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Décabrisme
Les décembristes ou décabristes — de décabr, décembre en russe — doivent leur nom à une tentative de coup d'État durement réprimée qu'ils avaient organisée à Saint-Pétersbourg le 14 décembre 1825 pour obtenir du futur tsar une constitution afin de moderniser le régime.
Sommaire
Origine
La campagne de Russie de Napoléon en 1812 devait se conclure en 1814 puis en 1815 par la fin du Premier Empire. Parmi les vainqueurs, le tsar Alexandre Ier, inspirateur de la Sainte-Alliance, avait poussé ses troupes jusque dans la capitale vaincue. Monarque aux idées modernes, c'est lui qui avait imposé une constitution à Louis XVIII comme condition à sa montée sur le trône restauré de France.
Rentrés au pays, les jeunes officiers, tous issus de l'aristocratie, se mirent à rêver de réformes du régime tsariste rétrograde inspirées des institutions nées en occident. Leur attente fut déçue par les tergiversations d'Alexandre. En Russie comme en Ukraine naquit un mouvement réformateur organisé en sociétés secrètes inspirées du carbonarisme italien. Selon d'autres sources, la plupart des conspirateurs sont franc-maçons, la maçonnerie est alors mise hors-la-loi et persécutée après la répression de l'insurrection[1]. Au sein de ces sociétés ou loges y affinait les idées réformatrices et y élaborait un texte constitutionnel. C'est de cette mouvance que partit une insurrection plus ou moins improvisée au profit de l'interrègne indécis qui devait succéder à la disparition subite du monarque le 19 novembre 1825.
Le 14 décembre 1825
Tandis que le grand-duc Constantin l'a refusé et que le futur Nicolas Ier hésite encore à succéder à son frère, le prince Serge Troubetzkoï réunit quelque trois mille de ces réformateurs sur la place du Sénat de Saint-Pétersbourg et tente de soulever la garnison, leur but étant d'imposer par ce coup d'État un train de réformes abolissant le servage dont souffraient les moujiks, et garantissant la liberté d'opinion et d'expression.
Le gouverneur de la capitale, venu parlementer, est malencontreusement tué et le grand-duc Nicolas se décide à donner l'ordre de tirer. C'est une débandade sanglante.
Les martyrs d'une révolution manquée
Le nouveau règne s'inscrit dans le conservatisme le plus absolu et réprime avec un soin maniaque toute trace de l'insurrection. Des centaines d'interrogatoires vigoureux sont menés et débouchent sur plusieurs exécutions tandis qu'une bonne centaine de décabristes sont condamnés aux travaux forcés en Sibérie. Les princes Volkonski et Troubetzkoï sont parmi ceux-ci et quand la foule voit les princesses leurs épouses renoncer à leurs biens pour suivre les condamnés au bagne, elle est durablement émue par leur sort et secrètement gagnée à des idées révolutionnaires. Ce n'est qu'en 1852 que quelques survivants furent autorisés à rentrer chez eux.
Une révolution en sursis
L'idée de venger un jour les décembristes fit son chemin depuis 1830. Elle anima entre autres l'anarchiste Bakounine. Elle inspira diverses tentatives au XIXe siècle et ne disparut qu'après la révolution russe de 1917.
Les Décabristes condamnés à mort
- Paul Pestel, décabriste, fondateur de l' « Union » puis la « Société du Midi », une société secrète composée d'officiers, cet officier milita pour le renversement de la monarchie impériale en Russie, il fut l'un des insurgés de la révolte de décembre 1825. Jugé, il fut condamné à mort par pendaison (1826). Sur sa poitrine une pancarte où l'on pouvait lire « Régicide ».
- Conrad Ryleïev, officier fondateur de l' « Union du Nord », société secrète regroupant des officiers de la Garde impériale de Russie, il fut l'un des insurgés du 14 décembre 1825, après avoir été jugé il fut pendu en 1826 avec fixée sur sa poitrine une pancarte où l'on pouvait lire « Régicide ». Lors de la pendaison, la corde se rompit, trente minutes plus tard, Conrad Ryleïev fut une seconde fois pendu.
- Mikhaïl Bestoujev-Rioumine insurgé lors de la journée du 14 décembre 1825, il fut pendu en 1826 avec comme ses compagnons d'infortune une pancarte où l'on pouvait lire « Régicide ».
- Sergueï Mouraviev-Apostol, membre de la Société l'Union du Salut puis de la Société du Midi, il fut l'un des mutins participant à la révolte du 14 décembre 1825, jugé et condamné, il fut pendu en 1826 avec inscrit sur une pancarte fixée sur la poitrine « Régicide ». Lors de la mise à exécution de la sentence de mort la corde se rompit, trente minutes plus tard, il fut pendu une seconde fois.
- Petr Kakhovsky, il fut l'un des insurgés de la journée du 14 décembre 1825, il fut pendu en 1826 avec accroché sur sa poitrine une pancarte où l'on pouvait lire « Régicide ». Lors de la pendaison la corde se rompit, trente minutes plus tard, il fut pendu une seconde fois.
Les Décabristes condamnés à l'exil
- Sergueï Troubetzkoï, prince et colonel, il dirigea la Société secrète l'Union du Nord, il fut condamné à l'exil en Sibérie.
- Sergueï Volkonsky, il fut condamné à l'exil en Sibérie.
Revanche de l'Histoire, la place du Sénat à Saint-Pétersbourg s'appelle aujourd'hui place des Décabristes.
Voir aussi
Personnalités décabristes
Sources
- MOREL-GRANDHAYE, Julie, « Les Décembristes et la loi : genèse d’un concept », Journées d’études de l’Institut Européen Est-Ouest « La circulation des concepts », ENS-LSH, avril 2006. Publication en ligne : http://institut-est-ouest.ens-lsh.fr/spip.php?article146
- MOREL-GRANDHAYE, Julie, « La république chez les Décembristes : une interprétation russe des expériences politiques européennes ? », Colloque international « La Russie et l’Europe, autres et semblables », Université Paris-Sorbonne / Paris IV, mai 2007. Publication en ligne : http://institut-est-ouest.ens-lsh.fr/spip.php?article121
- TROYAT, Henri, Nicolas Ier de Russie
Notes et références
- ↑ Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Le livre de poche, article "Russie, XIX ème siècle", p. 774
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