- Denis de Paris
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Denis de Paris, Dionysius en latin, dénommé dans toute la Chrétienté médiévale saint Denis est le premier évêque de Paris. La cité se nomme alors Lutetia. Il est aussi le patron d'un prestigieux monastère homonyme, qui accueille de riches fondations royales à partir du règne de Dagobert, garde depuis ce temps mérovingien les tombes de rois de Francie et de France. Cette institution monastique devient grâce aux vastes donations et attributions des premiers Carolingiens un des plus riches centres religieux de l'Occident chrétien autour de l'an 800.
Hilduin, abbé de Saint-Denis, a puissamment transformé la figure de son saint patron par sa Passio sancti Dionysii rédigée entre 835 et 840. Non content de l'assimiler à Denis l'Aréopagite, moine promoteur intellectuel du mysticisme chrétien, il accroît son prestige miraculeux en admettant les légendes de céphalophorie lumineuse.
Personnage légendaire venu d'Italie peu avant 250 après J.-C., il est chargé par l'illustration médiévale avec six compagnons d'évangéliser le territoire du Royaume de France, dénommé les Gaules. Dans les premières légendes, Denis, oncle de Pancrace, évêque de Rome devenu saint Pancrace a pris la place médiévale d'apôtre des Gaules. Saint Denis fonde au cours de son apostolat plusieurs églises en France, avant d'être martyrisé avec Rustique et Éleuthère, deux de ses compagnons, vers 250 à Montmartre (mons Martyrum). Des versions tardives proposent une persécution sous Valérien en 258, sur l'île de la Cité[réf. nécessaire].
On fête la saint Denis le 9 octobre.
Sommaire
Hagiographie, histoire et archéologie
Patron de Paris et de la Seine-Saint-Denis, il est le premier évêque de Paris, capitale de la France. L'hagiographie le fait mourir en martyr entre 250 et 272, puis ensevelir à Catulliacus, là où s'élève la basilique Saint-Denis[1].
Le nom de saint Denis, lié à un mausolée du Bas-Empire, apparaît vers 520 dans la littérature avec la Vie de Sainte Geneviève. La sainte femme témoigne de sa dévotion envers l'évêque martyr, son modeste père dans la foi. Elle obtient du clergé parisien l'érection d'une église sur sa tombe au "vicus Catulliacus" situé à huit kilomètres au nord de la Seine, à l'emplacement de l'actuelle basilique Saint Denis, rue Catullienne[2]. Elle se rendait également et souvent dans une église de la Cité dont il était le titulaire.
Un demi-siècle plus tard, le martyrologe hiéronymien mentionne la déposition de saint Denis et de ses compagnons au 9 octobre. Le poète et écrivain latin saint Venance Fortunat atteste la diffusion de son culte jusqu'à Bordeaux.
Dans les mêmes années, l'historien Grégoire de Tours raconte que vers 250, le pape de Rome avait envoyé Denis en Gaule avec six autres évêques pour y porter l'Évangile. Celui-ci se fixa à Lutèce où il ne tarda pas à être mis à mort. On pense en effet qu'il subit le martyre sous la persécution de Dèce (250) ou de Dioclétien (258) ou encore plus tardivement.
Près du lieu-mausolée où reposait après 320 les restes du premier évêque de Paris, s'intalle une église entourée de tombes aristocratiques. Une abbaye est fondée au VIIe siècle et ce centre doté d'une basilique devient vite prestigieux grâce aux largesses royales à partir de Dagobert, qui choisit d'aggrandir le sanctuaire et d'y être inhumé. L'abbaye, institution religieuse royale et centre administratif de regnum francorum, ayant en charge une constellation d'églises, contribue au rayonnement de son saint patron en le dotant d'une merveilleuse légende[3].
D'après les Vies de saint Denis, écrites à l'époque carolingienne et faisant suite à l'invention de l'abbé de Saint-Denis, Hilduin, Denis décapité aurait marché vers le nord pendant six kilomètres, sa tête sous le bras, traversant Montmartre par le chemin qui sera nommé rue des Martyrs. À la fin de son trajet, il donna sa tête à une femme pieuse originaire de la noblesse romaine et nommée Catulla, puis s'écroula. On l'ensevelit à cet endroit précis et on y édifia une basilique en son honneur. La ville s'appelle aujourd'hui Saint-Denis.
Le récit parle également de ses deux compagnons Eleuthère, le prêtre, et Rustique, le diacre, ainsi que du portement de tête du saint après sa décapitation depuis Montmartre jusqu'à Saint-Denis.
La tradition a peu à peu fait croître la renommée de saint Denis qui a ensuite été confondu avec Denys l'Aréopagite (évêque d'Athènes) et Denis le Mystique. Cette tradition remonte aussi à l'abbé Hilduin. Mais prestige aidant, elle a été maintenue par les abbés successeurs, convaincus de la bonne foi de leurs prédecesseurs. L'abbé Suger au XIIe siècle aurait fait même fabriquer des faux, pour des raisons politiques, pour imposer l'idée que saint Denis ait pu assister aux sermons de saint Paul.
Représentations et culte
Le plus célèbre des saints « céphalophores »[4], Saint-Denis est souvent représenté portant sa tête, iconographie fréquente des martyrs décapités. Selon la légende, le saint se serait relevé, aurait ramassé sa tête, et aurait marché jusqu'au lieu de sa sépulture[5]. Outre la tête coupée, il est reconnaissable grâce à ses attributs, la mitre et les chaînes[4]. La façade de la cathédrale Notre-Dame de Paris en offre un exemple sur le piédroit du Portail de la Vierge.
La peinture de Léon Bonnat au Panthéon de Paris est évoquée par Michel Serres dans une section de son livre Hominescence à l'appui de son utilisation de la figure du saint portant sa tête comme allégorie-métaphore de son contemporain qui a très souvent posé à côté de lui, une tête à laquelle a été déléguée la charge de la mémorisation et du calcul - son micro-ordinateur ; le sujet proprement dit - libéré - pouvant s'adonner à une créativité nouvelle[6]
Dictons relatifs avec la fête de ce saint
Saint très populaire dont la fête le 9 octobre tombe pendant une période de récolte, il fait l'objet de nombreux dictons :
- « À la Saint-Denis, le laboureur se réjouit », « À la Saint-Denis, ramasse les fruits[7] », « À la Saint-Denis, bonne sèmerie[8] », « À la Saint-Denis, bécasses en tout pays »
- « Beau temps à la Saint-Denis, hiver pourri[9] », « Beau temps à la Saint-Denis, l'hiver sera bientôt fini », « Le laboureur se réjouit s'il pleut à la Saint-Denis, car tout l'hiver sera pluie »
- « S'il pleut à la Saint-Denis, la rivière sort neuf fois de son lit », « S'il pleut à la Saint-Denis, l'hiver sera humide et sans glace »
- « Le jour de la Saint-Denis, le vent se marie à minuit[10] », « À la Saint-Denis, l'hiver fait son nid », « Ai lai saint Denis l'hivré court par les chemis[11] »
- « Regarde bien avant et après la Saint-Denis les jours. Si tu vois qu'il gèle blanc, les vieux assurent que toujours le semblable temps tu revois pendant un, deux ou trois mois »[12].
Notes et références
- Saint Denis. Consulté le 24 juin 2010
- A-t-elle fait érigé une église en 475 ? Les archéologues en doutent car ils n'y ont retrouvé qu'un modeste cimetière.
- saint Éloi a-t-il contribuer à améliorer le tombeau de saint Denis ? Aucune preuve archéologique ne le confirme. Le ministre
- Michel Pastoureau, Flammarion, 1990, ISBN 2080117254, p. 109 La Bible et les saints, Guide iconographique, Gaston Duchet-Suchaux et
- Légende dorée, Jacques de Voragine « Saint Denis »
- Hominescence, Éditions Le Pommier, 2001, p. 236-237.
- Charente Dicton de
- Eure-et-Loir: dernière semaille au pays ou tu compteras tes semis Variantes à ce dicton d'
- Deux-Sèvres Dicton des
- Calvados Dicton du
- Morvan. Chemis désigne en patois les chemins dans ce dicton du
- Anne-Christine Beauviala, Météo et dictons régionaux, Éd. Christine Bonneton, 2010.
Voir aussi
Source partielle
Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Denis de Paris » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)
- Jean-Marie Le Gall, Le Mythe de saint Denis : entre Renaissance et Révolution, Paris, Champ Vallon, 2007
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