- Encensement
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Encens
L'encens, appelé également oliban (substantif masculin issu du bas-latin olibanum et du grec Libanos), est une oléo-gomme-résine aromatique produite à partir de la résine d'un arbre appelé Boswellia sacra, de la famille des Burséracées. L'arbre serait originaire du Dhofar, dans l'actuel sultanat d'Oman. Il y est encore cultivé aujourd'hui, et est exporté par le port de Salaalah. Il existe d'autres lieux de production tels que la Somalie, le Yémen ((pays qui vit de cette marchandise[réf. nécessaire]), et l'Inde (où l'on cultive surtout Boswellia serrata).
Seul l'arbre mâle, haut de trois mètres à maturité, produit la précieuse résine, mais il faut attendre une bonne dizaine d'années pour qu'il fournisse un produit de qualité. L'écorce est incisée en enlevant un lambeau étroit et long, on racle ensuite l'endroit dégagé, et on récolte les concrétions de gomme-résine en les faisant tomber dans un récipient. Les sécrétions de résine sont collectées trois semaines plus tard. On dit que la meilleure résine est recueillie en automne, à la suite d'incisions pratiquées pendant l'été. C'est ce qu'on appelle l'encens blanc par opposition à l'encens roux, recueilli au printemps après des incisions hivernales.
Sommaire
Histoire
Dans la langue française, le mot encens est relativement tardif : il a été emprunté vers 1135 au latin ecclésiastique incensum, désignant une matière brûlée en sacrifice (participe passé neutre du verbe incendere = brûler, enflammer). Chez les Romains on l'appelait thymiama, un mot proche de thym, à rattacher à deux racines grecques : l'une, thuos évoque à la fois l'idée d'offrande et de parfum, d'aromate; l'autre, thuien, correspond à la notion de sacrifice (que l'on fait brûler). À l'origine, sans doute une racine indo-européenne °dhu- (= faire brûler).
Les termes ci-dessus montrent bien l'importance de l'encens dans la religion, les dieux étant apparemment friands de ses fumées qui montaient vers eux en sacrifice. Le dieu assyrien Baal en était un grand consommateur, mais Yahvé, dans l'Ancien Testament, aimait également beaucoup l'encens, mentionné à 113 reprises dans les divers livres. On notera surtout un passage de l'Exode (XXX: 34-37) dans lequel Yahvé précise à Moïse la composition du mélange qu'il faut faire brûler pour lui (storax, onyx, galbanum, aromates et pur encens), tout en lui indiquant que ce mélange ne doit pas être utilisé de façon profane :
- « Le parfum que tu fais là, vous n'en ferez pas pour vous-mêmes de même composition. Il sera saint pour toi, réservé à Yahvé. Quiconque fera le même pour en humer l'odeur sera retranché de son peuple. »
Les Égyptiens, considérés comme les plus grands parfumeurs de l'Antiquité, firent eux aussi un grand usage de l'encens, qui entrait notamment dans la composition du kyphi. Même chose chez les Grecs et les Romains. La nature divine de l'encens est évoquée par Ovide dans ses Métamorphoses, puisque selon lui le premier arbre à encens aurait poussé sur la tombe de Leucothoé, maîtresse d'Apollon châtiée par son père Orchamos.
Le christianisme, dans la continuité de l'Ancien Testament, perpétue l'utilisation de l'encens, puisqu'il fait partie des cadeaux apportés au Christ par les mages. D'où les encensoirs dont le parfum raffiné a envahi les églises pendant tant de siècles.
De tous les parfums, l'encens est certainement celui qui a le passé le plus prestigieux. On le considérait dans l'Antiquité comme plus précieux que l'or, et la route de l'encens a fait la fortune de plusieurs royaumes arabes. C'était un peu l'équivalent du pétrole d'aujourd'hui.
Encens et santé
La combustion de l'encens dégage une épaisse fumée odoriférante constituée de vapeurs contenant des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des carbonyles de benzène, produits cancérogènes[1]. En 2004, Que choisir avait publié que l’émission dans l’air d’encens comportait 110 fois plus de benzène que le seuil recommandé. Il est donc déconseillé d'en utiliser plus de 1 bâton par jour, et recommandé d'aérer la pièce après[2].
Les extraits d'encens, sous forme de gélules, pourraient avoir une discrète efficacité sur certaines maladies, dont l'asthme, la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn[3].
Parfumerie
En parfumerie proprement dite, l'encens est assez peu utilisé, mais il semble revenir un peu à la mode : il entre notamment dans la composition de Coco Mademoiselle, parfum créé par la maison Chanel en 2001.
L'encens du Yémen rentre également dans la composition de la Cologne Bois d'Argent de Dior. L'usage de l'encens en parfumerie évoque une certaine religiosité et confère un aspect sacré.
Autres significations
On précisera que le terme encens désigne parfois toute matière brûlée lors de rites religieux, et que le copal des Mayas ou les mélanges asiatiques à base de santal sont souvent appelés encens.
Notes et références
- ↑ Jeppe T. Friborg, Jian-Min Yuan, Renwei Wang, Woon-Puay Koh, Hin-Peng Lee, and Mimi C. Yu. Incense use and respiratory tract carcinomas: a prospective cohort study American Cancer Society (2008, August 26). Burning Incense Increases Risk Of Respiratory (19/09/2008, L.J.S.)
- ↑ Ta-Chang Lin, Feng-Hsiang Chang, Jue-Hsien Hsieh, How-Ran Chao, Mu-Rong Chao, « Environmental Exposure to Polycyclic Aromatic Hydrocarbons and Total Suspended Particulates in a Taiwanese Temple », Bulletin of Environmental Contamination and Toxicology, vol. 67, 2001, p. 332-338
- ↑ Ernst E, Frankincense: systematic review, BMJ, 2008;337:a2813
Voir aussi
Catégories : Encens | Composant de parfum
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