Narval

Narval
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 Monodon monoceros
Monodon monoceros
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Cetacea
Sous-ordre Odontoceti
Famille Monodontidae
Genre
Monodon
Linnaeus, 1758
Nom binominal
Monodon monoceros
Linnaeus, 1758
Répartition géographique
Zone de vie du Narval

Zone de vie du Narval

Statut de conservation UICN :

NT  : Quasi menacé
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'UICN.

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Le narval (Monodon monoceros), surnommé la licorne des mers, est un cétacé. Les mâles possèdent une unique « corne » torsadée, issue de l'incisive supérieure gauche, qui peut mesurer jusqu'à trois mètres de long.

Jusque vers le début du XVIIIe siècle, on pensait que les exemplaires connus de cette « corne » appartenaient à la légendaire licorne. La rareté du narval et son habitat réduit ont contribué à la persistance de la légende.

Considérée ensuite comme une arme, ou un outil, la « défense » du narval est aujourd'hui analysée comme un organe sensoriel, dont les riches terminaisons nerveuses permettent à l'animal de percevoir les différences de pression, de salinité, ou de température.

L'animal lui-même a une longueur de 4 à 5 mètres et vit en groupes dans l'océan Arctique.

Sommaire

Nom et étymologie

Le narval a été décrit par Linné dans son Systema Naturae. Le nom, comporte le radical wal provenant d'une langue nordique et signifiant « baleine »[1], ainsi que le radical nár du vieux norrois signifiant « cadavre », en référence à la couleur grise du corps du narval, similaire à celle des marins noyés[2]. Le nom latin Monodon monoceros est dérivé du grec et signifie « dent unique, corne unique ».

La corne de la légendaire licorne

Article détaillé : Corne de licorne.
Dent de narval présentée comme une corne de licorne

La légende de la licorne date de la Grèce antique. La corne des rhinocéros était vendue comme étant une corne de licorne, jusqu'à ce que l'on découvre celle des narvals : longue et torsadée. La dent du narval a beaucoup contribué à forger l'image que l'on se donnait de la licorne au Moyen Âge. Les navigateurs, surtout les nordiques (et notamment les danois), revendaient cette corne pour plusieurs fois son poids en or. Au XVIe siècle, Élisabeth Ire d'Angleterre aurait payé plus de 10 000 livres pour une seule corne, soit le prix d'un château en entier. Les gens attribuaient des vertus à ces cornes, telle la faculté de neutraliser les poisons, et se faisaient donc faire des gobelets dans cet ivoire. Il a fallu attendre 1704 pour que le lien soit établi avec le narval.

On a longtemps présenté la corne du narval comme une arme de chasse pour harponner les poissons, ou d'un outil pour briser la glace afin de permettre au narval de respirer à l'air libre, mais les femelles qui n'ont pas cet appendice ont la même alimentation et doivent aussi respirer de l'oxygène à l'air libre à intervalle régulier (entre 7 et 20 minutes).

D'autres hypothèses sous-tendent que cette dent servirait plutôt à courtiser les femelles telle la queue d'un paon ou encore qu'elle servirait aux combats entre mâles en rut. Mais aucune étude ne venait étayer ces hypothèses, malgré le fait que l'on ait souvent trouvé des mâles qui se frottaient mutuellement la corne (phénomène appelé tusking en anglais) ou qui avaient des cicatrices sur la peau. On pense maintenant que ces mâles qui se frottaient les défenses cherchaient plutôt à en éliminer les parasites.

On sait à présent (selon une étude menée par des chercheurs en médecine dentaire d'Harvard) que cette dent serait en fait un organe sensoriel extrêmement sensible. En effet, elle renferme près de dix millions de terminaisons nerveuses qui permettent au narval de détecter les différentes pressions, les changements de températures et les niveaux de la salinité de l'eau ainsi que des particules particulières aux espèces animales constituant son alimentation.

Alimentation

Ce carnivore aime bien chasser les crevettes, il mange aussi des calmars, crustacés et mollusques. De plus, il se nourrit de flétan, de morues polaires, de plies et de pieuvres.

Particularités

Un squelette de narval avec des doubles défenses. Ces doubles défenses sont un trait inhabituel chez les narvals (Musée zoologique de Hambourg).
« Défense » du narval

Cycle de vie

Le narval vivrait jusqu'à 50 ans. Les mâles atteignent la maturité sexuelle vers 8-9 ans et les femelles entre 4 et 7 ans. La période de gestation est d'environ 15 mois. Les accouplements se font au printemps en avril et les naissances arrivent l'année suivante en juillet, où les femelles allaitent leur petit pendant 4 mois. Comme pour plusieurs autres cétacés, on constate que le taux de reproduction est affecté à la baisse par l'activité humaine et ses polluants.

Classification et morphologie

Les narvals sont des cétacés du sous-ordre des odontocètes (cétacés à dents, terme opposé à mysticètes, cétacés à fanons et à double évent), et de la famille des Monodontidae.

Les narvals sont des mammifères avec une petite tête arrondie dotée d'une petite bouche ronde. Ils ont de petites nageoires retroussées vers le haut. Tout comme les autres baleines arctiques, ils n'ont pas de nageoires dorsales et sont isolés du froid par une épaisse couche graisseuse vascularisée.

Les mâles peuvent peser jusqu'à 1 600 kg et atteindre 5 mètres de longueur tandis que leur corne peut atteindre 3 mètres de long. Les femelles sont plus petites et peuvent atteindre les 1 000 kg pour 4 mètres de long. À la naissance, les petits pèsent 80 kg et mesurent 1,5 mètre.

La couleur du narval change selon son âge : à la naissance il est bleu gris ou brun (selon les sources), à l'âge juvénile il sera bleu noir ; adulte il sera noir. Ensuite, plus le narval vieillira, plus sa peau se couvrira de taches blanches au point de devenir presque blanche.

Une dent unique dans le règne animal

Micrographie électronique d'un tube qui transporte les terminaisons nerveuses vers le centre de la dent

Cette corne est en réalité une dent du maxillaire gauche du mâle (caractère sexuel secondaire qui est présent aussi chez 10 % des femelles) qui commence à pousser au travers de la lèvre supérieure dès la puberté à l'âge de un an mais dont le rythme de croissance augmente avec l'atteinte de la maturité sexuelle du narval (vers 8 ou 9 ans). Elle acquiert une longueur considérable (2,5 à 3 m pour un poids de 10 kg). Elle est toujours torsadée de droite à gauche (sens anti-horaire indiquant probablement la latéralité de l'animal : il serait majoritairement droitier comme les éléphants[3]), sa partie enchâssée dans la mâchoire est creusée dans une vaste cavité pulpaire contenant une énorme papille qui en assure un accroissement continu correspondant à l’usure de l’extrémité libre. La dent symétrique du mâle et les deux dents correspondantes de la femelle demeurent rudimentaires et ne dépassent pas de l’alvéole. Exceptionnellement (1 cas sur 500) on rencontre des mâles possédant deux défenses.

En fait, moins de 250 recherches sur le narval avaient été publiées au moment où une étude constituée de quatre voyages dans l'Arctique canadien par Martin Nweeia, chercheur à Harvard en médecine dentaire, a été publiée en 2005 dans le Harvard Science. C'est donc Nweeia qui a prouvé que cette dent possède des propriétés et des fonctionnalités uniques dans la nature : cette « dent » a son émail à l'intérieur et la pulpe à l'extérieur ; elle contient une dizaine de millions de terminaisons nerveuses qui partent du nerf central (au cœur de la dent) et se rendent jusqu'à l'extérieur de la dent. Cette dent est donc un organe de détection sensorielle extrêmement sensible qui paradoxalement, baigne dans des eaux glacées. Autre fait particulier, cette dent qui est en apparence rigide, est en fait flexible. Une dent de 2,40 m de longueur peut se courber jusqu'à 0,30 m dans n'importe quelle direction sans se briser.

Si elle est abîmée, elle peut se réparer jusqu'à un certain point, mais si elle se casse, elle ne repoussera pas. L'émail étant très fin, la dent se casse facilement : le mâle peut alors réaliser un « plombage » pour éviter la formation d'une carie. Il peut combler le trou à l'extrémité de la dent par des graviers ou provoquer un jeune mâle en duel pour que ce dernier mette l'extrémité de sa « corne » dans le trou de sa dent, puis la briser, formant ainsi un bouchon[3].

Communication

Ce sont des baleines très vocales qui émettent différents sons tant pour communiquer entre elles que pour naviguer.

Populations

Les narvals vivent en groupes de 4 à 20 individus dans les régions arctiques. On les retrouve principalement dans les eaux arctiques du Canada, du Groenland et de la Russie. Ces groupes sont en constante migration selon les saisons, cherchant à devancer la prise des glaces et à suivre les bancs de poisson qui constituent leur alimentation. Quand ils migrent, les groupes peuvent se joindre, donnant lieu à des rassemblements imposants et impressionnants.

Il n'existe pas d'étude exhaustive visant à évaluer les populations globales de narvals ainsi que leur évolution. On retrouve des études estimant les populations du Groenland et du Canada (qui sont en fait les mêmes qui migrent d'un endroit à l'autre selon les saisons), mais peu sur les populations à l'est du Groenland (Danemark). Les populations du Groenland et du Canada seraient d'au maximum 50 000 et d'à peine quelques milliers dans le reste du monde. D'autres estimations penchent plus vers une population globale de 40 000 individus. Selon le Dr Heide-Joergensen, du Greenland Institute of Natural Resources, « les études suggèrent une baisse des populations de narvals de 10 % par an - et cette valeur pourrait être sous-estimée »[4].

Les causes du déclin de la population

Un narval à l'échelle humaine.

Plusieurs causes, bien que non exhaustives, peuvent expliquer le déclin des populations de cette licorne des mers :

  • La chasse par ses principaux prédateurs que sont l'ours polaire et l'orque.
  • Le réchauffement planétaire engendre des changements de comportement chez les bancs de poissons qui constituent la nourriture des narvals, et engendrent des variations de température et de salinité de l'eau qui doivent déstabiliser le narval et changent ses habitudes.
  • Paradoxalement les changements climatiques des dernières décennies engendrent une augmentation de la glaciation de surface des eaux dans la Baie de Baffin (un de ses territoires hivernaux), ce qui contribue à emprisonner quelques groupes de narvals, causant leur perte.
  • L'augmentation de diverses activités humaines sur ses territoires contribue aussi à son déclin : la pêche au flétan entre en compétition alimentaire directe avec lui, l'augmentation du trafic de bateaux de marchandises et des exploitations/explorations de ressources premières (qui deviennent de plus en plus faciles et attrayantes avec la fonte des glaces due au réchauffement planétaire) sont des causes d'accidents, de stress et de pollution sans précédent.
  • Les polluants de plus en plus nombreux qui affectent le taux de natalité.
  • La chasse qui n'est pas réglementée chez les populations autochtones du Grand Nord. Le narval y est chassé pour la nourriture des hommes et des chiens de traîneau avec sa peau bouillie, appelée maktaq, mais aussi pour son ivoire qui sert à faire des sculptures représentant une importante source de revenus. Seules quelques initiatives didactiques visant à enseigner aux Inuits une gestion sensée des populations de narvals ont été mises en place pour l'instant.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. voir le TLFi
  2. référence citée par Wikipédia en anglais : Heide-Jørgensen, M. P. and K. L. Laidre (2006). Greenland’s Winter Whales: The beluga, the narwhal and the bowhead whale. Ilinniusiorfik Undervisningsmiddelforlag, Nuuk, Greenland. ISBN 978-87-7975-299-3.
  3. a et b Anne Collet, La tête au carré, émission sur France Inter le 13 avril 2011
  4. (en) Alarm sounded on narwhal decline sur news.bbc.co.uk. Consulté le 30 octobre 2010


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Narval de Wikipédia en français (auteurs)

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