Deutéranope

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Daltonisme

Daltonisme
CIM-10 : H53.5

Le daltonisme est une anomalie dans laquelle un ou plusieurs des trois types de cônes de la rétine oculaire, responsables de la perception des couleurs sont déficients. Un daltonien est une personne atteinte de cette affection.

Un exemple de planche du test d’Ishihara. Le nombre représenté est le 6.
Ceci est un exemple. Les images ci-dessus et ci-dessous devraient sembler similaires pour les personnes qui ont une vision normale (elles contiennent toutes un nombre, 83 dans cet exemple), mais certains ne seront pas visibles pour ceux qui ont un défaut de la vision des couleurs. Le contraste de ces images est particulièrement faible comparé à celui des autres tests de dépistage.
Cette image contient le nombre 37, mais une personne atteinte de protanopie risque de ne pas le voir.
Une personne atteinte de deutéranopie risque de ne pas voir ce nombre (49).
Une personne atteinte de tritanopie risque de ne pas voir ce nombre (56).

Sommaire

Historique

Le nom scientifique de l'anomalie est dyschromatopsie, mais elle est généralement connue comme daltonisme, d'après le nom de son découvreur. Le chimiste anglais John Dalton publia en effet le premier article scientifique sur ce sujet en 1794, « Faits extraordinaires à propos de la vision des couleurs », à la suite de la réalisation de sa propre déficience à percevoir des couleurs.

Au XXIe siècle, le daltonisme est dépisté très tôt chez les jeunes Français, à l'école, lors des visites médicales obligatoires. Il est détecté grâce aux tests d’Ishihara, qui consistent en une série d'images représentant des groupes de gros points colorés. Un nombre est inclus dans l'image, dessiné sous la forme d'une série de points d'une couleur légèrement différente du reste de l'image. Ce nombre peut être vu avec une perception complète des couleurs, mais pas lorsque l'on possède une déficience de celle-ci. Chaque nombre teste une déficience chromatique précise et l'ensemble de ces tests permet de déterminer le type de la déficience chromatique. Ces tests de détection peuvent également être réalisés en utilisant la lanterne de Beyne.

Présentation

Cette anomalie survient parfois suite à une lésion nerveuse, oculaire, cérébrale, ou peut encore être due à certaines substances chimiques, mais généralement une origine génétique en est la cause. Cependant, aucune évolution n'est présente durant la vie de la personne atteinte, hormis le déclin de perception des couleurs normalement lié à l'âge chez tout être humain.

Il existe plusieurs formes de dyschromatopsie partielle, la plus fréquente étant la confusion du vert et du rouge. Les autres formes de daltonisme sont nettement plus rares, comme la confusion du bleu et du jaune, la plus rare de toutes étant la déficience totale de la perception des couleurs (achromatopsie), où le sujet ne perçoit que des nuances de gris.

Types de dyschromatopsie

  • Deutéranopie : absence de la rétine des cônes de réception au vert ; les personnes affectées sont incapables de différencier le rouge du vert. C'est la forme la plus commune de daltonisme, celle-là même qui frappait John Dalton (le diagnostic de deutéranopie chez celui-ci fut confirmé en 1995, plus de 150 ans après sa mort, par analyse de l'ADN prélevé sur un de ses globes oculaires préservé jusqu'à nous). Les autres formes de déficience des couleurs ne sont des daltonismes que par abus de langage.
  • Deutéranomalie : présence d'une mutation du pigment de la perception du vert ; la sensibilité à cette couleur est diminuée. Constitue la majorité (environ la moitié) des anomalies congénitales de la vision des couleurs.
  • Protanopie : absence des récepteurs rétinaux au rouge ; cette couleur est indétectable par le sujet.
  • Protanomalie : présence d'une mutation du pigment de la vision du rouge ; la sensibilité à cette couleur est diminuée.
  • Tritanopie : absence des récepteurs rétinaux au bleu ; cette couleur est indétectable par le sujet.
  • Tritanomalie : présence d'une mutation du pigment de la vision du bleu ; la sensibilité à cette couleur est diminuée.

Dans les faits, la vision des couleurs et leur distinction varient d’un individu à l'autre, car on retrouve aussi, même pour les personnes ayant une perception des couleurs dite normale, une combinaison des différents types d'anomalie, par la présence fréquente à la fois des pigments normaux et de pigments dotés de la mutation, et une variabilité de la quantité relative de cônes porteurs de chacun de ces pigments. D’autre part, les taux relatifs de cônes porteurs de chaque pigment peuvent varier au cours de la vie de l’individu, notamment durant l’enfance lorsque la rétine se développe en taille et la proportion relative de certains types de cône peut augmenter au détriment des autres. Ces proportions peuvent aussi être affectées par certaines maladies ou infections car l’œil est fortement irrigué.

Enfin, chaque œil dispose de sa propre capacité de discernement avec une vision légèrement différente, et de même, certaines zones de la rétine n’ont pas une distribution uniforme des différents pigments ; toutefois, dans ce cas, le cerveau, qui commande aussi des mouvements de l’œil, donne une interprétation commune et gomme ces différences locales, la sensibilité aux différences de couleurs augmentant alors avec la durée d'exposition.

On parle d'anomalie seulement lorsque certains seuils minimums ne sont pas atteints pour les cônes porteurs des pigments normaux. Ainsi, il existe pratiquement toujours entre deux personnes des paires de couleurs que l'une distingue et l'autre pas. Ceci explique que les cas de deutéranomalie soient, de loin, les plus fréquents (et sans doute même plus fréquents que ce qu’ont pu mesurer les tests usuels basés sur un jeu limité de planches normalisées). En revanche, les cas d'anopie réelle sont extrêmement rares, et sont même aujourd’hui contestés : les sujets ne sont que rarement dénués de la vision de certaines couleurs, et parfois même savent disposer certaines dans un espace tridimensionnel, car ils sont quand même porteurs de plusieurs types de cônes dotés de pigments différents, même si l'un d’eux est trop prédominant sur tous les autres, ce qui rend cette distinction plus difficile, et l’apprentissage par des méthodes comparatives (ou une modification de l’ambiance lumineuse) permet d’augmenter leur sensibilité.

C’est pourquoi des recherches sont menées pour créer des tests plus fiables et plus précis, capables de mesurer les anomalies directement par inspection du fond de la rétine par exposition à des impulsions lasers colorées de très faible puissance et la mesure de la sensibilité des différentes zones rétiniennes par détection de l’effet de fluorescence produit sur leurs pigments. D'autres méthodes utilisent des séquences d'images ajustables par le spectateur pour déterminer les seuils à partir desquels ils ne ressentent plus certaines différences, mais ces tests dynamiques se heurtent à la rémanence rétinienne qui fausse certains résultats. Mais elles améliorent nettement la précision des anomalies et permettent aussi de donner un profil plus complet de la sensibilité rétinienne aux couleurs. Certains de ces tests ont été faits pour établir des modèles colorimétriques calibrés utilisés dans l’industrie (par exemple, en photographie, télévision et systèmes d’impression) pour offrir à la population une palette plus riche de couleurs.

Épidémiologie

La dyschromatopsie rouge-vert atteint principalement le sexe masculin, les gènes commandant les récepteurs à ces couleurs se situant sur le chromosome X, que les hommes possèdent en un seul exemplaire (XY) et les femmes en deux (XX). L'allèle impliquant le daltonisme étant récessif, les femmes ne seront daltoniennes que si leurs deux chromosomes X sont déficients, tandis que les hommes seront atteint dès lors que leur seul chromosome X l'est. La femme peut donc être porteuse de l'allèle recessif du daltonisme et le transmettre à ses enfants, sans pour autant être atteinte de ce trouble[1]. Les femmes sont donc plus prédisposées à posséder 3 types de cônes, ce qui permet une vision complète en trichromie.

Génotype Résultat Détail
XD | XD Femme avec une vision normale porteuse de l'allèle sans déficience (DD, normal)
XD | Xd Femme avec une vision normale porteuse d'un allèle déficient (Dd, normal)
Xd | Xd Femme daltonienne porteuse de deux allèles déficients (dd, daltonienne)
XD | Y Homme avec une vision normale porteur d'aucun allèle déficient (D, normal)
Xd | Y Homme daltonien porteur de l'allèle déficient (d, daltonien)

Le daltonisme rouge-vert est transmis d'un homme atteint à travers ses filles (qui sont les porteurs sains) jusqu'à ses petits-enfants mâles. Ses propres fils ne seront pas affectés, étant donné qu'ils reçoivent son chromosome Y et pas son chromosome X déficient.

La dyschromatopsie du bleu (tritanopie) est répartie également entre hommes et femmes : le gène codant les informations du récepteur au bleu est situé sur le chromosome 7. Une mutation de ce récepteur entraîne la tritanomalie.

Les statistiques varient suivant les populations. Parmi la population nord-américaine, approximativement 10 % des hommes souffrent d'une forme ou d'une autre de déficience dans la perception des couleurs. En France, la proportion de daltoniens est d'environ 8 % chez les hommes et 0,45 % chez les femmes.

Bien que rare, la dyschromatopsie complète (vision monochrome) est très commune sur l'atoll de Pingelap (Ponape, Micronésie) : près d'un douzième de la population en est affecté.

Les tests de dépistage

Plusieurs types de test peuvent être pratiqués pour le dépistage. Les daltoniens ne perçoivent pas une ou plusieurs couleurs. Pour déceler ce trouble de la vision, on utilise donc des tests basés sur les couleurs n’étant pas perçues. On recense plusieurs dizaines de tests, dont les plus importants et les plus connus sont :

  • Le test d’Ishihara. Il s’agit d’un test composé de nombreuses planches de couleurs contenant un chiffre, d’une couleur telle que le daltonien concerné, ici un protanope, ne le percevra pas ni par la couleur, ni par la différence de couleur perçue, ici, par exemple, du gris sur du vert.
  • Le test de Holmgren. Dans ce test, la personne susceptible d’être daltonienne doit rapprocher des brins de laines selon la teinte, et sur un fond gris.
  • L’anomaloscope de Nagel. Ce test est destiné au protanomal, au deutéranomal, et au tritanomal. Ce test consiste en une projection de deux cercles lumineux, en formant une troisième. Le sujet doit lui même régler les proportions, pour rétablir la couleur telle qu’il doit la percevoir. S’il rajoute du rouge, il est protanomal. S’il rajoute du vert, il est deutéranomal, et s’il rajoute du bleu, alors il est tritanomal.
  • Le test de Farnsworth. Il fut conçu par Dean Farnsworth en 1943. Il a été utilisé pour la sélection des travailleurs dans l'industrie américaine. Ce test est constitué de quinze jetons noirs comportant une pastille colorée. L'épreuve consiste à les classer dans un ordre de couleurs variant progressivement du bleuâtre au rougeâtre.Une version plus sélective à 85 pastilles permet d'affiner le diagnostique et un certain degré de quantification de l'anomalie.Curieusement elle est appelée le "100hue" le terme hue signifiant tonalitè en anglais.
  • Les tests pour enfants. Un examen de la vision en couleur peut être pratiqué dès l'âge de trois ans, en utilisant des tests spécifiques. Les plus utilisés sont :
    • La version pour enfant du test d'Ishihara destinée aux enfants de quatre à six ans. Elle se compose de 8 planches représentant des formes simples : cercles, carrés, lignes, crayons, bateaux, …
    • Le test de Verriest est composé de jetons colorés que l'enfant doit réunir à la façon de dominos.

Métiers

Certains métiers nécessitent de déterminer correctement certaines couleurs (on peut citer par exemple les métiers de pilote de ligne ou de contrôleur aérien). Toutefois, certains pays accordent l'aptitude médicale aux aspirants pilotes daltoniens.[réf. nécessaire] On croit souvent à tort que ces métiers sont purement interdits aux daltoniens. La réalité est plus nuancée. Pour accéder à ces métiers, il faut passer des tests de vision des couleurs que certains daltoniens peuvent réussir. Tout dépend en fait de la profondeur de leur trouble. Un daltonien a donc tout intérêt à se renseigner précisément au moment de son orientation professionnelle sur la nature des tests effectués. Ceci afin de déterminer réellement son aptitude à exercer ce métier.

À noter

Certains animaux possèdent moins ou pas de cônes (la plupart des mammifères, comme le chat sont ainsi dichromates, ne possédant que 2 types de cônes, mais le rat est monochromate avec un seul type de cônes), et d'autres en possèdent autant ou plus que les humains (la plupart des oiseaux sont trichromates, avec des exceptions comme le pigeon par exemple qui est pentachromate grâce à 5 types de cônes)[2].

Le daltonisme est souvent vu comme un handicap, mais dans certaines situations spéciales, c'est l'inverse. Comparés au chasseur "banal", certains chasseurs daltoniens (suivant le type du daltonisme) repèrent mieux leurs proies dans un environnement confus. Les militaires ont découvert également que des daltoniens peuvent parfois détecter un camouflage qui illusionnerait n'importe qui d'autre. Certains cabinets d'architecture recherchent également des daltoniens pour leur capacité à mieux visualiser l'espace. De plus, en contrepartie de l'absence de sensibilité aux couleurs, la sensibilité à la lumière, meilleure que chez une personne non-atteinte, améliorerait la vision nocturne.

Il existe d'ailleurs des variantes "inverses" des tests d'Ishihara que seules des personnes atteintes de daltonisme peuvent résoudre. Ils sont basés sur des différences de contraste des points composant l'image (et non sur des différences de teinte entre ces points comme dans les tests d'Ishihara). Un individu atteint de daltonisme voit quelque chose, pensant que ce qu'il voit est de la même couleur. Mais pour une personne non-daltonienne, les différentes teintes sont plus évidentes que des contrastes proches, c'est pourquoi elle déclare ne rien voir.

Le daltonisme est généralement découvert vers l'âge de 6 à 12 ans, lorsque l'enfant devient plus communicatif. Il arrive même que des personnes s'en rendent compte bien plus tard.

Le daltonisme n'est généralement pas un problème pour la personne qui en est atteinte. C'est exactement comme de ne pas voir les ultraviolets ni les infrarouges, personne n'a conscience de leur existence. Il devient gênant lorsque l'individu atteint doit faire une distinction entre les couleurs, parfois pour se conformer aux distinctions établies par les personnes non-atteintes (conventions de couleurs dans différents domaines, par exemple en électronique)

Hypothèses

Le daltonisme est plus fréquemment retrouvé sur les côtes italiennes qu'à l'intérieur des terres. Une hypothèse est qu'il donnerait un avantage aux pêcheurs leur permettant de mieux distinguer les poissons par une plus fine discrimination des tons bleu-gris.[3]

Notes

Voir aussi

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