- Femmes Et Peinture
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Femme peintre
Selon Pline l'ancien, c'est une femme, fille d'un potier, qui eut la première l'idée de dessiner sur un mur le profil de son amant en suivant l'ombre projetée par la lumière d'une torche[1]. Au XVIIIe siècle, le peintre Robert Tournières lui rendra hommage avec Dibutade dessinant à la lueur d’une lampe le portrait de son amant, ou l’Invention du dessin[2]. Si le mythe attribue à une femme un rôle fondateur dans les arts plastiques, la place des femmes dans la peinture reste longtemps méconnue, et il faut attendre les années 1970 (et notamment un essai de l'historienne d'art Linda Nochlin, paru dans Artnews, qui posait la question : « Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'artistes majeurs chez les femmes ? ») pour que la recherche universitaire commence à remettre en perspective la contribution des femmes dans l'art et dans la peinture.
Sommaire
Antiquité
« Pinxere et mulieres » « Les femmes aussi ont peint » remarque Pline l'ancien, leur consacrant un paragraphe dans le livre XXXV de son Histoire Naturelle. Il cite les noms de Timarète, fille du peintre Micon, à laquelle il attribue une Diane conservée à Éphèse, Irène, fille du peintre Cratinus, Aristarète, fille et élève de Néarque, et Lala de Cysique, active à Rome, célèbre pour ses portraits de femme. Selon Pline, ses œuvres se vendaient beaucoup plus cher que celles de ses collègues masculins[1]. Il cite également « une certaine Olympias » qui aurait eu des élèves[1].
Moyen-Âge
On trouve la trace de femmes peintres à partir du Moyen Âge où leur présence dans les ateliers d’enluminure est attestée, telle cette Jeanne de Montbaston, épouse d’un copiste parisien au XIVe siècle, Richard de Montbaston.
Renaissance
Pendant la Renaissance, de nombreux peintres enseigneront leur art à leurs filles qui seront des assistantes parfois très précieuses mais ne pourront accéder à un statut d’artiste à cause de la structure du monde des arts - les académies étaient, pour autant qu’on le sache, interdites aux femmes - et peut-être aussi du fait que les commandes émanaient, pour la plupart, de l’Église. Véronèse ou Tintoret ont eu des filles très talentueuses, mais il ne sera jamais possible de savoir ce qui est de leur main dans les peintures attribuées à leurs pères respectifs. C’est l’accession à la reconnaissance, plus encore que l’accession au métier de peintre, qui fut longtemps refusé aux femmes. Il existe cependant des exceptions notables, Levina Teerlinc (1520-1576) fut une miniaturiste appréciée des monarques Tudor.
À la fin de la Renaissance, Sofonisba Anguissola, d’origine sicilienne, devint peintre officiel de la cour d’Espagne.
Catherine Girardon fut la première femme admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1663, soit 15 ans après sa création. Élisabeth-Sophie Chéron le sera à son tour en 1672 en tant que portraitiste.
XVIIIe et XIXe siècles
Rosalba Carriera, peintre italienne, lança la mode du pastel lors de son passage à Paris en 1720.
Par la suite, quelques noms de femmes peintres restent dans l’histoire, comme ceux d’Élisabeth Vigée-Lebrun ou d’Artémisia Gentileschi, mais ils apparaissent peu dans les manuels d’histoire de l’art. On cantonne généralement les femmes à des genres limités : le foyer, les enfants, l’intimité familiale, et naturellement, les fleurs. Si elles sortent de ces genres qui leur sont assignés, le public s’attache davantage aux scandales réels ou imaginaires de leur vie privée.
Artemisia Gentileschi, qui fut une grande artiste, vivant de son travail de peintre, fut ainsi violée, à l’âge de dix-neuf ans, par son maître Tassi auquel l’avait confiée son père puisque l'accès à l'enseignement des Beaux-Arts était interdit. Élisabeth Vigée-Lebrun souffrit, quant à elle, à un degré moindre, d’une réputation imméritée de femme facile à qui l’on prêtait tous les amants possibles alors qu’elle devait fréquemment refuser les commandes de portraits que lui faisaient les galants dans le seul but de la rencontrer[réf. nécessaire]}.
On citera encore Marie-Guillemine Benoist, élève de Vigée-Lebrun, dont le tableau Portrait d’une négresse, réalisé à la fin de la Révolution, fut considéré comme un manifeste de l’émancipation des femmes et des esclaves[réf. nécessaire]. Mais elle dut abandonner sa carrière lorsque son mari obtint un poste de ministre sous la Restauration. À la même époque, Anne Vallayer-Coster connut le succès, mais son art est maintenant oublié.
L’Académie des Beaux-Arts leur restera longtemps interdite, de même qu’il leur fallait une dispense pour passer un baccalauréat ou entrer dans une université.
Il semble que la sculpture ait été plus inaccessible aux femmes que ne le fut la peinture, comme en attestent ces deux anecdotes : Anne Whitney (1821-1915), reçut une commande officielle pour exécuter le portrait de l’abolitionniste Clark Sumner. Lorsque la commission apprit qu'elle était une femme, le contrat fut rompu. Quant à Harriet Hosmer (1830-1908), on l’accusa (comme on l’avait fait pour Camille Claudel), d’exposer les travaux de son professeur sous son nom à elle.
Les femmes peintres, sont souvent vues femmes de, mères de, sœur de, etc., voire maîtresse de, avant d’être considérées comme artistes. Ainsi, Suzanne Valadon est d’abord la mère d’Utrillo ; on ne s’intéresse qu’en second lieu à ses œuvres. Anne Mérimée est la mère de Prosper et la femme de Léonor. Sonia Delaunay est d’abord l’épouse de Robert Delaunay. De même on parle des frères Duchamp en oubliant leur sœur Suzanne qui a pourtant influencé son mari.
Mary Cassatt est l’amie de Degas. Comme lui, elle a un dessin précis et assuré, mais ne partage ni les thèmes ni le manque de tendresse de Degas envers ses sujets. Cassatt raconte qu’une fois, pour faire plaisir à l’« impressionniste de salon » (comme l’a appelé Cézanne), elle avait fait le portrait d’une jeune fille à l’air particulièrement stupide. Comme elle l’avait prévu, ce portrait enchanta Degas qui, bien qu’ayant surtout compté des femmes parmi ses amis proches, était paradoxalement très misogyne. L’histoire de l’art ne retient Mary Cassatt que comme une personnalité périphérique au groupe impressionniste, pourtant, elle appartient à la génération qui succède à l’impressionnisme, contemporaine de Toulouse-Lautrec, Gauguin ou Vuillard.
Rosa Bonheur, issue d’un milieu modeste trouve son style dans la peinture animalière mais y excelle. « Elle peint comme un homme » a-t-on pu dire d'elle, ce qui signifiait lui reconnaître son talent, sous-entendant qu'une femme ne puisse pas en avoir. Rosa Bonheur sera la première femme distinguée par la Grand-Croix de la Légion d'Honneur (1894).
Marie-Louise Petiet fut certainement une des seules femmes peintres reconnue au XIXe siècle pour son travail personnel, élève d'Hector Leroux et de Jean-Jacques Henner, elle excelle dans le portraitisme et les scènes de la vie provinciale de son Aude natale. Elle est pourtant fille, nièce, sœur, femme de peintres, son mari n'était pas moins que ministre des beaux-Arts, et malgré sa courte vie (39 ans), elle a su marquer son époque par de grandes œuvres dont Les Blanchisseuses est sans aucun doute l'aboutissement de son art. Une grande majorité de ses tableaux sont exposée à Limoux dans le musée Petiet qui porte son nom.
Berthe Morisot enfin, est une figure emblématique de l’art dit « féminin », tranquille et intimiste.
Il faut attendre le XXe siècle pour voir les femmes se dédier à la peinture en abordant tous les sujets sans que cela fasse scandale.
Notes
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
Bibliographie
- Octave Fidière, Les Femmes artistes à l'Académie royale de peinture et de sculpture, Paris, Charavay frères, 1885
- François Mathey, Six Femmes peintres : Berthe Morisot, Eva Gonzalès, Séraphine de Senlis, Suzanne Valadon, Maria Blanchard, Marie Laurencin, Paris, Éditions du Chêne, 1951
- Charlotte Yeldham, Women artists in nineteenth-century France and England, Garland Publishing, Inc., New York - London, 1984
- Denise Noël, Les Femmes peintres au Salon Paris, 1863-1889, Thèse de doctorat de l’université de Paris VII, Denis Diderot, 1997
- Lea Vergine, L’Autre Moitié de l'avant-garde : 1910-1940 : femmes peintres et femmes sculpteurs dans les mouvements d'avant-garde historiques, Paris, Des Femmes, 1982 ISBN 9782721002341
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