Fondation de rome

Fondation de rome

Fondation de Rome

La fondation de Rome décrit les aspects historiques de la naissance de la ville de Rome au cours du VIIIe siècle avant J.-C.

Les recherches historiques et archéologiques récentes renouvellent la représentation de l'origine de la Ville et mettent souvent à mal le récit traditionnel que les auteurs antiques ont laissé.

Sommaire

La tradition

Selon la légende, Rome fut fondée par Romulus et Rémus, qui, dans leur enfance, auraient été nourris par une louve.

Deux traditions existaient dans l'antiquité sur l'origine de Rome.

Virgile tira de la première tradition une épopée intitulée l'Énéide, récit qui a plus une prétention poétique (dans la lignée de Homère) qu'historique. Voir, à ce propos, la légende d'Énée (Æneas).

Le récit de la fondation

Article détaillé : Romulus et Rémus.

D'après la légende latine, Romulus fonda la ville de Rome à l'emplacement du Mont Palatin sur le Tibre le 21 avril -753 .

C'est à partir de cette date fictive que les Romains comptèrent les années. Cette convention nécessitait une justification légendaire pour en affirmer le caractère sacré ; deux narrations sont connues à travers la littérature gréco-latine sur le récit de cette fondation :

Selon la légende rapportée par Tite-Live[1], Romulus et Rémus étaient les fils du dieu Mars et de la vestale Rhéa Silvia, elle-même fille de Numitor et petite-fille du roi Procas. Son oncle Amulius s'empara du trône et la fit vestale pour être sûr qu'elle n'ait pas d'enfants mâles. En même temps, Amulius tua tous les descendants mâles de son frère Numitor. Néanmoins, Mars tomba fou amoureux de la jeune fille qui accoucha de jumeaux : Romulus et Remus. Amulius fit alors emmurer la Vestale et condamna les nourrissons à être jetés dans le Tibre. Les enfants furent abandonnés dans une fondrière, sur les rives du Tibre en crue, par les serviteurs chargés d'exécuter la sentence. Ils furent alors recueillis par une louve qui les allaita dans la grotte du Lupercal, au pied du Palatin. Par la suite, le berger Faustulus, témoin de ce prodige, recueillit alors les jumeaux et les éleva, en compagnie de son épouse Acca Larentia. Cette dernière, aurait été une prostituée que les bergers des environs auraient surnommée lupa ("la louve"). La légende de la louve allaitant les jumeaux tirerait peut-être son origine de ce surnom.

Devenus adultes, Romulus et Remus décidèrent de fonder une ville[2]. N'arrivant pas à départager celui des deux qui donnerait son nom à la ville nouvelle, ils s'en remirent aux augures. Remus fut le premier à voir six vautours voler dans le ciel. Aussitôt après, Romulus vit douze vautours. Remus avait donc pour lui la primauté, alors que Romulus avait le nombre le plus important. Ce fut Romulus qui finalement fut désigné.

Alors qu'il trace le pomœrium, sillon sacré délimitant la ville, soulevant l'araire pour ménager des portes, son frère Remus, pour se moquer de la faiblesse de la ville nouvelle, franchit d'un pas ce rempart symbolique. Aussitôt Romulus le tue en songeant à l'adage "Insociabile regnum" (Le pouvoir ne se partage pas) marquant ainsi tout aussi symboliquement, l'intransigeance sourcilleuse de Rome devant toute incursion malveillante.

Ce rite fondateur est suivi de divers événements qui concourent au peuplement initial de Rome : enlèvement des Sabines, guerre contre le roi sabin Titus Tatius, secours apporté par le chef étrusque Coelius Vibenna qui s’installe sur une colline à laquelle il donne son nom (selon Varron), paix avec les Sabins, et partage du pouvoir avec Titus Tatius.

La date de la fondation

L’anniversaire du jour de la fondation de Rome était célébrée le 21 avril (fête des Palilia). L’année retenue par les Romains et par les historiens modernes est -753, date proposée par Tite-Live, malgré quelques propositions alternatives :

  • Timée de Tauroménion (vers -350, -250), cité par Denys d’Halicarnasse propose -813, en même temps que la fondation de Carthage.
  • Quintus Fabius Pictor (vers -254, -201), le premier historien romain, se base sur une royauté de 7 générations de 35 ans qui précède l'établissement de la République et aboutit à -747 ou -748.
  • Le censeur Caton l'Ancien (-234,-149) qui rédigea une histoire des Origines calcule 432 ans après la guerre de Troie, et obtient -751.
  • L’écrivain romain Varron (-116, -27) reprend les travaux de Fabius Pictor et corrige la date de fondation de Rome en -753/754, ce que Tite-Live adoptera.
  • Denys d’Halicarnasse dans une démonstration argumentée sur la chronologie des rois date la fondation de Rome de la première année de la septième olympiade, soit -751[3].

Dans l’ensemble, une convergence s’établit sur le milieu du VIIIe siècle av. J.-C..

Les vestiges au temps de la République romaine

Au temps de Cicéron, donc au Ier siècle av. J.-C., les Romains montraient fièrement sur le Palatin la casa Romuli, une cabane au toit de chaume et aux murs de torchis, où le berger Faustulus éleva les enfants Romulus et Remus, et une autre cabane sur le Capitole devant le temple de Jupiter Optimus Maximus, attribuée à Romulus en personne ou encore à son collègue Titus Tatius. Vestiges respectés et attributions légendaires, ce sont des indices d’habitat certainement très anciens, mais de quelle époque ?

Les critiques de la tradition

Tite-Live et Denys d’Halicarnasse émirent eux-mêmes des réserves sur ce qu’ils rapportaient. Ainsi Tite-Live rapproche le surnom lupa et l'histoire de la louve.

Au XVIIIe siècle, un rejet massif s’exprime avec la Dissertation sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine, de Louis de Beaufort, publiée en 1738.

L’historien Mommsen (1817-1903) a exprimé des doutes plus modérés. Il émet l’hypothèse que la tradition antique a pu se construire à partir de faits réels mais projetés sur un passé lointain et transformés en mythes. Par exemple, l’immigration à Rome de population sabine (arrivée des Claudii) au début de la République serait à l’origine de l’épisode de l’enlèvement des Sabines et de l’association avec Titus Tatius.

D’autres critiques soulignent l’habitude des auteurs anciens d’inventer un personnage éponyme pour fournir l’origine du nom d’un lieu. Romulus et Rome, le chef étrusque Coelius Vibenna et la colline du Cælius sont des exemples de ce mécanisme.

Georges Dumézil, pour sa part, explique les légendes de la fondation de Rome comme un récit mythique structuré par le système de Fonctions tripartites indo-européennes. À partir de traditions indo-européennes, les romains auraient inventé les légendes fondatrices, ces légendes exprimant en fait des schémas idéologiques indo-européens. Romulus et Numa Pompilius se partagent la fonction de souveraineté sacrée, Tullus Hostilius représente la fonction guerrière et Ancus Marcius représente la troisième fonction de production et de fertilité.

Les analyses archéologiques apporteront des éléments nouveaux.

L'apport de l'archéologie

L'archéologie a montré que le site de Rome a été occupé dès le Xe siècle av. J.-C.. Le site de Rome n'est alors qu'un ensemble de villages de pasteurs, répartis sur les collines entourant la dépression du forum romain.

Les premières découvertes archéologiques à Rome

Le site de Rome et les vestiges du Xe-VIIIe siècles
Fonds de cabanes avec leur trous de poteaux sur le Germal

Les premières découvertes datent du début du XXe siècle, et furent suivies d’autres, au hasard des travaux ou des sondages :

  • quelques vestiges trouvés entre le Tibre et le forum Boarium attestent une présence vers le IIe millénaire av. J.-C., mais celle-ci ne semble pas avoir été continue. Elle n’est donc pas retenue comme contribuant à la fondation de Rome.
  • sur le Germal (sommet ouest du Palatin), on découvrit en 1907 des fonds de cabanes que l’on dégagea en 1949 : sols creusés dans le tuf de la colline, trous de poteaux, traces de foyer ; les céramiques associées dataient du VIIIe siècle av. J.-C.
  • sur le Palatual (sommet est du Palatin), d’autres fonds de cabanes furent découvertes.
  • la présence d’une tombe à urne d’incinération entre les deux groupes de cabanes du Palatin permet de supposer l’existence d’un espace dégagé entre ces deux établissements, probablement une nécropole.
  • la plaine marécageuse située entre le Capitole et le Palatin, qui deviendra le Forum Romanum, fut aussi d’abord une nécropole ; en 1902-1903, on trouva 41 tombes près du Temple d'Antonin et Faustine : des puits funéraires de tombes à incinération, des fosses d’inhumation avec des mobiliers variés, dont des vases proto-corinthiens du VIIe siècle av. J.-C.. Des cabanes furent également repérées, au centre du forum et sur les pentes du Palatin.
  • sur le Quirinal, 5 tombes, les unes à incinération, les autres à inhumation
  • sur l’Esquilin, 86 tombes, toutes à inhumation, sauf quatre à incinération. Ces tombes contenaient un riche mobilier différent des précédentes nécropoles : des armes, des casques, des boucliers et même un char de combat.

Les datations réalisées s’échelonnent du Xe siècle av. J.-C. au VIIe siècle av. J.-C., ce qui est compatible avec la tradition. Les premiers habitants de Rome habitaient donc dans de grossières huttes de torchis à l’image des urnes funéraires en forme de cabanes rondes trouvées dans le forum, et étaient en majorité pasteurs et paysans.

Les premières interprétations archéologiques

Urne funéraire à incinération, en forme de cabane archaïque

Parallèlement à ces découvertes, les études sur les peuples Italiques indo-européens, dont font partie les Latins, indiquaient une prédominance pour les funérailles par incinération, tandis que les peuples méditerranéens étaient réputés adeptes exclusifs de l’inhumation. Les tombes à incinération furent donc toutes supposées latines. Puisque la tradition de la fondation de Rome décrivait un mélange entre Latins et Sabins, peuples différents, les tombes par inhumation furent systématiquement attribuées à des Sabins, qu’on estimait plus influencés par les coutumes méditerranéennes.

L’ethnie de chaque village fut ainsi déduite selon la proximité et le type des inhumations : Le cimetière du forum fut attribué aux Latins, ainsi que les cabanes du Palatin et de la Velia (confirmant la tradition), la nécropole de l’Esquilin aux Sabins (cette fois à l’encontre de la tradition qui y situe les Latins) de même que celle du Quirinal (malgré le petit nombre et la diversité des tombes).

On supposa une première fédération des deux villages du Palatin, apparemment les plus anciens, qui s’élargit ensuite à sept villages pour créer le Septimontium.

De nos jours, les archéologues sont moins catégoriques sur les attributions ethniques, d’autant plus que souvent sur un même site coexistent des tombes à incinération et des tombes à inhumation. Ils évitent les interprétations des trouvailles menées à la lumière des traditions et cherchent plutôt à placer les données archéologiques dans un contexte d’ensemble, avec ses évolutions et ses interactions culturelles.

L’approfondissement de la recherche archéologique

À partir de 1948, de nouvelles fouilles archéologiques à Rome et dans le Latium apportèrent des éléments factuels sur l’origine de Rome. À partir d’un recensement de tous les vestiges découverts à Rome et dans le Latium, l'archéologue suédois Einar Gjerstad (1897-1988) proposa une chronologie de la période allant du Xe siècle av. J.-C. au VIe siècle av. J.-C. en quatre phases. Très débattue par ses confrères, révisée par H. Müller-Karpe et R. Peroni en 1962, elle a fini par être admise comme cadre de référence :

  • La première phase se place au Xe siècle av. J.-C. à la fin de l’âge du bronze et au début de l’âge du fer. Les Latins pratiquent l’incinération, recueillent les restes dans des vases ou des urnes funéraires en forme de cabane, puis réunissent dans une jarre (dolium) l’urne, des reproductions en miniature de mobilier ou d’objets usuels en bronze ou en terre cuite, parfois les restes du repas funéraire. Cette jarre est ensuite enterrée dans un puits funéraire. Ce mode d’incinération/inhumation est aussi pratiqué à la même période en Etrurie.
  • La seconde phase va du début du IXe siècle av. J.-C. au début VIIIe siècle av. J.-C. (900-770 pour Müller-Karpe-Peroni). De nouveaux types de vases, des fibules démontrent des contacts avec l’Étrurie et la Campanie. La pratique de l’incinération recule au profit de l’inhumation. On subdivise cette période en IIA (pratique majoritaire de l’incinération) et IIB (inhumation majoritaire).
  • La troisième phase occupe le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. (770-730 pour Müller-Karpe-Peroni). Des importations de céramiques grecques de style géométrique apparaissent, imitées par la production locale. Les objets métalliques se diversifient, les tombes traduisent par la diversité de leur mobilier une différenciation sociale et l’apparition de familles riches.
  • La quatrième phase, dite orientalisante, va de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. au début VIe siècle av. J.-C. (730-570 pour Müller-Karpe-Peroni). Les céramiques grecques et étrusques sont présentes dans tout le Latium. De riches tombes témoignent de l’existence d’une aristocratie guerrière dans le Latium, contemporaine de celle qui se développe en Etrurie. C’est à cette période que se rattache le plus ancien document écrit connu, la fibule de Préneste portant en caractères grecs le nom de Numasios et datée d’environ -675. C’est également à cette période que l’on rattache les premières murailles découvertes au pied du Palatin en 1987, peut-être un vestige du pomœrium.

Nouvelles interprétations archéologiques

Cette série de fouilles sur un périmètre plus large complètent les fouilles d’avant la Seconde Guerre mondiale. Elles confirment la présence de hameaux dispersés sur les diverses collines de Rome dès le Xe siècle av. J.-C., avec une culture voisine de la culture villanovienne de l’Étrurie (urnes cinéraires dans des tombes à puits). L’étiquetage sur le site de Rome entre des villages latins, sabins, étrusques se révèle maintenant un exercice hasardeux, sur des groupes humains aux conditions modestes et homogènes.

Ce peuplement dispersé évolue lentement, modifiant ses habitudes funéraires, sans que l’on puisse voir une rupture marquée, qui aurait reflété un changement brusque de peuplement. Le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. témoigne d’une accélération de la différenciation sociale, et le début d’une société avec une aristocratie plus riche, en contact avec l’expansion grecque qui commence elle aussi à cette période. Ce mouvement touche l’Etrurie, la Campanie, le Latium, et bien sûr le site de Rome.

Au VIIIe siècle av. J.-C., le forum romanum n’est plus un cimetière et commence à être habité. Les sépultures sont repoussées vers l’Esquilin. Ces tombes de guerrier se situent dans la phase IV de la chronologie, mais n’ont pas le luxe d’autres tombes latines de la même époque. Les importations à Rome de céramiques étrusques commencent vers la fin du VIIe siècle av. J.-C., en retard sur le reste du Latium. Toujours au VIIe siècle av. J.-C., le forum romanum devient un espace public, avec l’aménagement d’un sol empierré.

Le forum romanum apparaît comme le témoin de la naissance de Rome : il fut successivement marécage, cimetière à incinération puis à inhumation, lieu habité, espace public. L’historien Pierre Grimal l’étudia et en tira les observations qui suivent.

Les traces du rituel de fondation

Pierre Grimal relève dans son ouvrage Les villes romaines les éléments récurrents du rituel de fondation pratiqué par les Romains et par les Étrusques, confirmés par le plan des colonies qu’ils ont fondées et recoupés en partie par la description de Tite-Live :

  • la délimitation de la cité par un sillon sacré, le pomœrium, saignée ouvrant le sol et infranchissable car sous l’influence des dieux infernaux
  • l’orientation selon les axes cardinaux, matérialisée par quatre portes face aux quatre points cardinaux, interrompant le tracé du sillon sacré ; les latins nommaient ces deux axes le cardo et le decumanus
  • une mise sous la protection des dieux « d’en haut », en leur dédiant un temple sur un point élevé de la fondation, de façon que leur regard couvre la plus grande superficie possible de la future cité
  • au centre de la fondation, une fosse circulaire appelée mundus recevant des offrandes pour les divinités « d’en bas ».

Si l’on ne trouve pas sur le périmètre du Palatin le souvenir de portes orientées selon les points cardinaux, telles que les aurait ménagées Romulus, en revanche quatre portes très anciennes étaient connues à l’époque romaine classique, qui bordaient le forum romanum :

  • au nord, la porte de Janus
  • au sud, la porte Romaine
  • à l’est, la « poutre de la sœur », porte par où Horace meurtrier de sa sœur, serait entré dans la ville après s’être purifié
  • à l’ouest, la Porta Pandana, de mauvais augure, et juchée sur la pente du Capitole afin que nul ne la franchisse.

Selon Pierre Grimal, ces portes sont les vestiges du rite de fondation, le decumanus, axe traditionnel Est-Ouest étant devenu la Via Sacra (Voie sacrée), tandis que le cardo Nord-Sud se lit dans les voies qui le prolongent, l’Argiletum au nord et le Vicus Tuscus au sud. Un autre point du rituel est respecté, par la position surplombante du temple du Capitole, pour la triade protectrice Jupiter, Junon, Minerve. Ces observations confirment donc le respect du rite de fondation, mais contredisent son lieu : le tracé fondateur déduit de ces quatre portes ceinture le vieux forum et non le Palatin comme l’indiquent Tite-Live et Denys d’Halicarnasse.

Les fouilles d'Andrea Carandini au Palatin

Les fouilles effectuées sous la direction d'Andrea Carandini sur un flanc du Palatin, à partir de 1985, ont relancé les discussions sur la fondation de Rome et l'historicité possible d'une partie des traditions antiques. Les recherches conduites ont dégagé une importante stratigraphie reposant sur quatre murailles successives pouvant être datées respectivement des années -550--530, environ -600, environ -675 et environ -730--720[4]. La découverte des restes incontestables d'une délimitation urbaine au huitième siècle autour du Palatin renvoie pour A. Carandini et A. Grandazzi à la fondation romuléenne de Rome. Selon A. Grandazzi le mythe de la fondation de Rome renverrait bien à un événement historique et à un personnage historique, que nous connaissons en tant que Romulus, dont la mémoire a été conservée et mythifiée, à travers notamment l'action de Servius Tullius. Si l'existence factuelle des restes découverts par A. Carandini n'est pas remise en question, les interprétations qui les mettent en rapport avec l'action de Romulus et son éventuelle historicité restent encore très discutées.

Conclusions

Si l’on rapproche l’analyse de Pierre Grimal du phénomène de projection d’événements réels dans un passé mythique suggéré par Mommsen, on peut estimer que le rite de fondation a bien été exécuté, mais à l’époque où la dépression du forum commençait à être peuplée. Quels sont les auteurs de cette fondation ? Là encore, il est délicat de départager entre les Romains des origines et les Étrusques. Pierre Grimal penche pour la fondation d’une colonie étrusque, sur un site déjà habité et selon les rites attribués à Romulus. Les historiens modernes s’accordent pour considérer que les rois Étrusques en occupant la région vont faire de Rome une véritable ville vers 600 av. J.-C., en la dotant d'une muraille, en aménageant le forum et en bâtissant le sanctuaire du Capitole. Les Romains antiques, quant à eux, se transmirent bien sûr le passé qui faisait d’eux les auteurs de la fondation de Rome.

Au contraire, si l'on veut suivre les analyses développées par A. Grandazzi, la formation de Rome doit être vue comme un processus complexe marqué par un événement fondateur vers -730 : la fondation d'une enceinte urbaine au sein de l'habitat déjà présent sur le Palatin, l'aménagement du forum correspondant seulement à une phase de développement et de monumentalisation d'une entité urbaine qui avait déjà son identité et son histoire. Les mythes ne constitueraient pas alors la projection dans le passé d'évênements postérieurs, mais entretiendraient avec les faits historiques des rapports plus complexes.

Point fondamental de l'histoire scientifique de l'antiquité romaine, la question de la fondation de Rome, encore discutée aujourd'hui, montre la difficulté qu'il y a à confronter les sources antiques et la réalité archéologique malgré la progression certaine des connaissances sur la plus ancienne réalité de la ville de Rome.

Notes

  1. Tite-Live, Histoire Romaine,I,4
  2. Tite-Live, Histoire Romaine,I,6)
  3. Antiquités romaines, livre I, 74-75
  4. A. Grandazzi, La fondation de Rome, Paris, 1997, p. 256 et suivantes

Voir aussi

Bibliographie

  • (la)La fondation de Rome, Tite-Live, Flammarion (23 avril 1999), (ISBN 9782080720931)
  • Les Antiquités romaines, Denys d'Halicarnasse, publié en 1990 aux éditions Les Belles lettres, .
  • La civilisation romaine, Pierre Grimal, 1960, éditions Arthaud, 1981, éditions Flammarion
  • Les Villes romaines, Pierre Grimal, 1990, Que sais-je (ISBN 9782130524533)
  • La fondation de Rome, Alexandre Grandazzi, 1991, Les Belles Lettres (réédition 1997, Pluriel) (ISBN 9782012788206)
  • Contes et Légendes de la naissance de Rome de Laura Orvieto, Poket Junior (ISBN 9782266086318)
  • Rome, Grandeur et Déclin de la République, de Marcel le Glay, 1990, Ed Perrin, Tome 1, (ISBN 9782262018979)
  • Naissance de Rome, catalogue d’exposition au Petit Palais, 1977, préfacé d’articles sur l’archéologie romaine :
    • L’archéologie et ses problèmes par François Villard
    • Milieu, peuplement, phases naturelles par Giovanni Colonna

Articles connexes

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