- Affaire Carignon
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Alain Carignon
Alain Carignon Parlementaire français Naissance 23 février 1949 Décès Mandat Député 1986-1993 Début du mandat {{{début du mandat}}} Fin du mandat {{{fin du mandat}}} Circonscription Première circonscription de l'Isère Groupe parlementaire RPR Vème République Alain Carignon, né le 23 février 1949 à Vizille (Isère), est un ancien ministre et ancien maire de Grenoble. Il a été condamné à cinq ans de prison et à cinq ans d'inéligibilité dans une affaire de pots-de-vin en 1996.
Il a été président de l'UMP pour l'Isère de 2003 à 2008.
Sommaire
Carrière
Débuts en politique
Diplômé de l'Institut d'administration des entreprises de Grenoble, il commence sa carrière au cabinet du médiateur, puis à la commission industrie du Conseil économique et social. Il entre au Conseil général de l'Isère et devient chargé de mission auprès de Jérôme Monod, secrétaire général du RPR.
Il se fait connaitre en emportant la mairie de Grenoble en 1983, bastion socialiste de longue date face à Hubert Dubedout. Il devient ensuite député européen en 1984 et président du conseil général de l'Isère en 1985. Il fait partie des douze jeunes députés « rénovateurs » RPR et UDF (avec notamment François Léotard, Michel Noir et Philippe Seguin), qui souhaitent évincer Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac.
Anecdotiquement, on se rappellera la méticulosité avec laquelle Alain Carignon a toujours soigné son image publique. Afin de renforcer cette communication, il engage en 1983 Philippe Langenieux-Villard, co-auteur en 1985 d'une théorie sur l'art et la manière d'utiliser la rumeur en matière de politique[1].Carrière ministérielle
En 1986, il remporte les législatives dans la circonscription de sa ville et est alors appelé par Jacques Chirac dans le premier gouvernement de cohabitation, au poste de ministre délégué à l'Environnement.
Réélu député en 1988, il démissionne pour cause de cumul de mandats. Lors du second gouvernement de cohabitation, en 1993, le nouveau premier ministre Édouard Balladur le nomme ministre de la Communication, poste dont il doit démissionner l'année suivante en raison d'une affaire de pots-de-vin, pour laquelle il a été condamné à cinq ans de prison, dont un avec sursis, et à cinq ans d'inéligibilité en 1996.Affaire Dauphiné News
Le 9 février 1994 le juge Philippe Courroye ouvre une information contre X pour abus de biens sociaux et recel. L'affaire en question concerne les journaux News et Dauphiné News de Grenoble, journaux lancés quelques semaines avant les élections municipales de 1989 et qui sont en faveur du conseil municipal en place. En mars 1989 Alain Carignon est réélu maire de Grenoble et les journaux disparaissent laissant un passif de 10 millions de francs. La Lyonnaise des eaux, qui vient de remporter, via une de ses filiales, la gestion des eaux de Grenoble nouvellement privatisée, entre alors dans le capital de l'entreprise de presse, et bien que celle-ci n'ait plus d'activité, elle en éponge les dettes.
Le 19 juillet 1994 Alain Carignon annonce sa démission de son poste de ministre de la Communication du gouvernement pour pouvoir être mis en examen. Il est condamné le 9 juillet 1996 par un arrêt définitif de la chambre correctionnelle de la Cour d'appel de Lyon à 5 ans de prison (dont 1 an avec sursis), 5 ans d'inéligibilité, et 400 000 francs d'amende pour corruption, abus de biens sociaux (pour avoir détourné à son usage personnel 19 073 150 francs, soit 2 907 683 euros), et subornation de témoins. Il a été libéré en mai 1998.
En avril 2007, ni le site web d'Alain Carignon ni son blog ne comportaient de référence à ces condamnations.[2]
Extrait du jugement de la cour d'appel de Lyon« Attendu que Monsieur Alain CARIGNON, élu du peuple depuis vingt ans, a bénéficié de la confiance d'une part de ses concitoyens et d'autre part des plus hautes autorités de l'État qui l'ont appelé, à deux reprises, à occuper des fonctions ministérielles ; que les éminentes tâches, qui lui ont ainsi été dévolues, auraient dû le conduire à avoir un comportement au dessus de tout soupçon ; qu'au lieu de cela il n'a pas hésité à trahir la confiance que ses électeurs lui manifestaient, en monnayant le pouvoir de maire qu'il tenait du suffrage universel, afin de bénéficier d'avantages matériels qui se sont élevés à 19 073 150 francs et de satisfaire ses ambitions personnelles ; qu'il a ainsi commis l'acte le plus grave qui puisse être reproché à un élu ; qu'un tel comportement est de nature à fragiliser les institutions démocratiques et à faire perdre aux citoyens la confiance qu'il doivent avoir en des hommes qu'ils ont choisis pour exercer le pouvoir politique ;
Attendu que, pendant l'information, Monsieur Alain CARIGNON a tenté, abusant des fonctions ministérielles qu'il exerçait alors, d'égarer la justice, en usant de pressions sur un témoin afin qu'il modifie sa déclaration dans un sens qui lui était favorable ; qu'un tel comportement venant d'un représentant de l'État, est d'une particulière gravité ;
Attendu enfin que l'attitude de Monsieur Alain CARIGNON au cours de l'information et lors des débats devant la cour, qui a consisté à mettre en cause d'autres hommes politiques, élus ou anciens ministres, et à leur imputer des faits similaires à ceux dont il s'est rendu coupable, ne peut que contribuer à fragiliser dans l'opinion l'image des hommes chargés de conduire la politique de la nation et à déstabiliser les institutions de l'État ;
Attendu qu'il est justifié, qu'en répression de tels faits, soit prononcée à son encontre une peine d'emprisonnement en partie ferme ; que la totalité de la peine infligée par le tribunal sera confirmée mais que la partie ferme sera augmentée dans sa durée ; que la peine d'amende et la peine complémentaire d'interdiction des droits de vote et d'éligibilité sera confirmée ;
Attendu que la gravité des faits, dont Monsieur Alain CARIGNON a été déclaré coupable, et la persistance de son comportement troublent encore l'ordre public fondé sur la confiance que chaque citoyen doit avoir envers les institutions, politiques et sociales qui, établies par la loi, régissent l'État, et les hommes qui ont reçu mandat d'en être les garants ; qu'il convient d'y mettre fin en assurant l'exécution immédiate de la décision et de décerner, Monsieur Alain CARIGNON étant absent à la lecture de la décision, un mandat d'arrêt à son encontre ;
(...)
En répression, condamne les prévenus à :
3.1.2.1. Monsieur Alain CARIGNON- 5 ans d'emprisonnement dont 1 an avec sursis
- 400 000 francs d'amende
- prononce à son encontre l'interdiction du droit de vote et d'éligibilité pour une durée de 5 ans
- décerne à son encontre un mandat d'arrêt »
Retour en politique
Après avoir purgé l'intégralité de sa peine, il revient en politique 4 ans plus tard, à partir de 2002. Malgré l'opposition d'Alain Juppé, alors en charge de fonder l'UMP, il retrouve d'abord sa place dans sa famille politique au moment de la constitution de l'UMP[3]. Tout en affirmant n'avoir "aucune ambition électorale" et n'être "candidat à rien", il prend la présidence de l'UMP en Isère en 2003[3].
Dans un dossier spécial Grenoble paru en mars 2007, le magazine l'Express explique que la stratégie d'Alain Carignon pour prendre l'UMP Isère consistait à faire s'inscrire à l'UMP le plus grand nombre de ses partisans d'avant « les Affaires ». Seulement, les bulletins d'adhésion étaient conservés et furent directement envoyés à Paris sans passer par les instances locales fin décembre 2002, cela afin de n'éveiller aucun soupçon chez ceux qui tenaient alors les rênes du parti dans le département, guère riche à l'époque en adhérents. Conformément aux statuts de l'UMP, ces nouveaux adhérents étant inscrits avant le 31 décembre 2002 pouvaient participer au renouvellement des instances locales de l'UMP. C'est ainsi que lors des élections internes qui eurent lieu en 2003, la déferlante de nouveaux adhérents pro-Carignon se rendit voter pour leur candidat à la présidence de l'UMP Isère, Alain Carignon, qui fut ainsi élu.
La présidence d'Alain Carignon à la tête de l'UMP du département sera marquée par une augmentation importante du nombre d'adhésions. On peut supposer que cette augmentation est due d'une part à l'effet Carignon, ses anciens partisans adhérant à l'UMP, faisant parfois adhérer aussi leur famille tout entière ; et d'autre part à l'effet Sarkozy qui après son élection à la tête de l'UMP en 2004 a motivé de nombreux citoyens à adhérer au parti.
L'UMP Isère participera aux différentes échéances électorales (élections régionales en 2004, référendum sur le traité Constitutionnel en 2005).
En Novembre 2008, lors des élections pour le renouvellement de la direction UMP 38 de l'Isère, la victoire de son adversaire, Michel Savin, est nette et ne nécessite pas le soutien des membres de droit du comité départemental (environ 70 "grands électeurs" maires, conseillers généraux, régionaux, députés et sénateurs qui s’ajoutent aux membres choisis par les adhérents)[4]. Le 10 janvier 2009 Michel Savin fut élu président du comité départemental avec 75,77% des suffrages exprimés[5].
Élections législatives de 2007
Il faudra attendre l'année 2006 pour qu'Alain Carignon se porte candidat aux élections législatives de 2007 face à Richard Cazenave, député UMP sortant.
En octobre 2006, la Commission nationale d'investiture de l'UMP désigne comme candidat pour la première circonscription de l'Isère Richard Cazenave. Alain Carignon réussit finalement à décrocher l'investiture de son parti après avoir organisé le 6 novembre un vote des militants de la 1re circonscription. Il est alors accusé par son opposant d'avoir inscrit en masse des faux militants[3],[6]. Le nombre important d'adhérents UMP sur cette circonscription traditionnellement positionnée à droite et qui d'autant plus sont pour la plupart d'entre eux favorables à Alain Carignon fera que ce dernier sera finalement désigné candidat. La Commission nationale d'investiture ne peut que se plier aux décisions des militants et décide d'investir courant novembre Alain Carignon pour représenter l'UMP lors des élections législatives de 2007.Une longue campagne s'ouvre alors, marquée d'un côté par des envois de courriers, de mails et la tenue de nombreuses réunions publiques par Alain Carignon avec la présence de personnalités politiques (Renaud Donnedieu de Vabres, Valérie Pécresse, Pierre Méhaignerie, etc.) et de l'autre par une opposition farouche au retour de Carignon en politique. Tant à l'UMP, avec par exemple Richard Cazenave, Mathieu Chamussy (conseiller municipal UMP de Grenoble) et même Hervé Gerbi et son "groupe des 35",ainsi que Philippe de Longevialle, Président du MoDem Isère et Stéphane Gemmani, président d'Autrement, que sur le reste de l'échiquier politique, l'opposition à Alain Carignon va se mettre en place. Tous les partis politiques présents à Grenoble condamneront le retour d'Alain Carignon. Parti Socialiste, UDF, MPF, ADES [...] tous s'opposent au « retour des vieilles méthodes ». Un site www.alaincarignon.info ouvrira même dont l'objectif est de rappeler aux Isèrois les différentes affaires de corruption dans lesquelles a été impliqué Alain Carignon dans le passé. On verra aussi apparaitre à la veille des élections dans les rues de Grenoble une campagne massive d'affichage d'autocollants anonymes présentant Alain Carignon comme le corrompu, le condamné.
Durant la campagne, Alain Carignon a reçu publiquement l'appui de Nicolas Sarkozy en avril 2007[7] et celui de François Fillon en mai 2007 [3],[8]. Cependant ce soutien est à nuancer par l'absence de déclarations officielles de Nicolas Sarkozy en faveur d'Alain Carignon autres que les lettres formatées et envoyées à tous les candidats UMP aux élections législatives, avec pour seul changement entre elles le nom du candidat en entête.
Finalement, au terme de cette longue campagne qui semble avoir exacerbé les électeurs de la 1re circonscription, Alain Carignon se retrouve en seconde position à l'issue du premier tour des élections législatives avec 21,45% des bulletins exprimés, juste devant Richard Cazenave qui perd ainsi son siège de député avec 19,62% des bulletins exprimés, mais largement derrière Geneviève Fioraso, la candidate du Parti Socialiste, qui obtient 32,02% des bulletins exprimés. [9] Sans grande surprise, Alain Carignon est battu au deuxième tour par son opposante socialiste Geneviève Fioraso qui obtient 63,03% des suffrages contre seulement 36,97% pour le candidat UMP. C'est une large défaite qui pose la question de la candidature d'Alain Carignon aux élections municipales de 2008 à Grenoble. Ce dernier avait en effet déclaré, quelques jours après l'élection de Nicolas Sarkozy, profitant ainsi de la victoire de celui-ci à la présidentielle, être candidat aux municipales pour Grenoble en 2008. Seulement cette défaite aux législatives hypothèque fortement une victoire UMP à Grenoble lors des prochaines échéances électorales de 2008 si Alain Carignon est celui qui conduit la liste UMP.
Bien qu'ayant accepté la défaite, Alain Carignon refuse d'en être le responsable au point que ses détracteurs dénoncent la victimisation qu'il met en place. Il accuse en effet au travers de son blog la campagne calomnieuse à son égard qui a été menée par l'ensemble de la classe politique durant la campagne. On peut se demander si la défaite vient de la propagande anti-Carignon, bien réelle, qui a été menée durant cette campagne ou alors du poids de la mémoire chez les électeurs ? Car Alain Carignon déjà bien avant la campagne était un nom qui dans l'opinion publique rimait avec corruption. Et malgré l'effet de la large victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, malgré l'ancrage traditionnellement à droite de cette circonscription, que certains estimaient qu'elle avait été taillée "sur mesure" pour Alain Carignon, ce dernier n'a pas réussi à y être élu, se faisant même largement battre par la candidate socialiste.Cet échec aux législatives l'incitera à renoncer à se présenter aux municipales de Grenoble le 3 octobre 2007, annonce faite sur le Dauphiné Libéré mais révélé dès le 2 octobre par France Bleu Isère. [10].
Catastrophe de Tchernobyl
Le 11 mai 1986, peu après la catastrophe de Tchernobyl, et alors qu'il était ministre de l'Environnement, il déclarait au journal télévisé d'Antenne 2 que « Les taux de radioactivité [en France] les plus élevés sont en dessous des seuils à partir desquels il y a danger, et largement en dessous : 5, 10 ou 100 fois en dessous. », ce qui était un mensonge, et qui a été le sujet d'une très vive controverse, notamment en raison des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France.
Mandats
- Maire de Grenoble entre 1983 et 1995
- Député de l'Isère de 1986 à 1993
- Président du Conseil général de l'Isère de 1985 à 1997
- Député européen de 1984 à 1986
- Ministre délégué auprès du ministre de l'Équipement, du Logement, de l'Aménagement du territoire et des Transports, chargé de l'Environnement du gouvernement Jacques Chirac (2) (du 20 mars 1986 au 12 mai 1988)
- Ministre de la Communication du gouvernement Édouard Balladur (du 30 mars 1993 au 19 juillet 1994)
Ouvrages
- 2011, Demain nous appartient, Éditions Numeris, 2006
- Une saison dans la nuit, Grasset, 1995
Voir aussi
Références
- ↑ Patrice Escolan, Au bon Chic grenoblois, 1987
- ↑ "On sait les années suivantes les attaques subies de la part de nos adversaires du fait des circonstances judiciaires. Difficile de parler de soi. Se défendre ? Se justifier ? S’expliquer ? [...] Me permettre ce combat relevait aussi de l’intelligence politique, car on ne doit jamais céder sur l’essentiel quand notre camp est mis en cause si injustement. [...] Etant un des rares élus à avoir payé une dette à la société pour le financement politique dont tout le monde a bénéficié, je suis en règle avec la loi. Je n’accepte donc aucune leçon de quiconque." (Alain Carignon, sur son site)
- ↑ a , b , c et d , Guerre ouverte entre UMP pro- et anti-Carignon à Grenoble, Le Monde, 5 juin 2007
- ↑ article Grenoble news
- ↑ renouvellement du comité départemental de l’UMP38
- ↑ " A ce propos, Richard Cazenave rappelle tout de même «qu'en deux mois, le nombre des inscrits est passé de 700 à 1 800 », 'Grenoble : Alain Carignon à quitte ou double', Ouest-France, 1er juin 2007
- ↑ wwww.alaincarignon.blogs.com La sympathie de Jacques Chirac, 7 avril 2007 page consultée le 20 avril 2007
- ↑ Le soutien de François Fillon, Blog d'Alain Carignon
- ↑ Le site officiel du ministère de l'Intérieur de l'Outre-mer et des Collectivités Territoriales
- ↑ Dauphiné Libéré, 3 oct. 2007
Liens externes
- Le site Web d'Alain Carignon
- Le blog d'Alain Carignon
- Le texte de l'arrêt de la Cour d'appel de Lyon du 9 juillet 1996 : condamnation Alain Carignon à 5 ans d'emprisonnement dont 1 an avec sursis, 400 000 francs d'amende, interdiction du droit de vote et d'éligibilité pour une durée de 5 ans pour corruption passive, recel d'abus de biens sociaux et subornation de témoin
- Site d'opposants à la candidature d'Alain Carignon aux élections législatives dans l'Isère
- Portail de Grenoble
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