- Couleur de la peau
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Couleur de la peau humaine
La couleur de la peau humaine, encore appelée teint ou complexion, présente une gradation continue du blanc au marron foncé presque noir, avec parfois des tons rosés ou cuivrés.
La quantité et la nature des mélanines contenues dans la peau, ainsi que leur répartition, sont les principaux critères déterminant sa couleur. Produisant en moyenne moins de mélanine que les hommes, les femmes ont un teint légèrement plus clair. Par ailleurs, le carotène alimentaire peut, en quantité importante, donner une composante légèrement jaunâtre à la peau. L’hémoglobine des capillaires sanguins donne une coloration rosée aux peaux claires, sauf chez les personnes ayant une couche de graisse sous-cutanée épaisse, cas fréquent chez les Extrême-Orientaux.
La génétique joue un rôle capital dans la détermination du teint, mais aussi l'exposition au soleil, la plupart des humains bronzant sous l'effet des radiations ultraviolettes. L'absorption de certains médicaments, ainsi que des pathologies comme la maladie d'Addison, peuvent aussi provoquer des hyperpigmentations, ou au contraire des dépigmentations (exemple du vitiligo). Les hormones féminines en grande quantité provoquent chez certaines femmes une hyperpigmentation partielle du visage (masque de grossesse).
Sommaire
Aspect social
La couleur de la peau est une caractéristique individuelle frappante, souvent considérée comme un marqueur ethnique (importance de l’hérédité) ou socio-économique (conditions de vie déterminant le temps d’exposition au soleil). Elle peut ainsi devenir chez certains prétexte à des discriminations basées sur le racisme ou la hiérarchie sociale. Dans les populations physiquement homogènes, les individus se distinguant par une couleur de peau inhabituelle, souvent causée par une mutation génétique, souffrent en général de rejet.
Parmi les populations susceptibles de bronzer vivant dans des sociétés peu industrialisées, les personnes au teint clair jouissent souvent d’un avantage social. En effet, les peaux sombres sont associées à un niveau socio-économique bas, imposant le travail en plein air. Cette situation s’est progressivement inversée à partir du début du XXe siècle en Europe. Le bronzage est devenu l’apanage de ceux qui avaient les moyens de partir en vacances, les distinguant des couches défavorisées qui travaillaient depuis le XIXe siècle de plus en plus souvent dans des lieux fermés à l'abri du soleil. Par la suite, les campagnes médicales informant des méfaits des excès de soleil ont modifié les mentalités, et au XXIe siècle, dans les pays développés, on ne juge plus du niveau socio-économique strictement selon la couleur de la peau ; ce critère peut néanmoins jouer en tant que composante d'un physique de population d'origine « allogène » à qui l'opinion générale attribue un niveau socio-économique donné. Par ailleurs, l’influence sociale négative du teint liée au racisme véritable (qui considère que certains traits physiques héréditaires signalent des caractéristiques négatives indépendantes de l'éducation et de l'environnement) n’a pas disparu.
Des recherches sont entreprises pour identifier les facteurs influençant la couleur de la peau, avec pour but d’améliorer la prévention des dommages dus au soleil, les plus graves étant les cancers cutanés comme le mélanome. Elles s’appuient sur de nouvelles techniques utilisant la spectrophotométrie, permettent d’évaluer le teint plus objectivement que les nuanciers. Ces recherches peuvent aussi aider à retracer l’histoire des premiers hommes (origine, migrations) et à mieux comprendre les relations entre le génotype et l’aspect physique (phénotype).
Physiologie
La mélanine, pigment déterminant le teint, est produite dans des cellules appelées mélanocytes. Leur nombre moyen par surface de peau est le même chez tous les humains, quelle que soit la couleur. Il dépend par contre de la partie du corps considérée (il est faible, par exemple, sur les paumes des mains).
Les différences entre les peaux claires et sombres sont essentiellement dues aux caractéristiques des mélanosomes, sortes de granules chargés de mélanine fabriqués par les mélanocytes qui les distribuent grâce à leurs bras (dendrites) aux autres cellules de la couche basale de l’épiderme, appelées kératinocytes ; celles-ci les répartissent au-dessus de leur noyau, diminuant ainsi les risques de dommage causé par les UV au matériel génétique. Un mélanocyte dessert en moyenne quarante kératinocytes. Plus les mélanosomes sont gros, nombreux et chargés en mélanine, plus la peau est foncée. Chez les personnes à peau sombre d’origine africaine, les mélanosomes mesurent en général plus de 0,8 microns, alors que chez les Asiatiques et les Européens, même basanés, ils sont typiquement plus petits.
D’autre part, dans les peaux noires d’origine africaine, les mélanosomes sont indépendants les uns des autres, ce qui permet un meilleur étalement. Des cultures de cellules in vitro ont d’ailleurs montré que les kératinocytes également présentaient des caractéristiques différentes, ceux des peaux noires africaines répartissant les mélanosomes de façon plus régulière. Chez les personnes d’origine européenne ou asiatique, quel que soit leur teint, les mélanosomes ne sont pas indépendants les uns des autres, mais regroupés dans des sortes de petits sacs ; ils ne sont donc pas en mesure d’être répartis très régulièrement au-dessus du noyau.
Un dernier facteur, qui joue surtout chez les populations d'origine européenne, méditerranéenne ou centre-asiatique, est la nature des pigments contenus dans les mélanosomes (eumélanine ou phaéomélanine) et leurs proportions respectives. La phaéomélanine, orange-rouge en forte concentration, est naturellement moins foncée que l’eumélanine brun-noir.
Génétique
Dès 1964, une recherche effectuée en Grande-Bretagne sur la couleur de la peau dans des familles mixtes afro-européennes avait mis en évidence une nette influence de l’hérédité, et la mise en jeu de plus d’un gène. Dans la population étudiée, le teint des enfants semble résulter de l’addition des teints des parents (ex: blanc + noir = brun clair). En fait, sauf dans le cas de mutations pathologiques, les gènes déterminant la couleur de la peau sont encore mal connus. Ils pourraient être nombreux : sur la centaine de gènes contrôlant la couleur du poil chez les rongeurs domestiques, quinze ou vingt ont un homologue chez les humains.
Les gènes influençant la couleur de la peau déjà identifiés sont le MC1R, dont certaines variantes (allèles) déterminent la « peau de roux » et la présence de taches de rousseur, et plus récemment le slc24a5. Le MC1R joue un rôle important surtout chez les populations européennes ou d’origine européenne. Beaucoup de ses mutations, qui entraînent un éclaircissement de la peau, existent principalement hors d’Afrique..
Le rôle du slc24a5 a été découvert lors de recherches concernant la livrée du poisson zèbre, cypriniforme d'eau douce . Les chercheurs [1] ont montré que l’éclaircissement de la livrée chez la variété Golden est déterminé par la mutation d'une protéine codée par ce gène. Comme il a son équivalent dans l’espèce humaine, les recherches concernant son rôle ont été étendues à un échantillon de personnes d'ascendance afro-européenne. Dans ce type de population, le slc24a5 serait responsable de presque 38% de la variabilité. L’éclaircissement de la peau serait donc dû dans un certain nombre de cas à une seule mutation de ce gène, apparue soit en Afrique du Nord, soit au Moyen-Orient, et qui se serait ensuite répandue en Eurasie où elle se serait stabilisée.
En dehors de la variabilité normale, certaines mutations considérées comme pathologiques peuvent influencer le teint. L'albinisme en est un exemple.
Teint et latitude
La gradation du teint en fonction de la latitude a été observée depuis longtemps. En 1997, Relethford a montré que l’indice de réflexion de la peau, moindre à l’équateur, croissait en fonction de la latitude. Concrètement, cela signifie que plus on se déplace vers les pôles (moins la peau reçoit d’UV en moyenne dans l'année), plus la couleur de peau des autochtones s’éclaircit. Ce phénomène semble confirmé par une recherche de 2000.[2] L’hypothèse la plus généralement retenue pour expliquer ce fait est que sous de hautes latitudes une peau trop sombre augmente le risque de souffrir de rachitisme par manque de vitamine D, celle-ci n'étant synthétisée que si une quantité suffisante d’UV pénètre jusqu’au derme. De fait, avant l’apparition des suppléments vitaminés, le rachitisme était particulièrement fréquent en hiver dans les zones tempérées, même chez les Européens à peau claire. Les Inuits au teint cuivré tirent leur vitamine D d'une alimentation particulière, riche en graisse d'animaux marins. Le phénomène inverse, le fonçage de la peau au fur et à mesure de l’augmentation des UV, est en général expliqué par les risques de brûlure et de cancers cutanés encourus par les peaux claires. Néanmoins, d’autres hypothèses ont été proposées, comme la fréquence accrue des fausses couches chez les hominidés nus à peau pâle, les UV détruisant les réserves en vitamine C.
La couleur de la peau est donc un caractère adapté à un facteur de l'environnement, la lumière du soleil. Les variations sont, selon toute vraisemblance, dues à la sélection naturelle.
Références
- ↑ Rebecca L. Lamason et Keith Cheng et al. chercheurs en génétique de l'Université de la Pennsylvanie ; publication dans Science
- ↑ Nina Jablonski et George Chaplin.
3- Pascal Leonardi; La couleur de la peau, une variable continue; Pour la science no 313, Novembre 2003
Voir aussi
- Peau
- Mélanocyte | Mélanosome | Mélanine
- Bronzage
- Racisme
- Blanc (type humain)
- Noir (type humain)
- Asiatique (type humain)
- Albinisme
- Leucistisme / Mélanisme
- Argyrisme
- Carotenodermia
Liens externes
- Couleur de peau et racisme
- Concept de race et couleur de peau
- (en)Facteurs de variation du teint
- (en) Résumé des conclusions de la recherche sur le gène slc24a5
Catégories : Physiologie en dermatologie | Anthropologie
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