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Fatu Hiva
Fatu Hiva
Carte de Fatu HivaGéographie Pays France Archipel Îles Marquises Localisation Océan Pacifique Coordonnées Superficie 84 km2 Point culminant Mont Touaouoho (960 m) Administration France Collectivité d'outre-mer Polynésie française Démographie Population 587 hab. (2007) Densité 6,99 hab./km2 Autres informations Fuseau horaire UTC-9:30 Îles de France Fatu Hiva (une notation erronée du nom traditionnel : Fatu Iva) est une île du groupe sud des Îles Marquises, en Polynésie française.
Sommaire
Géographie
Fatu Iva se situe à 47 km de Moho Tani, à 75 km de Hiva Oa et à 24 km de Motu Nao, un rocher dangereux pour les navires arrivant à Fatu Iva par l'est. C'est l'île la plus méridionale de l'archipel.
Longue de dix kilomètres et large de quatre, elle a la forme d'un large croissant ouvert sur l'ouest.
L'île de Fatu Hiva est très impressionnante, elle a des allures de cathédrale avec plus de 1000 mètres de haut pour 10 km de long et 4 km de large. Les pics tombent presque verticalement dans une eau d'un bleu profond.
Géologie
Fatu Iva est constituée de la moitié orientale de deux volcans imbriqués l'un dans l'autre.
La première caldeira, d'un diamètre d'environ huit kilomètres, montre un rebord très découpé, formé par une suite hémi-circulaire de crêtes en à-pic culminant à plus de 1000 mètres. Il est composé principalement de basalte, d'océanite et d'hawaiite. Son âge est daté entre 2,46 et 1,81 millions d'années. La seconde caldeira, située à l'intérieur de la première, a un diamètre de trois à quatre kilomètres. Elle est née d'une puissante éruption, comme en témoigne l'existence des impressionnantes colonnes basaltiques, les « statues » des Vierges, dans la baie de Hanavave, dues à des lahars. Elle date d'entre 1,68 et 1,33 millions d'années. L'explosion principale semble dater d'il y a 1,40 Ma[1].
Les vallées des deux villages de l'île se trouvent à chaque extrémité de l'espace séparant les deux caldeiras.
Faune et flore
Fatu Iva possède le climat le plus humide de tout l'archipel. Étant la plus au sud, la plus proche du tropique du Capricorne, et grâce à ses crêtes élevées et abruptes, les pluies se déversent en abondance, donnant naissance à une végétation riche, avec en premier lieu les mangues mais aussi les bananes, les pamplemousses, les citrons, les oranges, les papayes... Les mangues sont à la libre disposition de tous et sont aussi courantes que les châtaignes en métropole à l'automne. La forêt tropicale humide occupe la majeure partie de l'île.
Histoire
Comme les autres îles de l'archipel, Fatu Iva fut originellement peuplée par des polynésiens vraisemblablement arrivés depuis la Polynésie occidentale.
Les rivalités entre les différentes vallées furent fréquentes. L'une d'elle, vers le milieu du XIXe siècle, vit s'affronter la tribu des Anainoapa de Hanavave et celle des Tiu d'Omoa. Ces derniers, vaincus, s'enfuirent de l'île sur des radeaux de bambous, et échouèrent aux Tuamotu, sur l'atoll de Napuka, où leurs descendants vivent toujours aujourd'hui. Le sorcier des Tiu, resté à Fatu Iva, dévoila le nom des lieux de la vallée aux vainqueurs (façon d'en reconnaître leur souveraineté), et se fit enterrer vivant, la tête en bas, symbolisant sa défaite et la fin de sa tribu[2].
Du point de vue des Occidentaux, le premier explorateur à découvrir Fatu Iva fut le navigateur Espagnol Alvaro de Mendaña, le 21 juillet 1595. C'est la première île de l'archipel qu'il vit, mais il ne put y débarquer, ne trouvant pas de mouillage sûr. Il crut à tort avoir trouvé les Îles Salomon, but de son voyage, avant de se rendre compte qu'il venait de découvrir une nouvelle terre. Il donna à l'archipel le nom de « Marquesas de Mendoza », nom du vice-roi du Pérou à l'époque, qui l'avait aidé à lancer son expédition, « voulant ainsi montrer sa gratitude pour l'aide qu'il lui avait donnée »[3].
En 1937 et 1938, l'anthropologue et aventurier norvégien Thor Heyerdahl et sa femme Liv vécurent un an et demi à Fatu Iva, d'abord à Omoa, puis à Ouia, une vallée aujourd'hui déserte de la côte est de l'île. Il raconta son expérience dans le livre Paa Jakt efter Paradiset (1938), réécrit en 1974 et publié sous le nom de Fatu Hiva, le retour à la nature[4].
Au début des années 1960, jusqu'en 1966, la plupart des hommes de l'île partirent travailler à Moruroa, dans l'archipel des Tuamotu, à la construction du Centre d'Expérimentation [nucléaire] du Pacifique[2].
Démographie
La population de l'île est inférieure à 600 personnes, qui se répartissent dans deux villages sur la côte ouest :
- Omoa au sud, situé dans la baie du même nom. C'est le chef-lieu de la commune, où se trouve la mairie.
- Hanavave au nord, au fond de la Baie des Vierges, anciennement appelée Baie des Verges, ainsi nommée en raison de nombreuses protubérances en forme de verges qui modèlent un paysage fantastique et grandiose.
Les deux baies s'ouvrent vers l'ouest, à l'abri des vagues formées par l'alizé sur plus de 3000 milles. Elles ont beau être sous le vent des îles, elles ne sont pas à l'abri de furieuses rafales, dépassant les 40 nœuds (74 km/h).
Les habitants de Fatu Iva parlent le français et le marquisien du sud.
Fatu Iva connait un déclin démographique depuis la fin des années 1990, essentiellement par émigration :
- Émigration « scolaire » : n'ayant pas de collège dans l'île, les jeunes sont obligés de partir très tôt, d'abord pour Hiva Oa, puis à Papeete pour aller au lycée. Beaucoup ne reviennent pas à Fatu Iva par la suite.
- Émigration économique : les perspectives de développement de l'île sont limités par son isolement. C'est la plus éloignée des autres lieux de peuplement de l'archipel, et elle ne possède pas de piste d'atterrissage, impossible à construire à cause du relief trop accidenté. Elle est ravitaillée uniquement par bateau.
Administration
L'île est le chef-lieu de la commune de Fatu Iva. Elle est située au sud-est de l'archipel et c'est le point d'accostage le plus logique pour les navigateurs qui traversent le Pacifique en suivant les alizés, en provenance des Galàpagos ou du Panama. Ce n'est cependant pas le point d'entrée officiel qui lui se trouve à Hiva Oa. La commune fait partie de la Subdivision des Marquises.
Au niveau des élections législatives française, elle appartient à la deuxième circonscription de la Polynésie française, dite Circonscription Est, composée des trois archipels de l'est de la Polynésie (Marquises, Tuamotu et Gambier) et des communes du sud-est de Tahiti.
Infrastructures
Une unique piste en terre, longue de dix-sept kilomètres, relie les deux villages. Très accidentée, surtout près de Hanavave, les pluies la ravinent fréquemment et la rendent dangereuse à la circulation. Les habitants préfèrent utiliser le bateau pour rallier l'autre village (un quart d'heure de navigation suffit). On peut trouver dans l'île :
- Mairie, infirmerie
- Pensions de famille
- Une cabine téléphonique publique
- Pas de banque (la carte bleue n'est pas acceptée)
Économie
Le secteur primaire est toujours prépondérant, en particulier la pêche au thon, thazard, bonite, espadon et marlin principalement, ainsi qu'aux écrevisses. La commune possède un frigo de stockage, qui permet d'attendre la venue de cargos pour vendre la marchandise. La culture du coprah est toujours très importante, ainsi que celle plus récente du noni. La culture du café a été quasiment abandonnée dans la seconde moitié du XXe siècle. Pour leur besoins personnels, les habitants pratiquent aussi la chasse, aux cochons et aux chèvres sauvages, et ramassent des coquillages et des fruits très abondant. Ils n'hésitent pas à offrir spontanément des fruits aux visiteurs.
Depuis les années 1960-1970, l'artisanat s'est considérablement développé, grâce en particulier au tourisme. La spécialité de l'île est le tapa.
Noms alternatifs
- Fatu Iva : nom véritable de l'île. Le H de Hiva n'est apparut que par contamination du nom des deux îles principales de l'archipel, Nuku Hiva et Hiva Oa. Dans la légende de la construction des îles Marquises, selon laquelle chaque île de l'archipel est une partie de la maison des Dieux, Fatu Iva représente la toiture, formée de neuf (Iva) tresses (fatu) de feuilles de palmier. D'après d'autres sources, Fatu Iva pourrait se traduire plutôt par « la neuvième île », ce qui n'est pas incompatible avec la géographie de l'archipel [5].
- Santa Magdalena en 1595, par Alvaro de Mendaña, d'après Sainte Madeleine, dont la fête tombe le 21 juillet dans le calendrier catholique.
- Hatauheva en 1817, par Camille de Roquefeuil lors de son tour du monde sur "le Bordelais" (cf. Maison de Roquefeuil-Blanquefort);
- Fatou-Hiva en 1838 par Dumont d'Urville
Notes et références
- ↑ [pdf] R. Brousse, H.G. Barsczus, H. Bellon, J.M. Cantagrel, C. Diraison, H. Guillou, C. Léotot, « Les Marquises (Polynésie française) : volcanologie, géochronologie, discussion d'un modèle de point chaud » sur http://www.ird.fr/, 1990, in Bulletin de la Société Géologique de France, 1990, 6 (6), p. 933-949, Institut de recherche pour le développement (IRD). Consulté le 16 juin 2007.
- ↑ a et b Eve Sivadjian, Les Iles Marquises, archipel de mémoire, Autrement, coll. « Monde / HS n°16 », Paris, 30 septembre 1999, 231 p. (ISBN 2-86260-898-X), p.67-68
- ↑ Annie Baert, « Alvaro de Mendaña (1542-1595), un explorateur du Pacifique sud au destin tragique » sur http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/, 2003, île en île. Mis en ligne le 9 juin 2003, consulté le 18 juillet 2007.
- ↑ Thor Heyerdahl (trad. Aliette Henri Martin), Fatu Hiva, le retour à la nature [« Fatu-Hiva Back to Nature »], Les Éditions du Pacifique, Papeete, 1976, 355 p. (ISBN 2-85700-061-8)
- ↑ Stéphane Jourdan, « La toponymie des îles Marquises : Une introduction aux langues du Pacifique » sur http://tahitinui.ifrance.com/rori.htm, 2004, TE RORI, Revue Océanienne de la Recherche et des Idées. Mis en ligne le 23 septembre 2004, consulté le 16 juin 2007.
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