- Hilduin de Saint-Denis
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Hilduin (probablement né vers 770 et mort en 855 à Prüm, pour les sources traduites 775 † 22 novembre 840) est un aristocrate et homme religieux de la cour impériale carolingienne. Neveu d'Hildegarde, épouse de Charlemagne, et mère de Louis le Pieux, il devient archichapelain à la cour impériale puis abbé de Saint-Denis et précepteur du dernier fils de l'empereur Louis, Charles le Chauve.
Traducteur des œuvres en latin de Denis l'Aréopagite, ce lettré de cour, homme politique de premier plan plus que véritable savant, a fait rédiger une singulière hagiographie de saint Denis, la Passio Sancti Dionysii, qui a transformé la vision du saint patron gardien des reliques royales. Il est aussi un réformateur de l’abbaye de Saint-Denis qui devient un centre fécond d'hagiographies autorisées.
Hilduin est un témoin de la collusion du système dynastique avec la réalité écclésiastique. Le maintien de la conception unitaire de l'Empire sous le contrôle de l'Eglise impose une propagande hagiographique. Mais paradoxalement, le dignitaire religieux de cour se mue en homme politique qui choisit son camp au gré des conflits d'héritage.
Sommaire
Un dignitaire du haut clergé carolingien
Issu d'une noble famille franque (frère du comte d’Angoulême Vulgrin Ier), Hilduin étudie à l'Académie palatine auprès d’Alcuin. Ce lettré de cour, membre de la famille impériale, correspond avec Raban Maur. Hincmar de Reims, son élève, le cite avec le plus profond respect.
En 815, à la mort de Gauthier de Reichenau, il obtient la direction de l’Abbaye de Saint-Denis près de Paris, à laquelle seront rattachées par la suite les abbayes de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Médard à Soissons, et de Saint-Ouen. Louis le Pieux en fait son archichapelain vers 819, ou, plus probablement, après 822.
Il accompagne Lothaire, le fils du roi Louis, lors de l'expédition à Rome en 824, et à cette occasion prend part à la controverse accompagnant l'élection du pape Eugène II. Hilduin rapporte de Rome quelques reliques de saint Sébastien qu'il remet à l’abbaye Saint-Médard.
Un homme politique
Lorsque la guerre éclate entre Louis et ses fils (830), Hilduin prend le parti des princes, en particulier de Charles le Chauve contre son père Louis, ce qui lui fait perdre le bénéfice des abbayes et lui vaut d'être banni : il s'enfuit d'abord à Paderborn puis rejoint l’abbaye de Corvey (près d’Höxter sur la Weser), où il est enfermé sur ordre de l'empereur Louis. En réalité, l’abbé Warin le reçoit généreusement ; en retour, Hilduin lui remet des reliques de Saint Vit, qui feront par la suite l'objet d'une vénération particulière à Corvey.
Avant 831, cependant, Hilduin regagne la faveur du roi Louis. Il retrouve la direction de l'abbaye de Saint-Denis, qu'il réforme. Il trahit son serment à Charles en 840 et rejoint le camp de Lothaire, l'aîné, qu'il suit à Köln et à Prüm.
Un lettré de cour
Louis le Bègue lui fait parvenir d'Italie du Sud en 827 une volumineuse copie grecque des oeuvres de Denys l'Aréopagite. Il le fait traduire sous sa direction en latin et mettre en forme sous forme d'un beau manuscrit en onciale. La piètre traduction qu'il dirige avec Hincmar son élève est inférieure en qualité à celle plus tardive de Jean Scot Erigène, le célèbre penseur irlandais.
Quelques années plus tard (835), l’empereur Louis le charge de rédiger une biographie de Denis de Paris, saint patron vénéré par le monarque. Hilduin s’exécute, en s'appuyant sur les écrits du Pseudo-Denys, dont la cour franque a obtenu une copie par l'empereur byzantin Michel II, et d'autres sources[1]. Dans sa « Vita », Hilduin identifie Denys de Paris à Denys l'Aréopagite, un point de vue déjà controversé à l'époque, mais que l'hagiographie d’Hilduin popularisera pour les siècles à venir, jusqu'à ce que Jacques Sirmond et d’autres montrent l’erreur.
Hilduin collabore également aux annales impériales (Reichsannalen).
Bibliographie
- , Bibliothèque de l’École des Chartes, vol. LXV : Les abbés Hilduin au IXe siècle, Nogent, 1904
- Histoire littéraire de la France, vol. IV, Paris, Libr. Victor Palmé, 1832, p.
- Dümmler, Geschichte des ostfränkischen Reiches, 2nd ed., I (1887).
- Ebert, Allgemeine Geschichte der Literatur des Mittelalters, II (1890), 348 sq.
- Monod, Hilduin et les Annales Einhardi, Paris, 1895.
- Foss, Ueber den Abt Hilduin von St. Denis und Dionysius Areopagita, Berlin, 1886.
- Wattenbach, Deutschlands Geschichtsquellen im Mittelalter, 7th ed., I, Berlin, 1904.
- Hugo von Hurter, Nomenclator literarius theologiæ catholicæ, Innsbruck, 1871-86 en 3 vol. (réimpr. 1903, 3e éd.), 5 vol.
Notes et références
- Claude Galien, "Areopagitica", Cologne, 1653; Patrologia Latina, CIV, 1326-28; CVI, 23-50.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Hilduin » (voir la liste des auteurs)
- Article de the Catholic Enclopædia sur www.newadvent.org
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