000 mots.

L'époque du purisme

Après la Conquête et jusqu'aux années 1960, « des interventions sur la langue ont pour but d'épurer le français [du Canada] et de l'aligner sur le français de Paris »[14]. C'est ainsi que Thomas Maguire publie en 1841 le Manuel des difficultés les plus communes de la langue française, adapté au jeune âge et suivi d'un recueil de locutions vicieuses accompagnées de leur équivalent en français de France. La préoccupation de l'anglicisme se manifeste déjà au XIXe siècle, comme en témoigne le titre L'Anglicisme, voilà l'ennemi de Jules-Paul Tardivel, paru en 1880.

Les années 1960 marquent un certain assouplissement. Par exemple, l'Office de la langue française (maintenant devenu l’Office québécois de la langue française) publie son recueil de Canadianismes de bon aloi en 1969. La tolérance a cependant ses limites car la norme préconisée est toujours celle dite du « français international ». Le sentiment d'insécurité devant la mer anglophone de l'Amérique du Nord n'est pas étrangère à cet état de fait. Ainsi, l'Office écrit en 1965 dans son ouvrage Norme du français écrit et parlé au Québec : « L'Office estime que, pour résister aux pressions énormes qu'exerce sur le français du Québec le milieu nord-américain de langue anglaise, il est indispensable de s'appuyer sur le monde francophone: cela veut dire que l'usage doit s'aligner sur le français international, tout en faisant place à l'expression des réalités spécifiquement nord-américaines »[15].

Cette norme sociale n'a jamais correspondu dans les faits à la norme linguistique en vigueur au Canada, hormis les circonstances les plus officielles. C'est ce que Martel et Cajolet-Laganière appellent le « français québécois standard officiel »[16]. Ils le décrivent comme « un sous-ensemble officiel du français valorisé ».

Les campagnes de « bon parler » ont contribué à l'insécurité linguistique des Québécois. Résumant les résultats de recherches sociolinguistiques menées à l'époque, François Labelle affirme que « les efforts de l'OLF pour imposer une norme aussi française que possible, au cours des années 1960, avaient entraîné chez les Québécois de milieu non urbain une réaction de dévalorisation de leur variété dialectale. » [17]

Effets sur le français du Canada

L'époque moderne

Le changement des attitudes est manifeste depuis les années 1970. On prend souvent comme point de repère la déclaration de 1977 de l'Association québécoise des professeurs et professeures de français, définissant la variété de français qui est l'objet principal de l'enseignement: « Le français standard d'ici est la variété de français socialement valorisée que la majorité des Québécois francophones tendent à utiliser dans les situations de communication formelle »[18].

Au Canada, le français écrit et celui des communications orales formelles adhère sensiblement moins à la norme française que dans les années 1970. On ne songe plus à substituer un mot européen comme fraiseuse (à neige), presque absent du discours spontané, au mot courant souffleuse. De même, la non-affrication de t et d devant i et u, comme dans la prononciation française de « tuteur », a presque disparu des ondes de Radio-Canada, sauf chez les locuteurs étrangers ou acadiens.

En revanche, le français familier tend de manière croissante à se débarrasser des éléments qui divergent de manière très marquée du français écrit, lequel a toujours été plus proche du français de France. Ainsi, les formes grammaticales non standard (par exemple : que je faise « que je fasse » ) s'entendent moins souvent, et le nombre d'anglicismes a tendance à diminuer, très souvent (mais pas toujours) au profit de formes francophones (par exemple drille, remplacé par perceuse). En ce qui concerne la phonétique, pour ne donner qu'un exemple très connu, la prononciation [mwe] du mot moi, est en déclin lorsque l'on veut être moins familier, remplacé par [mwa], une prononciation populaire parisienne qui ne s'est pourtant imposée en « bon français » parisien qu'après la Révolution. Cette dernière prononciation était donc à l'origine un francisme au Canada, mais ne l'est plus maintenant.

De très nombreux mots apparus en France après la Conquête anglaise du Canada en 1760 sont passés en français canadien et ne méritent plus de ce fait d'être appelés « francismes ». Le mot chandail est de ce nombre. On pourrait même se demander si ce mot n'est pas aujourd'hui un canadianisme, ayant été pratiquement supplanté en France par pull.

Les Canadiens francophones ont de plus en plus souvent une connaissance passive, à travers des médias tels que l'édition et le cinéma (ajoutons les doublages de films et de séries télévisées produits au Canada mais destinés au marché international), de nombreuses expressions propres au français européen, et, ce, beaucoup plus fréquemment que les francophones européens ne connaissent les canadianismes. Toutefois, les francismes institutionnels tels que tribunal d'instance, commission rogatoire pour « mandat de perquisition » ou commissaire aux comptes « auditeur », ainsi que les francismes familiers moins courants, comme par exemple biroute « pénis » ou frangine « sœur », restent peu connus.

Exemples de francismes lexicaux

Voici quelques exemples de mots et d'expressions caractéristiques du français d'Europe, compréhensibles au Canada à des degrés variables:

Réalités françaises

  • buraliste « marchand de tabac[19] »
  • gant de toilette « poche en tissu servant à faire sa toilette[20] »
  • scoubidou « tresse de fils de plastique multicolore, faite par les enfants comme bibelot »[21] (au Canada, Scoubidou appelle plutôt à l'esprit un chien personnage de dessin animé).
  • appel (téléphonique) en PCV (pour « à PerCeVoir »), « communication payée par l’appelé et non l’appelant », au Canada, appel à frais virés[22]
  • bande d'arrêt d'urgence « accotement stabilisé », en Belgique, zone de sécurité[23]
  • voie express, désignation de certaines voies rapides à l'intérieur d'une agglomération (voies qui n'entrent pas dans la catégorie légale des autoroutes en France).

Cuisine

  • glace « crème glacée » [24] (en France, la réglementation distingue crème glacée, la glace - à base de lait - et le sorbet - à base de suce et d'eau uniquement en plus de l'arôme ou du fruit-)[25]
  • pain perdu « pain trempé dans du lait et des œufs battus, puis rôti à la poêle », au Canada, pain doré[26]
  • petit salé, sorte de lard salé [27]
  • petit suisse « petit fromage frais à la crème » (au Canada, petit suisse désigne plutôt une espèce de tamia)[28]
  • noix de pécan « pacane »[29]

Sports

  • batte « bâton (de baseball) » [30](au Canada, ce terme est, au masculin, considéré comme un anglicisme familier en référence au baseball, mais est le seul employé pour une batte de cricket)
  • footing ou « jogging »[31] ou « course à pied »
  • palet « disque de caoutchouc utilisé dans le hockey (sur glace) », au Canada, rondelle[32]
  • football « football club - association », au Canada, soccer[31]

Francismes familiers

  • vachement « très[33] », « beaucoup »
  • C'est le pied! « C'est fantastique! » [34]
  • se prendre un cuite « s'enivrer, Virer une brosse » [35]
  • aprèm « après-midi »
  • se magner et se grouiller « se dépêcher » [36]
  • se tailler « partir, se sauver » [37]
  • ça craint « risqué, louche, ennuyeux, affreux »
  • flemmarder et glander « paresser, ne rien faire de particulier » [38]

Francismes vulgaires

  • putain ! S'emploie pour maudire quelque chose qu'on déteste[39] ou au fuck ou fucking en anglais.
  • tirer un coup « avoir un rapport sexuel (homme) »
  • niquer « avoir eu un rapport sexuel, et duper »
  • tailler une pipe « faire une fellation »

Francismes divers

  • déjeuner « repas du midi ». En Suisse, en Belgique et au Canada (et facultativement dans le nord et l'est de la France), dîner[40]. Le mot déjeuner signifie dans ces pays « repas du matin ». Cependant, le mot déjeuner, dans son sens français, est attesté et se rencontre à l'occasion dans la langue très soignée, par exemple protocolaire[41].
  • petit déjeuner, p'tit déj' « repas du matin »
  • dîner, souper « repas du soir »
  • toboggan « appareil de jeu (dans un parc par exemple) muni d'une rampe sur laquelle on se laisse glisser », au Canada, glissoire [42] Toboggan est aussi un traîneau de sport d'hiver servant à dévaler des pentes enneigées, familièrement « traîne sauvage » au Canada.
  • suçon, « élevure qu'on fait à la peau en la tirant par succion », au Canada, sucette[43]
  • sucette « Bonbon à sucer fixé à l'extrémité d'un bâtonnet », au Canada, suçon[43]
  • speakerine « présentatrice (de radio, de télévision) »[44], animatrice.
  • scotcher « coller avec du ruban adhésif -néologisme issus de la marque Scotch», « ne pas bouger », (Pierre a passé tout l'aprèm scotché devant la télé) et « être impressionné, surpris  »
  • cas de figure « cas, hypothèse », par extension de l'emploi de cette expression en géométrie élémentaire (dans ce cas de figure, il faudrait appeler les pompiers)
  • espace, utilisé très couramment sans égard à l'étendue en trois dimensions (Espace jeunesse). Au Canada, plus souvent aire ou zone.

Francismes issus de la néologie officielle

  • asfi « wifi »
  • mél- peut utilisé plus courant mail- « courrier électronique, courriel »

Francismes qui sont également des anglicismes

Dans certains cas, ces mots n'ont pas cours au Canada. Dans d'autres, ils sont utilisés, mais sont inhabituels dans le langage soigné. Les locuteurs francophones originaires de l'ancien continent ont également tendance à préserver la prosodie du français lorsqu'ils empruntent des anglicismes et autres mots d'origine étrangère (pour Ferry-Boat, par exemple, on prononce en France Féribôt), alors que les Canadiens traitent différemment les mots d'origine anglaise des autres mots d'origine étrangère.

  • ferry-boat[45] « navire conçu pour le transport de véhicules », au Canada, traversier
  • bowling[45] « jeu de quilles »
  • sponsor, sponsoriser[45] « commanditaire, commanditer »[46]
  • stick[45] « Autocollant - plus courant »
  • escalator[45] « escalier mécanique »
  • light[45] « à basse teneur en calories, léger »
  • green[45] « partie rase d'un terrain de golf », au Canada, vert
  • free-lance[45] « travailleur indépendant, libéral pigiste (pour les journalistes) »
  • live « en direct »
  • tour-opérator « voyagiste »

Francismes d'origine administrative

Notons la prédilection marquée des Français pour l'adoption dans le langage courant d'expressions à l'origine administratives, souvent sous forme de sigle, parfois utilisées à valeur d'euphémismes:

  • sans domicile fixe, SDF « sans-logis[47] »
  • interruption volontaire de grossesse, IVG « avortement provoqué » [48](notons qu'au Canada, IVG signifie plutôt « insuffisance ventriculaire gauche »)[49]
  • demandeur d'emploi « chômeur »
  • RMI, sigle de revenu minimum d'insertion, désignation d'une allocation d'aide sociale. Cela donne RMiste ou érémiste « bénéficiaire du RMI, assisté ». [50]
  • PACS, sigle de pacte civil de solidarité, forme d'union civile, ouverte aux conjoints de même sexe; donne le verbe "se pacser".

Francismes qui sont aussi des canadianismes

Un exemple possible de francisme relatif à la Belgique et à la Suisse:

  • soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix (France, Canada), en Belgique et en Suisse (et facultativement en Acadie) septante, octante, nonante

Exemples de francismes grammaticaux

  • Il arrive fin juin, « à la fin de juin »
  • Un immeuble situé rue Broca, « dans la rue Broca ». Au Canada, le plus souvent[réf. nécessaire], sur la rue Broca (anglicisme).
  • Avant qu'il n'arrive (Ne dit explétif). Au Canada, le plus souvent, avant qu'il arrive.
  • Je serai demain sur Paris. (à Paris).
  • Dans le Wisconsin, "au Wisconsin"

Exemples de francismes phonologiques

Ici, il importe de souligner qu'on compare le français de France d'aujourd'hui non pas au français canadien, mais à la variété de français de France qui a servi de modèle de prestige au Canada au milieu du vingtième siècle, à l'époque où les présentateurs de radio et de télévision visaient encore une prononciation « française ». Cette variété est décrite dans de nombreux ouvrages, dont par exemple celui de Walker, The Pronunciation of Canadian French, sous le vocable "Standard French". Ces divergences sont particulièrement remarquables à l'ouïe pour les Canadiens, habitués autrefois à cette norme traditionnelle par l'entremise des médias.

Inventaire phonémique

  • De manière générale, il n'y a aucune distinction entre è bref et è long: les paires mettre/maître, saine/scène sont prononcées sans distinction, sauf parfois chez les gens très âgés et dans le théâtre. Cette distinction est en déclin dans le français de France depuis plus d'un siècle, et son existence échappe désormais à la conscience de l'immense majorité des Français.
  • Les a bref et long ne sont distingués que par une minorité (notamment à Paris) : les paires patte/pâte, tache/tâche sont prononcées sans distinction. Ceci est encore plus vrai lorsque l'orthographe n'indique pas la présence possible d'un a long : espace, cadre, cadavre sont presque toujours prononcés avec a bref. Les deux éléments du nom Jacques Chirac riment. La majorité des Français sont conscients de l'existence chez certains de cette distinction, qui était encore majoritaire dans les années 1950.
  • De plus en plus, la voyelle un est prononcée in. Ainsi, les paires brun/brin, emprunt/empreint sont homophones. Bien que cette distinction soit maintenue par un très grand nombre de Français, ceux qui ne la font pas ne la remarquent souvent pas chez les autres, contrairement au cas de la distinction patte/pâte.

Il existe d'autres fusions phonémiques en France qui ne prédominent pas encore à Paris, dont certaines sont d'origine régionale ou marquées sociolinguistiquement. Les plus répandues sont sans doute illustrées par les paires homophones suivantes :

  • poignée/poignet (très répandue). Même chez ceux qui maintiennent cette distinction, pour certains d'entre eux de nombreux mots en -ai changent de catégorie: prendrai prononcé comme prendrais (c'est-à-dire comme poignet) et j'ai, quai, gai prononcés comme poignet.
  • jeûne/jeune (particulièrement répandue dans le Sud de la France)
  • paume/pomme (uniquement dans le Midi, et dans le Sud-Est surtout)
  • déjeuner prononcé comme déjner, le eu étant considéré comme un e caduc sujet à suppression, les exemples sont multiples secrétaire prononcé comme scrétaire...
  • saigner rimant avec lainier

Lorsque les trois premières fusions se produisent, les deux anciennes voyelles sont alors en variation allophonique, la première étant réservée aux syllabes ouvertes (ou, dans le cas de eu, fermée par un son z comme dans menteuse), la seconde aux syllabes fermées.

Cette remarque s'étend de plus au e caduc, par exemple pour le pronom le accentué, prononcé leu [lø] dans fais-le ! En réalité, la prononciation ancienne en [lə] de le accentué, sans arrondissement des lèvres, est actuellement très minoritaire en France, remplacée par [lø] ou une articulation proche de [lœ] (comme le début du mot leur).

Autres phénomènes phonétiques caractéristiques

  • Un affaiblissement de la distiction des voyelles é/è à l'intérieur des mots. Par exemple, alors qu'au Canada on prononce normalement blesser comme blè-sé, en France on entend plutôt blé-sé, par assimilation du premier e à la qualité du dernier, et ce, même chez les locuteurs qui distinguent nettement é et è à la fin des mots.
  • Une tendance à l'insertion d'un e caduc non-étymologique pour éviter la création de certains groupes consonantiques, par exemple dans ours blanc, prononcé ourse blanc. Ce phénomène n'est pas tellement présent au Canada (un contre-exemple est le nom du célèbre Patrick "e" Roy).

Autres particularités de prononciation

Les prononciations suivantes sont fréquentes, mais pas toutes universelles:

  • Août, but, scorbut, vingt prononcés avec t final. Le t de vingt est parfois prononcé dans le Nord ou dans l'est de la France (Franche-Comté, Bourgogne), mais plus rarement dans d'autres endroits de France.
  • Ananas, détritus prononcés avec s final.
  • osciller rime avec épiler
  • tome rime avec pomme

Les prononciations des mots provenant de l'anglais distinguent souvent le français d'Europe du français canadien. Elles constituent une caractéristique stable du français de France.

  • Mickey, hockey, et d'autres mots anglais en ey prononcés « Miquet », « hoquet », etc. (prononciation fondée sur l'orthographe)
  • Hall, baseball, etc. prononcés « -ôle » (prononciation plus proche de la prononciation britannique)

Code

  • code de langue IETF (en) : fr-fr

Notes

  1. Martel, pp. 92,93
  2. Martel, p. 18
  3. Martel, p. 69
  4. Le terme « régionalisme » utilisé dans ce sens est rejeté par bon nombre de linguistes du français, qui le réservent aux particularismes des régions à l'intérieur de la France, du Québec, etc. Voir Martel, pp. 69-72, citant notamment Hausmann à ce propos.
  5. a  et b Grand dictionnaire terminologique
  6. a  et b [1]
  7. Le texte « Oui... au français québécois standard » [2] de Martel et Cajolet-Laganière fait référence au mot week-end, ainsi qu'au genre masculin dans le job et le badge.
  8. Par exemple, on lit dans la préface du Nouveau Petit Robert, édition de 1993, au sujet des régionalismes dans le dictionnaire : « Ces données ne prétendent pas remplacer les descriptions spécifiques et plus exhaustives des belgicismes [...], et encore moins se substituer à des dictionnaires du français décrivant l'usage et la norme de cette langue dans une communauté sociale donnée (le Robert vient d'en faire la tentative très sérieuse au Québec, par le Dictionnaire québécois d'aujourd'hui.)» [...] Le Nouveau Petit Robert, bien qu'il décrive fondamentalement une norme du français de France, inclut certains régionalismes de France et d'ailleurs pour souligner qu'il existe plusieurs « bons usages », définis non par un décret venu de Paris, mais par autant de réglages spontanés ou de décisions collectives qu'il existe de communautés vivant leur identité en Français. »
  9. Note : Ce sont des exemples isolés : les sujets n’ont aucun lien.
  10. On lit par exemple dans Martel, p.90, au sujet du trait d'affrication des consonnes « d » et « t » devant « i » et « u » : « Un Québécois qui n'utilise pas ce trait lorsqu'il parle est perçu comme d'origine acadienne ou européenne. »
  11. Martel, p.99
  12. Martel, p. 99
  13. (fr) Mission et rôles de l’Office québécois de la langue française
  14. Martel, p. 20
  15. Martel, pp. 49, 50
  16. Martel, p. 74
  17. http://wwwens.uqac.ca/~flabelle/socio/attitude.htm
  18. Martel, pp. 76, 77
  19. Boulanger, p. 141
  20. Boulanger, p.529
  21. Boulanger, p. 1079
  22. Poirier, p. 1213
  23. Grand dictionnaire terminologique
  24. Boulanger, p. 541
  25. Grand dictionnaire terminologique, entrée crème glacée
  26. Robinson, p. 29
  27. Robinson, p. 28
  28. Boulanger, p. 868
  29. Boulanger, p. 823
  30. Boulanger, p. 102
  31. a  et b Boulanger, p. 502
  32. Boulanger, p. 826
  33. Robinson, p. 224
  34. Poirier, p. 1255
  35. Boulanger, p. 288
  36. Boulanger, p. 700
  37. Boulanger, p. 1148
  38. Boulanger, p. 496
  39. Boulanger, p. 961
  40. Boulanger, p. 309
  41. BDLP-Québec, entrées déjeuner, dîner
  42. Grand dictionnaire terminologique, entrée glissade
  43. a  et b Boulanger, p. 1130
  44. Boulanger, p. 1118
  45. a , b , c , d , e , f , g  et h Martel, p.110
  46. Les traductions proposées sont d'emploi courant au Canada et sont recommandées officiellement comme équivalents en France
  47. Grand dictionnaire terminologique, entrée sans-abri
  48. Boulanger, p. 641
  49. Grand dictionnaire terminologique, entrée insuffisance cardiaque gauche
  50. Pour la définition « assisté », le Grand dictionnaire terminologique donne assisté comme synonyme de bénéficiaire de l'aide sociale. Le Dictionnaire québécois d'aujourd'hui donne: « (Personnes) Qui reçoit une aide ».

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  • Jean-Claude Boulanger (éd.), Dictionnaire québécois d'aujourd'hui, DicoRobert, Saint-Laurent, 1992, xxxv+1269 p.
  • Claude Poirier (éd.), Dictionnaire du français Plus à l'usage des francophones d'Amérique, Centre Educatif et Culturel, Montréal, 1988, xxiv+1856 p.
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